Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 26
Temps de recherche: 0.0344s

exposition

Autour des années 1928-1931, autour de Georges Bataille et de Georges-Henri Rivière, il y avait encore des lieux (la revue Documents) où pouvaient se côtoyer archivistes-paléographes, historiens de l’art, conservateurs de musée, poètes transfuges du Surréalisme, ethnologues de terrain (Griaule). Et cela en vue d’une recherche soucieuse de mettre au jour des liaisons restées inaperçues entre les œuvres d’art les plus irritantes, non encore classées, certaines productions hétéroclites et des schèmes de pensée se déployant dans le champ institutionnel.

Qu’avons-nous aujourd’hui ? Rien d’autre, ou à peu près, que ce projet mou de créer un musée des "Arts premiers", ce futur grand bastringue du Quai Branly, avec sa promesse de belles vitrines à haute valeur pédagogique, mais aussi celle de créer des laboratoires de haute technicité et des banques de données sur le "patrimoine". J’imagine mal qu’il puisse devenir un lieu de questionnement sur "le ressort anthropologique de l’art".

Auteur: Cartry Michel

Info: Lettre à Pierre Legendre citée dans "Leçons X, Dogma : Instituer l'animal humain" de Pierre Legendre, Librairie Arthème Fayard, 2017, page 220

[ historique ] [ critique ] [ avilissement cybernétique ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par Coli Masson

pensée

"Représentation"  signifie d’abord délégation. Un questionnement nouveau en découle : concevoir ce qui est mis, déposé dans la scène. Ce terme grec (skènè), porteur de négativité – étymologiquement un "lieu d’ombre et de ténèbres" - nous oriente. Comme le suggère le principe même du théâtre (terme venu des Grecs lui aussi) – "voir, examiner avec admiration" - la scène comme telle est un lieu vide, en attente de l’acteur et de la narration, c’est-à-dire d’un donné à voir et à entendre, qui empoigne le sujet.

S’il en est ainsi, si la scène recèle le pouvoir de montrer, cette remarque confirme le bien-fondé, pour l’Anthropologie dogmatique, d’en appeler à l’instance du Miroir, en quelque sorte le prototype de la scène, la structure théâtrale première. L’entrée de l’animal humain dans le lien spéculaire tel que circonscrit par la psychanalyse [...] signe l’avènement de la conscience réflexive, c’est-à-dire de la spéculation. En d’autres termes [...] : l’essor originaire du principe de Raison pour le sujet, c’est la spécularité.

Auteur: Legendre Pierre

Info: Dans "Leçons X, Dogma : Instituer l'animal humain", Librairie Arthème Fayard, 2017, pages 31-32

[ signification ] [ réflexivité ] [ image ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par Coli Masson

psychiatrie

...La loi est enfin votée puis promulguée le 30 juin 1838 : chaque département sera désormais tenu d'avoir un asile d'aliénés. L'autorité publique exercera la direction des établissements publics et la surveillance des établissements privés. Les placements seront soumis à une réglementation précise dans laquelle les certificats médicaux, avant et après internement, figurent en bonne place.
Cet avènement du personnage médical se trouve salué comme il convient par Jean-Pierre Falret, l'un des grands aliénistes du moment, qui proclame que les dispositions de la loi de 1838 sont "applicables à tous les temps et à tous les pays, aussi indélébiles que l'aliénation mentale elle-même".
Dans l'une des nombreuses circulaires d'application qui vont suivre, une petite phrase presque cachée a surgi au détour d'un article sur les dépenses : "Les aliénés dont l'état mental ne compromettrait point l'ordre public ou la sûreté des personnes y seront également admis..." C'est pour lors que le "grand renfermement" va commencer. C'est le dix-neuvième siècle et non l'Ancien Régime qui institue les asiles d'aliénés, les construit et les remplit. La loi de 1838 est son prophète.

