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dépaysement

Et je vis là un des plus grands mystères de la nature humaine : dans un bouquet d'arbres, près du petit temple, une femme se tenait debout, le visage exalté. Elle étreignait une statue de pierre cunéiforme. Elle priait, quel dieu je l'ignorais alors. Je compris que j'assistais à un très grand mystère. Je ne dérangeai pas cette femme, cette femme ceinte d'un obi - la ceinture japonaise - en forme de papillon, chaussée de petits bancs de bois, et le visage resplendissant d'une beauté qui m'était incompréhensible. Et je pensai alors qu'il me faudrait raconter dans un récit comment le Japon avait entraîné, attiré, noyé, dissous l'étranger, comme aurait pu le faire un marécage, comme aurait pu le faire un sylvain ou quelque être de ce genre : de tout mon coeur je voulais pénétrer l'âme japonaise, son quotidien et son époque ; j'avais devant mes yeux le fantastique de ce quotidien, de la vie courante, des gens, et je ne comprenais rien, ne pouvais ni comprendre ni interpréter quoi que ce fût ; et je sentais que ce pays qui m'était inaccessible m'engloutissait comme un marécage, soit qu'il renfermât en effet de grands secrets, soit que je fusse en train d'enfoncer des portes ouverts que la police gardait précisément parce qu'elles n'ouvraient sur rien. Le thème auquel se sont confrontés les écrivains qui sont allés au Japon, celui de la non-fusion de l'âme de l'Orient avec celle de l'Occident, de l'homme occidental happé, englouti, déformé par l'Orient, atteint du mal qu'on pourrait nommer febris orientis, et néanmoins, plus tard, rejeté par l'Orient, ce thème se présentait maintenant également à moi.
Par la suite, après cette aube dont j'ai parlé, il y eut encore des jours dans le soleil, dans le vent, au sein de la terre fleurissante, à se promener dans les montagnes et à fuir devant la police.

Auteur: Pilniak Boris

Info: Racines du Soleil Japonais

[ Asie ]

 

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art pictural

"Toute pensée exprimée est une supercherie." Dans la poésie, ce qui n'est pas dit et qui pourtant brille par la beauté du symbole, agit plus puissamment sur le cœur que ce qui est exprimé par des mots. Le symbolisme confère au style même la substance artistique d'une poésie inspirée, transparente, illuminée dans son entier comme les parois délicates d'une amphore en albâtre dans laquelle brûle une flamme.

Les personnages peuvent également servir de symboles. Sancho Pança et Faust, Don Quichotte et Hamlet, Don Juan et Falstaff, selon les mots de Goethe, sont des "schwankende Gestalten". (Formes fluctuantes)

Les apparitions qui hantent l'humanité, parfois de manière répétée d'une époque sur l'autre, l'accompagnent de génération en génération. Il est impossible de communiquer en quelque mot que ce soit l'idée de tels caractères symboliques, car les mots ne font que définir et restreindre la pensée alors que les symboles expriment l'aspect illimité de la vérité.

De plus, nous ne pouvons nous contenter de cette vulgaire exactitude de la photoqraphie expérimentale. Nous percevons et  avons la prémonition, selon les allusions de Flaubert, Maupassant, Turgenev, Ibsen, de mondes nouveaux et encore inconnus de notre impressionnabilité. Cette soif de l'inexpérimenté, en quête de nuances insaisissables, de l'obscur et de l'inconscient dans notre sensibilité, est le trait caractéristique de la poésie idéale à venir. Baudelaire et Edgar Allan Poe ont déjà dit que le beau doit quelque peu étonner, doit paraître inattendu et extraordinaire. Les critiques français ont plus ou moins réussi à nommer cette caractéristique : l'impressionnisme.*

Tels sont les trois éléments majeurs de ce nouvel art : un contenu mystique, des symboles et l'expansion de l'impressionnabilité artistique.

