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existence

Maintenant, il comprenait qu'un homme ne sait jamais pour qui il souffre et pour qui il espère. Il souffre, espère et travaille pour des gens qu'il ne connaîtra jamais, et qui, à leur tour, souffriront et espéreront et travailleront pour d'autres qui ne seront pas heureux non plus, car l'homme cherche toujours un bonheur bien au-delà de ce qui lui est réservé. Mais la grandeur de l'homme consiste dans le fait même de vouloir être meilleur qu'il n'est. En s'imposant des devoirs. Dans le Royaume des Cieux, il n'y a pas de grandeur à gagner, dans la mesure où il y a une hiérarchie établie, l'inconnu se révèle, l'existence est infinie, il n'y a pas de possibilité de sacrifice, tout est repos et joie. C'est pourquoi, courbé par la souffrance et les devoirs, magnifique au au milieu de sa misère, capable d'aimer face aux afflictions et aux épreuves, l'homme ne trouve sa grandeur, sa pleine mesure, que dans le Royaume de ce Monde.

Auteur: Carpentier Alejo

Info: The Kingdom of This World

[ combat ] [ croyance ]

 

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humour

- Maintenant que nous sommes en tête à tête, dit la reine en adressant des sourires de droite à gauche à l'imposante assemblée, je vais pouvoir vous poser des questions qui me tracassent au sujet de Jean Genet.
- Ah… Oui, dit le président.
La Marseillaise puis l'hymne britannique suspendirent durant quelques instants le déroulement des opérations, mais lorsqu'ils eurent rejoints leurs sièges, Sa Majesté se tourna vers le président et reprit :
- Il était homosexuel et il a fait de la prison, mais était-ce un mauvais garçon ? Ne pensez-vous pas qu'il avait un bon fond, au contraire ? ajouta-t-elle en soulevant sa cuillère.
N'ayant pas été briefé au sujet du dramaturge chauve, le président chercha désespérément des yeux sa ministre de la Culture, mais celle-ci était en grande conversation avec l'archevêque de Canterbury.
- Jean Genet, répéta la reine pour lui venir en aide. Vous le connaissez ?
- Bien sûr, répondit le président.
- Il m'intéresse, dit la Reine.
- Vraiment ?
Le président reposa sa cuillère. La soirée promettait d'être longue.

Auteur: Bennett Alan

Info: La Reine des lectrices

[ discussion culturelle ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

frime

C'est ainsi que nous eûmes l'heur de croiser le chemin d'un homme dont l'allure majestueuse et la corpulence imposante témoignaient de l'importance de son rang social. Tout de blanc vêtu (un ample et long boubou, un bonnet, une écharpe et des babouches de la même couleur), il avait en effet l'apparence d'un puissant notable et c'en était un, le plus important notable de ce village, comme nous le confirma un jeune homme : "C'est le kabila-tigui, c'est-à-dire le chef du clan suzerain des Kéita, c'est aussi le chef de tout le monde ici. Il s'appelle El Hadj Dionta-Mady Kéita." Quelle prestance ! "Ah, c'est vous les étrangers venus faire le reportage sur le Sosso-bala ? Namane m'a déjà dit. Oh, soyez les bienvenus ici dans Niagassola." Il a lâché son parler exubérant pour nous apprendre que, pendant la guerre mondiale, il avait été tirailleur sénégalais pour chasser les Allemands et sauver la France. Après une petite séance de photos, à laquelle il s'est prêté de bon coeur, il a repris son chemin, majestueux, en nous laissant l'étonnante impression d'un homme qui a su se faire oublier par son âge.

Auteur: Sami Tchak Sadamba

Info: Al Capone le Malien

[ apparence ] [ Afrique ]

 

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personnage

Paco, le forgeron, ne voulait pas que son fils progresse; il se contentait de le voir forgeron comme lui et suffisamment habile pour soumettre le fer à sa volonté . Ça c'était un beau métier ! Et pour être forgeron, il n'y avait pas besoin d'étudier pendant quatorze ans, ni treize, ni douze, ni dix, ni neuf, pas une seule année. Et l'on pouvait devenir un homme gigantesque et corpulent comme le père du Bousseux. Daniel le Hibou ne se lassait jamais de regarder Paco, le forgeron, maitriser le fer dans sa forge.Il était fasciné par ces avant-bras gros comme des troncs d'arbres, couverts d'un poil épais et roux avec, en relief, plein de muscles et de nerfs. Sur que Paco le forgeron pourrait soulever la commode de sa chambre d'un seul de ses bras imposants... Ça c'était un homme. Pas comme Ramon, le fils du pharmacien, pomponné, raide, pale, comme une jeune fille maladive et prétentieuse. Si ça c'était le progrès, lui, décidément ne voulait pas progresser. Pour sa part il lui suffisait de posséder une paire de vaches une petite fromagerie et un jardin insignifiant derrière la maison. Il ne demandait rien de plus....

