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chialer

Voici par exemple cette femme qui vient me consulter et qui avec son flot de larmes ne fait qu’embrouiller la situation. Voilà qui est terriblement négatif et fou, parce qu’elle m’ennuie à mourir, et je commence à lire mon journal. Cela, je l’ai vraiment fait. Une femme avait littéralement inondé mon bureau, elle avait apporté six mouchoirs, et je lui ai dit : "Ah, vous apportez ces parapluies psychiques pour vous mettre à l’abri du flot." Et elle pleura sans s’arrêter pendant presque une heure. Et pendant qu’elle pleurait à chaudes larmes pendant trois longs quarts d’heure, je lisais mon journal et fumais un cigare, mais une éclaircie survint, on put parler pendant un petit quart d’heure – et puis ça a repris de plus belle. Une autre patiente peut aussi d’entrée de jeu sortir de sa manche une grande scène dramatique, et j’ignore complètement de quoi elle parle : elle est seulement folle, totalement identifiée à ses émotions. Donc, c’est un grand pas en avant quand les gens peuvent enfin dire : "Je suis dans tel et tel état, pardonnez-moi, sapristi." Voilà qui est humain, voilà le premier cercle magique contre les forces de destruction les plus absolues, ou contre manipura.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "Analyse des visions", conférence du 30 novembre 1932

[ témoignage ] [ psychanalyste ] [ mépris ] [ possession ] [ envahissement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

envie du pénal

[...] la victime di[t] qu’elle "se bat", qu’elle "va se battre". Contre quoi et qui, puisque tout le monde est d’accord avec elle, que les médias lui tendent leurs micros, que le gouvernement est prêt dans la demi-heure à inventer une nouvelle loi particulière adaptée à son cas, et que les juges rendront leur verdict sous sa dictée ? 

La victime est une figure post-historique dans la mesure où son "combat" est intransitivé, autonomisé, et disproportionné de toute façon par rapport au responsable, au méchant, au coupable contre lequel elle "se bat" et qui ne fera jamais le poids face à son malheur célibataire, qui ne le comblera jamais assez (d’où aussi le sentiment de "frustration" rituellement exprimé par la victime lorsqu’elle juge, au sortir d’un procès, que le jugement n’est pas assez sévère, et il ne l’est jamais). L’activisme de la victime, par définition, ne peut plus s’arrêter parce que rien ne serait suffisant pour le rassasier (il en va de même de la rébellion du rebelle, de l’iconoclastie de l’iconoclaste, de la colère des catégories de population en colère, de la dérangeance des artistes dérangeants et de tant d’autres foutaises modernitaires). Après la libération, pour résumer, plus personne ne supporte la liberté.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, page 1511

[ mise en scène ] [ culpabilité ] [ dédouanement politique ] [ expression ] [ prêt-à-penser ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

adversité

Il y en a beaucoup qui, au premier échec, se découragent et s’arrêtent. Cependant, l’homme ne peut pas toujours prendre le chemin qu’il désire (Jr 10, 23). Il appartient seulement à Dieu d’accorder l’aide de sa grâce quand il veut, autant qu’l veut, à qui il veut et comme il veut.

Des imprudents se sont perdus en voulant faire plus qu’ils ne pouvaient, ne mesurant pas leur faiblesse, mais répondant à leur impulsion plutôt qu’à l’appel de la raison. Et parce qu’ils ont entrepris, dans leur présomption, plus qu’il ne plaisait à Dieu, ils ont aussitôt perdu son soutien.

Les voilà tout à coup pauvres et délaissés, eux qui avaient bâti leur demeure au ciel ! C’était pour apprendre, dans l’humiliation et le dénuement, à ne plus voler de leurs propres ailes, mais à se réfugier sous les miennes.

Ceux qui sont encore débutants et sans expérience dans la "voie de Dieu", s’ils ne règlent pas leur conduite selon les conseils de personnes prudentes, peuvent aisément se tromper et se briser sur le premier obstacle.

S’ils persistent à suivre leur propre sentiment plutôt qu’à se fier à l’expérience des autres, s’ils s’obstinent dans leur propre opinion, malheur à eux !

Auteur: Hemerken Thomas a Kempis

Info: Dans "L'imitation du christ", traduction du latin de Dominique Ravinaud SSP revue et mise à jour par Marcel Driot osb, Médiaspaul éditions, Paris, 2012, pages 126-127

[ leçon ] [ humilité ] [ juste mesure ] [ permission divine ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

volupté

J’avais de la chance. Elle connaissait les différentes choses qui conservent le désir d’un homme, enfin pas intégralement, ce n’est pas possible, mais disons qui le maintiennent à un niveau suffisant pour faire l’amour de temps en temps en attendant que tout se termine. Connaître ces choses, à vrai dire, n’est rien, c’est tellement facile, tellement dérisoire et facile ; mais elle aimait les faire, elle y prenait plaisir, elle se réjouissait de voir le désir monter dans mon regard. Souvent, au restaurant, en revenant des toilettes, elle posait sur la table sa culotte qu’elle venait d’enlever. Elle aimait, alors, glisser une main entre mes jambes pour profiter de mon érection. Parfois, elle défaisait ma braguette et me branlait aussitôt, à l’abri de la nappe. Le matin aussi, quand elle me réveillait par une fellation et me tendait une tasse de café avant de me reprendre dans sa bouche, je ressentais des élans vertigineux de reconnaissance et de douceur. Elle savait s’arrêter juste avant que je jouisse, elle aurait pu me maintenir à la limite pendant des heures. Je vivais à l’intérieur d’un jeu, un jeu excitant et tendre, le seul jeu qui reste aux adultes ; je traversais un univers de désirs légers et de moments illimités de plaisir.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Plateforme

[ femme-homme ] [ complicité sexuelle ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

esquive

et que ce soit à
l’usine ou dans
la débine
je n’ai jamais pu éviter
les rejetés. ils me sont tombés
droit dessus et se sont attachés
à moi. et ils
le font encore.
tenez, dans le voisinage
il y en a encore un
qui vient de me mettre le grappin.
il pousse devant lui
un caddy
rempli d’un monceau de saloperies :
cannes brisées, lacets de chaussures,
emballages de pommes chips,
cartons de lait, journaux, porte-plumes…
"hé, buddy, comment keukchava ?"
je m’arrête et on cause
un moment.
puis je lui dis au revoir
mais une fois de plus
il me cavale après
et nous marchons dépassant
bars
et hôtels de rendez-vous…
"tiens-moi informé,
buddy, tiens-moi informé,
je veux savoir ce qui
se prépare."
c’est mon tout dernier.
je ne l’avais jamais vu
parler à qui que ce soit
avant.
le caddy cliquette
un peu
derrière moi
puis quelque chose
en tombe.
il s’arrête pour
le ramasser.
et tandis qu’il se penche je
fonce vers
l’entrée de
cet hôtel vert au
coin de la rue
traverse le hall
à toute vitesse et
en ressors par l’escalier
de service et
je tombe sur un chat
en train de chier
avec un bonheur absolu,
et il me grimace
un sourire.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "L'amour est un chien de l'enfer", pageses 159-161, "le fou m'a toujours aimé"

[ mec collant ] [ marginal ] [ clodo ] [ clochard ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

Dieu

Ce qui se meut toujours est éternel ; en revanche, ce qui donne le mouvement à autre chose en étant soi-même mis en mouvement de l’extérieur doit nécessairement cesser de vivre lorsque cesse son propre mouvement. Il en résulte que seul ce qui se meut soi-même ne cesse jamais de se mouvoir, parce qu’il ne se fait jamais défaut à lui-même. Bien plus : à l’égard de tout ce qui est mû, il est source, il est le principe de ce mouvement. Or un principe n’a pas d’origine : toutes choses en effet proviennent d’un principe ; mais le principe lui-même ne peut naître de nulle autre chose, car s’il naissait d’autre chose, ce ne serait pas un principe. N’ayant jamais pris naissance, il ne connaîtra jamais la mort non plus, car un principe détruit ne renaîtra jamais lui-même d’un autre, pas plus qu’il n’en fera sortir un autre de lui-même, tant il est nécessaire que toutes choses dérivent d’un principe. On doit conclure de cela que le principe du mouvement tient à l’être qui se meut soi-même, et que cet être ne peut ni naître ni mourir, ou alors, nécessairement, le ciel entier s’écroulerait et toute la nature s’arrêterait sans pouvoir jamais retrouver une force sous l’impulsion de laquelle reprendre son premier mouvement.

Auteur: Cicéron

Info: "Le Songe de Scipion", trad. Jean-Louis Poirier, Les Belles Lettres, 2023, pages 90-91

[ premier moteur ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

structure incorporée du langage

Qu’est-ce que le désir du névrosé ?

Comme nous l’indique tout le développement de l’œuvre de Freud, il est entièrement suspendu à la bonne fois du signifiant. Le sujet s’attache à cette garantie mythique pour pouvoir vivre autrement que dans le vertige. D’autre part, chacun sait qu’il y a un rapport étroit, historique, entre l’anatomie que le freudisme fait de ce désir, et les caractéristiques de l’époque que nous vivons, et dont nous ne pouvons pas savoir à quelle forme humaine, vaguement vaticinée par des prophètes de divers acabits, elle aboutira, ou sur laquelle elle achoppera.

[...] le désir du névrosé, dirai-je, est ce qui naît quand il n’y a pas de Dieu. [...]

Je dis que cette suspension du Garant suprême est ce que cache en lui le névrosé, et que c’est à ce niveau que se situe, s’arrête et se suspend le désir du névrosé. 

[...] le névrosé est toujours occupé à faire ses bagages, ou son examen de conscience – c’est la même chose – ou à organiser son labyrinthe – c’est la même chose. Il rassemble ses bagages, il en oublie ou il les met à la consigne, mais ce sont toujours des bagages pour un voyage qu’il ne fait jamais.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre VI : Le désir et son interprétation", éditions de La Martinière et Le Champ Freudien éditeur, 2013, pages 541-542

[ description ] [ défini ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

effondrement psychique

On est tous à la merci de cette stupeur qui vous prend à la gorge et vous étouffe littéralement. On est tous alors semblables à Swann, à moitié fou après sa séparation d’avec Odette, et qui fuyait comme la peste tous les mots susceptibles d’évoquer, même indirectement, son existence. C’est pourquoi chacun reste cramponné à ses échafaudages sémiotiques; pour pouvoir continuer à marcher dans la rue, se lever, faire ce qu’on attend de lui. Sinon tout s’arrête, on a envie de se jeter la tête contre les murs. C’est pas évident d’avoir le goût de vivre, de s’engager, de s’oublier. Il y a une puissance extraordinaire de l’ " à quoi bon ! *  C’est bien plus fort que Louis XV et son " après moi le déluge "! Est-ce que ça vaut le coup de continuer tout ça, de reprendre le legs des générations antérieures, de faire tourner la machine, d’avoir des gosses, de faire de la science, de la littérature, de l’art? Pourquoi pas crever, laisser tout en plan? C’est une question ! C’est toujours à la limite de s’effondrer… La réponse, bien sûr, est à la fois personnelle et collective. On ne peut tenir dans la vie, que sur la vitesse acquise. La subjectivité a besoin de mouvements, de vecteurs porteurs, de rythmes.

Auteur: Guattari Félix

Info: Ecrits pour l'Anti-Oedipe

[ désespoir ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

spectre

Sans doute, avec les progrès de la science, avait-on remis les fantômes à leur véritable place. Ce n’était plus, comme on le croyait jadis, des êtres malfaisants, extra-terrestres et mystérieux, mais de simples émanations de personnes vivantes, faisant partie de leur personnalité et, par conséquent, infiniment inférieures à elles.

Quelques observations habilement faites, dès le début, avaient prouvé qu’en ces matières les animaux, doués avant tout d’instinct, se montraient plus clairvoyants que les hommes intelligents, et que ces manifestations de dédoublement très simples, leur étaient plus facilement sensibles qu’à leurs maîtres.

On citait même l’anecdote de cette dame clairvoyante qui, se promenant dans la campagne avec une amie qui n’était point douée de seconde vue, avait déclaré qu’elle voyait un fantôme de chien marcher devant elles. On avait mis sa parole en doute, jusqu’au moment où, passant devant une ferme, on avait vu un chat sortir d’une grange, se disposer à traverser la route libre et s’arrêter brusquement au moment où il avait rencontré le fantôme du chien qui venait en travers de son chemin. Brusquement, il s’était hérissé, avait sorti ses griffes, soufflé bruyamment, et, affolé, était retourné à toute vitesse vers la grange d’où il sortait.

Ainsi donc, les animaux, mieux que les hommes, discernaient parfaitement les émanations fantomnales éparses dans l’univers.

Auteur: Pawlowski Gaston de

Info: Voyage au pays de la quatrième dimension, Flatland éditeur, 2023, page 189

[ invisible ] [ véritable nature ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

hiver

le vent est si violent qu’il arrache les toits
il fait tomber les tours
les gens se défendent du froid comme ils peuvent
avec des peaux de bêtes et des braies mal cousues
on ne voit plus que leur visage
leurs cheveux tintent quand ils les secouent
c’est le bruit des glaçons
et leur barbe blanchie de gel scintille
même purs les vins sont durs comme la pierre
ils gardent la forme du pot
les gens ne les boivent pas
ils sucent des morceaux passés de main en main
et les ruisseaux s’arrêtent
contractés par le gel
c’est à la hache qu’on puise l’eau des lacs
le Danube lui-même
large comme le Nil
et qui mange la mer de ses sept embouchures
le Danube lui-même voit durcir ses eaux bleues
elles glissent à la mer par des chemins secrets
on peut passer à pied où voguaient les bateaux
les sabots des chevaux cognent les eaux gelées
et par ces ponts nouveaux les chariots sarmates
attelés à des bœufs avancent pesamment
je sais qu’on ne me croira pas
pourtant je suis témoin de ces prodiges
j’ai vu l’immense mer arrêtée sous la glace
j’ai vu les eaux figées sous sa croûte glissante
on marche sur les flots sans se mouiller les pieds
les dauphins pris dessous se meurtrissent le dos
aucun remous

Auteur: Ovide Publius Ovidius Naso

Info: Tristes Pontiques

[ grand froid ]

 

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Ajouté à la BD par miguel