Pas de conclusion positiviste, aucun calcul utilitaire, mais seulement une foi créative en quelque chose d'infini et immortel pour enflammer l'âme de l'homme, créer des héros, des martyrs et des prophètes... Les gens ont besoin de foi, ils ont besoin d'inspiration, ils aspirent à quelque sainte folie dans leurs héros et leurs martyrs.

Auteur: Merejkovski Dimitri

Info: The Silver Age of Russian Culture: An Anthology. Sur les raisons du déclin et sur les nouvelles tendances de la littérature contemporaine. Trad Mg. *peinture apte à noter les impressions fugaces, la mobilité des phénomènes

[ historique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

insistance

L’inconscient, c’est-à-dire le "refoulé", n’oppose aux efforts de la cure [psychanalytique] aucune espèce de résistance ; en fait il ne tend même à rien d’autre qu’à vaincre la pression qui pèse sur lui pour se frayer un chemin vers la conscience ou vers la décharge par l’action réelle. La résistance dans la cure provient des mêmes couches et systèmes supérieurs de la vie psychique qui avaient produit le refoulement en son temps. [...] Nous échapperons à l’obscurité en opposant non pas le conscient et l’inconscient mais le moi, avec sa cohésion, et le refoulé. Il est certain qu’une grande part du moi est elle-même inconsciente, précisément ce que l’on peut nommer le noyau du moi ; le terme de préconscient ne recouvre qu’une petite partie du moi. [...] la résistance de l’analysé provient de son moi et nous saisissons du coup que la compulsion de répétition doit être attribuée au refoulé inconscient. [...]

Il n’est pas douteux que la résistance du moi conscient et préconscient est au service du principe de plaisir ; elle veut éviter le déplaisir que provoquerait la libération du refoulé tandis que nos efforts tendent à obtenir que ce déplaisir soit admis, en faisant appel au principe de réalité. Mais la compulsion de répétition, cette manifestation de force du refoulé, quel est donc son rapport au principe de plaisir ? Il est clair que la majeure partie des expériences que la compulsion de répétition fait revivre ne peut qu’apporter du déplaisir au moi puisque cette compulsion fait se manifester et s’actualiser des motions pulsionnelles refoulées ; mais il s’agit d’un déplaisir qui, nous l’avons déjà montré, ne contredit pas le principe de plaisir, déplaisir pour un système et en même temps satisfaction pour l’autre. Mais le fait nouveau et remarquable qu’il nous faut maintenant décrire tient en ceci : la compulsion de répétition ramène aussi des expériences du passé qui ne comportent aucune possibilité de plaisir et qui même en leur temps n’ont pu apporter satisfaction, pas même aux motions pulsionnelles ultérieurement refoulées.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Dans "Au-delà du principe de plaisir" (1920), trad. de l'allemand par Jean Laplanche et J.-B. Pontalis, éditions Payot, Paris, 2010, pages 61 à 64

[ essai d'instanciation symbolique ] [ problèmes ]

