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nirvana

(…) je pense que l'homme autant que la femme sont capables de cette "jouissance autre" qui est sensuelle, non pas en deça mais à travers le sexe (…). A moins que cette jouissance autre – cette féminité, si elle est spécifique à certaines femmes – ne soit le secret de toute écriture, transversale au sexe et au langage, une jouissance inhumaine, cosmique, où la personne n'est d'aucun sexe parce qu'elle est de tous les sexes, ceux de toutes les plantes, de tous les animaux, de toutes les étoiles, de toutes les odeurs, de toutes les sensations.

Auteur: Kristeva Julia

Info: Colette : Un génie féminin

[ pensée-de-femme ] [ illumination ] [ orgasme ] [ unicité ]

 

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émerveillement

Lorsque le ciel étoilé, une vue du grand large ou un vitrail aux rayons violets me fascinent, je suis enveloppée d'un amas de sens, de couleurs, de mots, de caresses, avec des touches légères, des parfums, des soupirs, des cadences qui surgissent, me prennent et m'emportent au-delà de ce que je vois, entends ou pense, L'objet "sublime" se dissout dans les ravissements d'une mémoire sans fond. C'est une telle mémoire qui, de point d'arrêt en point d'arrêt, de souvenir en souvenir, d'amour en amour, transfère cet objet jusqu'au point de reconstitution de l'éblouissement dans lequel je m'égare pour être.

Auteur: Kristeva Julia

Info: Powers of Horror: An Essay on Abjection. Trad Mg

[ contemplation ] [ beauté du monde ] [ souvenirs ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

dépression

Ecoutez à nouveau quelques instants la parole dépressive, répétitive, monotone, ou bien vidée de sens, inaudible même pour celui qui la dit, avant qu’il ne s’abîme dans le mutisme. Vous constaterez que le sens chez le mélancolique paraît... arbitraire, ou bien qu’il se bâtit à grands renfort de savoir et de volonté de maîtrise, mais semble secondaire, figé un peu à côté de la tête et du corps de la personne qui vous parle. Ou encore qu’il est d’emblée évasif, incertain, lacunaire, quasi mutique : "on" vous parle déjà persuadé que la parole est fausse et donc "on" vous parle négligemment, "on" parle sans y croire.

Auteur: Kristeva Julia

Info: Dans "Soleil noir", éditions Gallimard, 1987, pages 54-55

[ absurde ] [ incrédule ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

orgueil

Cependant, si l’on rompait le lien symbolique, notre Job deviendrait Kirilov [personnage des "Démons" de Dostoïevski], un terroriste suicidaire. Merejkowski n’a pas tout à fait tort de voir dans le grand écrivain le précurseur de la révolution russe. Il la redoute, certes, il la rejette et la stigmatise, mais c’est lui qui en connaît l’avènement sournois dans l’âme de son homme souffrant, prêt à trahir l’humilité de Job pour l’exaltation maniaque du révolutionnaire se prenant pour Dieu (telle est, selon Dostoïevski, la foi socialiste des athées). Le narcissisme du déprimé s’inverse en la manie du terrorisme athée : Kirilov est l’homme sans Dieu qui a pris la place de Dieu.

Auteur: Kristeva Julia

Info: Dans "Soleil noir", éditions Gallimard, 1987, page 196

[ déification ] [ socialisme ] [ sécularisation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

poésie

Après sa crise de folie en mai 1853, Gérard de Nerval (1808-1855) part pour son Valois natal (Chaalis, Senlis, Loisy, Mortefontaine) pour chercher refuge nostalgique et apaisement. Cet errant infatigable qui ne se lasse pas de sillonner le Midi, l’Allemagne, l’Autriche et l’Orient, se replie pour un temps dans la crypte d’un passé qui le hante. En août, les symptômes reprennent : nous le retrouvons, archéologue menacé, visitant la galerie d’ostéologie du Jardin des plantes et persuadé, sous la pluie, d’assister au déluge. [...] Dans ce contexte, El Desdichado est son arche de Noé. Si elle est provisoire, elle lui assure cependant une identité fluide, énigmatique, incantatoire. Orphée demeure, cette fois encore, vainqueur du Prince Noir.

Auteur: Kristeva Julia

Info: Dans "Soleil noir", éditions Gallimard, 1987, page 155

[ contexte biographique ] [ écriture ] [ modalité de suppléance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

répulsion

Il y a, dans l’abjection, une de ces violentes et obscures révoltes de l’être contre ce qui le menace et qui lui paraît venir d’un dehors ou d’un dedans exorbitant, jeté à côté du possible, du tolérable, du pensable. C’est là, tout près mais inassimilable. Ça sollicite, inquiète, fascine le désir qui pourtant ne se laisse pas séduire. Apeuré, il se détourne. Écœuré, il rejette. Un absolu le protège de l’opprobre, il est en fier, il y tient. Mais en même temps, quand même, cet élan, ce spasme, ce saut, est attiré vers un ailleurs aussi tentant que condamné. Inlassablement, comme un boomerang indomptable, un pôle d’appel et de répugnance met celui qui en est habité littéralement hors de lui.

Auteur: Kristeva Julia

Info: Pouvoirs de l'horreur, p 9

[ dégoût ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

écrire

La création littéraire est cette aventure du corps et des signes qui porte témoignage de l’affect : de la tristesse, comme marque de la séparation et comme amorce de la dimension du symbole ; de la joie, comme marque du triomphe qui s’installe dans l’univers de l’artifice et du symbole que j’essaie de faire correspondre au mieux à mes expériences de la réalité. Mais ce témoignage, la création littéraire le produit dans un matériau tout autre que l’humeur. Elle transpose l’affect dans les rythmes, les signes, les formes. Le "sémiotique" et le "symbolique" deviennent les marques communicables d’une réalité affective présente, sensible au lecteur (j’aime ce livre parce qu’il me communique la tristesse, l’angoisse ou la joie), et néanmoins dominée, écartée, vaincue.

Auteur: Kristeva Julia

Info: Dans "Soleil noir", éditions Gallimard, 1987, pages 32-33

[ transformation ] [ plaisir ] [ sublimation ] [ progrès symbolique ]

 

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abattement

Écrire sur la mélancolie n'aurait de sens, pour ceux que la mélancolie ravage, que si l'écrit venait de la mélancolie. J'essaie de vous parler d'un gouffre de tristesse, douleur incommunicable qui nous absorbe parfois, et souvent durablement, jusqu'à nous faire perdre le goût de toute parole, de tout acte, le goût même de la vie. Ce désespoir n'est pas un dégoût qui supposerait que je sois capable de désir et de création, négatifs certes, mais existants. Dans la dépression, si mon existence est prête à basculer, son non-sens n'est pas tragique : il m'apparaît évident, éclatant et inéluctable. D’où vient-il, ce soleil noir ? De quelle galaxie insensée ses rayons invisibles et pesants me clouent-ils au sol, au lit, au mutisme, au renoncement ?

Auteur: Kristeva Julia

Info: Soleil Noir, incipit, éditions Gallimard, 1987, page 13

[ neurasthénie ]

 
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style

Pour des raisons individuelles, ou bien par l’écrasement historique de l’autorité politique ou métaphysique qui est notre paternité sociale, cette dynamique de l’identification primaire au fondement de l’idéalisation peut être mise en difficulté : elle peut paraître privée de signification, illusoire et fausse. Seul perdure alors le sens du mécanisme plus profond représenté par la croix : celui de la césure, de la discontinuité, de la dépression.

Holbein s’est-il fait le peintre de ce christianisme décapé de son onde porteuse antidépressive qu’est l’identification à un au-delà gratifiant ? Il nous conduit en tout cas au bord ultime de la croyance, au seuil du non-sens. Seule la forme – l’art – redonne une sérénité à cette éclipse du pardon, l’amour et le salut se réfugiant dans la performance de l’œuvre. La rédemption serait simplement la rigueur d’une technique stricte.

Auteur: Kristeva Julia

Info: Dans "Soleil noir", éditions Gallimard, 1987, page 146

[ absurdité ] [ modernité ] [ modalité de suppléance ] [ peinture ] [ sublimation ]

 
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christianisme

Dans le sens de ce dépassement va la signification que l’on peut tirer du mot "expier" : expiare, du grec hilaskomaï, de l’hébreu kipper, impliquant plus une réconciliation ("se montrer favorable à quelqu’un, se laisser réconcilier par Dieu") que le fait de "subir un châtiment". On peut en effet faire remonter le sens de "réconcilier" au grec allassô ("rendre autre", "se changer à l’égard de quelqu’un"). Ceci conduit à voir dans le "sacrifice" chrétien expiatoire plutôt l’offrande d’un don acceptable et accepté que la violence du sang versé. Cette altération généreuse de la "victime" en "offrande" salvatrice et médiatrice sous l’emprise d’un Dieu aimant en son principe est sans doute spécifiquement chrétienne. Elle représente une nouveauté que les mondes grec et juif ont ignorée, quand ils ne l’ont pas considérée, à la lumière de leurs propres cultes, comme scandaleuse.

Auteur: Kristeva Julia

Info: Dans "Soleil noir", éditions Gallimard, 1987, pages 142-143

[ étymologie ] [ mort ]

 

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