Auteur: Quétel Claude

Info: Analectes Loi de 1838 discussions des députés et des pairs

[ société ] [ historique ]

 

Commentaires: 0

visuel

La protestation si souvent entendue, de la part des jeunes notamment, de la "récupération" par la société devrait les conduire à la connaissance du rôle des images. Ce n’est pas la société bourgeoise qui est récupératrice, c’est l’univers des images, qui reprend tout ce qui se fait et se vit pour en faire du spectacle. C’est le triomphe absolu des images et de la visualisation qui est stérilisateur et récupérateur. Mais ce n’est pas seulement la TV ! Le triomphe de l’image, c’est aussi celui des comics, des bandes dessinées, fussent-elles révolutionnaires. Le contenu, révolutionnaire ou non, ne change rien. C’est l’abolition de la parole cohérente et sensée, porteuse de sens, qui est l’acte récupérateur par excellence. L’image est toujours abolissante. Et les dessins de Hara-Kiri, de Brétécher, de Wolinski ne sont jamais que les sous-produits de ce triomphe. […] Se situer sur le terrain de l’adversaire, procéder au détournement cher aux situationnistes, c’est se mettre en réalité dans le même courant ; le plein de l’image satisfait, par le spectacle, ma conscience révolutionnaire. J’ai vu, donc j’ai agi. Tout cet ensemble non seulement stérilise l’intervention, mais institue une fausse relation à un faux réel.

Auteur: Ellul Jacques

Info: Dans "La parole humiliée", éditions de la Table Ronde, Paris, 2014, pages 228-229

[ facticité ] [ fausses disgressions ] [ mutins de panurge ]

 
Commentaires: 6
Ajouté à la BD par Coli Masson

paradigme

[...] ce faisceau de notions (dogme, dogmatique, dogmaticité) est en lien étroit avec la logique de la structure langagière telle que l’a énoncée et vécue notre propre civilisation depuis plus de deux millénaires. Est-ce à dire que ces mots arides ne sont qu’une manière occidentale de se mouvoir à l’égard de l’essence même du penser, et se proposent à nous comme expression particulière d’un universel propre à l’espèce parlante ?



Mettons à l’épreuve ce propos en évoquant la résistance du concept de dogme aux métamorphoses de la représentation dans la civilisation européenne entraînée par l’élan industrialiste. Il est avéré qu’en réduisant le champ de ce concept aux exégèses de la Révélation chrétienne, ou plus généralement bibliques (incluant ainsi l’Écriture juive), le système de pensée, qui à compter du XVIIIe siècle cherchait sa voie au milieu des décombres de la tradition, s’est focalisé sur le conflit porteur du fondement fiduciaire de l’Occident : la foi et la raison sont-elles compatibles ?


Mais, foi en quoi, en qui, et que veut dire précisément avoir foi en quelque chose ou en quelqu’un ? Voilà sans doute l’interrogation basique à laquelle il nous faut accéder [...] : le théâtre de la parole.  Autrement dit : sur la mise en scène de l’homme et du monde par le langage. 

Auteur: Legendre Pierre

Info: Dans "Leçons X, Dogma : Instituer l'animal humain", Librairie Arthème Fayard, 2017, page 18

[ sens ] [ évolution ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

mythologie grecque

Le paradigme ovidien du désespoir de la séparation met en scène un séduisant jeune homme, Narcisse, dont la nymphe Écho – Écho la résonnante (resonabilis Echo) "qui ne sait ni se taire quand on lui parle, ni parler la première" - brûlée de désir, est amoureuse. Méprisée, elle le maudit, et Narcisse va subir le tourment du non-séparé, privé d’écho, indécis devant son image, et conséquemment méconnaissant l’objectivité-altérité du monde.

Tourment de celui qui voyant, ne sait pas ce qu’il voit (quid videat nescit) : s’approchant d’une source pour apaiser sa soif, et tandis qu’il boit, épris soudain de son image, "il prend pour un corps ce qui n’est que de l’eau". Narcisse demeure étranger à ceci, que j’exprimerai en empruntant à Paul Valéry : faire entrer dans ce qui est, le levain de ce qui n’est pas. Nous retrouvons, par le mythe, la problématique d’un vide symbolique, la question de l’être au cœur de l’institution du sujet

[...] le mythe de la nymphe Écho s’offrant amoureusement à Narcisse emprisonné dans l’étreinte de lui-même devient pour nos le paradigme de la vulnérabilité du principe de Raison. En termes politiques, le mythe invite à reconnaître l’absolutisme inhérent à la fonction d’instituer, quand il s’agit du pouvoir de manier ce que, depuis Freud, nous appelons le narcissisme, c’est-à-dire de manœuvrer les identifications du sujet à travers le rapport à l’image de soi : la Raison est en cause, car sont en jeu l’inceste et son autre face, le meurtre.