 
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panthéisme

Ils portent des noms gutturaux. Ils s'appellent Tséfayok, Lafko, Yatsé, Yuras, Tchakval, Ksafak, pour les hommes... Waka, Chayatakara, Tellapakatcha, Samakanika, Kamankar, Yerfa, pour les femmes. Ils sont petits, un mètre cinquante en moyenne, avec un gros torse et des pieds de canard gluant de crasse. Ils sont nus, mais sans pilosité, les femmes comme les hommes, avec, en revanche, une tignasse noire pleine de poux, et le corps enduit de graisse de phoque. Ils empestent terriblement. Ils ne rient pas, ou très rarement. L'ethnologue José Emperaire, qui a recueilli in extremis l'essentiel du vocabulaire de cette langue moribonde, souligne que s'ils avaient trente façons de nommer des vents différents, ils n'en avaient en revanche aucune pour exprimer la beauté, la gaieté, le bonheur. Quant à la bonté, n'en parlons pas. Leurs dieux sont terrifiants. Ce sont des dieux qui n'existent que pour les écraser !
Le premier, le plus puissant, c'est Ayayéma. C'est lui qui déclenche les tempêtes, les naufrages, les accidents, les incendies. Le deuxième, tout aussi effrayant. s'appelle Kwatcho. Il règne sur la nuit et les rivages. S'il surprend un Alakuf la nuit hors du tchelo, il lui crève les yeux et l'étrangle. On ne le voit jamais. Il n'attaque que par-derrière. Enfin, Mwono, le troisième larron, fait énormément de bruit. C'est lui qui précipite les valanches, les blocs de glacier, les pans de montagne, les coulées de boue, les rochers, et ces funestes tourbillon de vent, les williwaw, qui tombent sur les malheureux Alakalufs. Imaginons une nuit de campement d'hiver, qui n'en finit pas, dans un chenal, sur une grève, des milliers et des milliers de nuits tout aussi intensément obscures de la tempête, qui n'a d'autre abri que sa hutte de peau, avec, par-dessus le marché, ces trois divinités infernales qui le guettent pour l'achever. Chose étrange : mis en présence du Christ rédempteur et de l'Évangile prêché par les missionnaires, c'est-à-dire une religion de compassion et de recours, les Alakalufs la refuseront, la fuiront, contrairement aux Yaghans et aux Onas, qui, d'ailleurs, en mourront tout autant...

Auteur: Raspail Jean

Info: Adios, Tierra del Fuego

[ naturalisme ]

 

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gaz

Définition du pet en général : Le pet, que les Grecs nomment (prout, pet, gaz intestinal, la machine n'accepte pas les caractères !) les Latins, crepitus, l'ancien Saxon, purten ou furten, le haut Allemand, Fartzen, et l'Anglais, fart, est un composé de vents qui sortent tantôt avec bruit, et tantôt sourdement et sans en faire.
Il y a néanmoins des auteurs assez bornés et même assez téméraires pour soutenir avec absurdité, arrogance et opiniâtreté, malgré Calepino et tous les autres dictionnaires faits ou à faire, que le mot pet, proprement pris, c'est-à-dire dans son sens naturel, ne doit s'entendre que de celui qu'on lâche avec bruit ; et ils se fondent sur ce vers d'Horace qui ne suffit point pour donner l'idée complète du pet.
Nam disposa sonat quantum Vesica pepedi. (Sat. 8)
(" J'ai pété avec autant de tintamarre qu'en pourrait faire une vessie bien soufflée. ")
Mais qui ne sent pas qu'Horace, dans ce vers, a pris le mot pedere, péter, dans un sens générique ? Et qu'était-il besoin, pour faire entendre que le mot pedere signifie un son clair, qu'il se restreignît à expliquer l'espèce de pet qui éclate en sortant ? Saint-Évremond, cet agréable philosophe, avait une idée du pet bien différente de celle qu'en a pris le vulgaire : selon lui, c'était un soupir ; et il disait un jour à sa maîtresse devant laquelle il avait fait un pet :
" Mon coeur, outré de déplaisirs,
Était si gros de ses soupirs,
Voyant votre humeur si farouche,
Que l'un d'eux se voyant réduit
À n'oser sortir par la bouche,
Sortit par un autre conduit. "
Le pet est donc, en général, un vent renfermé dans le bas ventre, causé, comme les médecins le prétendent, par le débordement d'une pituite attiédie, qu'une chaleur faible a atténuée et détachée sans la dissoudre ; ou produite, selon les paysans et le vulgaire, par l'usage de quelques ingrédients venteux ou d'aliments de même nature. On peut encore le définir comme un air comprimé, qui, cherchant à s'échapper, parcourt les parties internes du corps, et sort enfin avec précipitation quand il trouve une issue que la bienséance empêche de nommer.

Auteur: Hurtaut Pierre-Thomas-Nicolas

Info: L'art de péter

[ vocabulaire ] [ flatulence ]

 

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sécularisation

Le xvie siècle fut un équinoxe historique, où l’Idéal bafoué par les giboulées du sensualisme s’abattit enfin, racines en l’air. Le spirituel christianisme, sabordé dans ses méninges, saigné au tronc des carotides, vidé de sa plus intime substance, ne mourut pas, hélas ! Il devint idiot et déliquescent dans sa gloire percée.

