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amour

De tous nos jeux, c’est le seul qui risque de bouleverser l’âme, le seul aussi où le joueur s’abandonne nécessairement au délire du corps. Il n’est pas indispensable que le buveur abdique sa raison, mais l’amant qui garde la sienne n’obéit pas jusqu’au bout à son dieu. 



 

Auteur: Yourcenar Marguerite

Info: Mémoires d’Hadrien, 1974, éditions Gallimard, coll. Folio, 2014

[ sexualité ]

 

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philosophe

Et Érasme, alors âgé de soixante ans, va chercher ailleurs la paix nécessaire à son travail, il se rend à Fribourg, calme ville autrichienne où la bourgeoisie et les autorités viennent en cortège à sa rencontre et lui offrent pour logement un palais impérial. Mais il refuse cette demeure somptueuse et préfère une petite maison voisine du cloître, afin d'y travailler dans le silence et y mourir en paix. L'histoire ne pouvait nous offrir de symbole plus grandiose de l'homme du juste milieu qui ne plaît nulle part parce que nulle part il ne veut prendre parti: Érasme doit s'enfuir de Louvain parce que la ville est trop catholique, de Bale parce qu'elle est trop protestante. L'esprit libre, indépendant, qui ne veut se lier à aucun dogme ni se décider en faveur d'aucun parti, n'a pas de foyer sur terre.

Auteur: Zweig Stefan

Info: Érasme : Grandeur et décadence d'une idée

[ géant de la pensée ] [ équilibre ]

 

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lecture

C'est le lecteur qui parle ici : au début d'un livre, j'aime bien savoir tout de suite à qui j'ai affaire et non pas découvrir les personnages au bout de plusieurs pages, comme si le livre avait commencé avant et que j'étais arrivé en retard en ratant ce qui a précédé.


Auteur: Luca Erri De

Info: Les Règles du Mikado

[ immédiate immersion ] [ narration ] [ clarification ]

 

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condition humaine

L'âge ne nous donne pas de droits, bien plutôt des devoirs.

C'est à nous, qui sommes les initiés de la vie, de faire preuve de clémence, de compréhension envers ceux qui n'en sont encore qu'à leur première traversée ; car nous savons que chacun de nous n'est rien de plus qu'impuissance anxieuse dans les remous de son destin.


Auteur: Calaferte Louis

Info: Carnets, tome 7 - 1983 : Etapes

[ vieillesse ] [ empathie ] [ tolérance ]

 

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sénescence humaine

Apprendre à vieillir (avec les romanciers)

Et si l'allongement de la durée de nos vies transformait la littérature ? C'est l'hypothèse d'Alexandre Lacroix, qui montre, à la lumière des œuvres de Richard Ford, Ian McEwan et Philip Roth qu'un champ de description inédit s'ouvre depuis quelques années : l'expérience de la vieillesse et la proximité de la mort.

La parution ces jours-ci du  Paradis des fous , le dernier roman de l'écrivain américain Richard Ford (né en 1944), est l'occasion de faire le point sur une sorte de continent noir, et nouveau, en train d'émerger dans le panorama de la littérature contemporaine. En effet, l'art du roman est depuis toujours lié à l'expérience – qu'un auteur à de sa propre psychologie, des relations avec les autres ou encore des circonstances sociopolitiques dans lesquelles il évolue. Or un phénomène s'est déroulé au cours du XXe siècle, qui tend à produire ses effets littéraires depuis une quinzaine d'années seulement – ​​je veux parler de l'allongement de l'espérance de vie. Nous avons aujourd'hui un certain nombre de romanciers de premier plan qui sont entrés dans le troisième âge, tout en restant parfaitement maîtres de leur art et de leurs moyens d'évocation, de leur capacité à construire des narrations ambitieuses. Ils sont donc en mesure de nous décrire, de l'intérieur, le vieillissement et la préparation à la mort. Qu'est-ce que ces grands auteurs ont à nous révéler sur ce qui se passe en nous, lorsqu'on passe au-delà de la ligne d'ombre qui sépare la maturité du terme de l'existence ?

