Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 21
Temps de recherche: 0.0332s

poème

Rien n'est plus beau
qu'un amour qui ne se croit pas immortel
qui a la souple respiration du voilier
endormant la vague
prodige oui mais qui se sait tributaire
d'un vent si incertain
qu'il voudrait d'un seul déploiement de son erre
boire toute une nuit d'étoiles et de lune pleine

un amour comme une joie d'enfance
grandie de sa fin trop proche
et qui se tient timide
au faîte de l'instant.

Auteur: Siméon Jean-Pierre

Info: Lettre à la femme aimée au sujet de la mort

[ humilité ] [ émerveillement ]

 

Commentaires: 0

rencontre

En fendant la foule pour suivre Chloé jusqu’au Strand Café, je tâtais mes lèvres du bout des doigts, ces lèvres qui l’avaient embrassée, m’attendant à moitié à les trouver inchangées d’une façon infiniment subtile mais radicale. Je m’attendais à ce que tout ait changé, à l’image de la journée, sombre, humide et tendue de nuages pansus à notre entrée au cinéma en plein après-midi et vibrante de lumières fauves et d’ombres distendues, maintenant que le soir était venu, que les prêles ruisselaient de gemmes et qu’un voilier rouge dans la baie tournait sa proue vers l’horizon d’un bleu déjà crépusculaire au loin.
Le café. Dans le café. Dans le café, nous.

Auteur: Banville John

Info: La mer

[ analogie ] [ femmes-hommes ] [ éblouissement ]

 

Commentaires: 0

responsabilité

Ma conviction profonde est que le futur n'est écrit nulle part; il sera ce que nous ferons de lui. Et le destin? Le destin est à l'être humain ce que le vent est au voilier. Si le timonier ne peut décider d'où souffle le vent, ni avec quelle force, il peut en revanche orienter la voile. Et cela implique parfois une immense différence. Le même vent qui provoquera le naufrage de tel marin inexpérimenté, ou imprudent, ou mal inspiré, mènera tel autre à bon port. Nous pourrions presque en dire autant du "vent" de la mondialisation qui souffle sur la planète. Il serait absurde de vouloir l'entraver mais si nous naviguons adroitement, en tenant notre cap et en évitant les écueils, nous pourrons arriver "à bon port".

Auteur: Maalouf Armin

Info:

[ civilisation ]

 

Commentaires: 0

temps

Instructions pour remonter une montre.
Là-bas au fond il y a la mort, mais n'ayez pas peur. Tenez la montre d'une main, prenez le remontoir entre deux doigts, tournez-le doucement. Alors s'ouvre un nouveau sursis, les arbres déplient leurs feuilles, les voiliers courent des régates, le temps comme un éventail s'emplit de lui-même et il en jaillit l'air, les brises de la terre, l'ombre d'une femme, le parfum du pain.
Que voulez-vous de plus? Attachez-la vite à votre poignet, laissez-la battre en liberté, imitez-la avec ardeur. La peur rouille l'ancre, toute chose qui eût pu s'accomplir et fut oubliée ronge les veines de la montre, gangrène le sang glacé de ses rubis. Et là-bas dans le fond, il y a la mort si nous ne courons pas et n'arrivons avant et ne comprenons pas que cela n'a plus d'importance.

Auteur: Cortazar Julio

Info: Cronopes et Fameux

[ durée ] [ littérature ] [ allégorie ] [ sursis ]

 

Commentaires: 0

père-fils

Franz Jung, qui, pour toutes sortes de raisons compliquées, s’est toujours rangé du côté de sa mère, décrit ainsi la situation d’Emma : "Peut-on imaginer ce que c’est que de vivre avec un homme qui vous laisse toute la responsabilité de la maison et des enfants, pendant qu’il passe son temps à jouer ou à retrouver une autre femme dans cette même maison ?" Il raconte aussi cette anecdote poignante : l’une des rares fois où Jung avait emmené ses quatre plus grands enfants faire un tour en voilier, il leur avait acheté des sucreries dans un village du bord du lac où ils avaient fait escale : "Nous étions à peine rentrés que Marianne se mit à courir vers la maison en criant : Maman, regarde ! Le père de Franz m’a acheté un petit gâteau ! Bien sûr, notre mère a tout de suite réagi : Ecoute, Marianne, lui a-t-elle dit, il faut que tu comprennes bien : le père de Franz, c’est aussi le tien !"

Auteur: Bair Deirdre

Info: Dans "Jung", trad. de l’anglais par Martine Devillers-Argouarc’h, éd. Flammarion, Paris, 2007, pages 377-378

[ enfance ] [ dépréciation ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

variété

Il y avait là des illustrations, semblables à des joyaux de vie florale et aviaire, et on voyait de minuscules personnages lancés, sur des montures aux formes rebondies, à la poursuite de lions ou de gazelles, ou bien agenouillés devant des saints barbus dans des grottes de montagne. J'entrevis un couple de grues effectuant une parade nuptiale sur un tertre verdoyant, avant de passer à une jeune fille conversant avec son perroquet en cage et une autre écrivant une lettre à son bien-aimé lointain, puis à l'image d'un jeune homme épiant de derrière un arbre un groupe de jouvencelles se baignant dans une rivière, vêtues mais d'une manière transparente. Ici des éléphants, un howdah doré sur le dos, transportait des nobles vers un fort crénelé au sommet d'une colline, et là de menaçants nuages bleus apparaissaient, chassant les aigrettes blanches devant eux ; une jeune bayadère dansait dans une cour entourée de murs, un prince posait, une rose à la main, un autre montrait fièrement un faucon posé sur son poignet. Des chiens de chasse traquaient un cerf dans une forêt, suivis d'un chasseur armé d'un arc et de flèches. Un grand voilier appareillait. La foudre frappait. Des lignes d'exquise calligraphie couraient le long des bords, nommant, racontant.

Auteur: Desai Anita

Info: L'art de l'effacement, Le musée des ultimes voyages

[ littérature ] [ nature ]

 

Commentaires: 0

vieillard

J’ai connu un homme, un simple fermier, père de cinq fils,

A leur tour pères de fils, pères de fils à leur tour.



C’était un homme d’une vigueur, d’une beauté, d’une sérénité merveilleuses,

Le profil de son visage, le jaune pâlissant de ses cheveux, des poils de sa barbe, l’infinie profondeur de ses yeux noirs, la générosité affectueuse de son commerce

Etaient les buts de ma visite en allant le voir, et puis il avait la sagesse,

Cet homme de quatre-vingt ans, haut de six pieds, que ses fils costauds, barbus, soignés, hâlés, bien faits,

Ainsi que ses filles adoraient, d’ailleurs tout le monde l’adorait,

Ne l’adorait pas par obligeance mais d’un engagement personnel,

Il ne buvait que de l’eau, le sang pigmentait d’écarlate le cuivre clair de son teint,

Maniait fréquemment le fusil, la canne à pêche, il pilotait aussi son propre bateau, splendide voilier à lui offert en cadeau par un charpentier, et d’autres amis lui avaient fait présent de ses canardières,

Quand vous le voyiez partir chasser au milieu de ses cinq fils et sa horde de petits fils c’était sans conteste lui dont on remarquait en premier la beauté et la vigueur,

Ah quel immense plaisir de pouvoir marcher longtemps à ses côtés, de pouvoir s’asseoir dans le bateau et d’être en contact physique vous avec lui !

Auteur: Whitman Walt

Info: Dans "Feuilles d'herbe", Descendance d'Adam, traduction Jacques Darras, éditions Gallimard, 2002

[ portrait ] [ admiration ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

cité imaginaire

On atteint Despina de deux manières : par bateau ou à dos de chameau. La ville se présente différemment selon qu’on y vient par terre ou par mer.

Le chamelier qui voit pointer à l’horizon du plateau les clochetons des gratte-ciel, les antennes radar, battre les manches à air blanches et rouges, fumer les cheminées, pense à un navire, il sait que c’est une ville mais il y pense comme à un bâtiment qui l’emporterait loin du désert, un voilier qui serait sur le point de lever l’ancre, avec le vent qui déjà gonfle les voiles pas encore larguées, ou un vapeur dont la chaudière vibre dans la carène de fer, il pense à tous les ports, aux marchandises d’outre-mer que les grues déchargent sur les quais, aux auberges où les équipages de diverses nationalités se cassent des bouteilles sur la tête, aux fenêtres illuminées du rez-de-chaussée, avec à chacune une femme qui refait sa coiffure.

Dans la brume de la côte, le marin distingue la forme d’une bosse de chameau, d’une selle brodée aux franges étincelantes entre deux bosses tachetées qui avancent en se balançant, il sait qu’il s’agit d’une ville mais il y pense comme à un chameau, au bât duquel pendent des outres et des besaces de fruits confits, du vin de datte, des feuilles de tabac, et déjà il se voit à la tête d’une longue caravane qui l’emporte loin du désert de la mer, vers des oasis d’eau douce à l’ombre dentelée des palmiers, vers des palais aux gros murs de chaux, aux cours sur les carreaux desquelles dansent nu-pieds les danseuses, remuant les bras un peu dans leurs voiles et un peu en dehors.

Toute ville reçoit sa forme du désert auquel elle s’oppose ; et c’est ainsi que le chamelier et le marin voient Despina, la ville des confins entre deux déserts.

