Il n'est pas bon d'être femme quand les hommes se font la guerre. Leur ingéniosité est sans limite pour asservir, avilir, dégrader. Luis serre très fort son stylo pour chasser la honte d'appartenir au même sexe que les auteurs du crime qu'il a sous les yeux.

Elle nous répétait souvent : " Les p'tits bonheurs, il faut les attraper et les serrer fort contre soi. Si on les collectionne, ils finissent par former un grand bonheur." Mon père, avec son esprit plus pragmatique, était totalement hermétique à sa poésie. Et chaque été sur la plage, nous avions droit aux mêmes sarcasmes. Là où elle nous montrait des galets en forme de cœur, il ne voyait que des cailloux.

Mon âme est embrasée par un feu qui ne consume que pour renaître. Je brûle d’un désir si ardent que rien ne peut l’apaiser, si ce n’est Lui. Mais plus je m’approche, plus je sens mon éloignement. Je suis comblée et vide, heureuse et désespérée, car mon désir est à la fois ma joie et ma souffrance. Ô Amour, pourquoi me fais-tu languir ainsi ? Pourquoi me donnes-tu ce goût de toi, si tu ne veux pas m’étancher ?  

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie.

J’ai chaud extrême en endurant froidure :

La vie m’est et trop molle et trop dure.

J’ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie,

Et en plaisir maint grief tourment j’endure ;

Mon bien s’en va, et à jamais il dure ;

Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène ;

Et, quand je pense avoir plus de douleur,

Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,

Et être au haut de mon désiré heur,

Il me remet en mon premier malheur.

L’Âme est si profondément blessée par l’amour qu’elle ne peut plus se contenter de rien d’autre que de Lui. Elle est comme une flamme qui brûle sans cesse, consumant tout ce qui n’est pas Lui. Elle souffre, car elle ne peut atteindre ce qu’elle désire, et pourtant elle ne peut cesser de désirer. Elle est à la fois comblée et vide, heureuse et désespérée, car elle sait que son désir ne sera jamais pleinement assouvi.  

Ô Aza ! mon cher Aza ! où es-tu ? Que fais-tu ? Penses-tu à moi ? Tes bras, autrefois si tendres, ne pressent plus mon cœur palpitant ; tes lèvres ne répondent plus à mes baisers enflammés. Hélas ! tout est changé. Le plaisir que je goûtais dans tes embrassements s’est évanoui comme un songe, et il ne me reste que le souvenir déchirant de ce bonheur perdu. Mon âme, autrefois remplie de toi, n’est plus qu’un vide affreux, un abîme de douleur où je me précipite sans cesse.

Je n’ai pas de visage. Je suis comme la mousse qui flotte sur l’eau, comme la lumière qui tremble et disparaît. Je suis une ombre, une ombre qui glisse le long des murs. Je n’ai pas de place dans le monde. Les autres ont des racines, ils s’accrochent à la terre, mais moi, je flotte, je dérive. Je suis une feuille morte emportée par le vent. Je suis une bulle qui éclate à la surface de l’eau. Je suis rien. Je suis personne.

Elle sentait en elle une force inconnue, une passion qui grandissait sans cesse, et qui, refoulée par la raison, par la crainte, par la pudeur, se réveillait plus ardente après chaque combat. Elle ne savait pas ce qu’elle voulait, mais elle savait qu’elle voulait quelque chose qui lui manquait, quelque chose que le monde ne lui avait pas donné, que son mari ne lui donnerait jamais. Elle cherchait dans ses rêves, dans ses livres, dans ses promenades solitaires, ce bonheur mystérieux qu’elle pressentait sans le comprendre. 

Vous savez ce que c'est que de se réveiller un matin et de se dire : 'Je ne peux pas. Je ne peux pas faire ça aujourd'hui. Je ne peux pas me lever, je ne peux pas me doucher, je ne peux pas mettre un pied devant l'autre.' Vous savez ce que c'est que de regarder le plafond et de penser : 'Je ne peux pas.' Et vous savez ce que c'est que de penser : 'Je ne veux pas.' Et vous savez ce que c'est que de penser : 'Je ne veux plus jamais.'

Ce n'est que plus tard que j'ai compris que les monstres du quotidien ne ressemblaient pas beaucoup à ceux que j'avais vus dans les films. Leur banalité et, bien souvent, leur médiocrité, leur permettent plutôt de passer inaperçus en comparaison des flamboyants psychopathes que l'on peut rencontrer au cinéma.