Ne plus surjouer la forme

À un moment donné, une sorte de voile d'illusion tombe – celui de l'éternelle jeunesse, de l'invulnérabilité que notre société a tant l'habitude de mettre en scène. On ne peut plus feindre d'avoir un corps en pleine forme, il devient nécessaire de composer avec des douleurs et des maladies chroniques. De manière cruelle,  Le Paradis des fous  (à vrai dire l'un des romans les plus glauques qu'il m'ait été donné de lire, mais on hésite à formuler cette critique, Richard Ford est susceptible, le bonhomme ayant envoyé à une romancière qui l'avait démoli un livre criblé de balles), s'ouvre sur une réunion d'anciens combattants. Le narrateur, personnage qui est le double de l'auteur et qui revient dans ses romans depuis  Un week-end dans le Michigan , paru en 1986, Frank Bascombe, retrouve ses camarades de la promotion 1963 de l'Académie militaire de Gulf Pines. Tous sont désormais des "  connards racornis  ", au fil des années Frank les a vus devenir "  taiseux, renfermés, lourdsauds, un poil agressifs et souvent déglingués  ". Mais il ya ce soir-là, en particulier, Pug Minokur, qui était la vedette de l'équipe de basket de ces apprentis  marines. Frank s'empresse d'aller lui serrer la main. Pug Minokur a un regard vitreux et émerveillé. Il est doux, docile. Il marmonne entre ses dents pourries : "  Il faut que tu comprennes. Je suis vraiment heureux  ", puis il part dans des divagations sur sa mère et sur une petite pendule qui ne marche plus. Hélas ! Carlin est gaga.

Quelques pages plus loin, Frank, 74 ans, fait son bilan de santé dans un paragraphe acerbe : "  J'avais été victime d'un mini-AVC, mais rien d'inquiétant en fin de compte (j'ai pris des statines) . Le trou microscopique détecté dans mon cœur au centre médical de Haddam n'a pas été jugé assez grave pour qu'on me donne des anticoagulants (tant mieux pour l'érection  […]  J'avais parfois des palpitations, les pieds

). qui me brûlaient. Mes ongles poussaient comme ceux d'un cadavre.  Telles étaient les inexorables réalités de ma vie, qui réduisaient les fantasmes « bulletin de santé impeccable » et « je fais jeune pour mon âge » à une vaste couillonnade. à un univers mental plombé, c'est une toute autre tonalité qu'on trouve dans les pages finales du  Leçons magistrales  (2022) de Ian McEwan (né en 1948), assurément l'un des meilleurs livres de la littérature anglaise depuis longtemps.  Leçons  est ce que les Britanniques appellent un «  Whole Life Novel  », dans une tradition qui remonte à Thackeray ou à Thomas Hardy, c'est-à-dire un roman qui raconte la vie entière de son personnage principal. En costume Roland Baines de ses 11 ans jusqu'au-delà de 70 ans. On assiste à ses amours, ses séparations, ses échecs et ses joies. Ian McEwan a expliqué dans ses interviews que jamais aucun de ses héros n'a été aussi proche de lui, de sa propre trajectoire, même si  Leçons  ne se présente pas comme des mémoires. À la toute fin du livre (ceux qui comptent le lire peuvent sauter ce paragraphe), Roland Baines retrouve son épouse qui l'a purement et simplement abandonnée plusieurs décennies auparavant. Alissa souffre d'un cancer et a été amputée d'une jambe. Ils discutent un peu, se mettent à boire énormément, et puis ils décident de parler de leur santé. "  Toi d'abord  ", lui demande-t-elle. Il n'omet rien : "  Glaucome à angle ouvert, cataractes, lésions causées par le soleil, hypertension, douleurs thoraciques dues à une côte cassée, risques de diabète de type 2 compte tenu de son tour de taille, arthrose dans les deux genoux, hyperplasie de la prostate – bénigne, maligne, aucune idée.  " Il n'a rien de grave, n'est pas spécialement hypocondriaque, mais il se rapporte désormais à son corps comme à une vieille voiture cabossée.