Ce fut une convulsion terrible pendant cent ans, accompagnée d’un infiniment inutile et lamentable rappel des âmes. Notre circulante sphère parut rouler au travers des autres planètes comme un arrosoir de sang. Mais le martyre même ayant perdu sa vertu, la vieille bourbe originelle fut réintégrée triomphalement, toutes les portes des étables furent arrachées de leurs gonds et l’universelle porcherie moderne commença son bréneux exode.

Le christianisme, qui n’avait su ni vaincre ni mourir, fit alors comme tous les conquis. Il reçut la loi et paya l’impôt. Pour subsister, il se fit agréable, huileux et tiède. Silencieusement, il se coula par le trou des serrures, s’infiltra dans les boiseries, obtint d’être utilisé comme essence onctueuse pour donner du jeu aux institutions et devint ainsi un condiment subalterne, que tout cuisinier politique put employer ou rejeter à sa convenance. On eut le spectacle inattendu et délicieux, d’un christianisme converti à l’idolâtrie païenne, esclave respectueux des conculcateurs du Pauvre, et souriant acolyte des phallophores.

Miraculeusement édulcoré, l’ascétisme ancien s’assimila tous les sucres et tous les onguents pour se faire pardonner de ne pas être précisément la volupté, et devint, dans une religion de tolérance, cette chose plausible qu’on pourrait nommer le catinisme de la piété. Saint François de Sales apparut, en ces temps-là, juste au bon moment, pour tout enduire. De la tête aux pieds, l’Église fut collée de son miel, aromatisée de ses séraphiques pommades. La Société de Jésus, épuisée de ses trois ou quatre premiers grands hommes et ne donnant déjà plus qu’une vomitive resucée de ses apostoliques débuts, accueillit avec joie cette parfumerie théologique, où la gloire de Dieu, définitivement, s’achalanda. Les bouquets spirituels du prince de Genève furent offerts par de caressantes mains sacerdotales aux explorateurs du Tendre, qui dilatèrent aussitôt leur géographie pour y faire entrer un aussi charmant catholicisme… Et l’héroïque Moyen Âge fut enterré à dix mille pieds !…

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, pages 226-228

[ décadence ] [ religion traîtresse ]

 

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frère-par-frère

Un fait est à rappeler : Jacques, au début de sa carrière, a pendant un certain temps signé : Jacques-Marie, puis Marie a disparu de la signature. Quelqu'un pourrait-il donner le sens de ce fait ? En tout cas, il en a un.

D'autre part, un autre fait est évident : Jacques a, toute sa vie, cherché à traverser le miroir, cherché le vrai, dont tous les miroirs ne procurent que l'illusion.

Le vrai au sens biblique : non pas le vrai, qualité de la pensée, mais le vrai qui donne sens à la vie et est au-delà de toute pensée, le vrai qui est le réel.

Ma relation à mon frère se situe au cœur de cette quête qui implique le refus du savoir comme moyen d'accès à ce réel. Notre amitié de toujours était reconnaissance mutuelle de deux personnes en quête du réel ; et je crois qu'il m'a initié à cette quête.

J'ai choisi mon chemin, alors qu'il en avait choisi un autre. Quelle relation entre mon frère et la tradition chrétienne ? Voilà la question qu'il faut poser. Est-il possible d'y répondre ?

Voici au moins des jalons indiquant la direction dans laquelle il faut la chercher.

La tradition chrétienne donne à la personne une place qu'on peut dire fondamentale. Dans la lumière de cette tradition dont il a cherché à avoir une connaissance profonde, Jacques a cherché à être, non un saint, mais une personne.

Une telle recherche comporte des exigences - des exigences éthiques- et quelles exigences ! Être une personne, implique les relations dans lesquelles la tradition chrétienne place "le Père" que Jésus nous a appris à nommer. (...) Être une personne exige d'un homme qu'il se situe par rapport au père, qu'il prenne conscience de cette relation "fondamentale" qui fait de lui un homme. Et une autre prise de conscience est nécessaire : celle de la dimension que Freud a nommée "inconscient". Mon frère a voulu explorer l'inconscient, précisément pour être une personne.

