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isoloir

Dans les vitrines des brocanteurs où traînait un bric-à-brac des plus hétéroclite, je trouvais enfin une des choses que je souhaitais voir au cours de mon voyage : une cabine d'ivrogne individuelle avec le rideau de cuir ; là, le buveur s'enferme lui-même (comme un cheval dans son box) pour être seul ; seul avec son whisky et sa douleur, sa foi et son incrédulité, il s'abîme dans les profondeurs du temps, dans le caisson étanche de la passivité, aussi longtemps que son argent le lui permet, jusqu'à ce qu'il soit forcé de réapparaître à la surface du temps, forcé d'aller travailler dans un endroit quelconque, de s'exténuer à ramer à contre-courant, agitation impuissante et insensée : chaque barque descend inexorablement les eaux sombres du Styx.

Auteur: Böll Heinrich

Info: Journal irlandais, pp 20-21, livre de poche

[ guérite ] [ refuge ] [ curiosité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

parole

Le père symbolique, c’est le nom du père. C’est l’élément médiateur essentiel du monde symbolique et de sa structuration. Il est nécessaire à ce sevrage, plus essentiel que le sevrage primitif, par quoi l’enfant sort de son pur et simple couplage avec la toute-puissance maternelle. Le nom du père est essentiel à toute articulation de langage humain, et c’est la raison pour laquelle l’Ecclésiaste dit – L’insensé a dit dans son cœur : il n’y a pas de Dieu.

Pourquoi le dit-il en son cœur ? Parce qu’il ne peut le dire en sa bouche. D’autre part, il est à proprement parler insensé de dire dans son cœur qu’il n’y a pas de Dieu, tout simplement parce qu’il est insensé de dire une chose qui est contradictoire avec l’articulation même du langage.

Auteur: Lacan Jacques

Info: dans le "Séminaire, Livre IV", "La relation d'objet", éditions du Seuil, 1994, page 509

[ structure grammaticale ] [ paternité ] [ erreur logique ] [ concept psychanalytique ] [ défini ] [ complexe d'Œdipe ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

incompréhensible

La salle à manger et la bibliothèque ne formaient plus qu'une seule grande pièce vide ne contenant qu'un ou deux meubles. Je n'essaierai pas de les décrire car je ne suis pas sûr de les avoir vus, malgré l'aveuglante lumière. Je m'explique. Pour voir une chose il faut la comprendre. Un fauteuil présuppose le corps humain, ses articulations, ses divers membres ; des ciseaux, l'action de couper. Que dire d'une lampe ou d'un véhicule ? Le sauvage ne perçoit pas la bible du missionnaires : le passager d'un bâteau ne voit pas les mêmes cordages que les hommes d'équipage. Si nous avions une vision réelle de l'univers peut-être pourrions-nous le comprendre. 

Aucune des formes insensées qu'îl me fut donnée de voir cette nuit-là ne correspondait à l'être humain ni à un usage imaginable.

Auteur: Borges Jorge Luis

Info: Le livre de sable. There are more things, pp 67, 68. Folio. Gallimard 1978

[ inconnu ] [ comprendre intégrer ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

nature humaine

"Les lois sont des rapports nécessaires qui dérivent de la nature des êtres." [Montesquieu]

Il y a, dans cette définition adoptée par Bonald, un mot, le mot nature que l’on retrouve souvent dans le vocabulaire révolutionnaire, et notamment chez Rousseau. Mais ce mot a chez Rousseau et chez Bonald des acceptions absolument différentes, et même contradictoires.

[...] J.-J. Rousseau, "le romancier de l’état sauvage, le détracteur de l’état civilisé", écrit Bonald, "place l’état naturel de l’homme individu ou social, dans l’état natif ou imparfait. De là sa prédilection affectée pour les enfants, au moins pour ceux d’autrui, et son admiration insensée pour l’état sauvage."

Pour Bonald, au contraire, l’état naturel est opposé à l’état natif ou imparfait, l’état naturel est l’état parfait, et l’état parfait est l’état de société.

Auteur: Montesquiou Léon de

Info: Dans "Le réalisme de Bonald", La délégation des siècles, 2021, page 28

[ bien-mal ] [ vacherie ] [ conceptions philosophiques opposées ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

affliction

Le temps s'arrête quand quelqu'un meurt. Bien sûr, qu'il s'arrête pour eux, peut-être, mais pour ceux en deuil le temps devient n'importe quoi. La mort vient trop vite. Elle oublie les marées, les jours qui s'allongent et diminuent, la lune. Elle déchire le calendrier. Vous n'êtes pas à votre bureau ou dans le métro ou à faire le repas pour les enfants. Vous observez des gens dans une salle d'attente de chirurgie, ou frissonnez à l'extérieur sur un balcon à fumer toute la nuit. Vous regardez l'espace, assis dans votre chambre d'enfant, une mappemonde sur le bureau... Le mauvais côté c'est que lorsque vous revenez à votre vie ordinaire et toutes ses routines, les marques du jour deviennent des mensonges insensés. Tout est suspect, combine pour nous endormir, pour nous ramener dans l'implacable placidité du temps.

