Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 891
Temps de recherche: 0.0457s

couple

Chaque fois, mon amour, qu’il me souvient de nous

Un océan de glace remonte à ma mémoire :

Nulle étoile ne brille dans le lointain blafard,

La lune seule y fait une tache jaunâtre ;

Et par-dessus les flots pleins de glace blanchâtre,

Un oiseau fatigué passe, triste et hagard,

Tandis que sa compagne est déjà loin devant 

Et vole avec les autres du côté du couchant.

Il la suit tristement d’un regard sans espoir,

Tout regret l’a quitté ; au moment où il meurt,

Il ne garde en mémoire qu’un rêve de bonheur.



Chaque instant nous éloigne un peu plus loin de l’autre,

Tandis que, seul et froid, doucement je m’éteins,

Tu te perds en riant dans l’éternel matin. 

Auteur: Eminescu Mihail

Info: Poésies/Poezii, Traduction du roumain par Jean-Louis Courriol, Non Lieu, 2015, p.43. Chaque fois, mon amour

[ poème ] [ vieillesse ] [ extinction ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

bouleversée

Ah ! Je me rappelle encore très bien la douleur d'alors !

Mon cœur pris au dépourvu

sautait comme une volaille à la tête tranchée.

Tout était éclaboussé de sang,

la rue, la table du bistrot,

et surtout tes mains inconscientes.

Ma chevelure éparse errait

comme un monstre parmi les verres,

s’enroulait autour d’eux, comme

autour de souffles arrêtés,

puis dansait, debout, en sifflant,

plus retombait, guillotinée, à tes pieds.

Ah ! Je me rappelle bien que j'ai eu

un sourire atroce, grimaçant

pour mieux ressembler à moi

et que je n'ai crié qu'une seule fois,

bien après qu'il n'y eût plus eu

personne alentour,

et qu’on eût éteint la lumière et essuyé

le sang sur les tables.

Auteur: Cassian Nina

Info: Le sang. Traduction  Aurel George Boeșteanu

[ choc ] [ poème ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

couchant

Le vent d’automne, aux bruits lointains des mers pareil,

Plein d’adieux solennels, de plaintes inconnues,

Balance tristement le long des avenues

Les lourds massifs rougis de ton sang, ô soleil !



La feuille en tourbillons s’envole par les nues ;

Et l’on voit osciller, dans un fleuve vermeil,

Aux approches du soir inclinés au sommeil,

De grands nids teints de pourpre au bout des branches nues.



Tombe, Astre glorieux, source et flambeau du jour !

Ta gloire en nappes d’or coule de ta blessure,

Comme d’un sein puissant tombe un suprême amour.



Meurs donc, tu renaîtras ! L’espérance en est sûre.

Mais qui rendra la vie et la flamme et la voix

Au cœur qui s’est brisé pour la dernière fois ?

Auteur: Leconte de Lisle Charles-Marie

Info: La Mort du Soleil

[ poème ] [ crépuscule ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

contemplation

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées;

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides,
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins;

Celui dont les pensées, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes!

Auteur: Baudelaire Charles

Info: In Élévation, 3e poème de la section "Spleen et Idéal" du recueil Les Fleurs du mal, 1857

[ poème ] [ évasion ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par miguel

printemps

Bientôt sera fait échec à l’hiver ;

Bientôt se délaceront fondront les ligatures glacées

   -Encore un peu,

L’air, la terre, la vague seront inondées de douceur par la nature épanouie – mille formes apparaîtront

Aux mottes de terre sourdes, aux courants d’air montés comme du fond des caveaux.

Tes yeux tes oreilles – tes meilleurs attributs – tout ce qui prend connaissance de la beauté de la Nature,

S’éveilleront, s’empliront. Tu percevras les spectacles simples, les miracles délicats de la terre,

Les pissenlits, le trèfle, l’herbe émeraude, les parfums les fleurs précoces,

L’arbousier sous la semelle, le vert jaune du saule pleurer, le prunier le cerisier en fleurs ;

Avec eux le rouge-gorge, l’alouette la grive, chanteront leurs chants – le rouge-gorge bleu aux ailes vives ;

Tous les spectacles que la pièce annuelle rejoue.

Auteur: Whitman Walt

Info: Dans "Feuilles d'herbe", Bientôt sera fait échec à l'hiver, traduction Jacques Darras, éditions Gallimard, 2002

[ renaissance ] [ poème ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

vacuité

Ecrire un poème sur rien,

où toutes les transparences peuvent flotter,

ce qui n’a jamais connu la condamnation de l’être,

ce qui l’a abandonné déjà,

ce qui est sur le point de commencer

et ne commencera peut-être jamais.



Et l’écrire avec rien ou presque rien,

avec l’ombre des mots,

les espaces oubliés,

un rythme qui se détache à peine du silence,

et un silence marqué dans un point

de l’autre côté de la vie.



Un poème sur rien et avec rien.

