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obscurité

Parvenu à ce qu'il estima le milieu du plan d'eau, il arrêta de ramer. La lune qui ne brillait déjà pas beaucoup avait fini par succomber aux nuages et le ciel formait au-dessus de lui une tache d'encre impénétrable. Il n'y avait pas de vent, si bien que le canot ne tanguait pas, pas plus qu'il ne dérivait. Il restait là, immobile, comme suspendu dans le vide. Terry s'aperçut qu'en renversant la tête en arrière, il pouvait s'absorber dans la contemplation d'un univers insondable de ténèbres, un ciel sans étoiles et si immense qu'il paraissait aspirer son regard. Il avait l'impression que ses pupilles étaient composées de petits morceaux de cette même matière noire, pareille à des éclats d'obsidienne, qu'il avait gardés en lui toute sa vie comme s'ils lui appartenaient, pour découvrir qu'il les avaient seulement empruntés et que maintenant leur propriétaire légitime les réclamait.

Auteur: Callan Wink

Info: Courir au clair de lune avec un chien volé

[ néant ] [ naviguer ]

 

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temps inversé

Remonter le fleuve, c’était se reporter, pour ainsi dire, aux premiers âges du monde, alors que la végétation débordait sur la terre et que les grands arbres étaient rois. Un fleuve désert, un grand silence, une forêt impénétrable. L’air était chaud, épais, lourd, indolent. Il n’y avait aucune joie dans l’éclat du soleil. Désertes, les longues étendues d’eau se perdant dans la brume des fonds trop ombragés. Sur des bancs de sable argentés des hippopotames et des crocodiles se chauffaient au soleil côte-à-côte. Le fleuve élargi coulait au travers d’une cohue d’îles boisées, on y perdait son chemin comme on eût fait dans un désert et tout le jour, en essayant de trouver le chenal, on se butait à des hauts fonds, si bien qu’on finissait par se croire ensorcelé, détaché désormais de tout ce qu’on avait connu autrefois, quelque part, bien loin, dans une autre existence peut-être.

Auteur: Conrad Joseph Teodor Korzeniowski

Info: Au coeur des ténèbres

[ régression temporelle ] [ jungle ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

folie individuelle

Comment imaginer la vie des autres, alors que la sienne paraît à peine concevable ? On rencontre un être, on le voit plongé dans un monde impénétrable et injustifiable, dans un amas de convictions et de désirs qui se superposent à la réalité comme un édifice morbide. S’étant forgé un système d’erreurs, il souffre pour des motifs dont la nullité effraie l’esprit et se donne à des valeurs dont le ridicule crève les yeux. Ses entreprises sembleraient-elles autre chose que vétilles, et la symétrie fébrile de ses soucis serait-elle mieux fondée qu’une architecture de balivernes ? A l’observateur extérieur, l’absolu de chaque vie se dévoile interchangeable, et toute destinée, pourtant inamovible dans son essence, arbitraire. Lorsque nos convictions nous paraissent les fruits d’une frivole démence, comment tolérer la passion des autres pour eux-mêmes et pour leur propre multiplication dans l’utopie de chaque jour ? Par quelle nécessité celui-ci s’enferme-t-il dans un monde particulier de prédilections, celui-là dans un autre ?

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Dans "Précis de décomposition" in Œuvres, éditions Gallimard, 1995, page 595

[ singularité ] [ incompréhensible ] [ bouffonnerie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

traces

Le paysage qui m'entourait, en apparence si authentique et sauvage, avec ses arbres, ses pâturages, ses torrents et ses rochers, était en fait le produit de siècles de labeur, un paysage artificiel au même titre que celui de la ville. Sans l'homme, rien de ce qui était là-haut n'aurait été pareil. Pas même le ruisseau, ni certains arbres majestueux. Même le pré où je prenais le soleil aurait été une forêt dense, rendue impénétrable par les troncs et les branches tombées, les rochers couverts de mousse, et un sous-bois rempli de genévriers, de buissons de myrtilles et de racines intriquées. Il n'y a pas d'état sauvage dans les Alpes, mais une longue histoire de présence humaine, qui traverse aujourd’hui une époque d’abandon : certains le déplorent comme la fin d’une civilisation, moi, il m’arrivait au contraire de me réjouir quand je voyais des vestiges engloutis par le sous-bois ou un arbre sortir de terre là où, un temps, on avait semé le blé.

