Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 1145
Temps de recherche: 0.0509s

sevrage

Les premiers jours de manque ont été un cauchemar.
J’ai connu la douleur mentale et la souffrance physique en simultané, dans un mélange subtil, et c’était si violent que j’étais devenu incapable de discerner l’une et l’autre. Des crampes dans tout le corps, l’impression d’être sur le point de chier mes intestins, de vomir mon foie et l’ensemble de mon appareil digestif. Des suées qui alternaient entre la congélation de mon épiderme et des bouffées de chaleur dignes des climats tropicaux. Des maux de têtes intenables, avec l’impression d’avoir la boite crânienne prise dans un étau. Les mâchoires douloureuses, la bouche noyée de salive, les yeux portés à incandescence dans les orbites au moindre rayon de lumière un peu vive. La certitude que le fil de mes pensées m’échappait complètement, que mon cerveau ne m’appartenait plus du tout, et que rien d’autre que le manque n’avait de réalité. Aucun raisonnement possible, pas de répit à l’envie permanente.

Auteur: Gilberti Ghislain

Info: Dynamique du Chaos

[ endurer ]

 

Commentaires: 0

hommes-par-homme

Tout le premier je suis prêt à certifier que parmi ces martyrs, dans le milieu le moins instruit, le plus abject, j’ai trouvé des traces d’un développement moral. Ainsi, dans notre maison de force, il y avait des hommes que je connaissais depuis plusieurs années, que je croyais être des bêtes sauvages et que je méprisais comme tels ; tout à coup, au moment le plus inattendu, leur âme s’épanchait involontairement à l’extérieur avec une telle richesse de sentiment et de cordialité, avec une compréhension si vive des souffrances d’autrui et des leurs, qu’il semblait que les écailles vous tombassent des yeux ; au premier instant, la stupéfaction était telle qu’on hésitait à croire ce qu’on avait vu et entendu. Le contraire arrivait aussi : l’homme cultivé se signalait quelquefois par une barbarie, par un cynisme à donner des nausées ; avec la meilleure volonté du monde, on ne trouvait ni excuse ni justification en sa faveur.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Souvenirs de la maison des morts

[ prison ] [ surprenants ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

femmes-par-femmes

Pendant 4000 ans, des cultures africaines ont permis que les femmes soient mutilées. Cette tradition répandue dans beaucoup de pays musulmans, bien des gens croient que le Coran l'exige. Et pourtant ce n'est pas le cas ; ni le Coran ni la Bible ne mentionnent qu'il faut mutiler les femmes pour plaire à Dieu. Cette coutume n'est encouragée et exigée que par les hommes - des hommes ignorants et égoïstes - qui veulent s'assurer l'exclusivité des faveurs de leurs épouses. Les mères acceptent que leurs filles soient mutilées de crainte qu'elles ne trouvent pas de maris. Une femme non excisée est considérée comme impure, obsédée par le sexe et impossible à marier. [...] Il n'y a pas de raison à la mutilation de millions de petites filles chaque année, sinon l'ignorance et la superstition. Par contre, la douleur, la souffrance et la mort qui en résultent sont des raisons plus que suffisantes pour que cette pratique disparaisse.

Auteur: Dirie Waris

Info: Fleur du désert : Du désert de Somalie à l'univers des top models

[ féminisme ] [ souffrance ]

 

Commentaires: 0

lecture

"Si ma vie avait dû s’arrêter à cet instant, je serais mort avec joie", s’exclama Dostoïevski.
Ainsi, ces mots ont fait leur lit dans mon cœur alors que j’avais à peine quinze ans. Ils ont épousé mon âme, ils l’ont entourée de milles attentions. Alors, dans des rendez-vous amoureux et passionnés, j’ai retrouvé Dostoïevski pendant des nuits entières, cachée sous mes draps avec pour seule lumière une lampe de poche. Dans ses romans que j’effeuillais selon l’ordre des pages et le désordre des passages, grâce à ses mots, guidée par son art si particulier de l’ellipse et de la parabole, je vérifiais que la douleur n’est pas le lieu de notre désir mais de notre certitude. Dostoïevski, à force d’exposer les cœurs désespérés d’éternité, me montrait jusqu’où peut aller l’amour de la vie dans les êtres profonds, nés pour la souffrance ; cet amour-là porte à tous les excès, que l’on appelle ailleurs des crimes selon le droit.

Auteur: Grimaud Hélène

Info: Variations sauvages

[ guide ] [ éloge ]

 

Commentaires: 0

lutte des classes aliénée

Car le travail n’est plus une force, il est devenu signe parmi les signes. Il se produit et se consomme comme le reste. Il s’échange avec le non-travail, le loisir, selon une équivalence totale, il est commutable avec tous les autres secteurs de la vie quotidienne. Ni plus ni moins "aliéné", il n’est plus le lieu d’une "praxis" historique singulière engendrant des rapports sociaux singuliers. Il n’est plus, comme la plupart des pratiques, qu’un ensemble d’opérations signalétiques. Il entre dans le design général de la vie, c’est-à-dire dans l’encadrement par les signes. Il n’est même plus cette souffrance, cette prostitution historique qui jouait comme promesse inverse d’une émancipation finale [...]. Plus rien de tout cela n’est vrai. La forme-signe s’est emparée du travail pour le vider de toute signification historique ou libidinale et l’absorber dans le processus de sa propre reproduction : c’est l’opération du signe que de se redoubler en lui-même, derrière l’allusion vide à ce qu’il désigne.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, page 25

[ absurde ] [ désenracinement ] [ objet de consommation ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-entre-elles

