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nourriture

Les menus monastiques changent avec les saisons. L'été, un hôte a quelque chance de déguster de petites merveilles : la soupe à l'oseille, la soupe au lait froide et son sirop de menthe de l'abbaye, la soupe au vin de la vigne, l'omelette aux aubergines, les œufs castillans, brouillés avec tomates et poivrons, la tarte aux oignons, les tomates et les courgettes farcies à la viande de bœuf monastique, la viande de bœuf froide accompagnée de mayonnaise maison, agrémentée de ciboulette ou de persil, les tomates à la provençale, la ratatouille cuisinée avec les courgettes, les aubergines, les oignons, les poivrons, les tomates, le romarin et l'estragon du jardin, la fameuse charlotte Martin, les pommes cuites au four servies avec de la gelée de coing, les tartes aux pommes, aux paires, à la rhubarbe sont comme les strophes merveilleuses d'un poème gustatif sans fin.

Auteur: Diat Nicolas

Info: Le grand bonheur

[ repas ] [ gastronomie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

inspiration

Tu es la présence avec laquelle je parle
tout à coup, seul à seul.
Ce sont les mots qui te forment,
ceux qui sortent du silence
et de la mare de rêve dans laquelle je me noie
libre jusqu’au réveil.

Ta main métallique
durcit l’urgence de ma main
et conduit la plume
qui trace sur le papier son littoral.

Ta voix, lieu de l’écho,
est le rebondissement de ma voix sur le mur,
et sur ta peau en miroir
je me regarde me regardant parmi mille Argos
pendant de longues secondes.

Mais le moindre bruit te fait fuir
et je te vois sortir
par la porte du livre
ou par l’atlas du plafond,
par les planches du plancher,
ou la page du miroir,
et tu me laisses
sans vie sans voix et sans visage,
sans masque comme un homme nu
en pleine rue des regards.

Auteur: Xavier Villaurrutia y González

Info:

[ ange gardien ] [ poème ]

 

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couple

Chaque fois, mon amour, qu’il me souvient de nous

Un océan de glace remonte à ma mémoire :

Nulle étoile ne brille dans le lointain blafard,

La lune seule y fait une tache jaunâtre ;

Et par-dessus les flots pleins de glace blanchâtre,

Un oiseau fatigué passe, triste et hagard,

Tandis que sa compagne est déjà loin devant 

Et vole avec les autres du côté du couchant.

Il la suit tristement d’un regard sans espoir,

Tout regret l’a quitté ; au moment où il meurt,

Il ne garde en mémoire qu’un rêve de bonheur.



Chaque instant nous éloigne un peu plus loin de l’autre,

Tandis que, seul et froid, doucement je m’éteins,

Tu te perds en riant dans l’éternel matin. 

Auteur: Eminescu Mihail

Info: Poésies/Poezii, Traduction du roumain par Jean-Louis Courriol, Non Lieu, 2015, p.43. Chaque fois, mon amour

[ poème ] [ vieillesse ] [ extinction ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

littérature

Jean Cocteau, déjà loin de ses poèmes vénitiens de 1909, risquait un saut qui, pour tout autre, eût été périlleux ; il retombait sur ses pieds, toujours. Plus applaudi que jamais, ayant renouvelé son public, s'étant fait une seconde jeunesse, il était partout à la fois ; il ne pouvait manquer le train puisqu'il courait devant la locomotive ; à la pointe de tout, du piquant des métaphores au bec de la plume, grâce à ses formules-flèches il s'installait dans l'aigu ; son menton interrogeant, son regard en tournevis, les doigts en vrille, il vivait "au bout de lui-même". Se reposer eût été s'émousser. De Cocteau-le-Pointu, l'électricité sortait par tous les angles. En redescendant l'escalier Henri III de l'immeuble de la rue d'Anjou, où il habitait chez sa mère, on se sentait imbécile, attardé, courbaturé, obtus ; lui seul pouvait dormir en dansant, sur les pointes.

Auteur: Morand Paul

Info: Venises, L'Imaginaire Gallimard, p. 93

[ anecdote ]

 

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poème

Le plus beau des océans
est celui que l'on n'a pas encore traversé.
Le plus beau des enfants
n'a pas encore grandi.
Les plus beaux de nos jours
sont ceux que nous n'avons pas encore vécus.
Et les plus beaux des poèmes que je veux te dire
sont ceux que je ne t'ai pas encore dits.

Que c'est beau de penser à toi :
à travers les rumeurs de morts et de victoire
en prison
alors que j'ai passé la quarantaine...