Peut-être que tous les poèmes

passés, futurs ou impossibles

pourraient tenir en lui,

au moins un instant chacun

comme s’ils se reposaient dans sa forme,

dans sa forme ou son rien.

Auteur: Juarroz Roberto

Info: Quatorzième poésie verticale. Ecrire un poème sur rien.

[ néant ] [ vide ] [ poème ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

pensée-de-mort

C’est à cette époque, l’an dernier, que je mourus.
Je sais que j’entendais le Maïs,
Comme on me transportait le long des Fermes –
Il avait mis ses Glands –

Je songeais combien il serait doré –
Quand Richard irait au moulin –
Et alors, je voulus sortir,
Mais quelque chose me retint.

Je songeais au Rouge – des Pommes tassées
Entre les rangs d’Eteules –
Aux Charrettes allant penchées dans les champs
Pour charger les Citrouilles –

Je me demandais qui me regretterait, le moins,
Et lorsque viendrait Thanksgiving,
Si Père multiplierait les couverts –
Pour faire une Somme égale –

Et cela troublerait-il la joie de Noël,
Que mon Bas soit suspendu trop haut
Pour qu’un Santa Claus puisse atteindre
L’Altitude de ma personne –

Mais ces pensées, me chagrinaient,
Alors, j’ai songé à l’inverse,
Qu’à pareille époque, en une année parfaite –
Eux-mêmes, viendraient à moi –

Auteur: Dickinson Emily

Info: Cahier 16, 445, trad Claire Malroux

[ morts-vivants ] [ poème ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

deuil

J’ai perdu la douceur

Du blanc de ta fourrure,

J’ai perdu ta tiédeur

Pressant les couvertures,

J’ai perdu la douleur

De tes brusques morsures.



Tout ça n’était qu’à moi.



J’ai perdu tes humeurs

Et j’oublie ton histoire.

Le motif enchanteur

De la flamme et du noir

De tes fauves couleurs

Formait mon territoire.



Tout ça n’était qu’à moi.



J’ai connu ta maigreur

Et pleuré ton usure,

J’ai subi ta fureur

Au jour de la piqûre,

Puis l’abjecte impudeur

De ton dernier murmure.



Et tout ça n’est qu’à moi,

Compagne de mes heures,

Ma jolie créature,

Tout ça n’est rien qu’à moi.


 

 

Auteur: Fazi Mélanie

Info: Pour Savannah, partie le 14 juin dernier (2021) à l’âge de douze ans, deux mois et dix jours, dont douze ans ce mois-ci passés à mes côtés.

[ animal domestique ] [ poème ] [ euthanasie ] [ chat ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

déclaration d'amour

Quand la lune resplendira
Nous sortirons pour voguer sur les eaux.
Le clapotis des vagues nous atteindra sans doute,
Il y aura même un peu de vent, je crois.

Quand nous gagnerons le large il fera sombre sans doute,
Et le son de l'eau gouttant le long des rames
Nous l'entendrons, je crois, comme une chose très intime
- Au milieu des blancs laissés par tes paroles.

La lune tendra l'oreille sans doute,
Peut-être même descendra-t-elle un peu,
Et lorsque nous rapprocherons nos lèvres
Nous l'aurons, je crois, juste au-dessus de nos têtes.

Et toi toujours, tu parleras sans doute,
Mots légers ou boudeurs
Que j'écouterai, je crois, dans leurs moindres détails
- Sans que mes mains en cessent de ramer.

Quand la lune resplendira
Nous sortirons pour voguer sur les eaux.
Le clapotis des vagues nous atteindra sans doute,
Il y aura même un peu de vent, je crois.

Auteur: Chuya Nakahara

Info: Poèmes, Sur le lac

[ apaisement ] [ calme ] [ poème ]

 

Commentaires: 0

désir

J’avais eu faim, toutes ces Années –
Mon Midi était venu – de manger –
Je m’approchai de la Table en tremblant –
Et touchai le Vin Etrange –

C’est cela que j’avais vu sur les Tables –
Quand rentrant, affamée, à la Maison
Je convoitais dans les Vitrines, la Richesse
Que je ne pouvais espérer – Mienne –

Je ne connaissais pas le Pain ample –
Il ressemblait si peu à la Miette
Qu’avec les Oiseaux, j’avais souvent partagée
Dans la Salle à Manger – de la Nature –

L’Abondance me fit mal – elle était si nouvelle –
Je me sentis malade – et bizarre –
Comme la Baie – d’un Buisson Montagnard –
Transplantée – sur la Route –

Et je n’avais plus faim – ainsi compris-je
Que la Faim – est le mode d’être
De Personnes à l’extérieur des Vitrines –
Entrer – la fait disparaître –

Auteur: Dickinson Emily

Info: Cahier 15, 579, traduction Claire Malroux

[ réalité-imaginaire ] [ manque dynamique ] [ nourriture ] [ poème ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson