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beauté

Que les analystes eux-mêmes - j’espère qu’ici personne ne se sentira visé - ne se recommandent pas par un agrément corporel, c’est là ce à quoi la laideur socratique donne son plus noble antécédent, en même temps d’ailleurs qu’elle nous rappelle que ce n’est pas du tout un obstacle à l’amour.

Mais il faut tout de même souligner quelque chose, c’est que l’idéal physique du psychanalyste - tel du moins qu’il se modèle dans l’imagination de la masse - comporte une addition d’épaisseur obtuse et de rustrerie bornée qui véhicule vraiment avec elle toute la question du prestige. L’écran de cinéma - si je puis dire - est ici le révélateur le plus sensible. Pour nous servir simplement du tout dernier film d’HITCHCOCK [Psychose], voyez sous quelle forme se présente le débrouilleur d’énigme, celui qui se présente là pour trancher sans appel au terme de tous les recours, franchement il porte toutes les marques de ce que nous appellerons un élément stigmatisé comme l’intouchable !

[…] En somme l’analyse est la seule praxis où le charme soit un inconvénient : il romprait le charme.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 16 novembre 1960

[ apparence ] [ das ding ] [ la chose ] [ répulsion ]

 
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philosophie

L’originalité est la pire des recommandations pour les conceptions fondamentales.

Auteur: Peirce Charles Sanders

Info: Collected papers, 1.368

[ classicisme ] [ rigueur ] [ galériens de la fantaisie ]

 
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technologie

La lancinante question "Que dois-je faire ?" ne cesse d'accompagner le destin des êtres humains et ne les laisse pas en repos. Cette angoisse consubstantielle à notre nature nous conduit au désir d'abdiquer notre liberté en ne cessant de convoquer l'Autre, l'instance divine qui nous dirait enfin comment agir et saurait répondre aux apories auxquelles la vie nous confronte. L'idolâtrie, tant fustigée par les prophètes de l'Ancien Testament, se constitue de cette angoisse et joue une fonction aliénante contre laquelle ils n'ont cessé de s'élever. Le fantasme lié à une prétendue " intelligence artificielle " n'est rien d'autre que la réactivation d'une propension archaïque à l'idolâtrie, en cherchant à susciter une altérité radicale, c'est-à-dire à susciter le dieu. Un dieu qui pourrait enfin nous dire quoi faire en nous délivrant de nous-même, c'est-à-dire de notre liberté.

Auteur: Farago Pierre

Info: Au sujet du fantasme relatif à la possibilité d’une prétendue intelligence artificielle

[ palliatif existentiel ] [ servitude volontaire ]

 

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énoncé-énonciation

[...] le langage n'est pas extrinsèque à la conscience, il en est la manifestation tangible. Lorsqu'une prétendue " intelligence artificielle " produit du texte, écrit ou synthétisé vocalement, elle ne lui donne aucun sens, car il n'y a justement pas de "elle", c'est-à-dire pas de sujet conscient à l'oeuvre: il s'agit uniquement d'un brassage procédural de données innombrables découpées en segments de quatre signes appelés "token", segments traités statistiquement sans considération pour la cohérence et la signification des mots, cisaillés sans aucune considération pour leur unité sémantique, et d'où tout sens est exclu. Cela induit d'ailleurs des aberrations nombreuses qui impliquent généralement l'intervention d'une sous-section souvent passée sous silence de l'"intelligence artificielle" nommée le "Turc mécanique". Le "Turc mécanique" fait référence à un automate joueur d'échec construit en 1769 par le Baron Johann Wolfgang von Kempelen, doté d'un mécanisme interne destiné à faire illusion et à dissimuler un logement prévu pour accueillir un être humain de petite taille qui œuvrait comme un véritable marionnettiste pour déplacer les pièces du jeu d'échec. La sous-section de l'"intelligence artificielle" ainsi dénommée est constituée d'êtres humains bien réels vivant généralement dans des pays du tiers-monde, chargés, moyennant une rétribution misérable dispensée au prorata des items produits, de vérifier la pertinence des solutions aveuglément proposées par des algorithmes forcément faillibles car dépourvus de facultés délibératives, seul apanage d'une véritable conscience*.



[*: Un scandale vient d’éclater au sujet des magasins “Amazon Fresh” et “Amazon Go”, qui promettaient des achats sans caisse grâce à l’IA. Le dispositif, disfonctionnel, ne tenait en réalité que de l’emploi d’un millier de personnes sous payées en Inde, qui reprenaient confidentiellement et en sous main toutes les déficiences de l’algorithme. https://www.futurasciences.com/tech/questions-reponses/intelligence-artificielle-insolite-puissant-outil-ia-amazon-etait-fait1-000-indiensderriere-ecran-20884/]

Auteur: Farago Pierre

Info: Au sujet du fantasme relatif à la possibilité d’une prétendue intelligence artificielle

[ exploitation humaine ] [ trucage ] [ critique ]