Auteur: Delibes Miguel

Info: Le chemin

[ famille ] [ continuité ] [ macho ]

 

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réflexion

Tâche de te calmer et renoue avec un double noeud ton cordon ombilical, le coeur suffoquant de doute et de méfiance tu te contemples dans la glace, tous les agonisants souffrent de ces deux maux, le doute est plus riche en enseignement que le savoir et aussi plus cruel, l'unique moyen de tomber juste est de soupçonner l'erreur, il ne te sert à rien de réclamer à ton miroir une autre image de toi, tu es tenu de jouer ton rôle et le miroir ne peut que te suivre et reproduire tes traits avec un naturalisme cruel, il n'occupe pas le mur entier, ce miroir, il est minable, mais tu peux à loisir l'imaginer énorme et imposant, et même le prolonger à travers le sol et le plafond et l'étirer tout autour de la chambre, imagine-toi en train de flotter comme un poisson à l'intérieur d'un grand récipient parallélépipédique dont le miroir tapisse chacune des six facettes, tu es habillé, ta cravate est nouée autour de ton cou mais qu'importe, tu peux te redéshabiller si tu veux, ou les yeux mi-clos te déshabiller par la pensée, tu peux également voir ton derrière et ta nuque ce qui est impossible avec un miroir simple, allons souris, le miroir te renvoie ton sourire, grimace et le miroir te renvoie ta grimace, pousse un cri ou chante, le miroir reste muet

Auteur: Cela Camilo José

Info: In "San Camilo 1936", éd. Albin Michel, p. 208

[ espace virtuel ] [ autoportrait ] [ retrait narcissique ] [ 2e personne du singulier ] [ reflet ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

planète terre

Au singulier, civilisation ne serait-ce pas aujourd'hui, avant tout, le bien commun que se partagent, inégalement d'ailleurs, toutes les civilisations, "ce que l'homme n'oublie plus" ? Le feu, l'écriture, le calcul, la domestication des plantes et des animaux ne se rattachent plus à aucune origine particulière ; ils sont devenus les biens collectifs de la civilisation. Or ce phénomène de diffusion de biens culturels communs à l'humanité entière prend dans le monde actuel une ampleur singulière. Une technique industrielle que l'Occident a créée s'exporte à travers le monde entier qui l'accueille avec frénésie. Va-t-elle, en imposant partout un même visage : buildings de béton, de verre et d'acier, aérodromes, voies ferrées avec leurs gares et leurs haut-parleurs, villes énormes qui, peu à peu, s'emparent de la majeure partie des hommes, va-t-elle unifier le monde ? [...] Cependant la "civilisation industrielle" exportée par l'Occident n'est qu'un des traits de la civilisation occidentale. En l'accueillant, le monde n'accepte pas, du même coup, l'ensemble de cette civilisation, au contraire. [...] en supposant que toutes les civilisations du monde parviennent, dans un délai plus ou moins court, à uniformiser leurs techniques usuelles et, par ces techniques, certaines de leurs façons de vivre, il n'en reste pas moins que pour longtemps encore, nous nous retrouverons, en fin de compte, devant des civilisations très différenciées. Pour longtemps encore, le mot de civilisation gardera un singulier et un pluriel. Sur ce point, l'historien n'hésitera pas à être catégorique.

Auteur: Braudel Fernand

Info: Grammaire des civilisations

[ continent ] [ diversité ]

 

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art pictural

En Norvège, c’est le peintre Munch qui marque la rupture, c’est dans ses œuvres que pour la première fois les êtres humains prirent toute la place. Alors que jusqu’au siècle des Lumières, on subordonnait l’homme au divin, qu’à la période romantique on le subordonnait au paysage dans lequel il était représenté — les montagnes y sont imposantes et tumultueuses, la mer y est imposante et tumultueuse et même les arbres et les forêts y sont imposants et tumultueux, mais tous les hommes sans exception y sont petits —, chez Munch c’est le contraire. C’est comme si l’humain engloutissait tout en lui, faisait sien absolument tout. Les montagnes, la mer, les arbres et les forêts, tout y est teinté d’humain, non pas des actes et de la vie extérieure des êtres humains mais de leurs émotions et de leur vie intérieure. À partir du moment où les hommes avaient pris le dessus, aucune marche arrière n’était plus possible, de même qu’il n’y eut plus de marche arrière possible pour le christianisme après qu’il se fut propagé comme un incendie de forêt dans toute l’Europe aux premiers siècles de notre ère. Munch, lui, donne forme aux émotions des êtres qu’il peint, il donne forme à leur vie intérieure et bouleverse le monde. Une fois cette porte-là ouverte, la représentation du monde extérieur fut abandonnée : chez les peintres après Munch, ce sont les couleurs elles-mêmes et les formes elles-mêmes qui sont porteuses d’émotions, pas ce qu’elles représentent.