Nathan Zuckerman est à l'Américain Philip Roth (1933-2018) ce que représente Frank Bascombe pour Richard Ford, une sorte de jumeau littéraire, qui lui a permis de parler de lui-même sans se situer sur le terrain de l'autofiction ni de l'autobiographie, par le truchement de la fiction. Le cycle des romans de Nathan Zuckerman a débuté avec  L'Écrivain des ombres  en 1979, avant de s'achever avec  Exit le fantôme , publié en 2007. Dans ce dernier épisode de ses aventures, pudique, d'une grande maîtrise, Nathan Zuckerman un 71 ans. L'incipit du roman est mordant, dynamique, mais aussi direct, sans fausse promesse : "  Je n'étais pas retourné à New York depuis onze ans. À part un bref séjour à Boston afin d'y subir l'ablation de la prostate pour cause de cancer, j'étais, au cours de ces onze années, à peine sorti de mon coin perdu dans les hauteurs des Berkshires… "  Plus loin, Nathan Zuckerman évoque son incontinence, ses efforts pour se garder "  propre et exempt de toute odeur  ", les différents types de "  caleçons spéciaux  " correspondant à il a recours, et ses "  petits accidents  "…

Je me rends compte que les lignes qui précèdent sont peut-être un peu éprouvantes à lire, cependant ces romanciers font leur métier : au lieu de nous présenter une version édulcorée de la réalité, d'ajouter au jeunisme et à la pensée positive ambiante, ils affrontent le négatif, ils nomment les choses. Si Richard Ford semble au fond du trou à en juger par sa prose, ce n'est pas du tout le cas de Ian McEwan ni de Philip Roth, dont les personnages continuent à porter un amour certain à la vie.

« Pensez à l'an 4000 »

Parce que, si on en vient au positif de ces histoires, ces héros aux corps affaiblis ont un immense avantage : ils ont tombé le masque, ils n'essaient plus de paraître meilleurs qu'ils ne sont , ils n'ont aucune promesse d'avenir radieux à offrir à ceux qu'ils aiment, raison pour laquelle ils sont prêts à vivre des relations humaines authentiques, délestées du souci d'arrondir les angles. Dans  Le Paradis des fous  (le titre en anglais est  Be mine , " Sois mien ", mais cela pourrait annoncer une histoire d'amour), Frank Bascombe fait un dernier voyage avec son fils de 47 ans, condamné à mourir rapidement parce qu' il est frappé par une maladie de Charcot particulièrement agressive. Bizarrement, ils veulent se rendre au mont Rushmore, où les visages des présidents américains sont sculptés dans le roc. Ils dorment dans des motels, circulent à travers des villes enneigées, il ya des congères, il fait -20 °C dehors. À un moment donné, qui donne le ton, Paul Bascombe, le fils du narrateur donc, lâche à son père : "  T'es bizarre, comme connard. " C'est une déclaration d'amour, mais sans concession. Cela résume toute la tendresse qui passe entre ces deux hommes, tandis que Frank méprise plus ou moins son fils, qu'il considère comme un raté. Paul perd ses cheveux, est trop gros, n'a jamais rien fait de sa vie et justifie ses échecs par le traumatisme du divorce de ses parents. Mais Frank refuse de se laisser culpabiliser, et le mot de «  connard  » glisse sur lui. , sur ses vieux jours, aux deux femmes qui l'ont le plus fait souffrir, Alissa, au cœur de leur journée de rétrouvailles, mais aussi une professeure qui l'a abusée sexuellement et laissée avec des déséquilibres affectifs irréparables Quant à Nathan Zuckerman. , il réunit quelques amis le jour de son anniversaire, pour ses 70 ans. Et il leur annonce : "  Mon discours sera bref. Pensez à l'un 4000 . " Les autres se regardent, s'attendent à une bonne blague. Alors il précise le trait : "  Non, non. Pensez sérieusement à l’année 4000. Imaginez-la. Dans toutes ses dimensions, dans tous ses aspects. Prenez votre temps.  […]  Eh bien, voilà l'effet que ça fait d'avoir soixante-dix ans . "

