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routine

A Montparnasse, c'était le premier changement. Quand il avait un coin, au côté opposé à la descente, il pouvait atteindre sans trop de bousculade son second changement, au Châtelet.

Chaque soir, répétition. Cabas d'une main, journal de l'autre. Éternité maussade dans les trépidations. Ça durait depuis toujours. C'était la vie, la vie de tous les jours, ce supplice chinois, un effet de cloche qui sonne, régulière, éternelle.

Augustin Marcadet s'adossait à la vitre pour essayer de lire. Il pliait courtoisement son journal, côté politique ou côté sport. Il y portait les yeux, en petits efforts vagues de concentration.

Il ne s'agissait même pas d'essayer de penser, il suffisait de faire semblant. Grande habitude. Congrès radsoc ou tour de France. Lire un peu pour la conversation et du lendemain. Pouvoir discuter un peu sur la technique des Belges dans les étapes de montagne...

Auteur: Amila Jean Meckert

Info: L'homme au marteau, 2006, Incipit

[ mégapole ] [ actualités ] [ métro ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

portrait

Edouard Gallois était sur le pont. Il était accoudé au-dessus des remous de la Seine [...]. Il avait un ciré noir taché de petite boue, des cheveux longs de chômeur et une face verdâtre de malheureux.

Et il était tout angoissé d'humble peine quotidienne, tout serré de malchance. Et il avait aussi comme un désir de se noyer dans toutes les énormes harmonies qui se répercutaient d'une rive à l'autre. Il aurait voulu qu'on lui joue de la musique, lui le petit chômeur. Ça n'avait rien de ricanant, sa mélancolie ; c'était aussi simple que la pluie.

Il attendait la nuit pour rentrer chez lui. Il n'était pas si pressé de se retrouver dans son logement sans couleur, avec tout l'écœurement, toute la petite souffrance du bonhomme inutile.

Auteur: Amila Jean Meckert

Info: La Lucarne

[ solitude ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

occident diachronique

Comment situer ce tournant dans l’histoire plus générale de notre civilisation?

L’évolution des derniers siècles (en occident) semble suivre un parallèle assez fort avec l’évolution antique.

Alexandre le Grand peut être comparé à Napoléon, le XIXe siècle avec la société hellénistique des IIIe et IIe siècles av. J.C., les guerres puniques aux guerres mondiales. Le socialisme et le communisme suivent l’héritage des Gracques et de Marius ; les fascismes correspondraient ensuite aux expériences politiques de Sylla, ce qui nous amène, nous, nécessairement à la fin de la République romaine.

La question principale est désormais de savoir qui va régner durablement sur l’occident. Cette question ne sera pas résolue paisiblement : on échappera peut-être à de véritables guerres civiles, mais une période prolongée d’émeutes, d’instabilité politique et de déclin économique me semble inévitable, surtout en Europe, et je crois que nous n’en sommes qu’au début.

D’ailleurs, Spengler ne voyait en Mussolini qu’un personnage précésarien, annonçant plutôt que représentant les transformations politiques du futur, fixant la mutation " impériale " de l’occident vers les années 2000 à 2050.


Auteur: Engels David

Info: In Oswald Spengler: Introduction au Déclin de l'Occident, 2024. DE PYTIE A GORE

[ morphologie historique ] [ analogies ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