Auteur: Calvino Italo

Info: Les villes invisibles

[ relativité ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

paysage

Maintenant c'est le jour à la campagne. Le tennis semble avoir été taillé dans le sommet tronqué de cette colline d'où le comté comme un parc inutile et fastueux, descend jusqu'à la mer en molles ondulations. Un jeune homme vêtu de toile blanche accompagné d'un geste allongé, la balle qu'il lance et qu'attend son adversaire, ramassant autour de soi ses gestes et son ombre. Sur un tertre de gazon bleu des jeunes femmes à chandails cerise, jaune, vert, cerise s'assemblent autour du thé, servi sur une table en rotin. Et le centre de toute clarté, de cette joie lustrée, l'essieu lumineux du cercle des femmes, qu'encadre celui, plus vaste, de la campagne et du ciel, c'est la théière d'argent qui chante comme les guêpes sur la tarte : les reflets de son couvercle renvoient l'image convexe du ciel, l'ombre des arbres ; son corps côtelé, les lignes amenuisées des figures et, en stries étroites, les chandails, cerise, jaune, vert, cerise.

Voici une lande de boue où l'herbe rare jute comme une éponge, sur laquelle tombe le crépuscule d'un vert pourri ; rien ne la limite que le ciel et, sur la gauche, les baraquements de bois blancs dont l'odeur de beurre fort vient jusqu'à moi. Des flaques d'eau renvoient au ciel lavé, vidé de sa pluie, l'image d'une lune d'aluminium. Sur les chemins défoncés, les roues à facettes de l'artillerie lourde font des ornières de vertébrées remplies d'une eau mauve.

Ou encore sur la route encaissée qui relie l'arsenal à la caserne, montent sous l'averse des fantassins en veston. Dans la boue, sous le ciel bas, des caissons se guindent tirés par des chevaux de brasseur, conduit par des soldats aux figures douces et fermées. Derrière eux descend vers le fleuve plombé, la plaine couverte à l'infini de tentes, de charrois, de pièces de marine sans affûts, régulières comme ouvrage de taupes, les tranchées de la nouvelle armée.

Sur le ciel enfin c'est la ville avec ses cheminées dressées, ses gazomètres trapus, ses ponts de fer ajourés, les rails clairs, les signaux, les disques, les mâtes des voiliers, les fumées lourdes des vapeurs sous pression et l'arsenal mouillant ses marches roses dans le fleuve que remonte la marée.

Auteur: Morand Paul

Info: Tendres stocks (1921, 146 p., le livre de poche, p.36, 37)

[ beauté ] [ poésie naturelle ]

 
Commentaires: 1

cité imaginaire

Pour finir, le voyage conduit à la ville de Tamara. On y pénètre par des rues hérissées d’enseignes qui sortent des murs. L’œil ne voit pas des choses maisdes figures de choses qui signifient d’autres choses: la tenaille indique la maison de l’arracheur de dents, le pot la taverne, les hallebardes le corps de garde, la balance romaine le marchand de fruits et légumes. Statues et écussons représentent des lions, des dauphins, des tours, des étoiles : signes que quelque chose— qui sait quoi? — a pour signe un lion ou un dauphin ou une tour ou une étoile. D’autres signes avertissent de ce qui est quelque part défendu — entrer dans la ruelle avec des charrettes, uriner derrière le kiosque, pêcher à la ligne du haut du pont — et de ce qui est permis — faire boire les zèbres, jouer aux boules, brûler les cadavres de ses parents. Par la porte des temples on voit les statues des dieux, tous représentés avec leurs attributs: la corne d’abondance, le sablier, la méduse, par quoi le fidèle peut les reconnaître et leur adresser les prières qui conviennent. Si un édifice ne porte aucune enseigne ou figure, sa forme même et l’endroit qu’il occupe dans l’ordonnance de la ville suffisent à en indiquer la fonction : le château royal, la prison, l’hôtel de la monnaie, l’école pythagoricienne, le bordel. Même les marchandises que les commerçants disposent sur leurs étalages valent non pas pour elles-mêmes mais comme signes d’autrechose: le bandeau brodé pour le front veut dire élégance, la chaise à porteurs dorée pouvoir, les volumes d’Averroès sagesse, le collier de cheville volupté. Le regard parcourt les rues comme des pages écrites: laville dit tout ce que tu dois penser, elle te fait répéter son propre discours, et tandis que tu crois visiter Tamara tu ne fais qu’enregistrer les noms par lesquels elle se définit elle-même et dans toutes ses parties. Comment sous cette épaisse enveloppe de signes la ville est-elle en vérité, que contient-elle ou cache-t-elle, l’homme ressort de Tamara sans l’avoir appris. Au-dehors s’étend jusqu’à l’horizon la terre vide, s’ouvre le ciel où courent les nuages. Dans la forme que le hasard et le vent donnent aux nuages, l’homme déjà s’applique à reconnaître des figures: un voilier, une main, un éléphant.

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ pancartes ] [ panneaux ] [ langage ] [ reconnaissance des formes ] [ symboles ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel