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réformiste

N'écoutons pas ces gens qui, ne tenant aucun compte des faits accomplis, vivent dans le monde des spéculations pures, et bouleverseraient tout un système d'institutions pour le plaisir de voir triompher leurs théories. Ces esprits remuants et chagrins ont été stigmatisés du nom d'idéologues par un grand homme dont je puis dire, sans flatterie, que vous avez surpassé la gloire : car vous avez, comme lui, fondé un empire, et n'avez pris la place de personne.

Ces utopistes font table rase des croyances les plus respectables, des habitudes les plus enracinées. Ils ne craignent pas, en portant la main sur ce qu'ils appellent un préjugé, d'ébranler l'Etat tout entier, et de le précipiter dans les abîmes d'une révolution générale. Les vrais hommes d'Etat ne se laissent point séduire à de vaines chimères ; ils savent que tout changement doit se faire par degrès et sans secousse ; ils suivent cette maxime d'un dentiste illustre, que nous avons lue bien souvent à la quatrième page des journaux de votre patrie : GUERISSEZ, N'ARRACHEZ PAS !

L'anthropophagie est une institution mauvaise ; nous devons donc la garder, en la réglementant : c'est ainsi qu'agissent ces peuples occidentaux qui portent le flambeau de la civilisation.

 

Auteur: Sarcey Francisque

Info: "Réglementation", in "Le mot et la chose", éd. Paul Ollendorf, p. 242-243

[ alimentation ] [ législation ] [ ethos ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

racisme

Nous avons établi des données sur ce que nommons race et intelligence. Mon opinion est nous ne savons pas ce qu'elles signifient. Il n'y a pas assez de travail ; il n'y a pas assez de personnes qui s'y sont employées à ce stade... Et la définition d'"héréditaire" constitue un sérieux problème.

Par exemple : disons qu'existait une croyance selon laquelle les personnes dotées d'une crête frontale sont stupides. Une croyance répandue. Et cette crête était encodée génétiquement. Ce qui conduisait à ce que ces individus soient victimes de discrimination, à l'école par exemple, vu que la crête indiquait aux enseignants qu'ils n'étaient pas susceptibles d'être intelligents, et qu'on leur donnait donc des leçons plus simples ; ils étaient ignorés ou quelque chose comme ça.

Ce mécanisme peut donc être appréhendé comme la forme d'une différence d'intelligence génétiquement héréditaire entre individus - avec et sans crête. Ceci impliquant qu'une caractéristique codée dans le génome peut modifier une interaction des individus entre eux au point de produire une différence d'intelligence.

[...] Nous sommes si peu avancés dans l'étude de ce genre de sujet que nous ne savons rien. Et la nature taboue de ces questions engendre un vacuum empli de perspectives artificiellement pures (et probablement erronées).

Auteur: Weinstein Bret Samuel

Info:

[ apparence ] [ préjugés ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

décors

Les studios de Beaulieu avaient grandi dans les ruines d'un casino désaffecté. Au bord de la mer et derrière la voie ferrée et ses agaves, les hangars grignotaient peu à peu les terrains horticoles, et une cité champignon, en contreplaqué et tôle ondulée, surgissait entre les lignes bleues et pures d'un paysage grec, parmi les troncs, au tourment centenaire, d'oliviers delphiques. C'est là que Kron, la chanson de Roland en main, tournait les dernières scènes de France-la-doulce, les nécessités techniques l'ayant obligé à commencer le film par la fin. Dans le hangar n°4 étaient disposés les appartements de la belle Aude; dans le hangar n°8, le palais de Charlemagne ; à grands coups de marteau, des ouvriers s'apprêtaient à monter en plein air la piscine de l'émir de Babylone ; ce rêve fragile de Schéhérazade était fait de claires de bambous, sur lesquelles des Italiens vaporisaient au pistolet du plâtre liquide. Tout à côté, on pouvait apercevoir un porche d'hôtel Louis XV, du Marais, trois colonnes du Parthénon, une mosquée Sénégalaise, un palais palladien et un petit café de la place du Tertre, privé de toits, comme une ville bombardée. Ces édifices, restes d'anciennes productions, grillaient au soleil et se détérioraient sous les claques du mistral. Par-dessus les perspectives en trompe-l'œil, les réflecteurs, comme six gros yeux vitreux, s'essayaient à faire concurrence au soleil.

Auteur: Morand Paul

Info: France la doulce (1934, 224 p., Gallimard/pléiade)

[ cinéma ] [ architecture ]

 
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bien-être

Le bonheur est un état permanent qui ne semble pas fait ici-bas pour l’homme. Tout est sur la terre dans un flux continuel qui ne permet à rien d’y prendre une forme constante. Tout change autour de nous. Nous changeons nous-mêmes et nul ne peut s’assurer qu’il aimera demain ce qu’il aime aujourd’hui. Ainsi tous nos projets de félicité pour cette vie sont des chimères. Profitons du contentement d’esprit quand il vient ; gardons-nous de l’éloigner par notre faute, mais ne faisons pas des projets pour l’enchaîner, car ces projets-là sont de pures folies. J’ai peu vu d’hommes heureux, peut-être point ; mais j’ai souvent vu des cœurs contents, et de tous les objets qui m’ont frappé c’est celui qui m’a le plus contenté moi-même. Je crois que c’est une suite naturelle du pouvoir des sensations sur mes sentiments internes. Le bonheur n’a point d’enseigne extérieure (de marque apparente) ; pour le connaître il faudrait lire dans le cœur de l’homme heureux ; mais le contentement se lit dans les yeux, dans le maintien, dans l’accent, dans la démarche et semble se communiquer à celui qui l’aperçoit. Est-il une jouissance plus douce que de voir un peuple entier se livrer à la joie un jour de fête, et tous les cœurs s’épanouir aux rayons expansifs du plaisir qui passe rapidement, mais vivement, à travers les nuages de la vie ?

Auteur: Rousseau Jean-Jacques

Info: Rêveries du promeneur solitaire, 1782

[ contentement ] [ rapports humains ] [ masques ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

philosophie

A cette question – qu’est-ce que, ou qui est, cet ego qui vient de s’assurer de sa propre existence en tant qu’il pense ? – la réponse est : une chose qui pense, donc un esprit, un entendement ou une raison. […]

Il faut que cela soit tout à fait clair : si l’ego cogitans cartésien, comme esprit, a en soi de manière native (innée) les idées ou notions qui lui servent à appréhender tous les aspects de la réalité, soit sensible (les choses corporelles), soit purement intelligibles (Dieu, mais aussi lui-même comme esprit), il n’est pas question qu’il constitue un "ego transcendantal" dont l’activité noétique donnerait forme à tout ce qui lui apparaît, depuis le donné sensible jusqu’aux pures idéalités. Du même fait, il n’a pas à se poser comme ontologiquement ou formellement extérieur à un monde qui lui devrait lui aussi sa forme entière : il est, en tant qu’esprit, une partie du monde (ou de "l’universalité de tous les êtres", rerum universitas, comme dit la Méditation IV). […]

Lorsque l’ego cogitans de la Méditation II se reconnaît lui-même comme "esprit, entendement ou raison", Descartes prend soin d’ajouter que ce sont là "des termes dont la signification [lui] était auparavant inconnue". Il entend par là souligner que c’est dans l’expérience que cet ego fait de lui-même, et non d’une autre manière, que cette signification est constituée.

Auteur: Kambouchner Denis

Info: La question Descartes, éditions Gallimard, 2023, page 113

[ cogito ] [ explication ] [ pratique ] [ processus ] [ immanent ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

sens

Il était silencieux, puis l’implora : "Écoute, Sally.

Donne-moi un autre médoc.

Il y a des rats bouillonnant dans mon ventre qui rampent et

mordent." Elle essuya son front détrempé

Avec un morceau de tissu, puis s’assit sur le lit

En tenant sa vieille main mouchetée ; la secoua, la pressant

Contre sa joue.

          De tout ceci, Seigneur –

Un vieil homme cancéreux, une épouse

Jalouse répétant toute la nuit

La litanie de ses erreurs passées,

Et une jeune adultère torride

Entre ses deux hommes – de tous ces éléments

Ordinaires de la vie commune, ces deux ou trois personnes

Qui non sans raison s’interrogent,

Une découverte peut-elle sourdre, ou un faucon s’envoler ?

Car tu n’es pas humain, tu ne tiens pas compte des personnes,

Ni sujet au dégoût ni adepte du péché,

Et tous tes chemins sont beaux.

Même tes choses qui dépérissent, la vase des mers et la charogne

Resplendissent dans l’obscurité ; même cette époque dépravée

Qui fait le mal dans ses rêves,

Ivre de tromperies et de cruautés,

Phosphorescente de guerres,

S’embrase comme une torche.

Elle a son propre honneur abandonné, et ses piliers de musique

Offerts aux pures étoiles.


Auteur: Jeffers Robinson

Info: Dans "Mara ou Tu peux en vouloir au soleil", trad. de l’anglais (États-Unis) par Cédric Barnaud, éditions Unes, 2022, pages 27-28

[ mystère ] [ beauté ] [ horreur surpassée ] [ lila ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

lecture

Tracy me demanda ce que j'aimais chez King. Je lui expliquais qu'il m'apportait non pas la vie, mais une espèce de pouvoir surnaturel, celui d'avoir des émotions réelles en lisant des situations fictives. Elle avait dû mal à capter comment on pouvait à ce point se plonger dans un livre, de King ou de quiconque. Pour elle, la vie n'avait aucun concurrent sérieux pour ce qui était de ressentir les choses.
- Tu comprends, il suffit de regarder autour de soi, de lire le journal, de regarder la télé, ou simplement de se souvenir du passé pour ressentir des choses vraies. La vie, les sentiments, c'est ça, c'est pas les histoires débiles d'un écrivain psychopathe !
- Mais non, mais pour quelqu'un comme moi qui n'a rien vécu d'exceptionnel, ça représente beaucoup, une source de réflexion, un concentré d'émotions pures ! Je commence un livre en me régalant d'avance de tout ce que je vais lire. Parce que je sais d'avance ce que je vais trouver chez King.
- Quelles émotions ? La peur ? La frayeur ? On a vraiment besoin de ça pour se sentir vivant ?
- De ça et du reste, évidemment ! N'oublions pas l'humour. Mais tu as raison, lire ce genre de livre, ce n'est rien d'autre que faire un tour de grand huit, se sentir mourir pendant quinze mètres de chute à pic, et remonter en rigolant. Des sensations presque physiques. C'est devenu une drogue. Je ne peux pas me passer de ce genre d'histoires.

Auteur: Azel Bury

Info: La Femme qui tua Stephen King

[ voyage ] [ plaisir ]

 

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ensorceleuse

Dans une jambe de danseuse le monde, ses ondes, tous ses rythmes, ses folies, ses vœux sont inscrits !... Jamais écrits !... Le plus nuancé poème du monde !... émouvant ! Gutman ! Tout ! Le poème inouï, chaud et fragile comme une jambe de danseuse en mouvant équilibre est en ligne, Gutman mon ami, aux écoutes du plus grand secret, c'est Dieu ! C'est Dieu lui-même ! Tout simplement ! Voilà le fond de ma pensée ! À partir de la semaine prochaine, Gutman, après le terme... je ne veux plus travailler que pour les danseuses... Tout pour la danse ! Rien que pour la danse ! La vie les saisit, pures... les emporte... au moindre élan, je veux aller me perdre avec elles... toute la vie... frémissante... onduleuse... Gutman ! Elles m'appellent !... Je ne suis plus moi-même... Je me rends... Je veux pas qu'on me bascule dans l'infini !... à la source de tout... de toutes les ondes... La raison du monde est là... Pas ailleurs... Périr par la danseuse !... Je suis vieux, je vais crever bientôt... Je veux m'écrouler, m'effondrer, me dissiper, me vaporiser, tendre nuage... en arabesques... dans le néant... dans les fontaines du mirage... je veux périr par la plus belle... je veux qu'elle souffle sur mon cœur... il s'arrêtera de battre... Je te promets ! Fais en sorte Gutman que je me rapproche des danseuses !... Je veux bien calancher, tu sais, comme tout le monde... mais pas dans un vase de nuit... par une onde... par une belle onde... la plus dansante... la plus émue ...

