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désenchantement

A mesure que la connaissance scientifique progressait, le monde s'est déshumanisé. L'homme se sent isolé dans le cosmos, car il n'est plus engagé dans la nature et a perdu sa participation affective inconsciente, avec ses phénomènes. Et les phénomènes naturels ont lentement perdu leurs implications symboliques. Le tonnerre n'est plus la voix irritée d’un dieu, ni l’éclair de son projectile vengeur. La rivière n’abrite plus d’esprits, l’arbre n'est plus le principe de vie d’un homme, et les cavernes ne sont plus habitées par des démons. Les pierres, les plantes, les animaux ne parlent plus à l’homme et l’homme ne s’adresse plus à eux en croyant qu’ils peuvent l’entendre. Son contact avec la nature a été rompu, et avec lui a disparu l’énergie affective profonde qu’engendraient ses relations symboliques. Les symboles de nos rêves tentent de compenser cette perte énorme. Ils nous révèlent notre nature originelle, ses instincts et sa manière particulière de penser. Malheureusement, ils expriment leur contenu dans le langage de la nature, qui est étrange et incompréhensible pour nous.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: L'homme et ses symboles

[ mystère ] [ nécessaire ]

 

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transformation

Sur le fond de mon humeur très sombre, bien plutôt et même avant qu'elle ensoleillât la lande, il se fit tout à coup dans le plein sens du mot une embellie. La contrariété littérale qui avait été, je le sentais maintenant avec force, ma disposition de tout l’après-midi, disparaissait. Un poids de tristesse m’était enlevé. La pluie cessait – inexplicablement réchauffant, un rayon de soleil décoloré coulait à travers les branches : autour de moi, la rumeur fourmillante des bois sous l’averse se figeait goutte après goutte dans le suspens doucement épanoui d’une foule de théâtre, et tout à coup, faisant vibrer la lumière décapée par l’averse, un oiseau chanta sur deux notes transparentes et calmes, de la voix même de l’éclaircie. Tout était léger, ouvert, cristallin, facile – un autre monde – comme si le rideau de pluie brusquement levé m’eut été ce "fondu enchaîné" des films qui soude en une seconde les rues aux forêts et les minutes aux années. Quelques pas plus loin, la maison soudain fut là.

Auteur: Gracq Julien

Info: La maison

[ accalmie ] [ état d'esprit ] [ météo ] [ interne ] [ externe ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

passe-temps

L’un des faits majeurs des sociétés industrielles est le formidable accroissement du temps libre. Qu’on y songe, dans notre pays, il a été multiplié par 5 depuis 1900 ! Et que fait-on de cette disponibilité ? Nous pourrions profiter de ce temps arraché au labeur pour prendre soin de nous, nous reposer un peu plus par exemple. Or, toutes les enquêtes le montrent, c’est l’inverse qui se produit : nous dormons de moins en moins. Ainsi, le temps de sommeil des Français est aujourd’hui de 7 h 30 alors qu’il était de 9 heures au début du xxe siècle ; les États-uniens, en avance sur ce point comme sur d’autres, ne dormiraient, eux, que 6 h 30 en moyenne par nuit. Les explications de ce fait tiennent tout aussi bien à la moindre pénibilité physique du travail, qui nécessiterait donc moins de repos, qu’à l’éclairage continu qui caractérise la vie en ville et nous maintient en éveil, ou encore – et surtout – à l’omniprésence des équipements de loisirs : télévision, tablette, smartphone, ordinateur, qui solliciteraient de façon de plus en plus envahissante notre "temps de cerveau disponible".

