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injustice

Raison de notre sévérité à l’égard des autres et de notre indulgence envers nous-mêmes : nous ne nous identifions jamais à nos actes bas ou médiocres ; nous savons (ou nous supposons) qu’il existe en nous une densité, une profondeur, une substance que nos actes n’épuisent pas et qui peut toujours produire des actes meilleurs. Tandis que, dans le prochain, nous ne percevons que les actes et, quand ces actes nous choquent ou nous déçoivent, nous sommes instinctivement tentés de les confondre avec la personne, de nous imaginer, par exemple, que l’envieux n’est qu’envie, le débauché que débauche, le médiocre que médiocrité. Nous savons que nos actes ne sont que des accidents ; des actes du prochain, nous faisons volontiers des substances.

Auteur: Thibon Gustave

Info: Notre regard qui manque à la lumière, Librairie Arthème Fayard, 1970, page 190

[ jugement ] [ réductionnisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

centralisation étatique

Aujourd’hui, le socialisme tend à éliminer [...] tous les détenteurs privés des moyens de production et d’échange. Théoriquement, cette révolution s’accomplit au profit du prolétariat qui, devenant – toujours théoriquement ! – l’unique classe sociale, sera définitivement soustrait à l’aliénation et à l’exploitation. Mais que se passe-t-il en fait ? En l’absence du propriétaire, du banquier, du patron – produits abhorrés de l’infâme capitalisme – qui va organiser, coordonner et diriger les mécanismes de l’économie et les activités des travailleurs ? L’Etat seul, c’est-à-dire une entité encore plus lointaine et plus anonyme. Avec une nouvelle classe dirigeante servie par une nuée d’exécutants, sans contact direct, sans communauté de destin avec les masses sur lesquelles elle exerce son autorité et son contrôle.

Auteur: Thibon Gustave

Info: Dans "L'équilibre et l'harmonie", Librairie Arthème, Fayard, 1976, page 236

[ bureaucratie ] [ déshumanisation ] [ système oppressif ]

 

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société techno-scientifique-marchande

L’interdépendance existe donc plus que jamais, mais elle s’est étrangement déplacée du prochain vers le lointain. Les liens familiaux s’effilochent (les enfants échappent de plus en plus tôt à la tutelle des parents, les malades et les vieillards sont à la charge de l’Etat, etc.) et quant aux rapports de voisinage, ils sont en voie de disparition en dehors des nécessités professionnelles. L’habitant d’un grand ensemble se passe fort bien des services de son voisin de palier auquel très souvent il n’a jamais adressé la parole [...] mais il dépend chaque jour, pour le ravitaillement de sa chère voiture, de l’émir du Koweït et de ses homologues qui règnent sur le Moyen Orient et ses puits de pétrole.

Auteur: Thibon Gustave

Info: Dans "L'équilibre et l'harmonie", Librairie Arthème, Fayard, 1976, page 58

[ anonymat ] [ isolement ] [ mondialisation ] [ circuits longs ]

 

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geignards

Qu’on m’entende bien. Quand je dénonce comme une sottise et une impiété l’optimisme au rabais des adorateurs du progrès, quand je rappelle aux chrétiens hypnotisés par l’histoire que la terre est un lieu d’exil et une vallée de larmes, je ne veux à aucun prix être confondu avec ces chrétiens gémisseurs – ceux que Nietzsche appelait "les hallucinés de l’arrière-monde" - qui, incapables de toute plénitude temporelle, nous rebattent les oreilles avec leur mépris de la terre et de la vie et leurs espérances dans un au-delà fabriqué de toutes pièces par leur imagination compensatrice. En fait, ces excités et ces pleurnicheurs souffrent du même mal : l’impuissance à vivre, qui provoque en eux la même réaction : le mimétisme de la vie absente.

Auteur: Thibon Gustave

Info: Notre regard qui manque à la lumière, Librairie Arthème Fayard, 1970, page 223

[ pleurnicheurs ] [ radicalité ] [ différence ] [ vitalité ]

 

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silence intérieur

La lutte contre le bruit extérieur ne suffit pas. Il faut l’étendre à toutes les influences, à toutes les pressions qui reproduisent, dans l’ordre psychologique, tout ce que le bruit matériel a d’impersonnel, de chaotique, d’obsédant et d’aliénant. C’est sans doute dans ce sens que Saint François de Sales disait que le bien ne fait pas de bruit et que le bruit ne fait pas de bien.

C’est en faisant taire tous les bruits qui nous assaillent du dehors, c’est-à-dire en refusant d’entendre ce qui ne mérite pas d’être écouté, que nous retrouverons la clef de l’harmonie avec nous-mêmes, avec le prochain et avec Dieu, et que nous éviterons le triste destin de réagir comme une touche désaccordée dans le grand concert de la création.

Auteur: Thibon Gustave

Info: Dans "L'équilibre et l'harmonie", Librairie Arthème, Fayard, 1976, page 131

[ refuge ]

 

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déchéance

Les persécuteurs, les sadiques, ceux qui haïssent "gratuitement" la vertu et la sainteté sont des méchants, certes, mais des méchants qui portent (ou plutôt qui ont porté) dans leur cœur un germe de vertu et de sainteté qu’ils en ont arraché. Le spectacle de la pureté leur est insupportable parce qu’il ravive la blessure causée par cet avortement, parce qu’il les écartèle entre le possible d’hier et l’impossible d’aujourd’hui. On hait plus que tout ce qu’on aurait pu posséder et qu’on a perdu par sa faute, la hauteur pour laquelle on était fait et qu’on désespère à jamais d’atteindre. La haine irréductible du bien procède de l’agonie et du désespoir du bien en nous (c’est par excellence le cas du démon) ; le sadique est un mystique retourné.

Auteur: Thibon Gustave

Info: Notre regard qui manque à la lumière, Librairie Arthème Fayard, 1970, pages 130-131

[ perte ] [ opposition ] [ envie ]

 

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fuite

Il est bien vrai que l’idée et le désir de l’au-delà sont trop souvent le refuge imaginaire des êtres mal doués pour l’effort et la joie terrestre. Mais le besoin d’immortalité peut naître aussi de l’expérience contraire : la joie parfaite, l’amour débordant exigent l’immortalité ; la révélation d’une réalité trop riche pour tenir dans les cadres du temps anticipe déjà sur la vie éternelle ; elle est à la fois la promesse et la preuve. […] Ainsi l’âme trop pauvre et l’âme trop riche croient également à l’au-delà – l’une par compensation : elle cherche dans un autre monde la joie que la terre lui refuse, l’autre par plénitude : elle trouve déjà le ciel dans l’excès même de sa joie terrestre. Quand l’urne de ses jours est vide, l’homme rêve l’immortalité ; quand elle déborde, il la possède déjà…

Auteur: Thibon Gustave

Info: Notre regard qui manque à la lumière, Librairie Arthème Fayard, 1970, pages 68-69

[ amplification ] [ tendances opposées ]

 

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philosophe-sur-philosophe

"Aimer un être, c’est lui dire : toi, tu ne mourras pas." (Gabriel Marcel) Cette idée d’une immortalité personnelle que l’influence de Simone Weil avait affaiblie, ressurgit en moi avec une nécessité, une plénitude de source. Simone Weil n’y croyait pas parce qu’elle aimait en Dieu seul tout être et toute chose ; son platonisme lui faisait considérer l’individu sous l’aspect limite plutôt que sous l’aspect originalité ; et la mort, dans sa conception du monde, en supprimant les limites et les apparences, dissout en même temps ce qu’on appelle la personnalité. Il faut distinguer ici deux catégories d’apparences : celles qui relèvent du préjugé et de l’opinion et qu’on a raison de considérer comme fausses, et celles qui sont l’expression de l’intime originalité des êtres et qui nous mettent en contact avec la parcelle divine enfermée dans chaque créature.

Auteur: Thibon Gustave

Info: Notre regard qui manque à la lumière, Librairie Arthème Fayard, 1970, pages 69-70

[ idéalisme ] [ réalisme ]

 
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femmes-par-homme

Une poule couve dans un buisson. Je lui enlève ses œufs. Le lendemain, je la retrouve accroupie sur des coquilles d’escargots qu’elle a traînées dans sa cachette et qu’elle couve avec la même ferveur. J’ai saisi là sur le vif l’absurdité de certaines passions : l’objet n’a aucune importance, l’échange n’est pas nécessaire ; c’est l’instinct aveugle et irrésistible, fermé sur lui-même et radicalement incapable d’élection et de communion, qui s’accroche à n’importe quoi pour se satisfaire. Cette poule amoureusement blottie sur ses escargots est la parfaite image de certaines femmes qui sacrifient leur vie à un époux ou à un amant avec lequel elles n’ont guère plus d’échanges intérieurs qu’un oiseau avec un gastéropode. Et le plus amusant, c’est que ces malheureux qui sont l’objet anonyme de ce dévouement instinctif se croient choisis, préférés, chéris, pour eux-mêmes !

Auteur: Thibon Gustave

Info: Notre regard qui manque à la lumière, Librairie Arthème Fayard, 1970, page 95

[ couple ] [ malentendu ] [ allégorie ] [ contingence ]

 

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transmission

On se plaint que les jeunes ne respectent plus leurs aînés. Mais est-il beaucoup de ces aînés qui se respectent eux-mêmes, c’est-à-dire qui répondent aux exigences de leur âge ? Le vieillissement est ressenti comme une injure imméritée de la destinée ; on étire, on singe la jeunesse au-delà de limites du bon sens et du bon goût ; on la met en conserve comme ces petits pois extra-fins qu’on cueille avant l’heure pour les consommer en tout temps. [...]

Les âges de la vie, phases d’un même cycle, ne s’opposent pas, ils se complètent. Ce que, sans le savoir peut-être, les jeunes attendent de nous, ce sont les présents et les exemples de l’arrière-saison : la saveur des fruits mûrs et la transparence des feuilles et non le masque d’un printemps factice sur le visage d’un stérile automne.

Auteur: Thibon Gustave

Info: Dans "L'équilibre et l'harmonie", Librairie Arthème, Fayard, 1976, pages 182-183

[ vieux ] [ complémentarité ] [ expérience ]

 

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