Auteur: Knausgaard Karl Ove

Info: La mort d'un père

[ expressionniste ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

extraterrestres

L'affaire de Fatima est certes intriguante... Mais l'utilisation qu'il en fut faite par l'église catholique refroidit de suite nos ardeurs. Certes il y eut des milliers de témoins. Citons en un.
"Je pus voir le soleil, (...), semblable à un disque à bords nets, à l'arête vive, lumineux et brillant, mais n'imposant aux yeux nulle fatigue. J'entendis des gens le comparer à un disque d'argent mat, mais cette image ne me parut pas exacte car il s'agissait d'une couleur plus claire, active et riche, avec des chatoiements comme l'orient d'une perle. Ce disque n'avait aucun lien de ressemblance avec la Lune. A la différence de la Lune il n'était pas sphérique ; il apparaissait comme un disque plat et poli".
Témoignage qui fait plutôt penser à un Ovni de type soucoupique.
Bref, quand essaye de faire le tri dans tout ce qui a été dit au sujet de pseudo révélations faites à trois gamins campagnards (mômes déjà formatés par l'église catholique) et qu'on nous parle de "message", ça fait un peu rigoler quand même. L'idée de manipulation me séduit plus. Manipulation de l'Eglise, tripotages des auteurs ésotériques qui ont su faire du pognon avec le phénomène... Toutes conséquence peut-être d'un phénomène naturel rare et non expliqué ou, pourquoi pas, rien n'est impossible, suite à la galégeade d'un ado ET facétieux décidé à se marrer un bon coup.
Et puis souvenons-nous de cette phrase du spécialiste Gustave le Bon "L'unanimité de nombreux témoins est une des plus mauvaises preuves que l'on puisse invoquer pour établir un fait."

Auteur: Mg

Info: 15 mai 2016, *dans son ouvrage psychologie des foules, 1905, Felix Alcan, 1895, p. 3

[ religion ] [ légende ]

 

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mal du pays

Que faisait-il ici, chez des étrangers ? S’il avait été chez lui, dans son havre de pêche, il aurait pu aller en hiver aux Lofoten et prendre des merlans en été. Il aurait pu faire beaucoup, beaucoup de choses et vivre content. Alors il aurait épousé la petite Ragna et pris la ferme de ses parents ; il y aurait élevé son bétail, cultivé ses champs. Oui, il n’aurait pas eu besoin de rôder un soir d’hiver, comme aujourd’hui, en gémissant de chagrin et d’amour !
Il se sentait abandonné, il avait la nostalgie, il voulait retourner chez lui. Son village était pauvre, mais clair et riant en été : hanté par les nymphes et les génies des eaux ; fertile en légendes l’hiver. Il n’y avait pas un endroit pareil. Et ceci seulement : Ragna avait une si jolie bouche quand elle riait, étant petite et tout le temps qu’elle avait grandi ! Tous les enfants avaient un si joli sourire au village ! Et, s’il voulait penser à quelque chose de plus imposant encore, nulle part dans le monde entier, on ne contemplait d’aussi belles montagnes. Dès le mois de mars, on voyait arriver les étourneaux et, bientôt après, les oies sauvages. O Merveille des vols en soc de charrue et des voix d’oiseaux sous le ciel, devant quoi son père et sa mère lui avaient appris à se découvrir et à se taire ! Oui, il voulait retourner chez lui ! Il voulait faire voile vers le Nord, avec le cotre de Knoff, et retourner des Lofoten chez lui !

Auteur: Hamsun Knut

Info: Dans "Vagabonds", édition Pochothèque, trad. J. Petithuguenin, page 982-983

[ souvenirs ] [ idéalisation ] [ vie rêvée ] [ regrets ] [ Heimweh ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

Afrique

Un air musical - qui convie au recueillement - flotte au salon. Les haut-parleurs distillent les morceaux choisis de Louis Armstrong. Pessa invite Wonouplet à s'installer en face de lui. Sans plus lui accorder la moindre attention, il s'enferme dans une attitude de concentration quasi mystique. Il écoute de toutes ses fibres, de tout son être.
Wonouplet a souvent entendu les titres d'anthologie de celui que les mordus du jazz appellent avec affection et déférence le pape Louis Ier. Mais, jamais elle n'a été autant pénétrée, autant chavirée par sa puissance d'évocation du martyre de ses frères de race noire. Le calme et le silence des lieux, le petit côté mystérieux de la maison, l'attitude recueillie de Pessa sont autant de facteurs qui contribuent à caresser sa fibre essentielle, à flatter généreusement son âme, à la plonger dans une sorte de nirvana.
Et comme des gouttes de cristal pur, tombent les premières notes de Nobody knows the trouble I've seen. Un fluide étrange et mielleux envahit Wonouplet. Elle est prise de part en part par cette musique extraordinaire avec laquelle elle fait corps. Et toutes ses fibres participent de la même vibration qui insuffle un baume merveilleux dans les profondeurs les plus intimes, les plus insondables, de son âme. Elle est foudroyée. Littéralement.
Pessa lève sur elle un regard embué de larmes. Le fleuve de l'émotion entre en crue en elle. Pessa ne dit pas un mot mais ils se sont compris. La magie des notes de musique, la voix de Louis Armstrong, imposante et savoureuse, l'évocation de la plus grande tragédie de l'humanité ont opéré en lui une métamorphose plurielle.

Auteur: Nangala Camara

Info: Le Printemps de la liberté

[ source ] [ émoi ]

 

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