Auteur: Bronner Gérald

Info: Cabinet de curiosités sociales - Curiosités de notre cerveau

[ évolution ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

religieux-civil

La liberté que Rome leur laisse, la plupart des catholiques ne s’en servent guère aujourd’hui. Dans le clergé, dans le bas clergé surtout, les idées libérales sont odieuses ou suspectes. L’esprit de réaction, fomenté dans son sein par la presse religieuse, a, depuis la révolution du 4 septembre [1870 : proclamation de la République] et les désillusions des dernières années, pris sur lui un nouvel ascendant. […] La faute en est-elle uniquement aux préventions de son éducation, étrangère au monde et isolée du siècle, aux conseils des feuilles qui, loin de l’éclairer sur une société qu’il ignore, persistent à le bercer de dangereux souvenirs et de décevantes espérances ? Non, pour n’être pas injuste, nous devons reconnaître que la faute en est en partie à d’autres, à ceux qui, se targuant du nom de libéraux ou de démocrates, arrêtent leur libéralisme à leurs amis et à leurs doctrines; à ceux qui, faussant cyniquement la notion de liberté, prétendent faire de l’intolérance religieuse la marque du libéralisme; à tous ceux, en un mot, dont l’exclusivisme sectaire entretient la répulsion des catholiques pour les libertés modernes et travaille à les dégoûter de la société contemporaine.

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: Les catholiques libéraux, l'Église et le libéralisme de 1830 à nos jours, Librairie Plon, 1885, pages 271-272

[ antimoderniste ] [ antagonismes ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

trouble mental

Entre autres, il songea qu’avant ses crises d’épilepsie, il y avait toujours eu un moment (dans le cas où la crise ne le surprenait pas à l’improviste) où son cerveau semblait s’enflammer au sein des ténèbres et de la tristesse, et où toutes ses forces vitales se tendaient soudain avec impétuosité. Pendant ces instants, rapides comme l’éclair, la sensation de la vie et l’auto-conscience semblaient se décupler. L’esprit et le cœur s’éclairaient intensément ; toutes les émotions, tous les doutes, toutes les inquiétudes semblaient soudain s’apaiser pour faire place à un repos sublime, harmonieux, rempli de joie et d’espoir. Mais ces instants, ces éclairs, ne constituaient qu’un préliminaire conduisant à cette seconde finale (jamais plus d’une seconde) qui déclenchait la crise. Cette seconde était, évidemment, insoutenable.

En y pensant par la suite, déjà guéri, il se disait bien souvent : "Tous ces mouvements fulgurants d’auto-connaissance sublime et par conséquent "d’un état sublime", ne sont autre chose qu’une maladie, une déviation de l’état normal. Donc, loin d’être un "état sublime", ils devraient se rattacher plutôt à un "état d’infériorité". Pourtant, il faisait cette déduction paradoxale : "Et même si c’était une maladie, peu importe que cette tension soit anormale, puisque son résultat, cette minute sensationnelle dont on se souvient et qu’on analyse plus tard, est harmonieuse et belle au plus haut point et permet de ressentir, à un degré jamais atteint, la plénitude, l’apaisement, l’équilibre et la communion mystique avec la plus haute synthèse de la vie".

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "L'idiot", traduit par Nicolas Poltavtzev Presses de la renaissance, Paris, 1974, page 188

[ description de l'intérieur ] [ totalité ] [ expérience religieuse ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

colonialisme

Il y a à peine quelques années, un de ces hommes grossiers, incultes, sauvages, qui trop souvent cherchent dans le métier de missionnaire un exutoire à leur paranoïa ou à leur bêtise (bien plus d’ailleurs protestants américains que catholiques), vint importuner Vera, l’Éclair, grand cacique des Mbya. L’indien fumait pensivement devant sa hutte, vêtu de loques puantes, tout en écoutant le bavardage édifiant du Juru’a qui lui parlait de God et du salut. Las de telles inepties, Vera se lève, disparaît dans son tapy et surgit, transfiguré : en un dieu, en un karai ru, s’est métamorphosé le clochard minable de tout à l’heure. Abandonnés, les oripeaux de blanc : le jeguaka, l’ornement rituel des hommes, coiffure de coton surmontée d’une couronne de plumes aux vives couleurs et que prolongent sur le dos nu des franges, couvre sa tête ; pour seul vêtement, un cache-sexe de coton également ; à la main, un bâton de bois dur finement poli, insigne de son commandement. Une lumière d’orage nimbe le chef, le mburivicha : celui qui est grand par la force de sa foi en les dieux. Et voici ce qu’entendent les oreilles sourdes de l’évangéliste, les tonnantes paroles de l’Éclair : "Écoute, Juru’a ! À vous, les blancs, furent impartis la savane et l’abondance des choses. À nous, les Mbya, furent laissés la forêt et le peu de bien. Que cela continue ainsi. Que les blancs restent chez eux. Nous autres Mbya n’allons pas vous déranger dans vos demeures. Nous sommes des Ka’aygua, des habitants de la forêt. Éloigne-toi de ma maison, va-t’en, ne reviens jamais plus !".