Tu avais autrefois une tante qui devait subir une grave opération dont elle était convaincue qu’elle ne réchapperait pas, alors qu’entre elle et sa plus proche parente existait depuis des années l’une de ces tranquilles inimitiés, profondes et inexplicables (pour un cerveau d’homme), telles qu’on en rencontre entre femmes d’une même famille, et son seul souci avant de quitter ce monde fut de se débarrasser d’une certaine robe marron qu’elle possédait et qu’à sa connaissance sa parente savait qu’elle avait toujours détestée, robe qu’il fallut brûler, non pas donner mais brûler, dans l’arrière-cour, au-dessous de la fenêtre d’où, en se faisant soutenir (et au prix d’effroyables souffrances), elle pût la voir brûler de ses propres yeux, persuadée qu’elle était qu’une fois morte sa parente, celle à qui incomberait logiquement le soin des obsèques, la ferait enterrer dans cette robe-là. — Et elle est morte ? demanda Quentin. — Non. À peine la robe brûlée, elle a commencé à se rétablir.

Auteur: Faulkner William

Info: Absalon, Absalon!

[ antagonistes ] [ habillement ] [ haine ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

confort

Pauvre vieille Terre ! Toute l'ancienne misère n'existe plus, presque toute la souffrance non plus. Et pourtant cela ne va pas. La maladie et la famine sont vaincues. La vie est sur le point de devenir éternelle. La guerre ne se rencontre plus que dans les livres d'histoire, un phénomène anthropologique lointain, une étrange pratique obsolète de nos ancêtres, comme le cannibalisme ou la saignée. Et pourtant, cela ne va pas ! Je passe en revue tout ce que je sais de l'histoire humaine - et j'en sais beaucoup, vraiment, les pestes, les massacres, tous les épisodes de torture pratiquée par pur amusement, les grandes et médiocres bassesses, le catalogue complet des péchés que Sophocle, Shakespeare et Strindberg comprenaient si bien - et je me demande pourquoi nous ne nous réjouissons pas plus de ce que nous avons atteint. Je dois en conclure que nous sommes une race entreprenante, jamais satisfaite de rien, même du plus merveilleux état de satisfaction.

Auteur: Silverberg Robert

Info: Starborne

[ souffrance ] [ insatisfaction ]

 

Commentaires: 0

épuisement

Je crois que seuls certains états extrêmes de l'âme et du corps : fatigue (au bord de l'anéantissement), maladie, invasion du cœur par une subite souffrance maintenue à son paroxysme, peuvent rendre à l'homme sa vraie puissance d'ouïe et de regard. Nulle allusion, ici, à la parole de Plotin : "Ferme les yeux, afin que s'ouvre l’œil intérieur". Il s'agit de l'instant suprême où la communion avec le monde nous est donnée, où l'univers cesse d'être un spectacle parfaitement lisible, entièrement inane*, pour devenir une immense gerbe de messages, un concert sans cesse renouvelé de cris, de chants, de gestes, où tout être, toute chose est la fois signe et porteur de signe. L'instant suprême aussi où l'homme sent crouler sa risible royauté intérieure et tremble et cède aux appels venus d'un ailleurs indubitable.

De ces messages, la poésie seule (est-il besoin de le dire?) est digne de suggérer quelque écho.




Auteur: Roud Gustave

Info: Air de la solitude. *qui ne sert à rien

[ écriture ] [ étisie ] [ agonie ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

esprit

Le mot psyché signifie deux choses en grec, lui dit sa tante. Deux choses très différentes mais intéressantes. Papillon et âme. Mais si on prend le temps d'y réfléchir attentivement, papillon et âme ne sont pas si différents, après tout, tu ne trouves pas ? Le papillon débute dans la vie sous la forme d'un vilain vermisseau insignifiant et terre à terre, puis un jour la chenille fabrique un cocon, au bout d'un certain temps le cocon s'ouvre et il en sort un papillon, la plus belle créature du monde. Il en va de même pour l'âme, Archie. Elle se débat dans les profondeurs de l'obscurité et de l'ignorance, elle traverse dans la douleur des épreuves et des malheurs, et petit à petit elle est purifiée par ces souffrances, aguerrie par les difficultés qu'elle rencontre et un beau jour, si cette âme est digne de ce nom, elle sort de son cocon et prend essor dans les airs comme un magnifique papillon.

Auteur: Auster Paul

Info: 4 3 2 1

[ analogie ]

 

Commentaires: 0

douleur

Artaud a cette phrase terrible, atroce, insoutenable, qu’on peut en effet mettre sur le compte du délire, de la psychose, etc. – la "passion d’Artaud", a dit cliniquement Lacan l’une des très rares fois où il a daigné s’exprimer là-dessus, lui qui avait diagnostiqué en 1937 ou 38, je ne sais plus, qu’Artaud "n’écrirait plus une ligne"* –, ce passage se trouve dans les cahiers d’Ivry, ceux sortis en fac-similé – justement –, et je crois bien n’avoir jamais rien lu de si bouleversant. C’est une phrase où un abîme éthique est en jeu : "Je ne veux pas être bien, parce que je me / reposerais / et que je serais / soulagé dans le mal / Je veux être mal dans / le mal / et mal tant qu’il y aura du mal / Je ne veux pas être bien / Tant qu’il y / aura un atome / un soupçon de mal / je veux souffrir / toujours".

Auteur: Belhaj Kacem Mehdi

Info: Artaud et la théorie du complot. *Une anerie lacanienne de plus. Mg

[ souffrance ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel