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femmes-hommes

- Tout le monde épilogue sur l'amour, en discute, en juge, décide que telle et telle personne sont faites pour s'aimer. Les écrivains dissertent sur l'amour, leurs lecteurs organisent des conférences avec débats pour savoir si tel héros est digne de telle héroïne ou elle de lui, lequel des deux est le meilleur, le plus noble, le plus conscient, lequel est le mieux adapté à l'ère du communisme. Entre-temps, chacun de nous, seul dans son coin, n'est toujours pas fichu de vous dire ce que c'est que l'amour ! Et plus j'y pense, plus je me persuade que la part de qualités comme l'intelligence, le talent, le sens de l'honneur et ainsi de suite, est bien minime et que l'essentiel réside ailleurs, dans quelque chose qu'on ne sait pas exprimer et qu'on est totalement incapable de comprendre. Ce n'est pas la peine d'aller bien loin, tenez, je connais un type, crétin, ivrogne, insolent, sans conscience et sans honneur. Eh bien, le croirez-vous ? Les femmes en sont folles, et des femmes intelligentes, cultivées ! Il le sait, il en profite pour les taper, se soûler, les traiter comme un goujat et les faire pleurer d'humiliation, je l'ai vu de mes propres yeux. Pourquoi, je vous le demande ? - Il y a sans doute quelque chose que vous ne voyez pas, mais que ces femmes voient, répondit Gusta avec sérieux. - Vous croyez ?

Auteur: Kazakov Iouri

Info: La belle Vie, L'ÎLE

[ femmes-par-homme ] [ étranges ]

 

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banlieue

Pour me donner du courage, je glisse dans ma pochette de cours un dessin de Ferri pour Fluide Glacial : une petite poule au tableau devant une classe de loups qui dit : "Je vous préviens, cette année je serai impitoyable !"
(...)
Christophe, grande baraque de 15 ans, refuse d'écrire avec autre chose qu'un crayon à papier et d'une écriture si minuscule qu'elle semble disparaître dans le papier. Mais il parle d'une voix énorme, poussant des hurlements en classe, sans raison, ce qui le fait rire aux éclats.

Samia, sensibilité à fleur de peau, très agressive, ne veut pas qu'on la regarde, ni qu'on corrige ses copies. J'ai eu son frère l'année précédente et je sais que leur père est mort sous leurs yeux, poignardé dans le salon familial pour une histoire de drogue. Je sais aussi que Samia et Ahmed ne sont pas leurs vrais prénoms.

Steeve boit et arrive manifestement déjà bien imbibé le matin. Les autres en ont peur, il est plus âgé, d'une violence incontrôlable. Je suis enceinte quand il lève la main sur moi parce que je refuse de le laisser sortir de cours. Il renonce quand même à porter le coup au dernier moment et sort en claquant la porte. J'en pleurerai encore des semaines après. Parce que j'ai eu peur et parce qu'aucun élève de la classe n'a fait mine de s'interposer.

Auteur: Deramaux Gabrielle

Info: Collège inique (ta mère!)

[ enseignement ]

 

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acceptation

Elle n'a qu'un mot à dire : " oui ". Ce simple petit mot que Paul [son père] lui a si souvent répété durant son enfance. Car c'est si facile de dire "oui". Même si l'on sait que la réponse est " non ". Les "non" sont d'affreux trolls au nez crochu qui coupent la langue des parents et font pleurer les enfants. C'est la porte ouverte aux disputes, aux tensions, aux longues soirées conflictuelles. Il faut ensuite discuter, expliquer la raison de son refus, tenter de détourner l'attention sur autre chose, une chose que l'on peut promettre et qui a autant de valeur que celle pour laquelle on a dit "non". C'est fatigant. Ça demande une énergie folle, ça fait perdre du temps. Tandis qu'avec un " oui ", tout est plus simple. On verra plus tard. On dit " oui " et après on oublie. Sauf que l'enfant, lui, n'oublie pas. Il retient le "oui" dans sa petite caboche de bois, bien attaché aux chaînes de son désir, il s'y accroche de toutes ses forces et ensuite il le ressert tout frais menu, sur un beau plateau d'exigences légitimes. Marion n'a jamais su si elle serait une bonne mère, si elle avait les compétences adéquates pour élever un enfant et lui offrir une bonne éducation. Mais ce dont elle a toujours été certaine, c'est que jamais, au grand jamais, elle ne commettrait les mêmes erreurs que son père : promettre sans savoir si elle serait capable de tenir sa parole.