Auteur: Clastres Pierre

Info: Chronique des indiens Guayaki

[ arrogance ] [ irruption ] [ respect ] [ et in arcadia ego ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin

intelligence

La lumière est le symbole le plus habituel de la connaissance ; il est donc naturel de représenter par la lumière solaire la connaissance directe, c’est-à-dire intuitive, qui est celle de l’intellect pur, et par la lumière lunaire la connaissance réfléchie, c’est-à-dire discursive, qui est celle de la raison. Comme la lune ne peut donner sa lumière que si elle est elle-même éclairé par le soleil, de même la raison ne peut fonctionner valablement, dans l’ordre de réalité qui est son domaine propre, que sous la garantie de principes qui l’éclairent et la dirigent, et qu’elle reçoit de l’intellect supérieur. Il y a sur ce point une équivoque qu’il importe de dissiper : les philosophes modernes se trompent étrangement en parlant comme ils le font de "principes rationnels", comme si ces principes appartenaient en propre à la raison, comme s’ils étaient en quelque sorte son œuvre, alors que, pour la gouverner, il faut au contraire nécessairement qu’ils s’imposent à elle, donc qu’ils viennent de plus haut ; c’est là un exemple de l’erreur rationaliste, et l’on peut se rendre compte par là de la différence essentielle qui existe entre le rationalisme et le véritable intellectualisme. Il suffit de réfléchir un instant pour comprendre qu’un principe, au vrai sens de ce mot, par là même qu’il ne peut se tirer ou se déduire d’autre chose, ne peut être saisi qu’immédiatement, donc intuitivement, et ne saurait être l’objet d’une connaissance discursive comme celle qui caractérise la raison ; pour nous servir ici de la terminologie scolastique, c’est l’intellect pur qui est habitus principiorum, tandis que la raison est seulement habitus conclusionum.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "Symboles de la science sacrée", pages 401-402

[ distinctions ] [ immédiate-différée ] [ évidence ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

culture nippone

C’est ici qu’il faut dire un mot de l’origine du manga : il est une réaction, autant industrielle (production à bas prix et à grande échelle, dessins en noir et blanc) qu’artistique (héritage de l’estampe), au foudroiement nucléaire et à ce qui s’ensuivit : la mise au pas, la mise sous tutelle, la mise sous la coupe des Américains. De tout cela naît le sentiment d’avoir vécu la table rase : il ne reste plus rien de deux villes rayées de la carte, les enfants ont perdu leurs parents et vice-versa, le rattachement à la culture ancestrale est interdit au nom de la modernisation du pays, etc. Bref, l’éclair atomique constitue l’expérience originelle du manga ; et ce n’est donc pas un hasard si tous les mangas, sans exception, mettent en scène, comme point de départ incontournable, un déficit des origines, ce que j’appelle une "faille généalogique" : perte des parents, parents absents (Olive et Tom), adoption (Jeanne et Serge), orphelinat (Les chevaliers du zodiaque), bombardement de Tokyo (dans Akira), planète dévastée (Ken le survivant) ou détruite (Dragon Ball), etc. L’intrigue tourne par conséquent à chaque reprise autour de la question directrice suivante : comment surmonter la faille généalogique ? Comment continuer à vivre après l’apocalypse ? Différentes réponses se font jour, qui permettent alors de segmenter les mangas et d’en proposer une typologie : certains (comme Astro le petit robot et Goldorak) font le pari de la technologie, d’autres misent sur les valeurs collectives (qu’on retrouve principalement dans les mangas consacrés au sport, dans lesquels l’équipe est en réalité une synecdoque de l’Archipel), les derniers, enfin, font appel à la tradition.

Auteur: Baptiste Rappin

Info: https://linactuelle.fr/index.php/2020/02/03/ken-le-survivant-confucius-japon-baptiste-rappin/

[ philosophie ] [ inspiration ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

Muses

Assez du vieux roman !

