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manifestation divine

[…] la parole est relative à la vérité, alors que l’image est relative à la réalité. L’Incarnation, c’est le point, le seul, de l’histoire terrestre où la vérité rejoint la réalité, où elle pénètre totalement cette réalité, où elle la change, de ce fait, dans ses racines. C’est le point où la réalité cesse d’être le détournement du vrai, où la vérité cesse d’être le jugement mortel sur le réel. A ce moment la Parole peut être vue. La vision peut être crue […]. Ce qui, normalement, n’a aucune force de vérité (l’image) en reçoit une quand c’est Jésus-Christ, l’image du Dieu vivant. Voilà pourquoi Jean insiste tellement sur la vue, c’est la pénétration du réel par la vérité. Mais ceci est temporaire. Le temps de l’Incarnation. L’Incarnation finie, les deux ordres se séparent. "Bientôt, vous ne me verrez plus." A ce moment, nous retombons dans notre infirmité, notre condition d’homme où le réel n’est pas le vrai. C’est pourquoi l’Evangile de Jean s’achève sur l’histoire de Thomas, qui a besoin de voir pour croire. Avec l’Incarnation, cette possibilité est achevée. "Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru." Nous revenons à la nécessité de croire sur parole, seule la parole de ceux qui ont vu, qui ont pu attester qu’en effet la vérité a pénétré la réalité, subsiste, et seule la parole est de nouveau l’expression de la vérité. La vue sera maintenant relative à la réalité seule.

Auteur: Ellul Jacques

Info: Dans "La parole humiliée", éditions de la Table Ronde, Paris, 2014, pages 126-127

[ signification ] [ christianisme ] [ temps anhistorique ] [ interprétation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écriture

L'homme ne récrée-t-il pas les mondes qui lui sont inaccessibles dans un univers de rêve, et selon son désir ? Ne récrée-t-il pas la peur et l'amour, afin de vivre dans le paradis ou l'enfer qu'il vient de créer ? L'imaginaire a ce sens-là dans mes romans.

J'ai rencontré beaucoup de gens dans ma vie, et beaucoup d'entre eux m'ont servi de modèles pour mes personnages. Mais tous mes personnages, c'est moi qui les ai créés dans mon travail d'écrivain. Bien sûr, je désire aller vers le réel, mais ce n'est pas la quête centrale dans mon travail. Je veux créer un monde d'imaginaire et de narration, faire quelque chose de différent : réaliser ce royaume de l'imaginaire par la parole. Cela dit, je sais que je ne suis ni le premier ni le dernier parmi ceux qui créent des univers de parole. C'est avant tout une démarche professionnelle, pour moi, comme elle l'a toujours été. Les "sages familiers" qui m'entouraient étaient aussi des hommes de métier. Homère était un vrai professionnel ; les "Homère" turcs et kurdes de mon époque sont aussi des professionnels. Leur art consiste à créer des mondes, en racontant des histoires. Ce ne sont ni des mystiques ni des charlatans ni des mendiants vagabonds, mais les maîtres d'un art que nous avons en partage. Ce sont des hommes d'honneur gagnant leur pain avec la parole. Ils étaient des personnes presque sacrées, dans le milieu où ils évoluaient.

Auteur: Yachar Kemal

Info: Entretiens avec Alain Bosquet. trad Altan Gokalp, Gallimard, collection "Blanche", 1992. pp 43-44

[ artisanat ] [ tradition ] [ racines ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mystique

Cette félicité, d’abord, est sans objet. À la différence des joies "mondaines" qui saluent un succès, une découverte, l’éloignement d’un danger où l’accomplissement d’un souhait, celle-ci ne plonge pas ses racines dans la terre grasse du désir. Elle ressemble à la floraison d’un cactus en plein désert : inopinée, improbable, magique. Et si elle semble parfois venir couronner de longs efforts, récompenser de durs sacrifices, elle peut tout aussi bien dédaigner l’ascète et visiter celui qui paraissait le moins digne de l’accueillir. Elle n’est pas une chose qui se mérite et pas davantage chose qui se justifie et donne ses raisons. Ne commettons pas l’imprudence de l’assimiler trop vite à la " joie de comprendre", par exemple ! Sans doute certains des témoignages apportés ici y inciteraient-ils — ceux de RM Bucke ou de R Jefferies entre autres —, qui esquissent une métaphysique, voire une théodicée. Mais, à les relire avec attention, on remarque que ce moment intellectuel est réellement second chez eux. D’abord il y a la joie brute, massive, suffocante, indicible. Pendant un bref instant, l’intellect est mis hors circuit, aucune "pensée" déterminée n’est possible. Ensuite, très vite sans doute, se manifeste le besoin de "respirer", de prendre un peu de distance par rapport à l’événement, de comprendre ce qui vous arrive. C’est alors que le sujet renoue avec son monde familier, retrouve son bagage culturel, ses croyances, ses catégories et qu’il tente, avec "les mots de la tribu", d’y intégrer ce qu’il vient de vivre.

