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champ de contrôle

De l’injonction, on passe à la disjonction par le code, de l’ultimatum on passe à la sollicitation, de la passivité requise on passe à des modèles construits d’emblée sur la "réponse active" du sujet, sur son implication, sa participation "ludique", etc., vers un modèle environnemental total fait de réponses spontanées incessantes, de joyeux feed-back et de contacts irradiés. [...] C’est la grande fête de la Participation : elle est faite de myriades de stimuli, de tests miniaturisés, de questions/réponses divisibles à l’infini, tous magnétisés par quelques grands modèles dans le champ lumineux du code.

Voici venir la grande Culture de la communication tactile, sous le signe de l’espace techno-lumino-cinétique et du théâtre total spatiodynamique !

C’est tout un imaginaire du contact, du mimétisme sensoriel, du mysticisme tactile, c’est toute l’écologie au fond qui vient se greffer sur cet univers de simulation opérationnelle, multistimulation et multiréponse. On va naturaliser ce test incessant d’adaptation réussie en l’assimilant au mimétisme animal : "L’adaptation des animaux aux couleurs et aux formes de leur milieu est un phénomène valable pour les hommes" (Nicolas Schöffler), et même aux Indiens, avec "leur sens inné de l’écologie" ! Tropismes, mimétismes, empathie : tout l’évangile écologique des systèmes ouverts, avec feed-back négatif ou positif, va s’engouffrer dans cette brèche, avec une idéologie de la régulation par l’information qui n’est que l’avatar, selon une rationalité plus flexible, du réflexe de Pavlov. Ainsi est-on passé de l’électrochoc à l’expression corporelle comme conditionnement de la santé mentale. Partout les dispositifs de force et de forçage laissent place aux dispositifs d’ambiance, avec opérationnalisation des notions de besoin, de perception, de désir, etc.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, pages 116-117

[ intégration ] [ consentement idéologique ] [ surmoi maternel ]

 

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nord-sud

Le monde exploité est en passe de prendre sa revanche sur ses seigneurs. Les multitudes innombrables de mains des races de couleur – au moins aussi capables, mais beaucoup moins exigeantes – anéantiront l’organisation économique des Blancs jusque dans ses fondements vitaux. Le luxe aujourd’hui habituel dont bénéficie, par rapport au coolie, le travailleur blanc sera sa perte. Le labeur même du travailleur blanc en arrive à être indésirable. Les énormes masses humaines concentrées dans les zones charbonnières, septentrionales, les grands complexes industriels, les capitaux qui y sont investis, des villes et des régions entières, tout cela voit surgir la probabilité d’une défaite dans cette compétition. Le centre de gravité de la production s’en éloigne constamment, d’autant plus que le respect même des races de couleur pour les Blancs s’est évanoui dans la Première Guerre mondiale.
(...)
C’est tout cela qui constitue la base réelle et irrémédiable du chômage régnant dans les pays des Blancs. Il ne s’agit nullement d’une simple crise, mais bien des prodromes d’un cataclysme.
(...)
Pour ces peuples "de couleur" (qui comprennent dans le présent contexte les Russes), la technique faustienne n’apparaît en rien comme une nécessité intérieure. C’est seulement l’homme faustien qui pense, ressent et vit sous cette forme. Pour lui, c’est une nécessité spirituelle, non basée sur ses conséquences économiques, mais sur les triomphes qu’elle apporte : Navigare necesse est, vivere non est necesse. Pour les "gens de couleur", au contraire, la technique n’est rien plus qu’une arme dans leur lutte contre la civilisation faustienne, au même titre qu’une branche d’arbre qu’on jette au rebut, dès qu’elle a rempli son office.

Auteur: Spengler Oswald

Info: L'Homme et la Technique, pp. 176-178

[ faustianisme ]

 

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culture nippone

C’est ici qu’il faut dire un mot de l’origine du manga : il est une réaction, autant industrielle (production à bas prix et à grande échelle, dessins en noir et blanc) qu’artistique (héritage de l’estampe), au foudroiement nucléaire et à ce qui s’ensuivit : la mise au pas, la mise sous tutelle, la mise sous la coupe des Américains. De tout cela naît le sentiment d’avoir vécu la table rase : il ne reste plus rien de deux villes rayées de la carte, les enfants ont perdu leurs parents et vice-versa, le rattachement à la culture ancestrale est interdit au nom de la modernisation du pays, etc. Bref, l’éclair atomique constitue l’expérience originelle du manga ; et ce n’est donc pas un hasard si tous les mangas, sans exception, mettent en scène, comme point de départ incontournable, un déficit des origines, ce que j’appelle une "faille généalogique" : perte des parents, parents absents (Olive et Tom), adoption (Jeanne et Serge), orphelinat (Les chevaliers du zodiaque), bombardement de Tokyo (dans Akira), planète dévastée (Ken le survivant) ou détruite (Dragon Ball), etc. L’intrigue tourne par conséquent à chaque reprise autour de la question directrice suivante : comment surmonter la faille généalogique ? Comment continuer à vivre après l’apocalypse ? Différentes réponses se font jour, qui permettent alors de segmenter les mangas et d’en proposer une typologie : certains (comme Astro le petit robot et Goldorak) font le pari de la technologie, d’autres misent sur les valeurs collectives (qu’on retrouve principalement dans les mangas consacrés au sport, dans lesquels l’équipe est en réalité une synecdoque de l’Archipel), les derniers, enfin, font appel à la tradition.

Auteur: Baptiste Rappin

Info: https://linactuelle.fr/index.php/2020/02/03/ken-le-survivant-confucius-japon-baptiste-rappin/

[ philosophie ] [ inspiration ]

 

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judaïsme

Les juifs sont-ils vraiment, partout, les promoteurs de la sécularisation ou de la déchristianisation des peuples modernes ? n’est-ce point là une œuvre qui remonte au XVIIIe siècle et à la Révolution, c’est-à-dire à une époque où les juifs n’avaient aucune influence chez nous, où les plus fougueux antisémites n’oseraient parler de prépondérance juive ? Est-ce que le XVIIIe siècle, est-ce que la Révolution ont jamais été imbus de l’esprit juif ? Et puisqu’on se plaît à identifier l’action d’Israël et celle de la franc-maçonnerie, cette assimilation entre l’Alliance israélite universelle et le Grand Orient, entre l’esprit juif et l’esprit maçonnique, est-elle justifiée ? […] Venue d’Angleterre, au commencement du XVIIIe siècle, et d’abord cantonnée dans les couches aristocratiques, la maçonnerie continentale, malgré ses fastueuses maximes de fraternité universelle, est restée longtemps fermée aux juifs. […]

L’obstination des antisémites à identifier les francs-maçons et les juifs, dans ce qu’ils appellent la judéo-maçonnerie, montre seulement leur mauvaise foi ou leur ignorance. Si l’histoire et les faits interdisent de considérer la maçonnerie comme une institution juive, fondée ou dirigée par les juifs, dans un intérêt juif, l’antisémitisme se rabat sur la parenté de l’esprit juif et de l’esprit maçonnique. A l’entendre, les loges, sur le continent au moins, en pays latin surtout, ne seraient plus que de dociles instruments aux mains d’Israël. Lorsque, rompant avec les traditions maçonniques, le Grand Orient rejetait l’autorité du Grand Architecte de l’Univers, les loges françaises auraient obéi aux suggestions de l’esprit juif, comme si la Synagogue avait abjuré son antique monothéisme, et comme si le juif, en révolte contre le Dieu de ses pères, n’aspirait plus qu’à détrôner Jéhovah.

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: " Les doctrines de haine ", éditions Payot et Rivages, Paris, 2022, pages 102-103

[ sociétés occultes ] [ démythification ] [ réfutation ] [ anti-complotisme ]

 

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pensée-de-femme

Des femmes refusèrent d'admettre, dans ce domaine comme dans bien d'autres, leur inégalité avec les hommes. La lettre que MMe de Xaintrailles écrivit à l'Empereur en fournit un exemple :

A sa Majesté l’Empereur, 1805

J’ai fait sept campagnes à l’armée du Rhin en qualité d’aide de camp.

J’ai fait partie de la dernière expédition pour l’Egypte, j’y fus envoyé au général Menou pour remplir et continuer près de lui mes fonctions d’aide de camp.

Je demande justice à Votre Majesté, je lui demande une retraite ou un emploi qu’on m’a refusé jusqu’à présent parce que je suis femme.

Mais j’étais femme :

Quand j’ai repris aux Prussiens, mes compatriotes, un parc d’artillerie de 45 pièces de canons sur la montagne du Prince Charles Ombourg.

Quand j’ai empêché la révolte de la 44e demi-brigade d’Infanterie.

Quand j’ai sauvé le 11e bataillon du Doubs et un gros détachement de gendarmerie, j’ai préservé des fureurs de la guerre les habitants d’Edenhoffen.

Quand j’ai pansé les blessés sur le camp de bataille;

J’étais femme aussi :

Quand à la journée du 22 juillet 1793 mes avis ont contribué au salut de toute l’armée du Rhin que l’ennemi commençait à tourner, j’étais chargée alors des dépêches pour le général en chef que je suis parvenue à les remettre malgré la poursuite de plusieurs détachements ennemis qui me forcèrent à me jeter à la nage pour traverser la rivière... entre Kayerslautern et Neustadt.

Les archives de la guerre ont recueilli beaucoup d’autres faits que je ne veux point détailler.

Sire, ce n’est point en femme que j’ai fait la guerre, je l’ai faite en brave.

Auteur: Bertaud Jean-Paul

Info: La vie quotidienne des soldats de la révolution

[ revendication ] [ féminisme ] [ soldat ]

 

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ergotage

Le préjugé qui consiste à croire que toute qualification initiatique implique une mentalité "jnânique", et par conséquent une aptitude naturelle à la spéculation, est d’autant plus contradictoire que la majorité de ceux qui sont doués pour la spiritualité ont une nature faite pour la voie de l’amour et non pour celle de la connaissance ; le dit préjugé s’explique toutefois, hormis les aberrations d’un amour-propre disproportionné, par une prédisposition naturelle à la ratiocination, et il n’est point abusif de dire que l’un des caractères distinctifs de l’Occidental est qu’il "pense" trop ; en fait, il déploie tout son être dans la faculté mentale qui est devenue excessivement active et différenciée, d’où son monstrueux génie inventif et son illusion d’être supérieur aux autres hommes ; la civilisation moderne reflète fidèlement cette hypertrophie du cerveau européen. Le préjugé de croire que toute vérité entraîne l’obligation d’en faire un jeu de la "pensée", c’est-à-dire de la passer au crible de quelques habitudes mentales, devient encore plus gênant lorsqu’il n’est que le fruit d’une déformation scolaire ; un des caractères les plus frappants du monde actuel est la multitude de ceux qui, sans être doués par la nature d’une intelligence tant soit peu supérieure,se croient obligés de faire semblant de penser à tout propos, en revêtant leur inintelligence d’une phraséologie apprise, en quoi ils atteignent souvent une habileté comparable à celle d’un prestidigitateur ; la sottise, ainsi dissimulée sous un fatras d’artifices rhétoriques et avancés avec un aplomb aussi irresponsable qu’imperturbable, est volontiers prise pour de l’"intelligence", voir de la "richesse" intellectuelle, conformément à la conception médiocre et toute quantitative de la "culture".

Auteur: Schuon Frithjof

Info: "L'oeil du coeur", pages 84-85

[ branlette intellectuelle ] [ unilatéralité ]

 

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Alcoran

Que sait-on historiquement du prophète de l'Islam ?

"Muḥammad islamique" et "Muḥammad historique"

Les recherches récentes attestent qu’entre la mort du Prophète et la constitution de la Sira deux siècles plus tard, on a, à l’image de la Mecque, un véritable trou noir pour ce qui concerne les seuls écrits musulmans. Rien n’émerge de l’histoire avant 50 de l’hégire (683) où le qualificatif "mḥmd" est mentionné pour la première fois sur une pièce de monnaie à l’effigie d’Abdallah Ibn al Zubayr, "anticalife", opposant aux Omeyyades et que la tradition musulmane décrit comme étant le "gouverneur de La Mecque" (monnaie frappée cependant à Bishapur, dans l’actuel Iran).

D’autres documents font état de témoignages contemporains de Muḥammad et le décrivent non pas comme un Prophète mais comme un guerrier apocalyptique à l’aise et instruit dans l’histoire de Moïse (Pseudo Sébéos). Dans tel témoignage, il apparaît comme dans la proximité de personnes qui l’auraient "instruit". Dans tel autre, il est présenté (Doctrina Jacobi) dans une discussion entre des Juifs comme pouvant être un possible candidat à la prophétie (c’est-à-dire "annoncer la venue du Messie").

Ce n’est qu’au 9ème siècle que la biographie (sīra) du Prophète est rédigée pour la première fois dans un empire qui s’étend du Maroc à l’Inde, très loin du milieu originel, dans un contexte contrôlé par l’autorité califale. C’est d’ailleurs à partir du 10ème, que sont écrits le discours des origines, les premières exégèses coraniques (tafāsīr), les premières histoires de conquêtes islamiques (maġāzī) et un nombre invraisemblable de hadiths forgés à la demande des califes dans le but de légitimer leur autorité et d’expliquer le Coran en forçant son interprétation*.

Auteur: Kerzazi Hocine

Info: https://blogs.mediapart.fr/hocine-kerzazi/blog. 27 avril 2018. *selon Alfred-Louis de Prémare

[ textes religieux ] [ origines ] [ source historique ]

 

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problème philosophique

L'Épicurien déclare : "avoir conscience de sa maxime conduisant au bonheur, voilà la vertu". Pour les Épicuriens donc, le bonheur, c’est "tout le souverain bien", et la vertu n’est que la forme de la maxime à suivre pour l’acquérir. Elle ne consiste que dans l’emploi rationnel des moyens pour obtenir le bonheur. Par conséquent, voici une première position extrêmement claire. Au nom de cette exigence de l’union de la vertu et du bonheur, on pose que le souverain bien se réduit au bonheur. […] La vertu devient alors un moyen de parvenir au bonheur. Qu’est-ce qu’être heureux ? C’est savoir se rendre heureux. Mais c’est là revenir à l’impératif hypothétique. Kant ne peut pas admettre cette solution.
Pour les Stoïciens, au contraire, qui vont suivre l’autre voie possible, avoir conscience de sa vertu, c’est là le bonheur. […] Seulement, ici, c’est la vertu qui est "tout le souverain bien", et le bonheur n’est que la conscience de la possession de la vertu, en tant qu’appartenant à l’état du sujet. […]
Or, selon Kant, c’est, dans les deux cas, supprimer le véritable problème qui est un problème synthétique. Car le vrai problème n’est pas un problème analytique, le rapport de la vertu et du bonheur n’est pas un rapport de nécessité analytique, c’est un rapport de nécessité synthétique. Le vrai problème, c’est de réaliser la synthèse de la vertu et du bonheur. Ni le bonheur seul, ni la vertu seule ne sont le souverain bien, et on ne peut identifier ces deux termes […] qu’en faussant le sens des mots, et en appelant bonheur ce qui est vertu, ou vertu ce qui est bonheur.

Auteur: Alquié Ferdinand

Info: Dans "Leçons sur Kant", pages 257-258

[ métaphysique ]

 

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conjugaison

En allemand comme en français, ce fameux verbe être est loin d’être un verbe simple, et même d’être un seul verbe. Il est évident que la forme suis n’est pas de la même racine que es, est, êtes, et que fut, et il n’y a pas non plus stricte équivalence avec la forme été. Si fut a son équivalent en latin, ainsi que suis et la série de est, été vient d’une autre source, de stare. La répartition est également différente en allemand où sind se groupe avec bist, alors qu’en français la deuxième personne est groupée avec la troisième. On a à peu près dégagé pour les langues européennes trois racines, celles qui correspondent à sommes, à est et à fut, que l’on rapproche de la racine phusis en grec, qui se rapporte à l’idée de vie et de croissance. Pour les autres, M. Heidegger insiste sur les deux faces, Sten, qui se rapprocherait de stare, se tenir debout tout seul, et Verbahen, durer, ce sens étant tout de même rattaché à la source phusis. Pour M. Heidegger, l’idée de se tenir droit, l’idée de vie et l’idée de durer seraient donc ce que nous livrerait une analyse étymologique complétée par l’analyse grammaticale, et ce serait d’une espèce de réduction et d’indétermination jetée sur l'ensemble de ces sens, que surgirait la notion d'être.

[...] Je dois dire qu’une analyse de cet ordre est plutôt de nature à élider, à masquer ce à quoi essaie de nous initier M. Heidegger, à savoir ce qui est absolument irréductible dans la fonction du verbe être, la fonction purement et simplement copulatoire.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre III", "Les psychoses", éditions du Seuil, 1981, page 472

[ implications philosophiques ] [ effets signifiants ] [ comparaison ] [ linguistique ] [ fonction motrice ] [ rhème ]

 
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question

Il est intéressant de constater que tant dans la recherche sociologique que dans la discussion politique et la littérature de développement personnel, l’idée du juste équilibre vie-travail s’est imposée comme critère de référence. C’est reconnaître implicitement que vivre n’est pas la même chose que travailler – le terme de "travail" devant s’entendre ici au sens large de chasse aux ressources. Cet équilibre, de fait, s’avère problématique pour la plupart d’entre nous : car nous ne l’atteignons pas pendant la phase la plus active de notre existence qui est soumise aux règles du jeu de l’accroissement et aux to-do lists dont on ne vient jamais à bout. La part de "vie" lésée, ou laissée de côté, est reportée à l’âge de la retraite : pour l’instant je croule sous les obligations, mais un jour j’en aurais fini avec tout ça et je commencerai à vivre –à avoir une bonne vie. Tel est le discours dominant que les classes moyennes, et souvent aussi supérieures, tiennent sur elles-mêmes. C’est, me semble-t-il, la raison pour laquelle le recul de l’âge de la retraite se heurte, contre toute logique économique et démographique, à une résistance aussi acharnée : sur le plan culturel, cette mesure est perçue comme un vol de temps de vie. L’équilibre vie-travail n’est plus recherché sur un plan synchronique mais diachronique ; on attend de l’âge qu’il nous permette de rattraper tout ce que l’on a manqué. Reste cependant à savoir s’il est encore possible de mener une "vie bonne"  quand l’obsession des ressources est devenue un habitus si puissant qu’elle a, des décennies durant, orienté notre vie et façonné notre attitude au monde.

Auteur: Rosa Hartmut

Info: Résonance. Une sociologie de la relation au monde

[ labeur ]

 

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