Auteur: Cognetti Paolo

Info: Dans "Le garçon sauvage", pages 36-37

[ territoire ] [ aménagement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

certitudes

Donc, il est possible qu'il n'existe pas un Absolu, ou que, s'il existe, il ne soit ni pensable ni atteignable, mais qu'il existe des forces naturelles qui soutiennent ou défient nos interprétations. Si j'interprète une porte ouverte peinte en trompe-l'œil comme une porte véritable et que je fonce dedans pour la passer, le fait que le mur est impénétrable délégitimera mon interprétation.

Il doit y avoir une façon dont les choses sont ou vont - et la preuve est non seulement que tous les hommes sont mortels mais aussi que, si je tente de passer à travers un mur, je me brise le nez. La mort ou ce mur sont l'unique forme d'Absolu dont nous ne pouvons pas douter.

L'évidence de ce mur, qui nous dit "non" quand nous voulons l'interpréter comme s'il n'existait pas, est peut-être un critère de vérité très modeste pour les gardiens de l'Absolu, mais, pour paraphraser Keats, "c'est tout ce que vous savez sur terre et c'est tout ce qu'il vous faut savoir".

Auteur: Eco Umberto

Info: Construire l'ennemi et autres écrits occasionnels

[ réalité ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

Éternel

Multiplié par les langues humaines - Ich bin der ich bin, Ego sum qui sum, I am that I am -, le nom sentencieux de Dieu, le nom qui, tout en comprenant plusieurs mots, est plus impénétrable et plus résistant que ceux qui tiennent en un seul, a grandi et rebondi à travers les siècles jusqu'à l'année 1602 où Shakespeare écrivit une comédie. Dans cette comédie nous entrevoyons, de façon accessoire, un soldat fanfaron et couard, un milles glorious qui est parvenu à la faveur d'un stratagème à se faire nommer capitaine. La ruse est découverte, l'homme est dégradé publiquement ; alors Shakespeare intervient et met dans sa bouche des paroles qui reflètent, comme dans un miroir tombé, ces autres paroles que la divinité à dites dans la montagne* : Je ne serai plus capitaine, mais je mangerai, je boirai et je dormirai tout comme un capitaine ; cette chose que je suis me fera vivre. En disant ces mots Parolles cesse soudain d'être un personnage secondaire de la farce**, pour devenir un homme, tous les hommes.

Auteur: Borges Jorge Luis

Info: Enquêtes, Histoires des échos d'un nom, Folio, p 215. *En référence à l'Exode, où Moïse demande à Dieu son nom, et à la réponse : Je Suis Qui Je Suis ** In : Tout est bien qui finit bien

[ sapiens ] [ théologie ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

homme-par-femme

Elle le sentait libre, cet homme, ce métis, avec ses mots pleins de lui-même. Il était libre en dedans grâce à ces sons qui emplissaient sa bouche et qu’il déclamait avec ferveur, extraits de son carnet comme des signes secrets et impénétrables. Lui-même, malgré sa présence chaude, demeurait une énigme, enveloppé dans un mystère insondable. Parfois dans le lit, nu, il regardait les papiers en parlant à voix basse. Elle avait l’intuition que si elle avait su déchiffrer les transcriptions, la lumière se lèverait sur lui; elle prendrait ses mots couchés sur le papier, les glisserait entre ses dents d’abord, dans sa bouche ensuite, les tournerait sur sa langue, les avalerait avec sa salive. Ils la nourriraient de son essence à lui, la conforteraient de leur douceur, la remueraient de leur tendresse ; ils remonteraient de son sein et elle les lui redonnerait en baisers sauvages et fougueux. Parfois il sortait de son sac une petite bouteille d’eau noire et un bâton auquel il ajoutait une pointe. De l’encre de Chine. Puis il traçait des lignes à main levée, sans hésiter. Elle voulait savoir.

Auteur: Pésémapéo Bordeleau Virginia

Info: L'amant du lac

[ fantasmé ] [ attirant ] [ romanesque ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

interprétation psychanalytique

L’important est dans la structure de l’ouvrage [Lolita de Nabokov], et précisément dans le contraste éclatant entre la première et la seconde partie, entre le caractère étincelant du désir tant qu’il est médité par le sujet durant quelque trente années de sa vie, et puis sa prodigieuse déchéance dans une réalité enlisée au cours du misérable voyage de ce couple à travers la belle Amérique, où le sujet se trouve démuni de tout moyen d’atteindre sa partenaire. C’est par là que Lolita présente toutes les caractéristiques de la relation du sujet au fantasme à proprement parler névrotique.

Ce qui est exemplaire, c’est la façon dont, par la seule vertu d’une cohérence constructive, le désir pervers se livre. Ce désir n’apparaît pas dans le héros, mais dans un autre qui est plus et bien autre chose que son double, qui est littéralement son persécuteur. Il apparaît en marge de l’aventure, comme si le désir dont il s’agit chez le sujet ne pouvait vivre que dans un autre, et là où il est littéralement impénétrable et tout à fait inconnu. Cette substitution est tout ce qu’il y a de plus avoué dans le livre.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre VI : Le désir et son interprétation", éditions de La Martinière et Le Champ Freudien éditeur, 2013, page 537

[ littérature ] [ névrose ] [ perversion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

savoirs

Les "sciences humaines" ne sont des sciences que par une flatteuse imposture. Elles se heurtent à une limite infranchissable, car les réalités qu'elles aspirent à connaître sont du même ordre de complexité que les moyens intellectuels qu'elles mettent en oeuvre. De ce fait, elles sont et seront toujours incapables de maîtriser leur objet.

Jusqu'au XIXe siècle au moins, la chance des sciences "dures" a été que leurs objets furent considérés comme moins complexes que les moyens dont l'esprit dispose pour les étudier. La physique quantique est en train de nous apprendre que cela n'est plus vrai et qu'à cet égard une convergence apparaît entre les différentes sciences (ou prétendues telles). Seulement, même si les réalités dernières du monde physique sont inconnaissables, le physicien parvient à découvrir entre elles des rapports exprimables en termes mathématiques, et dont des expériences lui permettent de démontrer l'exactitude.

Pour nous autres des sciences humaines, ces expériences sont hors de portée. Aussi, quand nous nous efforçons - et c'est le sens de l'entreprise structuraliste - de substituer, à la connaissance illusoire de réalités impénétrables, la connaissance - possible, celle-ci - des relations qui les unissent, nous en sommes réduits aux tentatives maladroites et aux balbutiements. 

Auteur: Lévi-Strauss Claude

Info: Le Monde, 8 octobre 1991.

[ rationalisme miroir ] [ limitation cognitive ] [ solipsisme anthropique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

ténèbres

La terreur, c'est surtout de l'imprévu ; et si la nervosité des peureux s'exaspère dans l'obscurité, c'est que cette nuit aveugle est peuplée pour eux de fantômes, auxquels ils ne peuvent donner de formes. Si, de tous temps, les enfants et les servantes ont craint de se hasarder, le soir, hors des chambres éclairées et closes, c'est que l'ombre impénétrable, l'ombre silencieuse et hostile recule tout l'infini dans le mystère et toute l'épouvante dans l'inconnu... Oh ! les grands arbres bruissants des fonds de parcs d'automne humides et solitaires, les interminables corridors des vieux logis de province à demi abandonnés, les greniers hauts comme des cathédrales, où s'entassent des vieilleries, des paperasses et des malles velues, immobiles depuis des années, et qui ne voyageront jamais plus, les chambres inhabitées des maisons de campagne des grands-parents aujourd'hui morts, la chambre qu'on n'ouvrait jamais parce qu'il s'y était passé quelque chose...
Oh ! Tous ces châteaux d'épouvante effrités aujourd'hui dans nos âmes sceptiques, mais qui tenaient jadis une si formidable place dans notre enfance effarée et inquiète, de quelle atmosphère frissonnante et glacée ils s'emplissaient pour nous à la tombée de la nuit, surtout au retour de l'automne, dans ces mois brumeux et pourris d'incessantes ondées, de torrentielles pluies.

Auteur: Lorrain Jean

Info: Histoires de Masques

[ peur ] [ imagination ]

 

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