Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 51
Temps de recherche: 0.0473s

entités

Une autre remarque s’impose encore, au sujet de l’emploi que nous faisons du mot "être" lui-même, qui, en toute rigueur, ne peut plus s’appliquer dans son sens propre quand il s’agit de certains états de non-manifestation dont nous aurons à parler, et qui sont au delà du degré de l’Être pur. Nous sommes cependant obligé, en raison de la constitution même du langage humain, de conserver ce terme même en pareil cas, à défaut d’un autre plus adéquat, mais en ne lui attribuant plus alors qu’une valeur purement analogique et symbolique, sans quoi il nous serait tout à fait impossible de parler d’une façon quelconque de ce dont il s’agit ; et c’est là un exemple très net de ces insuffisances d’expression auxquelles nous faisions allusion tout à l’heure. C’est ainsi que nous pourrons, comme nous l’avons déjà fait ailleurs, continuer à parler de l’être total comme étant en même temps manifesté dans certains de ses états et non manifesté dans d’autres états, sans que cela implique aucunement que, pour ces derniers, nous devions nous arrêter à la considération de ce qui correspond au degré qui est proprement celui de l’Être.

Auteur: Guénon René

Info: Les états multiples de l'être, avant-propos, p 3.

[ manifestations ] [ émergences ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

écrivains

[...] la religion gigantale est plus proche de la religion érasmienne, interprétée littéralement et sans curiosités exagérées, que de la religion réformée. Par son souci de la morale, nous l’avons vu. Par sa profonde humanité. Par son optimisme et sa répudiation de tout ascétisme, de toute violence faite à la nature. Et pour le détail, rappelons-nous : toutes les railleries, toutes les critiques, toutes les attaques de Rabelais contre les théologiens, les moines, les nonnes, les abus et les pratiques : elles sont dans Erasme, elles sont même d’Erasme, si elles sont également dans les écrits et dans les pensées des "Evangéliques" et des Réformés de ce temps. Le catéchisme des Géants ? Ses articles essentiels, Erasme les contresignerait avec autant d’empressement que les Evangéliques et les Réformés. Il les a, pourrait-on dire, contresignés d’avance... Et des deux critères à adopter pour savoir si une doctrine est ou non pleinement "réformée" : l’un, le recours à l’Evangile comme à la source unique de la religion, s’applique à la fois à Luther, à Erasme et à Rabelais ; l’autre, la justification par la foi, cet apport personnel de Luther qui passera de lui à Calvin, ne s’applique ni à Erasme ni à Rabelais.

Auteur: Febvre Lucien

Info: "Le problème de l'incroyance au 16e siècle", éditions Albin Michel, Paris, 1968, page 302

[ influence ] [ protestantisme ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par Coli Masson

bibliographie imaginaire

L’œuvre latine, beaucoup plus ample, aurait atteint des dimensions considérables si Eckhart avait eu le temps de la mener à bien, ou si elle nous était parvenue en entier. Selon le plan prévu, elle aurait compris trois grandes œuvres.

La première, Opus propositionum (œuvre des propositions) dont une grande parie semble avoir été rédigée, est presque entièrement perdue ; il reste la première proposition : l’être est Dieu. Il s’agissait, en une suite de quatorze traités totalisant plus de mille propositions, d’énoncer les thèses rectrices de sa pensée concernant quatorze notions fondamentales associées chaque fois à leurs opposées : de l’être et du néant, de l’un et du multiple, du vrai et du faux, du bon et du mal, etc.

La deuxième œuvre, intitulée Œuvre des questions, aurait traité, selon le plan de la Summa theologiae de saint Thomas d’Aquin, de la problématique théologique, c’est-à-dire de la façon dont les propositions établies précédemment s’appliquent à la théologie et permettent de répondre aux questions soulevées par quelques points de la doctrine catholique. Elle n’a peut-être jamais existé.

Enfin, la troisième œuvre, Opus expositionum, comportait d’une part des Expositiones, c’est-à-dire des commentaires sur différents livres de l’Écriture sainte, et d’autre part des sermons latins.

Auteur: Borella Jean

Info: Dans "Lumières de la théologie mystique", éditions L'Harmattan, Paris, 2015, page 124

[ christianisme ] [ triade ]

 
Commentaires: 5
Ajouté à la BD par Coli Masson

idéologie

La vérité, pour en revenir à notre point de départ, c’est qu’en politique il n’y a pas d’ordinaire de solution définitive ; c’est que les doctrines absolues ne peuvent s’appliquer dans toute leur intégrité au monde mobile des faits. La vérité, c’est que, pour opérer un changement durable dans les mœurs et dans l’esprit public, il faut plus de temps, plus d’efforts, plus de luttes que ne l’imaginaient nos pères ; c’est que la fondation d’un gouvernement libre est une œuvre singulièrement plus longue et plus compliquée qu’ils ne l’avaient rêvé. La vérité enfin, c’est que le libéralisme, non moins que l’ancien dogmatisme autoritaire, a eu lui aussi des prétentions démesurées ; c’est qu’il a eu trop de foi dans les formes et les formules, qu’il a montré trop de dédain pour les droits historiques et les institutions traditionnelles, qu’il a trop cru à la facilité d’édifier un gouvernement sur des notions abstraites, oubliant la fragilité des constructions élevées sur de pareilles bases ; c’est, en un mot, ainsi que nous le disions en commençant, qu’il a trop présumé de l’homme et de la raison et peut-être aussi de la liberté, qui en somme n’est qu’un moyen et non un but, car, si elle favorise le développement intellectuel et matériel des sociétés, elle ne saurait suppléer aux doctrines morales, les seules dont une civilisation se nourrisse et vive.

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: Les mécomptes du libéralisme, Revue des Deux Mondes, 3e période, tome 69, 1885

[ résultat imprévisible ] [ théorie-pratique ] [ écart ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

généralisation

Parce que les théories psychanalytiques sont un composé de matériel observé et d’abstraction tirée de ce matériel, elles ont été qualifiées de non-scientifiques. Elles sont à la fois trop théoriques (elles sont trop la représentation d’une observation) pour être recevables en tant qu’observation et trop concrètes pour avoir la flexibilité qui permet à une abstraction de venir coïncider avec une réalisation. Par conséquent, une théorie qui serait largement applicable si elle était énoncée en termes suffisamment généraux est susceptible d’être condamnée parce que sa concrétude même empêche de reconnaître la réalisation qu’elle pourrait représenter. A l’inverse, lorsqu’il se trouve une telle réalisation, la théorie qui s’y applique peut s’en trouver faussée dans sa signification. Les théories psychanalytiques présentent donc un double défaut : d’une part, la description des données empiriques est insatisfaisante parce qu’il est manifeste qu’elle constitue davantage ce que le langage courant appelle une "théorie" de ce qui s’est passé qu’une simple relation des faits ; d’autre part, cette théorie de ce qui s’est passé ne répond pas aux critères qui s’appliquent à une théorie, lorsque l’on veut désigner par ce terme les systèmes utilisés dans une investigation scientifique rigoureuse. Il est donc nécessaire dans un premier temps, de formuler une abstraction capable de représenter la réalisation que les théories existantes entendent décrire. Je me propose de rechercher un mode d’abstraction tel que l’énoncé théorique conserve le minimum de particularisation.

Auteur: Bion Wilfred Ruprecht

Info: Éléments de la psychanalyse

[ classification ] [ singularité ] [ indexation ] [ langage ] [ mathématiques ] [ limitation ]

 

Commentaires: 0

évolution sémantique

A l’époque du Nouveau Testament, c’est-à-dire aux environs du 1e siècle, le mot dogma présente, dans la langue grecque de la révélation, deux sens principaux : le sens juridique de décret (Luc, II, 1) qui a tendance à s’effacer, et le sens d’opinion, le plus fréquent [...]. [...]

La première attestation de dogma au sens de décret conciliaire, mais sans spécification doctrinale explicite, se rencontre dans les Actes des Apôtres (XVI, 4) pour désigner les décisions du Concile de Jérusalem [...]. [...] Chez Clément d’Alexandrie et chez Origène, le terme désigne l’ensemble de l’enseignement chrétien. Au IVe siècle et surtout au Ve, le sens se spécialise et commence à s’appliquer aux "seules vérités qui sont l’objet de la foi, et qui sont nettement distinguées des lois ou obligations enseignées par la révélation chrétienne". [...] Il faut cependant conclure que "c’est au XVIIIe siècle seulement que les documents ecclésiastiques emploient le mot dans son sens moderne strict ; encore parlent-ils des dogmes ou de tel dogme, non du dogme, comme on le fait depuis le XIXe siècle" [Yves Congar, La foi et la théologie, page 55]. Ainsi, et bien qu’on ne puisse mettre en doute l’importance et l’aprêté des discussions terminologiques au cours des premiers siècles, on doit constater que l’accentuation du caractère limitatif et contraignant des définitions précisément dites "dogmatiques" est chose fort tardive dans l’histoire du christianisme occidental.

Auteur: Borella Jean

Info: "Esotérisme guénonien et mystère chrétien", éditions l’Age d’Homme, Lausanne, 1997, pages 106-107

[ historique ] [ signification ] [ étymologie ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivains

- Vous vous appuyez sur Kundera pour dénoncer un autre aveuglement de l’époque, qui croit voir en chaque écrivain un "prophète" des temps futurs. Péguy prophète du règne de l’argent, Bernanos de celui de la technique, etc. C’est un travers que l’on peut retrouver dans PHILITT. Pouvez-vous nous expliquer le raisonnement de Kundera ?  

- Kundera dit ça à propos de Kafka. Il essaye d’expliquer pourquoi il ne faut pas voir en Kafka le prophète du totalitarisme. Même si l’univers de Kafka fait penser à la Tchécoslovaquie des décennies suivantes. Pour Kundera, l’art du romancier consiste à identifier des possibilités de l’existence. Ces possibilités sont inhérentes à la vie quotidienne, relationnelle, individuelle de n’importe qui et sont détachées de la question de l’Histoire. On peut les insérer ou les relier à l’Histoire mais elles ont leur autonomie. Elles sont pour l’écrivain des questions éternelles. Quand Kafka découvre un certain type d’angoisse existentielle, il découvre, selon Kundera, quelque chose qui a toujours existé mais qui n’était pas encore formulé. Le génie de Kafka consiste dans cette découverte. C’est vrai que le totalitarisme, dans sa réalisation historique, active avec une particulière netteté ce domaine de l’existence qu’a découvert Kafka. Mais si cette réalisation totalitaire n’avait pas existé, cela ne changerait rien à la découverte de Kafka qui s’inscrit dans un univers plus autonome et profond. Je ne sais pas si le raisonnement Kundera s’applique à toute la littérature, mais il montre une direction qui permet de nuancer une tendance à laquelle beaucoup cèdent aujourd’hui. C’est tellement facile de voir la littérature comme ça.

Auteur: Vitry Alexandre de

Info: Interview sur PHILITT. par Matthieu Giroux, 11 octobre 2018

[ européens ] [ secondéités ] [ médium ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

homme hypermoderne

Le nouveau Narcisse est hanté, non par la culpabilité mais par l’anxiété. Il ne cherche pas à imposer ses propres certitudes aux autres, il cherche un sens à la vie. Libéré des superstitions du passé, il en arrive à douter de la réalité de sa propre existence. Superficiellement détendu et tolérant, il montre peu de goût pour les dogmes de pureté raciale ou ethnique, mais il se trouve également privé de la sécurité que donne la loyauté du groupe et se sent en compétition avec tout le monde pour l’obtention des faveurs que dispense l’État paternaliste. Sur le plan de la sexualité, il a une attitude ouverte plutôt que puritaine, bien que son émancipation des anciens tabous ne lui apporte pas la paix pour autant dans ce domaine. Il se montre ardemment compétitif quand il réclame approbation et acclamation, mais il se défie de la compétition car il l’associe inconsciemment à une impulsion irrépressible de destruction. Il répudie donc les idéologies fondées sur la rivalité, en honneur à un stade antérieur du capitaliste, et s’en méfie même lorsqu’elles se manifestent de façon limitée dans les sports et les jeux. Il prône la coopération et le travail en équipe tout en nourrissant des impulsions profondément antisociales. Il exalte le respect des règlements, secrètement convaincu qu’ils ne s’appliquent pas à lui. Avide, dans la mesure où ses appétits sont sans limites, il n’accumule pas les biens et la richesse à la manière de l’individu âpre au gain de l’économie politique du XIXe siècle, mais il exige une gratification immédiate, et vit dans un état de désir inquiet et perpétuellement inassouvi.