Que c'est beau de penser à toi :
ta main oubliée sur un tissu bleu
et dans tes cheveux
la fière douceur de ma terre bien-aimée d'Istanbul...
C'est comme un second être en moi
que le bonheur de t'aimer...
le parfum de la feuille de géranium au bout de mes doigts,
une quiétude ensoleillée
et l'invite de la chair :
striée d'écarlate
l'obscurité
chaude
dense...

Auteur: Hikmet Nazim

Info: 24 septembre 1945

[ déclaration d'amour ]

 

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bouleversée

Ah ! Je me rappelle encore très bien la douleur d'alors !

Mon cœur pris au dépourvu

sautait comme une volaille à la tête tranchée.

Tout était éclaboussé de sang,

la rue, la table du bistrot,

et surtout tes mains inconscientes.

Ma chevelure éparse errait

comme un monstre parmi les verres,

s’enroulait autour d’eux, comme

autour de souffles arrêtés,

puis dansait, debout, en sifflant,

plus retombait, guillotinée, à tes pieds.

Ah ! Je me rappelle bien que j'ai eu

un sourire atroce, grimaçant

pour mieux ressembler à moi

et que je n'ai crié qu'une seule fois,

bien après qu'il n'y eût plus eu

personne alentour,

et qu’on eût éteint la lumière et essuyé

le sang sur les tables.

Auteur: Cassian Nina

Info: Le sang. Traduction  Aurel George Boeșteanu

[ choc ] [ poème ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

nature

Le désert avait été pour lui une mère et un père, un maître, un amant et un guide.
Sans qu'il sut lire, le désert avait fait de lui un érudit. Il avait découvert des traités entiers cachés dans les tempêtes de sable ; il avait lu un millier de poèmes inscrits en travers de l'horizon. Quand il avait l'âme pure, au lever du soleil, il comprenait le langage des sables. À vingt ans, il connaissait les sentiers secrets longeant les failles des falaises et pouvait déchiffrer les énigmes des dunes mouvantes. Il analysait chaque nuage de poussière en fonction de son heure, lisait les messages de la lune en toutes ses saisons et reconnaissait la voix de toutes les étoiles. Le vent était sa religion et la planète Vénus son amour, et il avait trouvé des traces de leur volonté dans les rochers et les vallées désertes.

Auteur: Nakhjavani Bahiyyih

Info: La sacoche

[ littérature ]

 

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herméneutique

Maintenant, les enfants tracent sur leurs ardoises quatre lettres : Peh, Resh, Daleth, Shin. Une fois qu'ils arrivent au bout de leurs efforts, Elisha leur demande de lire à voix haute ce qu'ils ont écrit, toutes les lettres ensemble et chacune isolément.
Shlomo récite un poème, mais il le fait comme s'il n'en comprenait pas du tout le sens :
- P, pshat, est l'exégèse littérale ; R, remez, est l'exégèse symbolique ; D, drash, est ce que disent les sages, l'homélitique ; S, sod, est l'exégèse mystique.
Au mot "mystique", il se met à bégayer exactement comme le fait sa mère. Comme il lui ressemble, songe Elisha Shorr, ému. Cette découverte lui remonte le moral, tous ces enfants sont de son sang, en chacun il y a une part de lui, un peu comme s'il était une bûche que l'on fendrait en faisant voler des éclats.

Auteur: Tokarczuk Olga

Info: In "Les livres de Jakob", p. 985-984

[ signes ] [ transmission ] [ apprentissage ] [ éducation ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

couchant

Le vent d’automne, aux bruits lointains des mers pareil,

Plein d’adieux solennels, de plaintes inconnues,

Balance tristement le long des avenues

Les lourds massifs rougis de ton sang, ô soleil !



La feuille en tourbillons s’envole par les nues ;

Et l’on voit osciller, dans un fleuve vermeil,

Aux approches du soir inclinés au sommeil,

De grands nids teints de pourpre au bout des branches nues.



Tombe, Astre glorieux, source et flambeau du jour !

Ta gloire en nappes d’or coule de ta blessure,

Comme d’un sein puissant tombe un suprême amour.



Meurs donc, tu renaîtras ! L’espérance en est sûre.

Mais qui rendra la vie et la flamme et la voix

Au cœur qui s’est brisé pour la dernière fois ?

Auteur: Leconte de Lisle Charles-Marie

Info: La Mort du Soleil

[ poème ] [ crépuscule ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

contemplation

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées;

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides,
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins;

Celui dont les pensées, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes!

Auteur: Baudelaire Charles

Info: In Élévation, 3e poème de la section "Spleen et Idéal" du recueil Les Fleurs du mal, 1857

[ poème ] [ évasion ]

 
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Ajouté à la BD par miguel