 
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modélisation scientifique

Ainsi le grand développement technologique du tout début du XVIIe siècle a autorisé la construction d'horloges et de mécanismes de plus en plus précis et complexes - comme la Pascaline de Blaise Pascal, par exemple, sorte de précurseur archéologique très rudimentaire d'une machine de Turing. De là à rendre compte du vivant à partir d'un modèle basé sur le fonctionnement des d'automates, il n'y a qu'un pas que Descartes et ses contemporains avec lui ont franchi sans vergogne. On assiste là à un cas d'inversion causale particulièrement remarquable, connue depuis les Grecs sous le nom d'hysteron proteron, ou, dans un vocabulaire actualisé, d'hystérologie. Cette inversion consiste à faire précéder une cause de son ou de ses effets, faute logique grossière et élémentaire. Le modèle animal a inspiré des reconstructions mimétiques - incroyablement grossières, faut-il le souligner? - nommées automates, qui sont à leur tour dans un deuxième temps utilisées avec la prétention d'en faire des modèles explicatifs du réel, crédité dès lors d'être la représentation de ses représentations dans un double mouvement inversif. Tant que le discours épistémologique accompagnant un tel processus de pensée reste dans une perspective suffisamment humble, c'est-à-dire simplement réaliste, ne perdant jamais de vue que la science appartient irrémédiablement à un ordre représentatif à jamais exilé de l'en-soi du monde, tout va bien, et ces approximations représentatives restent tolérables malgré leur abyssal réductionnisme explicatif. Le problème devient inquiétant quand l'ivresse de toute-puissance d'une raison dégradée en rationalisme prétend plaquer sur le réel ses propres productions représentatives, qui finissent immanquablement par prétendre se substituer à lui.

Auteur: Farago Pierre

Info: Au sujet du fantasme relatif à la possibilité d’une prétendue intelligence artificielle

[ référent immanent ] [ imaginaire ]

 
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philosophie

Leibniz "notamment était fasciné par la possibilité de remédier à tout dissensus au sein d'une discussion par une réduction de la pensée à une forme d'algébrisation analytique de son expression, le "Calculus raciocinator", censé mettre un terme au caractère aporétique des confrontations subjectives, soumises au règne problématique de l'opinion." Une telle approche, résolument dualiste, ne va pas sans poser de très nombreux problèmes, au premier rang desquels se place celui du statut épistémologique exact attaché à la notion de vérité, auquel j'ai consacré il y a quelques années un autre article. J'en résumerai ici les termes principaux en distinguant le concept de vrai ou de véracité, qui appartient à l'ordre des multiples diffractions représentatives correctes mais partielles relevant de nos modalités cognitives et intellectives d'appréhension du monde de celui de vérité qui appartient à l'être même du monde et dont la connaissance exhaustive nous est structurellement à jamais inaccessible. Il y a dans le rêve leibnizien le concentré du fantasme qui constitue le centre même de la notion d'"intelligence artificielle": celui d'une transgression possible de cette distinction entre langage et monde. Le rêve utopique de leur possible équivalence implique soit la destruction pure et simple du langage, c'est-à-dire le retour au chaos fusionnel d'une animalité antérieure à notre humanisation, soit, ce qui n'est que le verso de la proposition précédente, la disparition de la prise en compte de la dimension substantielle du monde en tant que tel et la négation de notre inscription incarnée en son sein. Car "le réceptacle" ou le garant des arrimages référentiels corrects qui lient une langue au monde dont elle est le reflet réside précisément au sein de la conscience vivante d'un sujet vivant et ne peut résider qu'en lui seul: il ne peut en aucun cas être soumis à quelque externalisation que ce soit. Le fantasme d'indexation de la véracité - c'est-à-dire de la conformité d'une proposition (relevant de la catégorie du vrai) - à l'effectivité substantielle du monde/du réel (relevant de la catégorie de la vérité) à l'intérieur d'un système de signes capable de se soutenir de lui-même en étant le garant ultime de cette véracité qui sous-tendait l'utopie leibnitzienne portée par le "Calculus ratiocinator", se trouve de ce fait définitivement invalidé. Affirmer le contraire reviendrait à soutenir l'indistinction entre l'être substantiel référentiel et sa représentation dans les instances du langage, confondre la chose et le mot, prétendre du concept de chien qu'il aboie. Or il y a une faille ontologique béante entre le monde-en-soi, en lequel réside la vérité, et les instances représentatives du langage, auxquelles appartiennent en propre la recherche et l'expression de la catégorie du vrai, faille que rien n'est susceptible de jamais combler, hormis le précaire et fragile pont constitué par la conscience d'un sujet incarné. Le sujet incarné, marqué par sa finitude, son incomplétude, sa fragilité et sa mortalité, caractérisé par sa conscience réflexive, voilà le seul et unique gardien en dernier ressort auquel la possibilité de l'expression du vrai, principale caractéristique du langage, puisse se fier. La possibilité de l'expression de la vérité sous les espèces de la catégorie du vrai portée par le langage n'a qu'un gardien: le sujet vivant." Pour comprendre en un mot ce dont il est ici question, il suffit de s'imaginer un livre ou une bibliothèque sans aucun lecteur, ni maintenant, ni jamais: ils ne seraient qu'objets morts et sans signification. Car le sens ne se constitue qu'au sein d'une conscience vivante et incarnée par la désignation suscitée en elle par les mots d'une expérience sensible, ou des niveaux d'abstraction qu'elle a rendu possibles, et à laquelle ils sont constamment rattachés.