Auteur: Lasch Christopher

Info: Dans "La culture du narcissisme", trad. Michel L. Landa, éd. Flammarion, Paris, 2018, pages 13-14

[ description psychologique ] [ contradictions ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

psycho-sociologie

Pour devenir un être civilisé, l’individu intériorise de nombreuses contraintes sous l’effet de l’éducation, des règles morales, de l’exclusion possible du groupe, des lois et des sanctions. Le problème, c’est que ces contraintes intérieures peuvent mettre tellement la pression sur l’individu qu’elles dégénèrent. Angoisses, mélancolie, fatigue, hystérie, manies, dépressions, troubles de la personnalité, TOC… : tels sont les maux de l’esprit qui se contraint trop. D’un côté, cela permet des sociétés moins violentes, pacifiées en apparence, puisque les individus s’autocontrôlent ; la mauvaise nouvelle, c’est que la pression intérieure peut prendre des proportions invivables. Être civilisé, cela se paie en termes de souffrances psychiques. Et plus on se civilise, plus ces souffrances deviennent incontrôlables et dévastatrices. Le docteur Jekyll et son mister Hyde sont un archétype des effets de la société victorienne sur le moi d’un individu parfaitement civilisé. En tant que docteur, Jekyll fait partie de la bonne société et toute son éducation l’a conduit à réprimer son animalité ; sauf que celle-ci refait surface sous la forme d’une bête immonde qui finit par prendre possession de lui. C’est ce qu’on appelle la dé-civilisation subjective. Et les élites sont les premières touchées, puisqu’elles sont les plus éduquées. D’ailleurs, on ne peut pas comprendre leur mépris envers les couches inférieures de la société si on ne prend pas la mesure des efforts psychiques considérables auxquels elles doivent consentir pour apprendre ne serait-ce que es bonnes manières. Ce qui n’est pas le cas des “rustres”. D’où une haine d’autant plus féroce qu’elle se double d’une jalousie et d’une nostalgie. Le colonisateur qui, au nom de la civilisation, s’acharne sur les populations indigènes ne fait qu’appliquer aux autres ce qu’il s’applique psychiquement à lui-même.

Auteur: Bouillier Grégoire

Info: Le coeur ne cède pas

[ surmoi ] [ nantis déshumanisés ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

ratio

La raison pure est une abstraction, légitime seulement dans la mesure où l’on est tenu de la considérer en elle-même, à son titre d’instance cognitive (par exemple dans certains débats logico-philosophiques), et non dans son fonctionnement réel. De ce dernier point de vue, qui est celui qu’impose l’existence de philosophies historiquement considérées, la raison naturelle est aussi bien une raison culturelle, c’est-à-dire que les œuvres dont on lui attribue la paternité sont le produit, rationnellement élaboré, d’une culture déterminée. Dans son essence, la raison est toujours la même, et si l’on dégage les règles formelles de son fonctionnement – ce qu’on appelle la logique – on constate qu’elles sont partout identiques. Mais la raison n’est pure et identique à elle-même dans son intemporelle universalité qu’en tant qu’elle ne s’applique à rien et ne sert à rien. Dès qu’elle entre en contact avec les matières qu’elle traite, elle doit composer avec elles et se soumettre à leurs déterminations naturelles. En outre, en accomplissant sa tâche au sein d'une certaine culture, elle en reçoit des suggestions, des précompréhensions intuitives, des inspirations instinctives qui confèrent à la raison en exercice une forme particulière et définissent un régime spécifique de rationalité. C’est pourquoi il y a aussi une histoire de la raison, spécialement en Occident. 

S’agissant de cette histoire, nous nous risquerions volontiers à distinguer, très approximativement, quatre régimes différents de rationalité. On aurait ainsi : 1 – le régime platonicien d’une raison intellective hiérarchiquement ordonnée au divin ; 2- le régime aristotélico-thomiste d’une raison logique soumise à la révélation, mais encore pénétrée d’intellectivité ; 3 – le régime kantien d’une raison scientifico-critique horizontalement contreposée aux croyances religieuses ; 4 – le régime cybernétique ou combinatoire d’une raison déconstruite et décentrée, livrée au pouvoir de ses déterminations économiques, sociales ou ethnologiques.

Auteur: Borella Jean

Info: Dans "Lumières de la théologie mystique", éditions L'Harmattan, Paris, 2015, pages 60-61

[ historique ]

 
Commentaires: 5
Ajouté à la BD par Coli Masson