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fascination

Voilà ce qu’il fait toute sa vie Nerval, au fond : il se constitue un avoir. Un patrimoine. C’est un capitaliste du nécrophile. Il déchaîne l’inflation de ses ancêtres. Avant les banques de données et les banques du sperme, il y a les banques des morts et c’est d’ailleurs la même chose. L’étrange n’est pas que l’on soit hanté. L’étrange est que cette hantise devienne un objet de désir. Le seul peut-être véritable objet de désir de l’espèce contemporaine. L’étrange est que l’on soi charmé par les charmes et les magies. Qu’on les veuille. Qu’on en redemande jusqu’à en mourir. Que la mort soit devenue une valeur. Que les morts soient la valeur-or des transactions, la référence de tous les placements, des protocoles d’accord et des pactes sociaux.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Le 19e siècle à travers les âges", pages 402-403

[ généalogies ] [ filiation fantasmatique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

unité syntagmatique supérieure

[…] de bas en haut du système sémiotique, on ne rencontre que de l’architectonique, c’est-à-dire des éléments hiérarchiquement subordonnés, tels que l’un sert de moyen à celui auquel il est subordonné, lequel, à son tour, est lui-même subordonné à un élément supérieur, et ainsi de suite. […]

Le déploiement architectonique de la visée référentielle prouve que la référence n’institue nullement une relation "solitaire" (biunivoque) entre le mot et la chose. Chaque visée référentielle est encadrée par une visée supérieure dont elle reçoit seule sa valeur de référence : tout signe est pris dans un discours. Corrélativement les objets dénotés ne sont pas non plus posés dans leur isolement atomistique, mais ils forment un "discours" du monde, chacun renvoyant à tous et tous renvoyant à l’Objet principiel, au Référent divin.

Auteur: Borella Jean

Info: Dans "Histoire et théorie du symbole", éd. L'Harmattan, Paris, 2015, page166

[ ordonnancement ] [ signifiant ] [ transcendance ] [ religion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

épouse

"Cinq heures... Il va bientôt rentrer..." se dit Elisa. Et voilà qu’à cette idée elle ne peut plus rien faire. Elle a frotté, lavé, fourbi durant toute la journée, elle a préparé une soupe épaisse pour le dîner – ce n’est pas la coutume du pays de manger lourdement le soir, mais c’est nécessaire pour lui qui, à l’usine, ne déjeune que de tartines aux oeufs. Et maintenant, ne fût-ce que pour mettre le couvert, ses bras s’engourdissent et retombent inertes le long de son corps. Un vertige de tendresse la fige, immobile et haletante, accrochée des deux mains à la barre de nickel du fourneau. C’est chaque jour la même chose. Gilles sera là dans quelques minutes : Elisa n’est plus qu’un corps sans force, anéanti de douceur, fondu de langueur. Elisa n’est plus qu’attente.

Auteur: Bourdouxhe Madeleine

Info: La femme de Gilles, Incipit.

[ prolétaire ] [ assujettie ]

 
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sculpture

T’entends le son là, y a une cavité. Bon ben c’est pas grave. Qu’est-ce que ça va donner à la fin ? Ben je ne sais pas exactement, je suis la forme de la pierre. Et puis la pierre elle-même, ce qui est très important, c’est que la pierre elle-même elle veut devenir quelque chose. Et moi je ne peux pas imposer ma volonté à la pierre. La pierre, elle va devenir quelque chose, c’est indépendant de ma volonté à moi. Chaque pierre, chaque chose comme ça elle a un devenir, un devenir qu’on appelle du domaine de l’inconscient. Et on lui fait pas faire ce que l’on veut. On suit. […] Mes deux personnages là ils sont en train de se faire des bisous. Ils se font des bisous tout seul t’inquiète pas, c’est pas moi qui les fait embrasser.

Auteur: Chomo Roger Chomeaux

Info: https://www.youtube.com/watch?v=ksZHabIC5js

[ création artistique ] [ panpsychisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

discours scientifique

Il y a une chose dont Freud n’avait pas parlé, parce qu’elle était taboue pour lui, à savoir la position du savant. C’est également une position impossible, seulement la science n’en a pas encore la moindre espèce d’idée, et c’est sa chance. C’est seulement maintenant que les savants commencent à faire des crises d’angoisse. [...]

Quel soulagement sublime ce serait pourtant si tout d’un coup on avait affaire à un véritable fléau, un fléau sorti des mains des biologistes. Ce serait vraiment un triomphe. Cela voudrait dire que l’humanité serait vraiment arrivée à quelque chose – sa propre destruction. Ce serait vraiment là le signe de la supériorité d’un être sur tous les autres. Non seulement sa propre destruction, mais la destruction de tout le monde vivant. Ce serait vraiment le signe que l’homme est capable de quelque chose. Mais cela fout tout de même un peu l’angoisse. 