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info:

[ artiste ] [ fascination ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

tourments internes

Elle a couru derriere moi, la folie... tant et plus pendant vingt-deux ans. C’est coquet. Elle a essayé quinze cents bruits, un vacarme immense, mais j’ai déliré plus vite qu’elle, je 1’ai baisée, je 1’ai possédée au "finish". Voila ! Je déconne, je la charme, je la force a m’oublier. Ma grande rivale c’est la musique, elle est coincée, elle se détériore dans le fond de mon esgourde... Elle en finit pas d’agonir... Elle m’ahurit a coups de trombone, elle se défend jour et nuit. J’ai tous les bruits de la nature, de la flüte au Niagara... Je promène le tambour et une avalanche de trombones... Je joue du triangle des semaines entières... Je ne crains personne au clairon. Je possède encore moi tout seul une volière compléte de trois mille cinq cent vingt-sept petits oiseaux qui ne se calmeront jamais... C’est moi les orgues de 1’Univers... J’ai tout fourni, la bidoche, 1’esprit et le soufflé... Souvent j’ai 1’air épuisé. Les idéés trébuchent et se vautrent. Je suis pas commode avec elles. Je

fabrique 1’Opéra du déluge. Au moment oü le rideau tombe c’est le train de minuit qui entre en gare... La verrière d’en haut fracasse et s’écroule... La vapeur s’échappe par vingt-quatre soupapes... les chaïnes bondissent jusqu’au troisième... Dans les wagons grands ouverts trois cents musiciens bien vinasseux déchirent 1’atmosphère à quarante-cinq portées dun coup...

Depuis vingt-deux ans, chaque soir elle veut m’emporter... a minuit exactement... Mais moi aussi je sais me défendre... avec douze pures symphonies de cymbales, deux cataractes de rossignols... un troupeau complet de phoques qu’on brüle a feux doux... Voila du travail pour célibataire... Rien a redire. C’est ma vie seconde. Elle me regarde.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Mort à credit.

[ autofiction ] [ délire ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

rituel

Le Coryphée. — Fais une offrande lustrale aux déesses que tu te trouves avoir abordées les premières et dont tu as foulé le sol.

Œdipe. — Et de quelle façon ? étrangers, dites-moi.

Le Coryphée. — Apporte-leur d’abord des libations pieuses prise à l’eau vive d’une source, et puisée avec des mains pures.

Œdipe. — Et quand j’aurais puisé cette libation pure ?

Le Coryphée. — Il est ici des cratères, œuvre d’un habile artisan : couronnes-en et la tête et les anses de chaque côté.

Œdipe. — de branches ? ou de laine ? — où comment encore ?

Le Coryphée. — Prends une toison frais tondue de jeune brebis.

Œdipe. — Bien ; mais après, par quoi dois-je terminer ?

Le Coryphée. — Répands tes libations, debout, face au Levant.

Œdipe. — En usant pour cela des vases que tu dis ?

Le Coryphée. — Oui, trois libations par vase — en vidant toutefois le dernier d’un seul coup.

Œdipe. — Et, avant de le mettre en place, de quoi le remplir ce dernier ? cela aussi, dis-le moi.

Le Coryphée. — De miel et d’eau. Garde-toi d’apporter du vin.

Œdipe. — Et quand la terre au noir feuillage aura reçu ces libations… ?

Le Coryphée. — Alors dépose sur elle, de l’une et de l’autre main, trois fois neuf branches d’olivier, puis prononce cette prière…

Œdipe. — C’est là ce que je veux entendre, car c’est là le plus important.

Le Coryphée. — Puisque nous leur donnons le nom de "Bienveillantes", qu’elles fassent donc, d’un cœur bienveillant, un accueil sauveur à leur suppliant. Demande-leur cela, toi même ou quelque autre pour toi, d’une voix qu’on n’entende pas, nous le son n’aille pas plus loin. Puis retire-toi sans tourner la tête. La chose une fois faite, je pourrai t’assister sans crainte. Sinon, j’aurais peur, étranger, pour toi.

Auteur: Sophocle

Info: Œdipe à Colone

[ Parques ] [ sacré ] [ apotropaïque ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin