Si une civilisation industrielle nous avait précédés sur Terre, il serait pratiquement impossible de le savoir.
Cette théorie très sérieuse va bousculer toutes vos certitudes
Dans la série des grands mystères, il en existe un qui dit que si une civilisation technologiquement avancée nous avait précédés, il serait presque impossible de le savoir. Pour découvrir cette hypothèse fascinante, chers passagers veuillez embarquer pour un voyage à travers les âges…
Imaginez un instant : la première machine à voyager dans le temps est créée. Et vous avez le privilège de pouvoir l’inaugurer. Comme par science-fiction, vous voilà en l’an 55 002 025.
Mais la Terre ne ressemble en rien à celle que vous connaissiez. Toute trace de notre civilisation a été balayée par l’inéluctable marche du temps. Et comme l’on cherche à découvrir la vie extraterrestre, serait-il possible de détecter une civilisation industrielle dans les strates géologiques ? Cet exercice de pensée porte un nom : c’est l’hypothèse silurienne.
Un exercice de pensée fascinant né de la science-fiction
Ce sont Adam Frank (astrophysicien) et Gavin Schmidt (climatologue) qui ont formulé l’hypothèse silurienne dans un article paru dans l’International Journal of Astrobiology en 2018. L’hypothèse tirerait son nom d’un épisode de la série de science-fiction Doctor Who, dans lequel le voyageur temporel rencontre les Siluriens, civilisation reptilienne avancée qui aurait vécu avant l’extinction Crétacé-Tertiaire (qui a causé la disparition des dinosaures). À noter que le Silurien (environ -444 à -416 millions d’années) est aussi la seconde période de l’ère primaire, le Paléozoïque.
L’hypothèse qu’une civilisation avancée ait existé bien avant nous avait déjà été avancée, notamment par Stefan Wul dans Le Temple du passé (1957) et par René Barjavel dans La Nuit des temps (1968). Mais si la fiction en a inspiré le nom, cette hypothèse est avant tout un exercice de pensée scientifique. Les scientifiques nous invitent à nous demander si une civilisation industrielle aurait pu exister il y a des millions d’années et surtout si nous pourrions en détecter des traces.
Et s’ils ne soutiennent pas l’existence d’une telle civilisation, les chercheurs se sont tout de même posés la question suivante : quels indices aurait-elle pu laisser ? Leur conclusion ? 55 millions d’années, c’est un abysse temporel et il y aurait peu de chance de trouver des traces évidentes :
- Il n’y aurait plus de ruines, même ensevelies ou submergées,
- Ne subsisteraient que peu de fossiles, le processus de fossilisation étant relativement rare,
- Et les déchets, tels que le plastique, se seraient dégradés (bien qu’il pourrait en rester un peu au niveau microscopique)
L'hypothèse silurienne : retour vers le futur
Cette hypothèse vertigineuse, au-delà d’inviter à évaluer la capacité de la science moderne à détecter les preuves d'une civilisation disparue, propose un second degré de lecture davantage provocateur : elle interroge l’héritage qui sera légué par notre civilisation.
Mettons de côté qu’une hypothétique civilisation antérieure aurait pu voyager dans l’espace et laisser des artefacts sur d’autres corps célestes, tels que Mars ou la Lune, où il serait plus aisé de les détecter que sur la Terre à cause de l’érosion et de l’activité tectonique. D’après les travaux des deux chercheurs, voici les traces de notre civilisation potentiellement détectables dans la chimie du sol :
- Les engrais : une empreinte d’azote due à notre usage massif demeurera pendant des dizaines de millions d’années
- Les métaux rares : leur utilisation dans nos appareils électroniques laissera une forte concentration dans une couche géologique précise
- Les carburants fossiles : le carbone brûlé depuis un siècle est issu de créatures mortes pendant les ères géologiques précédentes
Ainsi, une hausse de la température, associée à l’épuisement des réserves de carbone accumulé depuis des millions d’années, pourrait mettre un géologue du futur sur notre piste.
Pourquoi 55 millions d'année ?
Pourquoi les deux scientifiques prennent-ils comme référence temporelle 55 millions d’années ? Car un double phénomène a eu lieu sur Terre il y a 56 millions d’années, entre le Paléocène et l’Éocène : une hausse " soudaine " de la température (jusqu’à 8°C de plus qu’aujourd’hui) et une accumulation de carbone dans l’atmosphère.
Néanmoins, ils apportent une nuance : l’échelle du temps n’est pas identique. Si cette transformation est visible dans les couches géologiques, c’est parce qu’elle s’est étalée non pas sur deux siècles, mais sur des centaines de milliers d’années. Donc si notre mauvaise gestion des ressources laisse des traces dans les strates du sol, la rapidité avec laquelle nous transformons la planète pourrait éliminer toute empreinte géologique.
Ce constat joue en la défaveur de l’hypothèse silurienne : si une ancienne civilisation industrielle avait transformé la Terre aussi rapidement que nous le faisons, le temps aurait probablement effacé toute preuve de leur existence. Quoi qu’il en soit, l’hypothèse silurienne est davantage un exercice de pensée qu’une piste paléontologique sérieuse.
Hypothèse silurienne VS théorie de l'Anthropocène ?
La théorie de l’anthropocène avance en revanche que l’ampleur de notre impact sur la planète pourrait laisser des traces irrémédiables : déforestation massive, modification draconienne de la biodiversité, radioactivité des couches sédimentaires…
Il existe d’ailleurs un lien entre ces deux hypothèses, notamment en ce qui concerne la recherche d’intelligence extraterrestre (SETI) : pourquoi ne pas prendre pour modèle les traces laissées par notre civilisation dans les strates géologiques afin d’identifier des indices similaires sur d’autres planètes ? En poussant la réflexion : si une civilisation intelligente d’aliens gérait mieux les ressources de sa planète que nous, elle éviterait peut-être le Grand Filtre. En revanche, le Grand Silence demeurerait puisque son empreinte géologique serait moindre, la rendant moins facile à détecter…
Bien que spéculative, l'hypothèse silurienne nous confronte aux limites de notre connaissance du passé de la Terre et à notre place dans son histoire. Et elle rappelle que la frontière entre fiction et science pourrait s’avérer plus poreuse qu’on ne le croit…