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans "Le triomphe de la religion", éd. du Seuil, Paris, 2005, pages 73-75

[ contournement de l'impossible ] [ jouissance inconsciente ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

durée

— Annette… écoute moi. Je voudrais te dire quelque chose. À bien y réfléchir nous avons tous les deux une histoire pas si courte, très longue même à cause d’un court moment très plein. Le temps se mesure avec un mètre élastique. Je n’ai pas arrêté d’y penser, depuis…
— Stop !
— Quoi ?
— Ne touche pas à ce qui s’est passé hier, que de toute façon nous avons oublié, trahi, depuis lors, en continuant à vivre, en rajoutant des événements qui n’ont aucun rapport. Qu’est-ce que tu te mets à parler de ça ? Parler de ça ne sert à rien. C’est de quoi on ne peut justement pas parler. Ce n’est pas ton capital. Hier ne t’appartient pas en propre. D’ailleurs tu ne dis rien quand tu parles. Il vaut mieux te taire clairement. C’est plus sûr.
— Annette…
— Et n’utilise pas mon nom comme une plainte sans mon autorisation !

Auteur: Jouet Jacques

Info: Anette et l'Etna

[ femme-par-homme ] [ autonomie ] [ lendemain ] [ dialogue ] [ couple ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin

mémoire

Tout cela est arrivé il y a très longtemps, dans un univers qui semble différent. Désormais, l’histoire est devenue légende. Mythe. Les détails se déforment, la précision se perd. Des gens comme moi comblent les lacunes grâce à leur imagination. Nous inventons des faits. Nous inventons une pensée. Nous truquons un peu la réalité avec la connaissance que nous avons du cinéma. Le jeu donne un certain goût, enlève un peu de poids. Pour le meilleur et pour le pire. Car ce que je raconte, c’est l’histoire de mes ancêtres, des tensions qui se sont progressivement amplifiées et qui ont culminé avec le retour des morts. Non. Je mens. J’écris sur une ville, la bourgade où ont vécu mes ancêtres, celle où les Ramírez et les Marlowe ont existé et ont cessé d’exister. De cet endroit, il reste peu de chose. Cherchez sur une carte ou dans un atlas : vous ne trouverez rien.

Auteur: Xerxenesky Antonio

Info: Avaler du sable

[ onirique ] [ imparfaite ] [ littérature ]

 

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activité scientifique

[...] c’est à proprement parler de Verwerfung* [forclusion] qu’il s’agit dans le discours de la science qui, si l’on peut dire, rejette la perspective et la présence de la Chose. 

Et le discours de la science, en somme, est de nous profiler l’idéal dans sa perspective du " savoir absolu ", c’est-à-dire de quelque chose qui pose la Chose quand même, tout en n’en faisant pas état, et dont chacun sait que c’est cette perspective qui s’avoue en fin de compte, et s’avère dans l’histoire, comme représentant un échec.

Ce discours de la science peut se profiler comme déterminé par cette Verwerfung. C’est probablement cela qui, selon la formule que je vous donne, que "Ce qui est rejeté dans le symbolique reparaît dans le réel", la science se trouve déboucher sur une perspective où c’est bien tout de même quelque chose d’aussi énigmatique que la Chose qui s’avère se profiler, apparaître au terme de la physique.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 3 février 1960. " rejet " en allemand, désigne le mécanisme de défense à l'origine de la psychose.

[ inconscient ] [ retour du refoulé ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

hyperactivité

Le calvinisme insistait sur la nécessité d’un effort humain incessant. L’homme doit constamment essayer de vivre en accord avec la parole de Dieu et ne jamais relâcher ses efforts pour y parvenir. Cette doctrine semble être en contradiction avec la doctrine selon laquelle l’effort humain n’intervient pas dans le résultat du salut de l’homme. […] L’état d’angoisse, le sentiment d’impuissance, d’insignifiance et particulièrement le doute concernant la vie après la mort représentent un état d’esprit pratiquement invivable pour quiconque. […] Une façon possible d’échapper à cet état insupportable d’insignifiance est le trait même qui devient prépondérant dans le calvinisme : le développement d’une activité effrénée et d’un effort pour faire quelque chose. L’activité, dans ce sens, prend la forme d’une qualité compulsive : l’individu doit être actif dans le but de dépasser son sentiment de doute et d’impuissance. Ce genre d’effort et d’activité n’est pas le résultat d’une force intérieure et de confiance en soi, c’est une fuite désespérée pour échapper à l’angoisse.

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "La peur de la liberté", pages 90-91

[ théologie ] [ pré-capitalisme ] [ protestantisme ] [ culture du remords ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

désillusion

Avant Valérie, en fait, je n’avais rencontré aucune fille qui arrive à la cheville des prostituées thaïes ; ou alors peut-être quand j’étais très jeune, avec des filles de seize ou dix-sept ans, j’avais pu ressentir quelque chose. Mais dans les milieux culturels que je fréquentais, c’était carrément la catastrophe. Ces filles ne s’intéressaient pas du tout au sexe, mais uniquement à la séduction – et encore il s’agissait d’une séduction élitiste, trash, décalée, pas du tout érotique en fait. Au lit, elles étaient tout bonnement incapables de quoi que ce soit. Ou alors il aurait fallu des fantasmes, tout un tas de scénarios fastidieux et kitsch dont la seule évocation suffisait à me dégoûter. Elles aimaient parler de sexe, c’est certain, c’était même leur seul sujet de conversation ; mais il n’y avait en elles aucune véritable innocence sensuelle. Les hommes, d’ailleurs, ne valaient guère mieux : c’est une tendance française, de toute façon, de parler de sexe à chaque occasion sans jamais rien faire ; mais ça commençait à me peser sérieusement.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Plateforme

[ femmes-par-homme ] [ libido ] [ théorie-pratique ]

 

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Ajouté à la BD par Bandini