Assez des intrigues romanesques, des complots aux cours étrangères,

Assez des vers amoureux ensucrassés de rimes, assez des amours et autres manigances d’oisifs,

Convenant parfaitement aux banquets nocturnes où le pas des danseurs s’attarde à suivre une musique suave,

S’accordant avec les plaisirs malsains, les divagations extravagantes d’une minorité,

Les parfums, la chaleur du vin qu’on boit sous l’éclairage aveuglant des chandeliers.



Pour vous, vénérables sœurs tellement plus sensées, à votre intention,

Je préconise hautement des thèmes plus nobles dans la poésie et les arts,

Thèmes qui exaltent le présent et le réel,

Enseignent à l’homme de tous les jours l’orgueil de son métier et de son destin quotidien,

Chantent l’inexorable nécessité de la vie chimique et de l’exercice,

Du travail manuel pour tous, labourage, binagre, bêchage,

Plantation, soin des arbres, des baies, des légumes, des fleurs,

Oui, des thèmes qui fassent comprendre à chaque homme, à chaque femme aussi, qu’ils doivent réellement faire quelque chose,

Apprendre à se servir du marteau et de la scie (taille ou contre-taille),

Se faire la main aux techniques du charpentier, du plâtrier, du peintre,

Pratique le métier de tailleur pour homme et pour femme, de nourrice, de palefrenier ou de portier,

Montrer un tant soit peu d’ingéniosité, d’esprit d’invention pour soulager les corvées de la lessive, la cuisine, le nettoyage,

Sans jamais considérer comme déshonorant de mettre la main à la pâte soi-même.

Auteur: Whitman Walt

Info: Dans "Feuilles d'herbe", Chanson de l'Exposition, traduction Jacques Darras, éditions Gallimard, 2002, page 284-285

[ création artistique ] [ renouvellement ] [ terrestres ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

existence

Ce jour est aujourd’hui passé, et bien d’autres, qui ont chacun marqué d’un coup ce visage où l’ombre d’un baiser effaçait un sourire. Des jours sont passés, qui revenaient toujours pour frapper la marque et la creuser, creuser la plaie saignante et la durcir en cicatrice. Des maladies, des morts, des guerres, qui burinaient sur la tendre face du printemps le pathétique soleil de l’été. Mais aussi revenait le bain en plein soleil, la coupe poissée de grappes ; toujours plus tard midi sonnait au crépuscule. L’ouragan noir d’automne qui flotte et roule, étendard de désastre, où l’éclair fend le ciel d’un gel irrémédiable, le frappa dans sa chair, et la chair de sa chair. Il souffrit, pour souffrir encore ; les saisons s’acharnaient sur lui pour le ployer sous leurs récoltes. Vinrent des maladies, des morts, des guerres, qui taillaient dans le doux visage du printemps les traits de marbre de l’hiver : il souffrit pour souffrir encore. Alors se leva un vent de tempête qui l’entraînait toujours plus vite ; il lui fallut quitter le toit de son enfance, et la maison de ses amours lui fut enlevée. Ses amis s’éloignèrent ; l’un après l’autre, ses fils prirent leur chemin. Chaque pas qu’il faisait l’enfonçait dans la nuit, ses souvenirs s’effacèrent ; il se tut. Il ne lui manquait que de périr, aussi dès le premier jour sa perte fut-elle inscrite dans son destin.

Le vieil arbre pourtant s’obstinait à fleurir ; il l’aimait. Les années avaient préservé leur tendresse comme si rien ne devait la vaincre ; mais chaque homme a son heure qu’il ne peut partager. Il resta seul, dans la débilité du vieillard, enfant sans mère, portant au flanc la déchirure par où s’était enfui l’amour de sa vie. Et la vie le fuyait ; enfin vaincu, il attendait que lui fût donné une grâce. Il mourut. Voici le seul héros et la seule aventure.

Auteur: Charbonneau Bernard

Info: Dans "Je fus", R&N Éditions, 2021, page 30

[ condition humaine ] [ expression poétique ] [ résumé ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson