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portrait

Tout, dans son apparence, contredisait sa réputation d’excellence : son visage hâve, ses cheveux clairsemés, ses paupières creuses, sa petite taille, ses épaules tombantes, son ventre mou et rond comme un ballon, ses éternels pulls de goitreux, surmontés de bretelles qui maintenaient comme un vieux cabas ses pantalons élimés et trop larges. Sa façon de s’asseoir à l’extrême bord des fauteuils profonds, buste penché en avant et mains à plat sur ses genoux serrés, ainsi que ses yeux globuleux qui semblaient boire ses interlocuteurs davantage que les regarder.

Auteur: Lombard David A.

Info: La tamanoir

 

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Ajouté à la BD par miguel

poterie

Siècles durant leur place est là, dès le début premier,

grotesques et bêtes, goitreux silencieux.

Des potiers, aptes à mouiller la glaise et la brûler.

Tels des dragons retardés et cléments

figures oblongues comme des cornemuses

mecs archaïques, qui portent si heureux

un rêve frêle durant les jours recluses.



La roue tournoie en grésillant en chaque foyer autour.

Les cœurs portent, toujours, les vieux modèles.

Les potiers œuvrent en sommeillant, et s'assoupissent près du four.

Très rarement ils sont hantés

par quelque fée ou des étincelles.



Dans les vallées des récoltes sublimes

il n'y a pas un bled aux âmes plus lentes

ni autre lieu où l'on saurait y cuire

des cruches aussi belles et si câlines,

avec des croupes de filles indignes et saintes.

Auteur: Blaga Lucian

Info: Les potiers, traduit du roumain par Cindrel Lupe

[ céramistes ] [ poème ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

ostracisme

Un cours sur les goitres (goïteurs, en anglais), parce que je ne vois vraiment pas comment je pourrais renverser la tendance de trois mille ans de civilisation où d'abord on lapide les goitreux, ensuite on les met à l'isolement en les associant aux crétins, puis on les traite à l'hôpital. Touche autobiographique : j'habite dans les Alpes (basses - les Basses-Alpes) : d'où sensibilité accrue - ou cliché ? On a supprimé tous les goitreux ; en quinze ans, je n'en ai pas vu un seul (population non grata, pour le moins). À bien y réfléchir, je n'ai pas croisé un seul crétin non plus - ah si, une fois, un garçon volumineux avec une tête énorme ; il aura échappé à l'eugénisme (détendu, dans nos sociétés, un eugénisme décontracté). Il n'y a pas beaucoup de goitreux dans les livres. Il n'y a pas de chars nazis dans les corsos fleuris. Ça m'a frappée, hier, en assistant au défilé des chars alors que j'étais venue chercher dans la foule un goitreux échappé au carnage. Un cours est toujours une enquête.

Auteur: Quintane Nathalie

Info: "Cours sur les goitres", paru dans la revue "Nioques", n°11, p.137

[ pédagogie ] [ tare ] [ ironie ] [ bienséance ] [ glande thyroïde ] [ tumeur ] [ malformation pathologique ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

insensibilité

Une fourreuse du passage Dauphine, une soixantaine d'années, à qui j'ai souvent parlé à cause de ses chiens, s'est jetée à la Seine il y a quelques jours. Inconsolable de la mort d'un fils il y a une dizaine d'années. Pertes d'argent. Mauvaises affaires. Mari toujours dehors. Le "Fléau" me parlait de cela ce soir dans mon bureau. Je me suis mis à éclater de rire. Scandalisée de cela. Me traitant de monstre, homme abominable. Je n'en riais que plus fort. C'est vrai, à la fin. Faut-il que je me désole parce que cette femme s'est jetée à l'eau ? Je m'en fiche complètement. Va-t-il falloir aussi que je m'attendrisse sur les tuberculeux, les goitreux, les borgnes, les bancals, les gens qui n'ont qu'un testicule, tous les mal bâtis d'une façon ou d'une autre. C'est agaçant, à la fin. Je m'en fiche complètement. Toutes ces jérémiades à la mode d'aujourd'hui ! C'est comme l'affaire des timbres antituberculeux. Des timbres antituberculeux ? Quel français ! J'attends qu'on vienne m'en offrir dans la rue. Car c'est devenu maintenant une sorte de quête. Je crois bien que je m'offrirai ce plaisir de répondre que je m'en fiche complètement.

Auteur: Léautaud Paul

Info: 19 décembre 1932 II p.1149

[ rejet ] [ sécheresse ] [ hargne ] [ vacherie ] [ misanthropie ]

 

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dissidence

Les mauvais sentiments ne représentent peut-être pas la garantie absolue de la bonne littérature, mais les bons, en revanche, sont une assurance-béton pour faire perdurer, pour faire croître et embellir tout ce qu’on peut imaginer de plus faux, de plus grotesquement pleurnichard, de plus salement kitsch, de plus préraphaélite goitreux, de plus romantique apathique, de plus victorien-populiste qui se soit jamais abattu sur aucun public. La réalité ne tient pas debout en plein vent caritatif. Un romancier véridique, aujourd’hui, serait traité comme autrefois les "porteurs de mauvaises nouvelles" : on le mettrait à mort séance tenante, dès remise du manuscrit. C’est pour cela exactement qu’il n’y a plus de romanciers. Parce que quelqu’un qui oserait aller à fond, réellement, et jusqu’au bout de ce qui est observable, ne pourrait qu’apparaître porteur de nouvelles affreusement désagréables.

La Littérature ? Il y a des Fêtes du Livre pour ça.

L’air du temps cherche tout ce qui unit. Rien n’est écœurant comme cette pêche obscène aux convergences. Nous vivons sous une arrogance puritaine comme on en a rarement vu. [...]

L’enfer contemporain est pavé de bonnes dévotions qu’il serait si agréable de piétiner. C’est un crime contre l’esprit, c’est une désertion gravissime de ne pas essayer, jour après jour, d’étriller quelques crapuleries. Les gens ne croient plus, dit-on, que ce qu’ils ont vu à la télé ? Ça tombe bien, la littérature a toujours été là, en principe du moins, pour démolir ce que tout le monde croit. S’il en existait encore une, s’il y avait encore des écrivains, au lieu d’"auteurs", au lieu de "livres", on pourrait peut-être se divertir. Toute entreprise d’envergure a toujours été, dans ce domaine, par un bout ou par un autre, franchement démoralisatrice, saccageuse de pastorale. Voyez les niaiseries de chevalerie pulvérisées dans Cervantès ; ou encore la "chimère" religieuse à son plus haut point d’hégémonie pourchassée par Sade de bout en bout ; ou le parti dévot dans Molière… Non, aucun grand écrivain n’a jamais accepté, quels que soient les dangers, de descendre de la constatation des données de la société à l’apologie de la nécessité de cette dernière.

Auteur: Muray Philippe

Info: "Défriser l'être", tiré de L'Empire du Bien

[ démystification ]

 
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Ajouté à la BD par miguel