Auteur: Hulin Michel

Info: La mystique sauvage p 50

[ extase ] [ océanique ] [ illumination ] [ éblouissement ] [ hasard mystère ]

 

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Ajouté à la BD par Plouin

aborigènes

Les Pintupi étaient la dernière tribu "sauvage" à avoir été contactée dans le Grand Désert occidental et introduite à la civilisation blanche. Jusqu’à la fin des années 1950, ils avaient continué à pratiquer la chasse et la cueillette, nus dans les dunes, comme ils l’avaient fait pendant au moins dix mille ans.
C’étaient des gens insouciants et très ouverts d’esprit, qui ne connaissaient pas ces rudes rites d’initiation propres aux groupes plus sédentaires. Les hommes chassaient le kangourou et l’émeu. Les femmes cueillaient des graines, ramassaient des racines et tout ce qui pouvait se manger. En hiver ils s’abritaient derrière des pare-vent de spinifex ; et, même en pleine sécheresse, l’eau leur faisait rarement défaut. Une bonne paire de jambes était leur valeur la plus sûre et ils riaient sans cesse. Les quelques Blancs qui les visitèrent furent surpris de voir leurs nourrissons gras et en bonne santé.
Mais le gouvernement décréta que les hommes de l’âge de pierre devaient être sauvés… pour le Christ, si besoin était. En outre, on avait besoin du Grand désert occidental pour y mener à bien des opérations minières, éventuellement des essais nucléaires. Il fut donc ordonné d’embarquer les Pintupi dans des camions de l’armée et de les installer dans des lotissements du gouvernement. Nombre d’entre eux furent envoyés à Popanji, un camp situé à l’ouest d’Alice Springs, où ils moururent victimes d’épidémies, se prirent de querelle avec les hommes des autres tribus, se mirent à boire et à jouer du couteau.

Auteur: Chatwin Bruce

Info: Le Chant des pistes

[ colonialisme ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

traditionalisme

Que Barthes s'en soit pris à Voltaire en dit long sur la profondeur des racines catholique en France, ainsi que la lourdeur inertique des habitudes d'un endroit. L'immobilisme d'un conformisme qui ne se reconnait pas. On préfère d'interminables volutes littéraires au simple pragmatisme qui régit la réalité. Beaucoup de mots peuvent être apposés sur ce genre de mécanisme : conservatisme inconscient, bêtise, malhonnêteté intellectuelle, orthodoxie, prestige littéraire, académisme, défense d'une image acquise dans un biotope donné, panurgisme, égoïsme dans les arguments afin d'asseoir et consolider sa position...

Bref dans cette affaire l'image de Barthes en prend plein les dents. Depuis Voltaire rien n'a changé : le centralisme intellectuel jacobin, le "parisianisme", cette pensée qui s'articule principalement sur le style et la mode de l'instant, n'est pas près de changer.

Qu'on m'excuse ici d'y voir une analogie avec l'arrivée de la dualité onde-particule en début de vingtième siècle. Ici aussi les conformismes, des habitudes et du langage, heurtés de plein fouet, montrèrent une immense - et mieux compréhensible - inertie. Ce qu'on appela faussement "indéterminisme d'Heisenberg" n'était que réaction incrédule devant un fait tout bête si on y réfléchit : l'apparition d'une propriété inconnue de la matière devant les yeux ébahis de singes savants qui, s'imaginant tout savoir installés dans leur prétention de mammifères dominants, se retrouvent désarmé devant une nouveauté radicale, nouveauté qui remet en cause jusqu'à leur langage. Comme si découvrir l'incroyable souplesse de la matière et des particules qui sous-tendent un univers et une vie auxquels nous ne comprenons rien pouvait avoir quelque chose d'étonnant.

