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depuis l'au-delà

Depuis quand, je n'en ai pas la moindre idée. Depuis hier ou avant-hier ? Depuis plus de vingt ans ou, pourquoi-pas, plus d'un siècle ? Tout est possible. Tout est plausible. La seule chose dont je suis à peu près sûr, c'est qu'on m'a assassiné.
Qui a bien pu ? L'ombre d'un inconnu sans visage ? Pas la plus petite réminiscence. J'ignore aussi de quelle façon. A l'aide d'une arme à feu ou d'une arme blanche ? Aurais-je été exécuté ? Je ne saurais non plus l'affirmer.
J'ai encore un corps, voilà ce que je trouve bizarre. Il semble être le même, alors qu'il devrait pourrir au fond de quelque tombeau. Je ne sais pas non plus où on m'a enterré. Dommage, j'aurai aimé me porter des fleurs au cimetière, et puis voir en quelle année je suis mort. Un souhait des plus vains.

Auteur: Depland Daniel

Info: En voie de disparition, Denoel 2009

[ incipit ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

exil

Et ce n'était pas la bouche mais la main de Capolino qui me faisait comprendre combien était encore incalculable le nombre de roseaux refusant de vouloir ressentir ce que ressentaient ces tunnels percés sous la frontière sonore, par où transitaient les serpentants souffles de voix pressées de m'avertir que je ne devais pas me réjouir trop vite en croyant pouvoir partir avec l'aveuglante impatience d'un solitaire déraciné volontaire, vers là-bas où je ne saurais jamais survivre sans accepter de souffrir la constante éventualité d'une absence et sans être forcé de jouir constamment d'une hallucinante et incertaine présence de la fabuleuse machine vivante dont je voyais se reformer et se déformer le visage chaque fois que je me perdais dans la contemplation de l'anse d'un ruisseau à la surface duquel le plongeon d'une autre grenouille dessinait à chaque fois un autre clin d'oeil.

Auteur: Lovay Jean-Marc

Info: In "Tout là-bas avec Capolino", éd. Zoé, p. 14-15

[ anticipation ] [ surréaliste ] [ nature ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

écriture

Cher Jean,

Non, le texte n’est toujours pas prêt. Que j’y travaille ou seulement y réfléchisse le travail est également lent.

Passer du “je” et du récit, au “cela” et aux autres (les aliénés) est une profonde métamorphose. Le têtard se défend avec des armes secrètes et n’a pas encore tout à fait succombé, quoique la grenouille lui vienne déjà de toutes parts.

Mais ce qui est proprement la “trouvaille” n’a plus guère de variations à subir.

Si je connaissais mieux la biologie des idées, je saurais dire le temps nécessaire pour le développement de celle-ci. Deux mois apparemment, peut-être trois encore.

J’espère qu’il en faudra moins à ton cœur pour revenir guéri. Bonnes vacances,

Henri

Mais tu ne regretteras pas ta patience. C’est toute la psychiatrie redigérée que tu recevras7.

Auteur: Michaux Henri

Info: Lettre à Jean Paulhan du 15 juillet 1959, à propos de son travail en vue de l'édition de "Connaissance par les gouffres" après ses expérimentations avec les drogues psychotropes comme la mescaline, le LSD et la psilocybine

[ création ] [ épistole ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pensée-de-femme

Et je ne saurais pas dire ce qu'ils voient lorsqu'ils me voient, ces hommes, je le cherche dans le miroir tous les jours sans le trouver, et ce qu'ils voient n'est pas moi, ce ne peut pas être moi, ce ne peut être qu'une autre, une vague forme changeante qui prend la couleur des murs, et je ne sais pas davantage si je suis belle ni à quel degré, si je suis encore jeune ou déjà trop vieille, on me voit sans doute comme on voit une femme, au sens fort, avec des seins présents, des courbes et un talent pour baisser les yeux, mais une femme n'est jamais une femme que comparée à une autre, une femme parmi d'autres, c'est donc toute une armée de femmes qu'ils baisent lorsqu'ils me baisent, c'est dans cet étalage de femmes que je me perds, que je trouve ma place de femme perdue.