Auteur: Abel Barbara

Info: Un bel âge pour mourir, p. 304

[ céder ] [ refus ] [ gage de tranquillité ]

 

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ignorance

Dans la nature humaine il n’y a pas de loi, il n’y a pas de destinée, il n’y a pas de fatalité. Comment peut-il y avoir une loi dans l’infinité ? La liberté est sa devise. La liberté est sa nature et son héritage. Soyez libre et ayez alors autant de personnalités que vous voudrez. Alors nous jouerons comme l’acteur qui vient sur la scène jouer le rôle d’un mendiant. Comparez-le avec le vrai mendiant qui déambule dans la rue. La scène est peut-être la même dans les deux cas, les mots sont peut-être les mêmes, et pourtant quelle différence ! L’un jouit de la misère tandis que l’autre en souffre amèrement. Qu’est-ce qui fait la différence ? L’un est libre et l’autre ne l’est pas. L’acteur sait que son dénuement n’est pas réel et qu’il ne l’a assumé que pour le spectacle, tandis que le vrai mendiant y voit un état déjà trop familier qu’il doit supporter bon gré mal gré. Telle est la loi. Tant que nous n’avons aucune connaissance de notre nature réelle, nous sommes des mendiants, poussés de-ci de-là par toutes les forces de la nature et rendus esclaves de tout ce qui est dans la nature ; dans le monde entier nous crions au secours, mais le secours n’arrive jamais ; nous nous adressons à des êtres imaginaires et il ne vient pas davantage. Mais nous espérons toujours qu’il viendra, et ainsi une vie se passe à pleurer, à se lamenter, à espérer, et la même pièce se répète encore et toujours.

Auteur: Vivekânanda Swâmi

Info: Dans "Jnâna-Yoga", pages 319-320

[ samsâra ] [ mâyâ ] [ identification ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

transhumanisme

Ce sont les technocrates, enfin, à l’ère technologique du capitalisme planétaire unifié, qui construisent la machine à tout faire, évinçant l’humain de sa propre reproduction après l’avoir évincé de toute production. Eh quoi ! La paresse n’est-elle plus le moteur du progrès ? Tout le sens de l’histoire n’était-il pas d’aboutir à la toute-puissance ? À l’état d’heureux et génial fainéant servi par les machines et doté d’une rente perpétuelle ? Devons-nous pleurer d’atteindre aux fins de l’homme ? Fi des jérémiades judéo-chrétiennes, de la rédemption par la souffrance et le travail, de la moraline de l’effort et du devoir — au nom de quelle transcendance, je vous prie ? De quelle nostalgie rance et réactionnaire ? Comme le disent les “anarchistes galactiques”, nous qui désirons sans fin, nous n’avons que des droits et nous les avons tous. L’activité humaine ayant réalisé l’utopie de l’abondance et de l’oisiveté assistée par ordinateur se livrera tout entière à la création et à l’invention de désirs nouveaux. L’émancipation est une galaxie en expansion accélérée, illimitée. Elle s’impose à la vitesse des accélérations technologiques qu’elle inspire et qui la réalisent en retour. Les obscurantistes peuvent bien s’opposer au progrès, ils ne peuvent l’arrêter quand le fait accompli bouleverse sans phrase l’ordre établi, abolissant du même coup les normes oppressives et les possibilités d’opposition. Eux-mêmes, alors, doivent changer ou disparaître. Nous serons bientôt des machines à vivre supérieures, intégrées à la machine universelle, au fonctionnement optimal et perpétuel, et dotées de ces pouvoirs que les religions attribuaient aux dieux. Il nous faut cependant, franchir d’abord le dur détroit des circonstances.

Auteur: Blanc Yannick

Info: "Dans l'homme tout est bon (Homo homini porcus)", Sens & Tonka, 2016

[ idéalisme progressiste ] [ volonté de puissance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

menstruations

Ma première rencontre avec un tampon hygiénique a eu lieu en 1973, deux ans avant que j'aie mes règles. Mon frère, alors âgé de huit ans, avait trouvé dans le placard de ma mère une boîte de Tampax et s'en était servi comme canons pour jouer aux petits soldats. Ma mère jugea que le moment était venu de nous expliquer ce qu'était les menstruations. Mon frère en tira cette conclusion qui nous fait encore rire aujourd'hui : " Donc si je vois un jour une femme qui saigne, ça ne veut pas dire qu'elle a été assassinée ? "