Auteur: Legendre Pierre

Info: Dans "Leçons X, Dogma : Instituer l'animal humain", Librairie Arthème Fayard, 2017, pages 123-124

[ interprétation ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

légende

Voici l'histoire de la très sainte coupe qu'on nomme le Graal, dans laquelle fut recueilli le précieux sang du Sauveur le jour où Il fut crucifié pour racheter les hommes. C'est Joséphé qui en a écrit le récit, sous la dictée d'un ange, afin que par son témoignage soit connue la vérité sur les chevaliers et les saints hommes qui acceptèrent de souffrir peines et tourments pour glorifier la religion que Jésus-Christ a voulu instituer par Sa mort sur la Croix.
Voici le commencement du Haut Livre du Graal, au nom du père, du Fils et du Saint-Esprit. Ces trois personnes ne sont qu'une substance, et cette substance est Dieu, et de Dieu procède le Haut Conte du Graal. Tous ceux qui l'entendent doivent s'efforcer d'en comprendre la signification et oublier tout le mal qu'ils ont dans leur cœur, à cause des saints hommes et des bons chevaliers dont ils entendront raconter les actions. Joséphé nous rapporte cette sainte histoire en l'honneur du lignage d'un bon chevalier qui vécut après la mort du Christ Notre-Seigneur. C'était véritablement un bon chevalier, car il était chaste et vierge dans son corps, hardi et généreux de cœur, et ses qualités étaient sans tâche. Il ne parlait pas volontiers, et, à le voir, on ne l'aurait pas cru d'aussi grande vertu. Mais faute d'avoir prononcé quelques paroles au moment opportun, il fut cause de graves infortunes pour la Grande Bretagne: toutes les îles, tous les royaumes furent dans le malheur, mais par la suite il leur rendit la joie par la vertu de ses qualités chevaleresques.

Auteur: Strubel Armand

Info: Le Haut Livre du Graal : [Perlesvaus]

[ trinité ] [ mythologie chrétienne ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

dualisme

Partant de thèmes tels que "fides quaerens intellectum" (la foi en quête d’intellection), les médiévaux avaient, pour ainsi dire, maîtrisé puis transmis les termes théoriques d’un conflit latent, jusqu’au moment où, l’absolutisme théologique (aussi bien côté catholique qu’au versant protestant) étant sur le point de se défaire, le conflit allait se muer en un duel entre religion et science. L’échéance du conflit fut l’après-Révolution française, ce XIXe siècle à la fois agité par les conséquences politiques de l’idéal des Lumières, et confronté, sur le fond du système de pensée européen, à l’héritage fiduciaire traditionnel – système rendu incertain par l’irruption de nouvelles conceptions de l’Univers à partir du XVIe siècle (mettant en péril l’idée théologienne du Cosmos) et l’esquisse d’un mythe de rechange (la rationalité industrialiste). Pourtant, les montages romano-chrétiens de la culture échafaudée depuis la Révolution grégorienne (XIe siècle et la suite, le Moyen Age classique), en particulier la fonction État en constant renforcement, semblaient devoir demeurer indemnes.

L’annonce d’un séisme fut en 1841 l’écrit retentissant de Ludwig Feuerbach : L’Essence du christianisme (Das Wesen des Christentums). [...] ce livre érudit et précis dans ses aspects théoriques, traversé par un vent de colère rappelant le style de Luther en ses débuts, est le procès ouvert de la notion de dogme, déjà restreinte avant Feuerbach au champ de la théologie, mais étudiée ici pour faire saisir l’aliénation dans la foi en Dieu à travers les doctrines spéculatives enseignées aux fidèles (Trinité, Incarnation, etc.). C’est bien en cet ouvrage que l’on trouve les grands thèmes d’une anti-dogmatique, bientôt vulgarisée en vademecum d’un athéisme-pour-tous, dont tirent profit aujourd’hui encore les propagandes de la casse.

Auteur: Legendre Pierre

Info: Dans "Leçons X, Dogma : Instituer l'animal humain", Librairie Arthème Fayard, 2017, pages 21-22

[ historique ]

 
Commentaires: 3
Ajouté à la BD par Coli Masson

effet de discours

Enfant d’une Europe disparue, où dans ma campagne reculée le savoir relevait encore de la démarche paysanne, j’ai découvert l’ordre du monde en apprenant la lecture comme cérémonial de l’assemblage des lettres, respect des préséances par la majesté des majuscules et les subtilités de la ponctuation. De la vie mystérieuse des mots m’est resté le sens de la distance ouvragée entre des corps – corps du lecteur-scribe et corps des signes écrits – un sentiment d’être confronté au mystère d’une équerre invisible, et pour tout dire, cette sorte de pudeur qui s’exprime par le respect de l’étiquette, vieux vocable récupéré par les spécialistes du sport pour désigner les normes imposées sur un parcours de golf...