Auteur: Arcan Nelly

Info: Putain

[ prostituée ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déclic

Si j'essaye d'expliquer mon inquiétude, je peux dire qu'elle repose sur la peur d'attendre tellement longtemps que je ne saurais plus ce que j'attends. Tu vois ce que je veux dire ? Tu te dis qu'à force, tu oublieras même que tu attends. Exemple tu te lèves, tu pars bosser, tu rentres, tu te mets devant la télé. Ou t'allumes la radio. Tout d'un coup, tu baisses le son : attends, t'as le sentiment d'avoir oublié quelque chose. Tu te poses des questions, ça t'intrigue, c'est quoi ce truc? Puis tu laisses tomber. Tu remets le son. Tu te dis que ça doit être un truc au boulot - un truc trivial. Pas important. Bon laisse tomber. Mais ce moment en vérité - voilà ce qui me fait flipper si j'y pense sérieusement-, correspond à l'instant précis où tu oublies que tu attends quelque chose. Et alors sans t'en rendre compte tu perds espoir.

Auteur: McIntosh Matthew

Info: Well

[ déprime ] [ littérature ] [ introspection ] [ amorce ] [ perdu ] [ toska ]

 
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dernières paroles

...depuis que je suis arrivé au point le plus haut que pour ma part je ne saurais dépasser, je garde ma lumière et mon trésor, convaincu que personne n'y gagnerait, et que moi-même je m'en trouverais mal, et en serais même irrémédiablement blessé, si je le perdais. Ils sont extrêmement précieux, pas seulement pour moi, mais surtout pour l'obscurité du créateur, qui a besoin de l'homme pour éclairer sa création. Si Dieu avait prévu le monde qu'il a créé, celui-ci serait une simple machine insensée et l'existence de l'homme un caprice inutile. Mon intellect peut envisager une telle possibilité, mais tout mon être dit "Non".
(Extrait d'une lettre envoyée à M. Serrano 7 mois avant son décès. Il passa de vie à trépas en s'endormant. Presque arrivé à la fin, il eut ce rêve qu'il raconta à Ruth Bailey) : "Je vois un énorme bloc de pierre rond placé sur un socle élevé, et au pied de la pierre sont gravés ces mots: "Et ceci sera pour toi un signe de totalité et d'unité"."

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: préparé à une mort qu'il acceptait comme étant une dernière confrontation avec l'inconscient

[ sens-de-la-vie ]

 

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nocturne

Dans la cabine il fait de plus en plus chaud. Je dors en tenue d'Adam. Ce frêle navire qui nous garde et nous transporte sur ces abîmes incommensurables n'arrête pas de tanguer et de rouler, par toutes les fenêtres et les portes souffle un vent d'une grande douceur, dans un coin bourdonne le ventilateur - et on a pourtant l'impression d'être aux bains russes...

Parfois, je me représente moi-même en train de dormir, étendu dans cette cabine, sans défense, dénué de pensée et de conscience, perdu dans l'océan. Comme c'est merveilleux et terrifiant, comme c'est bon ! Je dors, nous dormons tous, exceptés ces deux ou trois individus privés de sommeil, silencieux, immobiles, qui sont de quart et veillent sur nous là-bas, là-haut ; nous dormons, et la nuit, éternelle, immuable, est la même qu'il y a des milliers d'années ! La nuit, d'une beauté indicible, et je ne saurais dire pourquoi - essentielle - brille au-dessus de l'océan et conduit ses astres qui lancent des feux de pierres précieuses, tandis que le vent, véritable respiration divine de ce monde merveilleux et incompréhensible, entre par les fenêtres et les portes, entre dans nos âmes ouvertes avec confiance à cette nuit, et à toute la pureté céleste de ce souffle.

Auteur: Bounine Ivan Alex

Info: Coup de soleil et autres nouvelles

[ maritime ] [ songe ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

sociologie

La foule, c'est le mensonge. Et je me prendrais à pleurer, en tout cas à soupirer après l'éternité en songeant à la misère de notre temps, même si on le compare simplement à l'immense détresse de l'antiquité, quand je vois la presse quotidienne et anonyme accroître cette démence grâce au "public", l'abstraction proprement dite, qui se prétend le tribunal de "la vérité" ; car les assemblées qui émettent cette prétention ne se rencontrent certes pas ; quand je vois qu'un anonyme peut faire dire par la presse jour après jour (et même en matière intellectuelle, éthique et religieuse) tout ce qu'il veut des choses dont il n'aurait peut-être nullement le courage de faire, personnellement, la moindre mention en tant qu'Individu ; quand je vois que, chaque fois qu'il ouvre — je ne saurais dire sa bouche, mais sa gueule, en s'adressant en une seule fois, mille fois à mille personnes, il peut avoir dix mille fois dix mille personnes pour répéter ce qu'il a dit — sans que nul n'ait de responsabilité ; je soupire quand je vois qu'à la différence de l'Antiquité où elle ignorait relativement le repentir, la foule est cet être tout-puissant, mais absolument dénué de repentir, qu'on appelle : personne ; qu'on a un être anonyme pour auteur, qu'un résidu anonyme constitue le public, parfois même composé d'abonnés anonymes, c'est-à-dire de personne.

Auteur: Kierkegaard Søren Aabye

Info: Lignes, remaniées et bcp augmentées, écrites pour accompagner la dédicace "À l'Individu" in : Discours édifiants à divers points de vue, Cop., printemps 1847. (Cf. OC XIII 8 ; jusqu'alors, Kierkegaard dédiait ses discours religieux à la mémoire de son père.)

[ bêtise collective ] [ stupidité communautaire ] [ auto-allumage ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

transcendance

[...] nous ne pouvons pas exprimer ce que nous voulons exprimer et tout ce que nous disons du miraculeux absolu demeure non-sens. [...]

Nous n’avons pas encore réussi à trouver l’analyse logique correcte de ce que nous désignons en esprit par nos expressions éthiques et religieuses. [...]

Ce qui revient à dire ceci : je vois maintenant que si ces expressions n’avaient pas de sens, ce n’est pas parce que les expressions que j’avais trouvées n’étaient pas correctes, mais parce que leur essence même était de n’avoir pas de sens. En effet, tout ce à quoi je voulais arriver avec elles, c’était d’aller au-delà du monde, c’est-à-dire au-delà du langage signifiant. Tout ce à quoi je tendais – et, je crois, ce à quoi tendent tous les hommes qui ont une fois essayé d’écrire ou de parler sur l’éthique ou la religion – c’était d’affronter les bornes du langage. C’est parfaitement, absolument sans espoir de donner ainsi du front contre les murs de notre cage. Dans la mesure où l'éthique naît du désir de dire quelque chose de la signification ultime de la vie, du bien absolu, de ce qui a une valeur absolue, l'éthique ne peut pas être science. Ce qu'elle dit n'ajoute rien à notre savoir, en aucun sens. Mais elle nous documente sur une tendance qui existe dans l’esprit de l’homme, tendance que je ne puis que respecter profondément quant à moi, et que je ne saurais sur ma vie tourner en dérision.

Auteur: Wittgenstein Ludwig

Info: "Leçons et conversations", texte établi par Cyril Barrett d’après les notes prises par Yorick Smythies, Rush Rhees et James Taylor, traduit de l'anglais par Jacques Fauve, éditions Gallimard, 1992, page 155

[ infranchissable ] [ saut catégoriel ] [ signe ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-hommes

La polygamie paraît générale chez eux [...]. Comme leur seule passion est l'amour, le grand nombre des femmes est le seul luxe des riches. [...] Ce n'est pas l'usage à Tahiti que les hommes, uniquement occupés de la pêche et de la guerre, laissent au sexe le plus faible les travaux pénibles du ménage et de la culture. Ici une douce oisiveté est le partage des femmes, et le soin de plaire leur plus sérieuse occupation. Je ne saurais assurer si le mariage est un engagement civil ou consacré par la religion, s'il est indissoluble ou sujet au divorce. Quoi qu'il en soit, les femmes doivent à leurs maris une soumission entière : elles laveraient dans leur sang une infidélité commise sans l'aveu de l'époux. Son consentement, il est vrai, n'est pas difficile à obtenir, et la jalousie est ici un sentiment si étranger que le mari est ordinairement le premier à presser sa femme de se livrer. Une fille n'éprouve à cet égard aucune gêne ; tout l'invite à suivre le penchant de son coeur ou la loi de ses sens, et les applaudissements publics honorent sa défaite. Il ne semble pas que le grand nombre d'amants passagers qu'elle peut avoir eu l'empêche de trouver ensuite un mari. Pourquoi donc résisterait-elle à l'influence du climat, à la séduction de l'exemple ? L'air qu'on respire, les chants, la danse presque toujours accompagnée de postures lascives, tout rappelle à chaque instant les douceurs de l'amour, tout crie de s'y livrer.

Auteur: Bougainville Louis-Antoine de

Info: Voyage autour du monde

[ Polynésie ] [ historique ] [ sexualité libre ]

 

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