Auteur: Berlin Lucia Brown

Info: A Manual for Cleaning Women: Selected Stories

[ mélancolie ]

 

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deuil

Le temps s'arrête lorsque une personne décède. Bien sûr, il s'arrête pour elle, peut-être, mais pour les personnes en deuil, il s'emballe. La mort arrive trop tôt. Elle ignore les marées, les jours qui s'allongent et se raccourcissent, la lune. Elle déchire le calendrier. On n'est pas à son bureau, ni dans le métro, ni en train de préparer le dîner pour les enfants. On lit People dans une salle d'attente de chirurgie, ou on grelotte sur un balcon en fumant toute la nuit. On regarde dans le vide, assis dans sa chambre d'enfant, la mapmonde sur le bureau... Le pire, c'est que lorsqu'on revient à la vie ordinaire, toutes les routines, les repères de la journée, apparaissent comme des mensonges insensés. Tout est suspect, une ruse pour nous bercer, nous faire basculer dans l'implacable placidité du temps.

Auteur: Berlin Lucia Brown

Info: Manuel pour les femmes de ménage : Histoires choisies

[ chronos ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

vacheries

Mais c'est évidemment plus près de nous que le ridicule a été atteint de la manière la plus infaillible·; et le comble de l'insensé mal cadencé, dans ce domaine, a été réalisé par un René Char (il y a du plaisir à pisser à la raie d'un mort si prétentieux). Sa "pluie giboyeuse", et tant d'autres crétineries citées opiniâtrement par de pâles philosophes (ce qui suffit à renvoyer la plupart d'entre eux à la niche de leur mauvais goût sacerdotal), condensent certainement la définition aberrante de ce que les dévots appellent poésie, qui n'est plus que néant arrogant, et dont, écrivant des vers, je me débarrasse si naturellement et avec allégresse (je me débarrasse aussi d'Éluard le stalinien gélatineux, de Prévert l'anticlérical à la clope, pour ne rien dire du supercon Aragon comme l'appelait Céline, ou de Saint-John Perse l'incontinent).

Auteur: Muray Philippe

Info: Minimum respect, p. 34

[ Gaule ] [ littérature ] [ écrivains ]

 
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ascétisme

La nature nous a ménagé un paradis de fleurs, de fruits, elle charme nos yeux de magnifiques couleurs, à commencer par le ciel bleu, crée une infinité de formes insolites, belles ou laides. Elle offre tout cela à l’esprit et à l’ingéniosité de l’homme ; il peut en user s’il le souhaite, à moins d’être apathique – le paradis et les palais sont à votre service. je comprends que l’on aspire à devenir meilleur, c’est légitime. Mais se détourner de tout, vivre comme un porc, s’abaisser au niveau d’un animal en se nourrissant de légumes crus et en dormant par terre avec une bouteille sous la tête, c’est de la démence et n’a de sens que comme un phénomène négatif, comme une tumeur, comme une aberration capable de vous dégoûter à jamais de sa doctrine insensée. C’est tout simplement révoltant, ignoble.

Auteur: Répine Ilia

Info: Lettre à Tatiana Tolstoï, 10 juin 1892, trad. Laure Troubetzkoy, "Lettres à Tolstoï et à sa famille", éditions Vendémiaire, 2021

[ mortification ] [ pénitence ] [ incompréhension ] [ critique ]

 

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nature

Avoir la foi ou non, c'est le problème des hommes. Les dieux s'en moquent. Leur rôle est de créer. En langue nenets, les quatre éléments sont désignés par des mots simples, mélodieux comme des notes de musique : i - l'eau ; ia - la terre ; tou - le feu; noum - le ciel. Les sons premiers, fondateurs. Ce jour-là, il n'y avait autour de nous que cette pulsation originelle, rien d'autre. Peut-être les dieux avaient-ils décidé de détruire ou d'effacer de la face de la terre cette île, éphémère et inutile, qui avait épuisé tout sens et toute histoire. Peut-être jouaient-ils simplement à créer des formes, puis d'autres. Quelle importance ? Mais leur présence et leur force gigantesque étaient là, bien là; leur génie s'exprimait dans chaque trace que le flux et le reflux des vagues dessinaient sur le sable.

Auteur: Golovanov Vasilij Âroslavovic

Info: Eloge des voyages insensés : Ou L'île, p. 263

[ vocabulaire ] [ brièveté ] [ traduction ]

 

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respect

Allons plus loin en affirmant que le végétal lui aussi a le droit à l'intégrité physique : il n'est pas justifiable d'entailler l'écorce de l'arbre jusqu'à la sève pour y graver, par amusement, des initiales entrelacées dans un coeur : que fait-on de l'amour de l'arbre ! Il n'est pas plus justifiable, en promenade, d'arracher au passage les têtes fleuries des plantes, ou de casser les rameaux des arbres. Bête ou bestiole, arbre ou plante sont des êtres vivants qui ont le droit de vivre comme la nature les a faits.
Permettons-nous d'aller plus loin encore. Quel être sensé aurait l'idée de lacérer un tableau de maître, de briser une sculpture, de dégager une quelconque oeuvre d'art, puisque ce ne sont que des choses ? Encore plus insensée doit être considérée la mutilation "gratuite" d'un être vivant, qui par définition n'est jamais une chose inerte, quel qu'il soit.

Auteur: Coulon Jean-Marie

Info: Les droits de l'animal

[ nature ] [ beaux-arts ]

 

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