Et dans la tradition chrétienne, la dimension de la personne qu'est l'inconscient n'était pas nommée ainsi, mais elle était présente sous le nom de mystère.

Auteur: Lacan Marc-François

Info: Extrait d'une lettre adressée à Jacques Sédat, le 3 décembre 1982.

[ psychanalyse ] [ christianisme ] [ liens ]

 
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sujet inconscient

Qu’il y ait "des pensées qui se pensent elles-mêmes", disons que c’est à l’accepter et à l’entendre, que la découverte de FREUD nous a convoqués.

Qu’il y ait "des pensées qui se pensent elles-mêmes" reçoit de FICHTE le nom de "postulat de la déraison". C’est là sans doute une expression qui doit nous retenir en ce qu’elle marque, sans équivoque, la limite de la philosophie de la subjectivité, dans son impossibilité à concevoir rien d’une pensée qui ne serait pas l’acte d’un sujet.

Au contraire, articuler "les lois de la pensée qui se pense elle-même" requiert de nous, de nous constituer des catégories incompatibles radicalement avec celles de la pensée pensée par le sujet. C’est pourquoi nous nous aiderons ici de ce qui a été élaboré dans un domaine de la science où il fut question, dès l’origine, des pensées qui se pensent elles-mêmes : qui s’articulent en l’absence d’un sujet qui les anime.

Ce domaine de la science, c’est la logique mathématique. Disons que nous devons tenir la logique mathématique comme logique pure, pour le jeu théorique où se réfléchissent " les lois de la pensée qui se pense elle-même " en dehors de la subjectivité du sujet.

Or, on doit noter que la constitution du domaine de la logique mathématique s’est faite par l’exclusion, progressivement assurée, de la dimension psychologique, où il semblait auparavant possible de dériver la genèse des éléments des catégories spécifiquement logiques. Rappelons qu’à nos yeux l’exclusion de la psychologie nous laisse libres de suivre, en ce champ, les traces où se marque ce qu’il faut nommer "le passage du sujet", dans une définition qui ne doit plus rien à la philosophie du cogito pour ce qu’elle rapporte le concept du sujet, non pas à sa subjectivité, mais à son assujettissement.

En quoi la logique mathématique s’avère-t-elle propre à notre lecture ? Eh bien, en ceci : que l’autonomie et la suffisance qu’elle s’efforce d’assurer à son symbolisme rendent d’autant plus manifestes les articulations où achoppe la marque de son fonctionnement. C’est donc très simplement en tant qu’elles articulent sans le savoir la suggestion de la subjectivité du sujet, que les lois de la logique mathématique peuvent nous retenir ici.

Auteur: Miller Jacques-Alain

Info: Séminaire de Jacques Lacan, 30 novembre 1966

[ psychanalyse ] [ exemplarité structurelle ]

 

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helvète

Suisse, la poudre aux yeux des nantis Je parle de ceux qui sont au top des nantis de la planète. Au top de chez nous. Le genre : tu comprends, à moins de 500.- par jour je ne tourne pas. (Mon papa, fonctionnaire, disait 300.-. J'étais déjà incrédule)

Ai rencontré un de ces chefs de services vaudois imbus (à 15 000.-/mois minimum). Monsieur P., pour ne pas le nommer. Selon lui tous les feux sont au vert... le chômage au seuil incompressible de 3%... Magnifique. Bonne pâte j'ai fait l'impasse sur ce que les dirigeants veulent occulter, ceux dont il est le bras armé, le porte-parole lige. Je suis un bon garçon, il était tellement facile à contrer, si aisé dans ses certitudes du bon fonctionnement CHuisse (On a de la marge, ajouté avec un clin d'oeil et le sourire replet de celui qui se voit à la retraite avec une pension de 10 000.-./mois !! ) Cancrelat accroché au plus près de la tige juteuse d'un Etat normalisateur hypertrophié dans un pays trop dense.

J'aurai pu lui poser quelques questions : - Combien de gens au social à Lausanne ? - Combien à avoir perdu leur travail sans en retrouver (pour cause d'âge - eh oui, ça coute plus cher, demandez aux comptables) sans émarger au social. Avec cette question en parallèle : - Combien sont-ils à venir de France ou d'ailleurs pour bénéficier de salaires sous évalués ici mais confortables chez eux. - Quelles sont les perspectives avec le vieillissement de la population ? Qui ne se tempère qu'en accueillant 10 000 personnes/ans sur un Vaud si exigu que la notion d'autosuffisance alimentaire, fixée par la loi, n'est plus qu'une pantalonnade mentale. - Comment croire au 2e pilier lorsqu'on sait que ce qui est financier est toujours plus virtuel (voir les taux de recouvrement chez nous) sur une planète en voie d'épuisement gérée par des gangsters qui impriment des billets pour faire croire à une croassance qui n'existe pas ? - Etc...

Aah, je les vois venir, les réponses : pensées de collégien mon gars, tu verras, ça va s'arranger... la techno science réglera tout ça.

Mouahahah... Je préfère qu'on m'appelle Philippulus.

Auteur: Mg

Info: 26 juin 2014

[ pessimiste ]

 

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roman familial des névrosés

Louis Destouches n’a pas pris comme pseudonyme le prénom de sa mère mais celui de sa grand-mère, Céline Guillou. Qu’on ait bâti des quantités de thèses sur l’inverse en dit long concernant les obsessions de nos contemporains. […] Il ne peut s’agir d'une légitimation par la mère : celle-ci s’appelait Marguerite ; et Céline n’était que son troisième prénom, celui qu’on n’utilise jamais. Il s’agit au contraire d'une remontée à la mère de sa mère, d'une remontée de la fille à la mère, d'une effectuation de ce parcours spécialement interdit qui consiste à traverser l’intimité de ce qui peut, aux yeux d’un fils, se nouer comme reproches étouffés entre une matrice et une plus-que-matrice, une grand-matrice, une outre-mère. […] Ce détail prend toute son importance quand on sait les sentiments de tendresse qu’il avait pour sa grand-mère, des sentiments qui résistent même à la transposition dans la fiction de Mort à crédit, alors que l’amour pour la mère y est considérablement abîmé. […] Qu’il se soit assuré par ce pseudonyme d’être lui-même "bien venu", "réussi", c’est-à-dire moins raté que dans son engendrement officiel et maternel, cela ne fait aucun doute. D’ailleurs, qu’a donc pensé Marguerite Destouches du premier livre de son fils ? "Elle a trouvé ça dangereux et méchant et que ça faisait des histoires", dira-t-il. […]

Une ultime précision : comment Mme Destouches appelait son fils, le petit Louis-Ferdinand ? Simplement Louis, comme ses proches et ses amis le nommeront toute sa vie. Or, le personnage central de ses romans ne se prénomme jamais Louis. Toujours Ferdinand. C’est-à-dire que, prenant comme nom le prénom de sa grand-mère tout en faisant croire qu’il s’agit de celui de sa mère, il prend comme prénom de fiction le prénom que sa mère a laissé vacant, prénom si proche et en même temps si différent de celui du père. Ce qui fait que de toute façon, nom et prénom, nom d’une vieille femme morte, prénom jamais utilisé, excèdent radicalement le contrôle maternel, ce qui ne peut être sans rapport avec la décision d’écrire, c’est-à-dire plus généralement de consommer la rupture avec la grande bouche dentée de la matrice historique, avec l’oralité consommatrice qui fait enfler et danser l’hystérie. Céline n’a littéralement pas de nom : ce sont volontairement trois prénoms qui s’étalent sur les couvertures de ses livres.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Céline", éd. Gallimard, 2001, pages 81-83

[ remaniement ] [ généalogie ] [ signification ]

 

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