Plusieurs hommes m'ont raconté depuis leur traumatisme d'avoir vu, par hasard, du sang couler d'entre les jambes de leur mère, et l'angoisse qu'ils avaient éprouvée à l'idée que les femmes - toutes les femmes ! - perdaient du sang comme ça, régulièrement, sans pleurer et sans demander un pansement. "Je ne pouvais pas m'ôter de l'idée que quelque chose ou quelqu'un avait fait mal à ma mère", me dit ainsi un ami, qui ne peut écouter la chanson de Léo Ferré, 'Cette blessure' *, sans pleurer à chaudes larmes. Mon frère, en apprenant que des femmes saignaient, avait d'ailleurs annoncé son projet d'aller combattre cet ennemi imaginaire qui s'attaquait à elles, ce qui permettait par la même occasion de conserver au jouet périodique son usage initial d'arme fatale.

Ma mère, qui avait déjà perdu une boîte entière de tampons dans la guerre secrète qu'il menait avec ses petits soldats, changea de cachette, le privant ainsi d'un usage récréatif du Tampax...

Auteur: Thiébaut Elise

Info: Ceci est mon sang, p. 97

[ femmes-hommes ]

 

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réversibilité des mérites

Une minute vient de s’écouler. Cela fait environ cent morts et cent nouveau-nés de plus. Une centaine de vagissements et une centaine de derniers soupirs. Le calcul est fait depuis longtemps. Le compte est exact. C’est la balance du grouillement de l’humanité. Dans une heure, il y aura six mille cadavres sous votre lit et six mille petits enfants, tout autour de vous, pleureront par lierre ou dans des berceaux.

Or, cela n’est rien. Il y a la multitude infinie de ceux qui ne sont plus à naître et qui n’ont pas encore assez souffert pour mourir. Il y a ceux qu’on écorche vivants, qu’on coupe en morceaux, qu’on brûle à petit feu, qu’on crucifie, qu’on flagelle, qu’on écartèle, qu’on tenaille, qu’on empale, qu’on assomme ou qu’on étrangle ; en Asie, en Afrique, en Amérique, en Océanie, sans parler de notre Europe délectable ; dans les forêts et dans les cavernes, dans les bagnes ou les hôpitaux du monde entier.

Au moment même où vous bêlerez de volupté, des grabataires ou des suppliciés, dont il serait puéril d’entreprendre le dénombrement, hurleront, comme en enfer, sous la dent de vos péchés. Vous m’entendez bien ? De vos péchés ! Car voici ce que vous ne savez certainement pas, aimable fantôme.

Chaque être formé à la ressemblance du Dieu vivant a une clientèle inconnue dont il est, à la fois, le créancier, et le débiteur. Quand cet être souffre, il paie la joie d’un grand nombre, mais quand il jouit dans sa chair coupable, il faut indispensablement que les autres assument sa peine.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "La femme Pauvre", Mercure de France, 1972, pages 278-279

[ plaisir-souffrance ] [ vie-mort ] [ cycles ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

couple

"Si, Holly, tu es toujours aussi fière, je fais. Tu es toujours numéro un. Allez, quoi, Holly."

Elle secoue la tête. "Quelque chose est mort en moi, elle fait. Il lui a fallu longtemps pour mourir, mais c'est mort. Tu as tué quelque chose, aussi sûrement qu'un coup de hache. Tout n'est plus que poussière." Elle finit son verre. Puis elle se met à pleurer. Je veux la serrer contre moi, mais elle se lève et va dans la salle de bains...

"Pendant qu'on faisait l'amour, tout à l'heure, tu pensais à elle, fait Holly, en revenant de la salle de bains. Tu sais, Duane, ça fait tellement mal." Elle prend le verre que je lui tends.

"Holly, je fais.

- Non Duane, c'est vrai". Elle va et vient dans la chambre en culotte et soutien-gorge, le verre à la main. "Tu as rompu le contrat. C'est la confiance que tu as détruite. Peut-être que ça te semble vieux jeu. Je m'en fiche. Maintenant j'ai l'impression d'être, je sais pas quoi, de la saleté, voilà l'impression que j'ai. Je suis paumée. Je n'ai plus de but. C'était toi, mon but."