La permanence du désir

Le seul problème qui vient hanter ces personnages, c'est qu'ils ont encore des désirs intacts, des désirs d'hommes jeunes, mais qu'ils ne peuvent plus les assouvir. Ils sont sensibles aux silhouettes, au charme des femmes qu'elles croisent dans la rue. Pathétique à souhait, Frank Bascombe s'amourache d'une certaine Betty Duong Tran, une Vietnamienne qui travaille dans un salon de massage – lieu où il se rend pour la première fois de sa vie. . Elle incarne, dit-il, le fantasme de "  la lycéenne qu'on aurait dû aimer et que, pour mille raisons, on n'a pas aimée, mais qu'on rêve pourtant de pouvoir aimer encore à présent  " Nathan Zuckerman est . sensible à la "  présence sensuelle très forte " qui émane de Jamie, une jeune femme qu'il fréquente à New York – mais il trouve un vade-mecum, une astuce, il va vivre son flirt avec elle sur le plan de l'écriture, de la fiction, il va l 'imaginer. Écrivain, Zuckerman a un sérieux avantage sur Bascombe, dans ce crépuscule de la chair : il a un moyen de sublimation, la littérature Quant à Roland, il joue de malchance : à 62 ans, il décide d'épouser une vieille. amie qui a aussi été longtemps sa maîtresse, et ils se marient effectivement, mais on diagnostique aussitôt à cette dernière un cancer, et ils organisent les mois suivants en trois phases un : ils voyagent pour revoir certains lieux qui ont compté pour elle. Phase deux : elle met de l'ordre dans ses affaires et ses archives. Phase trois : elle se concentre sur sa maladie, et après cette période d'amour très intense, tant sur. le plan physique que de l'affection, Roland se retrouve veuf. Bascombe a bien essayé de renouer avec la mère de Paul, qui fut tout compte fait la femme de sa vie, mais elle était déjà très atteinte par la maladie de Parkinson, et leurs ébats se reprennent à des tentatives tragi-comiques, décrites avec une forme de délicatesse étonnante étant donnée la brutalité psychique de ce narrateur : "  Nous sommes allés jusqu'à tenter l'amour tardif dans un Best Western de Davenport, sur un canapé Davenport, avec la sensation d'être des savants en gants de laboratoire en train de déplacer des éprouvettes radioactives à l'intérieur des caissons de verre hermétiquement scellés . " Plus tard, les deux sont capables d'en rire, avec autodérision.

Se réconcilier avec l'aléatoire

Ce qui est certain, c'est que ces personnages ont encore un pied dans la vie, mais de façon fantasmatique – parce que dans la En réalité, ils doivent entreprendre une forme de réconciliation avec la mort des autres, mais aussi la leur Frank s'émeut pour son fils, mais pense très peu à sa propre finitude, ou plutôt il une manière singulière de l'évoquer. – il place désormais son existence sous le signe de l'aléatoire. Le pire va lui tomber dessus, et d'ici là, il ne change rien à son organisation de vie "  Personnellement, un sentiment modéré d'aléatoire ne m'a. jamais gêné et j'ai cherché, autant que faire se peut, à nourrir l'aléatoire. En vivant comme je le fais avec mon fils, dont l'existence est désormais hermétiquement conditionnée à la vie (et à la mort) selon la maladie de Charcot mais qui est souvent dans l'incapacité de savoir comment agir dans l'avenir immédiat, je suis souvent dans l'incapacité de savoir tout bonnement comment être, sentiment que je considère comme l'essence même de l'aléatoire, pas nécessairement négatif à dose raisonnable . "

Nathan Zuckerman s'en tire parce qu'il a le sens de l'humour, de l'autodérision. Mais celui qui se livre à la méditation la plus étonnante sur la mort, c'est sans aucun doute Roland Baines. Au soir de sa vie, alors qu'il attend chaque jour l'heure de l'apéritif et de son premier verre d'alcool avec impatience, et qu'il est souvent plongé dans un état de catatonie, il imagine (en discutant avec sa petite fille Stefanie) qu'il existe un livre, dont chaque page est une année, et qui couvre tout le XXIe siècle. Son regret à lui, c'est qu'il n'en découvrira que le quart. En fait, il n'éprouve pas un sentiment de révolte égoïste ou autocentré contre la mort, il consent à son anéantissement personnel. Mais il aimerait connaître la suite de l'Histoire de l'humanité et de ses proches, et se désole de la manquer. C'est sa curiosité qui va demeurer inassouvie. "  La mort, selon Roland, avait le défaut majeur d'être en dehors de l'Histoire. Ayant suivi cette dernière jusque-là il avait besoin de savoir comment les choses allaient tourner.  […]  Un déclenchement catastrophique de la planète serait- il éviter ? La vague mondiale de nationalisme raciste ferait-elle place à quelque chose de  plus généreux, de plus constructif ?  […  Aux yeux de Roland, le simple fait d'être encore entier le dernier jour du vingt et unième siècle, à la fin du livre, serait un triomphe  " Roland trouve de la consolation, parce que sa petite-fille lui promet. qu'elle lui lira, elle, la fin du livre, sans bien se rendre compte de ce qu'elle dit là.

Au final, ces trois ténors de la littérature contemporaine – Philip Roth, Ian McEwan et Richard Ford – ne donnent pas une image réconfortante du vieillissement. Il n'y a pas d'épiphanie, pas d'apparition de la lumière, pas d'accès au souverain bien, pas de progression vers le nirvana. Mais plutôt une forme de pénombre qui s'installe. Dans ce pénombre, paradoxalement, ce qu'on est, ce que sont les autres, les contours du monde apparaissant plus clairement que durant la vie active, qui fut obnubilée par ses luttes, par les places qu'on occupait et les objectifs à atteindre. . Et après tout, cette clairvoyance des confins correspond à une certaine conception – non apaisée – de la sagesse.

Auteur: Internet

Info: Philomag, Alexandre Lacroix, le 27 septembre 2024

[ témoignages ]

 

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esthétique

Notre sens de la beauté a changé. Et comme je l'ai décrit dans mon livre, la beauté que nous recherchons aujourd'hui, non dans les arts, la décoration d'intérieur, ou l'élevage de chevaux, mais la beauté que nous recherchons dans les théories de la physique, c'est la beauté de la rigidité. Nous aimerions des théories qui, autant que possible, ne pourraient être modifiées sans que l'on aboutisse à des impossibilités, comme des incohérences mathématiques.

Auteur: Weinberg Steven

Info: Cité par Sabine Hossenfelder dans Lost in maths, p. 124.

[ pétrification ] [ statique ] [ non dynamique ]

 

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question

Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,

Ô Beauté ? ton regard infernal et divin,

Verse confusément le bienfait et le crime,

Et l'on peut pour cela te comparer au vin.



Tu contiens dans ton œil le couchant et l'aurore;

Tu répands des parfums comme un soir orageux;

Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore

Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.



Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ?

Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien;

Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,

Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.



Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques;

De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant,

Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,

Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.



L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,

Crépite, flambe et dit : Bénissons ce flambeau !

L'amoureux pantelant incliné sur sa belle

A l'air d'un moribond caressant son tombeau.



Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,

Ô Beauté, monstre énorme, effrayant, ingénu!

Si ton œil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte

D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu ?



De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou Sirène,

Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,

Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine ! -

L'univers moins hideux et les instants moins lourds.

Auteur: Baudelaire Charles

Info: Les fleurs du mal, Hymne à la beauté

[ esthétique ] [ poème ] [ interrogation ]

 

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priméité

Je suis convaincu que nous pouvons découvrir au moyen de constructions purement mathématiques, les concepts et les lois qui les lient les unes aux autres, qui donnent la clé pour comprendre les phénomènes naturels. En un certain sens, j'estime donc qu'il est vrai que la pensée pure peut saisir la réalité comme l'avait rêvé nos ancêtres. 


Auteur: Einstein Albert

Info:

[ transcodée ]

 

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sciences

Pour 97 % des articles de Wikipédia, si vous cliquez sur le premier lien et répétez cette opération dans chaque article suivant, vous arriverez finalement à une entrée sur la philosophie. La philosophie est le point où s'arrête notre connaissance.

Auteur: Hossenfelder Sabine

Info: Physique existentielle : Guide scientifique des plus grandes questions de la vie

[ savoirs ] [ limitations ] [ métaphysique ] [ langage ] [ imaginaire ]

 

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sciences

Il a fallu vingt-cinq ans entre la prédiction du neutrino et sa détection, près de cinquante ans pour confirmer le boson de Higgs, cent ans pour détecter directement les ondes gravitationnelles. Aujourd’hui, le temps nécessaire pour tester une nouvelle loi fondamentale de la nature peut être plus long que la carrière entière d’un scientifique. Cela oblige les théoriciens à s’appuyer sur d’autres critères que l’adéquation empirique pour décider des pistes de recherche à suivre. L’attrait esthétique en fait partie. Dans notre quête de nouvelles idées, la beauté joue de nombreux rôles. C’est un guide, une récompense, une motivation. C’est aussi un biais systématique. 

(...) La beauté est un guide, mais elle est traitresse, et elle a égaré bien des physiciens par le passé.

Auteur: Hossenfelder Sabine

Info: Lost in Math: How Beauty Leads Physics Astray, p. 45

[ prévisions ] [ confirmations ] [ esthétique ] [ validation ] [ diachronique ]

 

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