sémantique politique

Il va de soi qu'il faut ... refuser de penser en termes de "gauche" et de "droite", car la "gauche" a cessé depuis longtemps de défendre une idéologie socialiste, tout comme la "droite" a abandonné depuis également longtemps la défense des valeurs historiques de notre continent. De manière similaire, il faut arrêter de se laisser intimider par l'emploi de mots vidés de leur sens, comme par exemple "réactionnaire" (pour ceux qui voudraient réinscrire la spiritualité dans la société), "stalinien" (pour ceux qui désireraient protéger les ouvriers et employés du diktat des marchés), "fasciste" (pour ceux qui en appelleraient à la démocratie directe) ou "extrême-droite" (pour ceux qui voudraient que le contrôle d'une civilisation millénaire ne tombe pas, en quelques décennies à peine, dans les mains de nouveaux venus accueillis par simple souci humanitaire, ou, pire, de certains groupements religieux ouvertement anti-occidentaux). Plutôt que de se défendre et se justifier pour montrer son adhérence aux valeurs anti-totalitaires et donc de proclamer involontairement sa loyauté à un système politique désuet, renvoyez ces mots à ceux qui vous les adressent, en demandant ce qu'ils veulent dire. Vous verrez rapidement la panique sur les visages de ceux qui tentent de vous expliquer pourquoi on est "nationaliste" parce qu'on critique l'Union Européenne tout en plaidant pour une véritable fédération continentale, pourquoi on est "communiste" parce qu'on tente de défendre le droit à la grève et limiter l'emprise absolue des marchés, ou pourquoi on est "populiste" parce qu'on s'inquiète de la tiers-mondialisation de l'Europe.


Auteur: Engels David

Info: Que faire ?, 2019, pp. 95-96

[ évolution ] [ gauche-droite ] [ dénaturation ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

racines civilisationnelles

L'Occident fondé par les Carolingiens et les Ottoniens s'est appuyé sur l'héritage de l'Antiquité gréco-romaine ainsi que sur celui du monothéisme chrétien, et de la même manière, la Chine bouddhiste ou la civilisation assyro-babylonienne n'auraient pas pu s'élever à leur hauteur sans les patrimoines cultu- rels respectifs de la Chine antique et de la société suméro-akkadienne.

Nous aussi, Européens, devrions penser à laisser aux époques et aux civilisations ultérieures un témoignage aussi intact que possible de nos expériences et de nos réalisations, en bien comme en mal, et à leur assurer ainsi une certaine pérennité.

Et troisièmement, ce qui me semble le plus important, c'est que le déclin dramatique du christianisme européen rappelle, à tous ceux qui ont des yeux pour voir, l'importance de la transcendance. Plus le christianisme authentique est diffamé, combattu et persécuté, et plus la doctrine pure réapparaît clairement, détournant l'attention des derniers Européens de la simple lutte politique ou sociale pour la diriger sur ce qui constitue la véritable richesse de l'histoire européenne : le rattachement constant de l'individu au vrai, au bien et au beau, dont il participe par son âme immortelle et dont la cultivation devrait être son devoir suprême, totalement indépendant du déclin de sa propre civilisation. Car oui, le christianisme occidental est pour nous, Européens, le principal et probablement le seul accès réel à la transcendance, et tout ce qui mérite d'être effectivement conservé dans notre identité se définit par son degré d'attachement véritable à cette transcendance.


Auteur: Engels David

Info: Défendre l’Europe civilisationnelle. Petit traité hespérialiste

[ religions ] [ nord-sud ] [ morphologie historique ]

 

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pouvoir sémantique

Refuser les mots " décolonial ", " woke ", " cancel culture ", " intersectionnalité ", dénoncer d’emblée leur caractère pervers, c’est refuser le débat, refuser qu’il ait lieu, refuser les mots pour disqualifier la discussion elle-même. Ce n’est ni une attitude historique, ni une attitude scientifique. Je ne suis pas totalement à l’aise avec ce vocabulaire qui n’est pas celui de ma génération mais j’ai envie d’en savoir plus sur ces concepts. Il faut les prendre au sérieux, les étudier historiquement, voir comment un mot est né, pourquoi, et quels sont les emplois successifs qui en sont faits. 


Auteur: Perrot Michelle

Info: Le temps des féminismes, pp 167-168

[ ouverture ] [ compréhension ] [ vocabulaire ]

 

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procréation

Il y a cinquante ans, les femmes pouvaient déjà choisir par elles-mêmes. Mais, dans certains milieux, la bourgeoisie par exemple, le modèle traditionnel restait puissant et une femme qui décidait de ne pas avoir beaucoup d'enfants et de privilégier son travail était encore regardée de manière un peu bizarre, sympathique ou hostile selon la personne.

Aujourd'hui, une jeune fille n'a pas à rompre, elle a à aménager. Un nouveau standard s'est installé, celui du cumul, qui n'est pas du tout beauvoirien. Il conjugue le modèle de la femme active et celui de la famille, avec des enfants. En France, où le désir d'enfant est très fort, les jeunes femmes ont donc souvent deux vies à mêler. Elles ont le choix, certes, mais de façon un peu pernicieuse, ce choix est devenu une manière de norme. Le modèle français est exigeant, combinant fort taux d'activité des femmes et fort taux de natalité, dans les deux cas les plus élevés en Europe.


Auteur: Perrot Michelle

Info: Le temps des féminismes, 2023

[ femmes-hommes ] [ Gaule ] [ historique ]

 

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femmes-hommes

On le voit très bien dans le droit de vote : pour Sieyès, les femmes sont des citoyennes passives, qui ont droit à la protection de leur personne et de leurs biens mais ne votent pas. Elles n’ont aucun accès à la décision politique. Néanmoins, son discours n’est pas sans nuance puisqu’il précise : " du moins dans l’état actuel ", comme si les femmes n’étaient pas encore capables à ce moment-là d’être citoyennes et de participer à la vie publique, mais pourraient l’être un jour. -- Cette distinction a été immédiatement récusée par les femmes, en particulier par Olympe de Gouges, la première à avoir eu conscience que cet universalisme proclamé était un piège. Elle objecte que si les femmes ont le droit de monter à l’échafaud, elles ont aussi le droit de monter à la tribune, à la fois lieu matériel et symbolique. Publiée en 1791, en fait très peu diffusée (elle l’affichait elle-même sur les lieux accessibles), sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est d’une grande clarté, et on pourrait toujours la revendiquer aujourd’hui. En voici deux extraits.

Article VI : " La Loi doit être l’expression de la volonté générale ; toutes les Citoyennes et Citoyens doivent concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation ; elle doit être la même pour tous : toutes les Citoyennes et tous les Citoyens, étant égaux à ses yeux, doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents. "

Article XVI : " Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution : la Constitution est nulle, si la majorité des individus qui composent la Nation n’a pas coopéré à sa rédaction. "

En matière de liberté d’expression, il n’y a pas tant d’événements véritablement créateurs dans l’histoire. La Révolution en est un, assurément. La déclaration d’Olympe de Gouges aussi.

Auteur: Perrot Michelle

Info: Le temps des féminismes, 2023, p 142

[ égalité ] [ législation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

entre-deux morts

Le désir d’ŒDIPE, c’est ce désir d’en savoir le fin mot sur le désir. Quand je vous dis que "Le désir de l’homme est le désir de l’Autre" quelque chose me revient dans l’esprit qui, je crois, chante dans Paul ELUARD sous le terme du dur désir de durer. Ce dur désir de durer n’est rien d’autre que ce désir de désirer. 

Pour l’homme du commun, donc, en tant que le deuil de l’ŒDIPE est à la source, à l’origine du surmoi, la double limite au-delà de la mort réelle risquée - jusqu’à la mort préférée, assumée, jusqu’à l’Être pour la mort - ne se présente que sous un voile. Ce voile, c’est précisément ceci qui s’appelle, dans JONES*, la haine, qui fait que c’est dans l’ambivalence de l’amour et de la haine que tout auteur analytique conscient, si je puis dire, met le dernier terme de la réalité psychique à laquelle nous avons affaire. 

La limite extérieure qui est celle qui retient l’homme dans le service du bien est le primum vivere. C’est bien la crainte, comme on nous le dit. Mais vous voyez combien son incidence est en quelque sorte superficielle. C’est entre les deux, et dans la zone intermédiaire, que gît, pour l’homme du commun l’exercice de sa culpabilité, reflet de cette haine pour celui - car l’homme est créationniste - créateur, quel qu’il soit, qui l’a fait si faible et si insuffisante créature. 

Bien sûr, ces balivernes ne sont rien pour le héros, pour lui, qui s’est effectivement avancé dans cette zone, pour ŒDIPE. Pour ŒDIPE, qui va jusqu’au μὴ ϕῦναι [mé phunai] du véritable "Être pour la mort", les épousailles avec l’anéantissement considéré comme le terme de son vœu, de cette malédiction consentie du μὴ ϕῦναι** [mé phunai]. Ici il n’y a rien d’autre que cette véritable et invisible disparition qui est la sienne. L’entrée dans cette zone est celle, pour lui, de ce renoncement aux biens et au pouvoir en quoi consiste la punition qui n’en est pas une. L’acte d’arrachement au monde qui est constitué par le geste de s’être aveuglé, celui-là seul - les anciens le savaient - qui échappe aux apparences, peut arriver à la vérité. 

Le grand HOMÈRE est aveugle, TIRÉSIAS aussi. C’est entre les deux que, pour ŒDIPE, se joue le règne absolu de son désir. Ce qui est suffisamment souligné par le fait qu’on nous le montre jusqu’à son terme : irréductible, exigeant tout, n’ayant renoncé absolument à rien, et absolument irréconcilié.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 29 juin 1960, *Ernest Jones, psychanalyste proche de Freud **tirée de la tragédie de Sophocle, signifie "ne pas être né" ou "mieux vaut ne pas naître".

[ mythologie ]

 
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psychanalyse

Est-ce que la fin d’une analyse, si nous devons la concevoir comme pleinement terminée, pour quelqu’un qui doit se trouver ensuite, par rapport à l’analyse, en position responsable, c’est-à-dire lui-même analyste, est-ce qu’elle doit idéalement, je dirai en droit, se terminer sur cette perspective de confort qui est celle qui est promue dans ce que, tout à l’heure, j’ai épinglé de la note de cette sorte de rationalisation moralisante où elle tend à s’exprimer aujourd’hui trop souvent ?

Est-ce que vraiment est tenable, pour nous partisans, du moment où nous avons articulé - et je crois dans la droite ligne de l’expérience freudienne - cette année la dialectique de la demande, du besoin et du désir, est-ce qu’il est tenable de réduire, si l’on peut dire, le succès de l’analyse, à ce quelque chose que nous pouvons décrire comme une sorte de position de confort individuel liée à quelque chose d’assurément fondé et de légitime, que nous pouvons appeler, pour donner à ces termes tout leur poids, le service d’un certain nombre de biens : biens privés, biens de la famille, biens de la maison, d’autres biens dont nous savons aussi qu’ils nous sollicitent : biens du métier, de la profession, de la cité ? Est-ce que cette cité, même, nous pouvons, de nos jours, si facilement la clore ? Qu’importe !

Il n’est que trop manifeste que l’aspiration au bonheur de ceux qui viennent recourir à nous concrètement, effectivement, dans notre société, implique comme un miracle, comme une promesse que, quelque régularisation que nous apportions à leur situation, la place restera encore ouverte pour qu’il se trouve un mirage de génie original, d’excursion vers la liberté - caricaturons ! - de possessions de toutes les femmes pour un homme, de l’homme idéal pour une femme, dont assurément en toute rigueur on pensait que, vous faire les garants que le sujet puisse d’aucune façon y trouver son bien même, est une sorte d’escroquerie. Disons qu’il n’y a aucune raison que nous nous fassions les garants de la rêverie bourgeoise. Un peu plus de rigueur, un peu plus de fermeté est exigible dans notre affrontement de la condition humaine. 

Auteur: Lacan Jacques

Info: 29 juin 1960

[ objectif ] [ amoralisme ]

 

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