Cependant, cette conscience sauvage dans le rapport au lire-écrire, encore précieuse aux talmudistes comme aux interprètes du Coran, ou enfermée dans nos bagages philosophiques (voir le dialogue platonicien, Le Sophiste, où il est question de la société des lettres et des mots), a quelque chose d’inavouable pour la vision industrielle, toute en surface, de la communication humaine. [...]

On ne saurait en effet interroger la conception gestionnaire de la parole et, par voie de conséquence, mettre en doute l’idée selon laquelle les phénomènes scripturaires, catalogués en fonction de critères de performance, se réduisent à l’efficacité informationnelle. Ainsi croit-on (oui, il s’agit d’une croyance) que la rationalité scientifique, non pas dans ses effets de réalité tant célébrés à travers la technique, mais de par sa place mythique échafaudée à l’Ouest depuis un demi-millénaire, a scellé le destin de l’humanité. [...]

L’éducation occidentale élimine la tentation de faire de l’écriture une scène, une réalisation qui sollicite en vous l’identification à un "autrui" comme s’il s’agissait d’un lien à soi-même par l’intermédiaire d’un tiers terme.

Auteur: Legendre Pierre

Info: Dans "Leçons X, Dogma : Instituer l'animal humain", Librairie Arthème Fayard, 2017, pages 9-10

[ énoncé ] [ énonciateur ] [ parlotte technologique ] [ performatif ]

 
Commentaires: 5
Ajouté à la BD par Coli Masson

juridiction

[...] les études juridiques étaient accrochées jusque vers la décennie 1950 à la conscience d’un Arbre de traditions dont la racine principale est romaine : la distinction privé/public, au sein du vaste ensemble dénommé "Droit Civil des Romains", l’adjectif "civil" ayant le sens des règles constitutives de la Cité antique. Pour les ressortissants de l’État centraliste à la française, "droit civil" signifie autre chose : une sorte de régiment de textes alignés au cordeau par le Code Napoléon de 1804, illustre produit non seulement des transformations dues à la Révolution, mais d’un écheveau complexe d’élaborations mûries sous l’Ancien Régime.

De ce Monument de règles, l’armature logique était claire : les leçons du droit romain antique, enseigné comme une initiation à tous les étudiants... mais selon une vision strictement nationale, conforme à l’aversion des gens des Lumières pour l’ancienne Scolastique, transformant ainsi le creuset médiéval de la Modernité en "trou noir" : enjambant les siècles jugés obscurantistes, l’enseignement de concepts oublieux du labeur médiéval s’engouffrait allègrement dans le légalisme napoléonien, proposé aux juges sur le mode du raisonnement déductif, aux antipodes de la justice britannique travaillant à la romaine, à partir des cas, c’est-à-dire sur le mode inductif, en harmonie avec l’ancien esprit du « Droit commun » agencé par le Moyen Age.

En passant, notons un autre "trou noir" : la méconnaissance généralisée en Europe d’un élément politique essentiel de la transmission. En raison de l’effondrement de Rome, à l’ouest, au Ve siècle, c’est dans la partie orientale de l’Empire que fut conservé le vivier des concepts juridiques romains. C’est à l’empereur romain byzantin Justinien Ier (VIe siècle) qu’est due la rédaction de l’immense compilation de droit romain connue en Occident à partir du XIIe siècle seulement et d’abord "récupérée" par la papauté – une papauté en rivalité avec l’Orthodoxie byzantine. Passé sous silence, cet événement considérable, aux origines de la normativité occidentale, montre la profondeur du conflit de représentation transmis jusqu’à nous et qui sépare deux mondes : l’Occident de l’Orient.

Auteur: Legendre Pierre

Info: Dans "Leçons X, Dogma : Instituer l'animal humain", Librairie Arthème Fayard, 2017, pages 53-54

[ orient-occident ] [ pluralité sémantique ] [ forclusion ] [ historique ]

 
Commentaires: 3
Ajouté à la BD par Coli Masson