Auteur: Farago Pierre

Info: Au sujet du fantasme relatif à la possibilité d’une prétendue intelligence artificielle

[ critique ] [ confusion ] [ écart ] [ cybernétique ]

 
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parole

La réduction formaliste imposée au langage par la linguistique, la science et à leur suite la prétendue "intelligence artificielle" opère une véritable tour de passe-passe où en dernier ressort seule la dimension performative instrumentale du langage est conservée, au détriment de sa dimension interlocutive d'institution subjectale mutuelle. Cela implique en sous main une altération radicale de la notion de vérité, qui d'universelle, relationnelle, métaphysique et morale va devenir exclusivement performative: sera considéré comme vrai ce qui fait levier sur le monde et ce qui, par le biais de sa réduction à des formalismes mathématiques, ouvrira un chemin à sa mise en coupe réglée par la technique, l'industrie et pour finir, le marché. La notion de vérité devient simplement synonyme d'efficacité.

Auteur: Farago Pierre

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[ instrumentalisation ] [ fonctionnalisme ]

 
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technologie

L'origine du terme "ordinateur" remonte au Moyen-Âge, notamment avec le théologien et philosophe Grégoire de Rimini (vers 1300-1358) qui a composé plusieurs tables analytiques relatives à l'œuvre de Saint Augustin, ainsi qu'aux cours qu'il a donnés dans les nombreuses universités où il a enseigné, en Italie et à Paris. Ces tables visaient à pouvoir se repérer dans une œuvre donnée en suivant plusieurs entrées ou thématiques relatives à un terme précis ou encore à un auteur: il s'agissait donc d'ordonner l'accès complexe à un texte préexistant relié lui-même à de multiples autres références. Il n'y a donc pas là la moindre expression d'une pensée quelle qu'elle soit, mais la constitution de chemins possibles pour accéder à une œuvre et y retrouver un terme précis et les manières multiples dont il est traité. Le sens contemporain du mot "ordinateur", assigné en 1956, provient directement de cet héritage médiéval par le biais d'un emprunt au latin d'époque impériale ordinator, "ce ou celui qui met en ordre, qui règle".

Auteur: Farago Pierre

Info: Au sujet du fantasme relatif à la possibilité d’une prétendue intelligence artificielle

[ étymologie ]

 

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technologie

Il convient donc de repérer ici un premier paralogisme consistant sans lequel le concept d'"intelligence artificielle" n'aurait pu être élaboré: confondre le monde avec sa formalisation représentative - on ne saurait trop répéter le bon mot d'Althusser: le concept de chien n'aboie pas. Une prétendue "intelligence artificielle" ne saurait être autre chose que l'image forcément partielle, datée et donc consubstantiellement frappée d'obsolescence que l'on se fait présentement de ce phénomène infiniment complexe et largement incompris qu'est la seule et unique véritable intelligence, l'intelligence humaine. L'émergence d'une conscience subjectale est donc totalement impossible dans un programme informatique ou une machine quelle qu'elle soit pour des raisons structurelles. Un programme informatique ou une machine ne sont que des projections représentatives procédurales, comme je l'ai écrit plus haut, alors que la conscience d'un sujet participe de l'être du monde, au sens ontologique du terme, en tant qu'elle en est issue d'une manière extraordinairement complexe, irréductible à un ordre représentatif quel qu'il soit, et qu'elle est incarnée. Comme par définition la représentation ne se peut confondre avec ce qui est représenté, la coalescence des deux relève d'un pur fantasme.

Auteur: Farago Pierre

Info: Au sujet du fantasme relatif à la possibilité d’une prétendue intelligence artificielle

[ usage terminologique abusif ] [ critique ] [ imaginaire ]

 
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question

Il se pourrait que les savoirs humains et l’inconscient collectif-noosphère (d’origine innée donc), représentent comme une continuation organique (je ne trouve pas de meilleur terme) du développement global de Gaïa.

Pour ce faire il faudrait pouvoir étudier-analyser de A à Z ces immenses développements ADN du vivant qui ont aboutis à nous autres créateurs de la cybernétique et aux IAs.

Immenses développements ADN et leurs mémoires accumulées-triées étant appréciés ici comme les LLMs qui ont généré l’Intelligence Artificielle

Auteur: Mg

Info: 27 août 2024

[ homme-machine ] [ évolution ]

 
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Ajouté à la BD par miguel