Cette fois elle me laisse lui prendre sa main. Je me mets à genoux sur la moquette et je pose ses doigts contre ma tempe. Je l'aime, bon Dieu, oui, je l'aime. Mais au même instant je pense aussi à Juanita, à ses doigts à elle me massant la nuque, cette fois-là. C'est affreux. Je ne sais pas ce qui va se passer.

Auteur: Carver Raymond

Info: Débutants

[ tensions ] [ adultère ] [ confusion ] [ saynète ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

scène de séparation

Devant la paisible résistance d’Ulrich, son premier sentiment fut d’avoir vieilli. Elle eut honte de sa situation piteuse et obscène, à demi nue sur ce divan, en butte à tous les outrages. Sans plus hésiter, elle se redressa et saisit ses vêtements. Mais le bruissement froufroutant des calices dans lesquels elle se glissait n’induisit pas Ulrich au repentir. Bonadea sentit sur ses yeux le picotement douloureux de l’impuissance. "C’est un rustre, il m’a offensée exprès !" se redisait-elle. Puis, comme une constatation : "Il ne fait pas un pas !" Et à chaque cordon qu’elle nouait, à chaque crochet qu’elle fermait, elle s’enfonçait plus avant dans le profond puits noir d’une souffrance depuis longtemps oubliée, celle de l’enfant qui se sent abandonné. L’obscurité paraissait alentour. Le visage d’Ulrich s’offrait comme dans une lumière définitive, il se détachait avec rudesse et dureté sur l’ombre du chagrin. "Comment ai-je bien pu aimer ce visage ?" se demanda Bonadea ; mais au même instant, elle sentit toute sa poitrine se crisper sur ces mots : "Perdu pour toujours !" 

Ulrich, qui devinait confusément la résolution qu’elle avait prise de ne plus revenir, ne fit rien pour l’en empêcher. Alors Bonadea, plantée evant le miroir, lissa ses cheveux d’un geste violent, mit son chapeau et attacha sa voilette. Maintenant que la voilette lui cachait le visage, tout était consommé ; le moment était solennel comme une condamnation à mort, ou comme quand la serrure d’une malle se ferme bruyamment. Il ne l’embrasserait plus, il ne devinerait pas qu’il perdait ainsi la dernière occasion de le faire !

Aussi, prise de pitié, était-elle tout près de lui sauter au cou, et d’y pleurer toutes ses larmes.

Auteur: Musil Robert

Info: Dans "L'homme sans qualités", tome 1, trad. Philippe Jaccottet, éditions du Seuil, 1957, page 199

[ pensées contradictoires ] [ humiliation ] [ couple ]

 

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vacherie

Nietzsche est mâtiné de Slave et d'Allemand - il descendait des Nietski - et il a subi fortement l'influence des lettres françaises. J'ai étudié son cas ailleurs. Jules de Goncourt affirmait que "ce qui entend le plus de bêtise, c'est un tableau". Néanmoins, les oeuvres de cet énervé de Germanie et en particulier Zarathoustra ont déchaîné un flot d'insanités. Il fut un temps ou chaque revue française, chaque périodique contenait une apologie ou un abattage du "retour éternel", de la "morale des maîtres", du "oui encore une fois" de la "reclassification des valeurs". L'âne joue un grand rôle dans Zarathoustra, un plus grand rôle encore dans la bibliographie du nietzschéisme. Les uns lui ont reproché d'être un thuriféraire de la force, ce qui n'a positivement aucun sens ; car une application de la force est nécessaire à toutes les opérations salutaires ici-bas, et le dédain de la force mène tout bonnement les dédaigneux à l'esclavage. Il faut que la force de ceux qui ont raison l'emporte sur la force de ceux qui ont tort, voilà tout. L'imbécile, le libéral, qui croit que personne n'a tout à fait raison ni tout à fait tort, peuvent seuls se permettre de mépriser la force outil du droit. D'autres ont exalté Nietzsche à cause de ses blasphèmes et de son anticatholicisme, qui sont ce qu'il y a de plus niais, de plus inopérant dans son oeuvre. Sur ce point, il est Homais II. Sa conception de la Rome papale est dérivée de celle de Fischart et des pamphlétaires allemands de la Réforme. Sa Généalogie de la morale est bête à pleurer. Sans compter le mortel ennui qui se dégage de ses plaisanteries épaisses, à la lisière de la paralysie générale.

Auteur: Daudet Léon

Info: Souvenirs, Robert Laffont, Bouquins 1992 <p.342>

[ philosophie ]

 

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