Auteur: Mg

Info: En 2019, après lecture de l'article de Jean Dagen sur Barthes et Voltaire

[ physique quantique ] [ Gaule ] [ vacherie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

conjugaison

En allemand comme en français, ce fameux verbe être est loin d’être un verbe simple, et même d’être un seul verbe. Il est évident que la forme suis n’est pas de la même racine que es, est, êtes, et que fut, et il n’y a pas non plus stricte équivalence avec la forme été. Si fut a son équivalent en latin, ainsi que suis et la série de est, été vient d’une autre source, de stare. La répartition est également différente en allemand où sind se groupe avec bist, alors qu’en français la deuxième personne est groupée avec la troisième. On a à peu près dégagé pour les langues européennes trois racines, celles qui correspondent à sommes, à est et à fut, que l’on rapproche de la racine phusis en grec, qui se rapporte à l’idée de vie et de croissance. Pour les autres, M. Heidegger insiste sur les deux faces, Sten, qui se rapprocherait de stare, se tenir debout tout seul, et Verbahen, durer, ce sens étant tout de même rattaché à la source phusis. Pour M. Heidegger, l’idée de se tenir droit, l’idée de vie et l’idée de durer seraient donc ce que nous livrerait une analyse étymologique complétée par l’analyse grammaticale, et ce serait d’une espèce de réduction et d’indétermination jetée sur l'ensemble de ces sens, que surgirait la notion d'être.

[...] Je dois dire qu’une analyse de cet ordre est plutôt de nature à élider, à masquer ce à quoi essaie de nous initier M. Heidegger, à savoir ce qui est absolument irréductible dans la fonction du verbe être, la fonction purement et simplement copulatoire.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre III", "Les psychoses", éditions du Seuil, 1981, page 472

[ implications philosophiques ] [ effets signifiants ] [ comparaison ] [ linguistique ] [ fonction motrice ] [ rhème ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

zen

Question: - Quand les gens entendent parler de cette luminosité qui se lève au moment de la mort, ils se demandent pourquoi on la nomme "claire lumière". Qu'est-ce que cela a à voir avec la lumière que nous connaissons ? Dalai Lama : - Je ne pense pas que la terminologie claire lumière doive être prise au pied de la lettre. C'est une sorte de métaphore qui a ses racines dans notre volonté de nommer les choses. Selon le bouddhisme toute conscience ou tout événement cognitif mental est censés être dans une nature de clarté et de luminosité. C'est donc de ce point de vue que le choix du terme lumière est utilisé. "Claire lumière" est le niveau le plus subtil de l'esprit, qui peut être considéré comme la base ou la source à partir de laquelle une expérience éventuelle de bouddhéité, de réalisation de la sagesse de Bouddha, pourrait survenir. La claire lumière est un état de l'esprit qui ne devient pleinement manifeste qu'à la suite de séquences, ou étapes de dissolution, par lesquelles l'esprit se libère de certaines entraves, décrites métaphoriquement par des mots comme lumière du soleil, clarté lunaire ou obscurité, qui pourront tenter de décrire les trois premières étapes d'une dissolution techniquement nommée, y compris le stade de claire lumière, les quatre vacuités. Au stade final de cette dissolution l'esprit est totalement libre de toute entrave, de tout facteur d'obscurcissement. Par conséquent, on peut l'appeler claire lumière. Une sorte de lumière. On peut également comprendre cette expression de claire lumière en termes de la nature même de l'esprit. L'esprit, ou la conscience, est un phénomène dépourvu de tout empêchement. Il est non obstrué.

Auteur: Dalaï Lama

Info:

[ NDE ] [ libération ] [ nirvana ] [ ouverture ] [ mort imminente ]

 

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définition

Encore une chose. L'amour est une folie passagère, il entre en éruption comme un volcan et se calme ensuite. Et quand il se calme, il faut prendre une décision. Il faut voir si vos racines se sont emmêlées à un tel point qu'il est inconcevable de vous séparer. Parce que c'est ça l'amour. L'amour, ce n'est pas la respiration coupée, ce n'est pas l'excitation, ce n'est pas l'échange de promesses d'une passion éternelle, ce n'est pas le désir de s'accoupler à chaque minute de la journée, ce n'est pas rester éveillée la nuit en t'imaginant qu'il embrasse chaque recoin de ton corps. Non, ne rougis pas, je te dis certaines vérités. Ça, c'est simplement être "amoureux", ce qui est à la portée du premier imbécile venu. L'amour vrai, c'est ce qui reste quand on a cessé d'être amoureux, et c'est à la fois un art et un heureux accident. (...) L’amour, ce n’est pas rester sans voix, ce n’est pas l’excitation, ni la déclaration de promesses d’une passion éternelle. Ce n’est pas le désir de faire l’amour à tout instant du jour, ni rêver toute la nuit qu’il te fait des bisous partout. Non, ne rougis pas ! Je te dis la vérité. Ça, c’est “tomber amoureux”, et n’importe quel imbécile peut le faire. L’amour, c’est ce qu’il nous reste quand le feu de la folie amoureuse s’est éteint… C’est ce que nous éprouvions, ta mère et moi. Nous avions des racines qui poussaient en profondeur et se rapprochaient les unes des autres. Quand nos branches ont perdu leurs jolies fleurs, nous avons découvert que nous ne faisions plus qu’un seul arbre au lieu de deux.

Auteur: Bernières Louis de

Info: La Mandoline du capitaine Corelli

[ explication ] [ couple ] [ durabilité ]

 
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racines

Je parle avec Rafaniello, aujourd'hui nous avons le temps, je lui demande si son pays ne lui manque pas. Son pays n'existe plus, il n'y est resté ni vivants ni morts, on les a fait disparaître tous ensemble : "Je ne sens pas le manque, dit-il, mais la présence. Dans mes pensées ou quand je chante, quand je répare un soulier, je sens la présence de mon pays. Il vient souvent me trouver, maintenant qu'il n'a plus une place à lui. Dans le cri du marchand d'eau qui monte avec son charreton à Montedidio pour vendre de l'eau sulfureuse dans des pots de terre cuite, de sa voix aussi me parviennent quelques syllabes de mon pays." Il se tait un moment, ses petits clous dans la bouche et la tête penchée sur une semelle. Il voit que je suis resté à côté et il continue : "Quand tu es pris de nostalgie, ce n'est pas un manque, c'est une présence, c'est une visite, des personnes, des pays arrivent de loin et te tiennent un peu compagnie." Alors don Rafaniè, les fois où il me vient la pensée d'un manque, je dois l'appeler présence ? "C'est ça, et à chaque manque, tu souhaites la bienvenue, tu lui fais bon accueil." Alors quand vous vous serez envolé, je ne dois pas sentir votre manque, moi ? "Non, dit-il, quand il t'arrive de penser à moi, moi je suis présent." J'écris sur le rouleau les paroles de Rafaniello qui ont mis le manque sens dessus dessous et il est mieux comme ça maintenant. Lui, avec les pensées, il fait comme avec les chaussures, il les retourne sur sa caisse et les répare.

Auteur: Luca Erri De

Info: Montedidio

[ travail ]

 

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parlêtre

"L'inconscient est le discours de l'autre", ce n'est pas le discours de l'autre abstrait, de l'autre dans la diade, de mon correspondant, ni même simplement de mon esclave; c'est le discours de tout un certain circuit dans lequel je suis intégré, parce que je suis un des chaînons. C'est le discours qui est celui de mon père par exemple, en tant que mon père a fait des fautes que je suis absolument condamné à reproduire; je suis condamné à les reproduire parce qu'il faut que je reprenne ce discours qu'il m'a légué, non pas simplement parce que je suis son fils, mais parce qu'on n'arrête pas la chaîne du discours, et que je suis chargé de le transmettre dans toute sa forme aberrante et mal posée, à quelqu'un d'autre, c'est-à-dire à poser à quelqu'un d'autre le problème d'une situation vitale où il y a toutes les chances qu'il achoppe également, c'est-à-dire que ce discours fasse enfin cette sorte de petit circuit, où se trouve pris toute une famille, toute une coterie, voire tout un camp, toute une nation ou la moitié du globe, et qu'on appelle cette forme circulaire d'une certaine parole, précisément pour autant qu'elle est à la fois juste à cette limite de sens et de non-sens, qui fait que c'est une parole problématique, c'est-à-dire que quelque chose est posé qui est un problème, qui est la solution d'une question symboliquement posée.

Ce que nous trouvons dans le besoin de répétition, tel que nous le voyons surgir au-delà du principe de plaisir, c'est cela qui vacille au-delà de tous les mécanismes d'équilibration, d'harmonisation et d'accord, sur le plan biologique, c'est quelque chose qui est introduit par le registre du langage, la fonction du symbole, et la problématique de la question dans l'ordre humain.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Séminaire du 19 janvier 1955

[ structure ] [ logos ] [ racines culturelles ] [ indicible ]

 
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