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science

Mais c’est Leibniz qui illustre de la manière de loin la plus remarquable la façon dont l’art de la mémoire et le lullisme continuent d’influencer l’esprit des grandes figures du XVIIe siècle. Naturellement, on sait en général que Leibniz s’intéressait au lullisme et qu’il écrivit un ouvrage, la Dissertatio de arte combinatoria, fondé sur l’adaptation du lullisme. Ce qu’on ne sait pas aussi bien, même si Paolo Rossi l’a souligné, c’est que Leibniz connaissait aussi très bien les traditions de l’art classique de la mémoire. En fait, l’effort de Leibniz, qui vise à inventer un calcul universel recourant à des combinaisons signifiantes de signes ou de caractères, apparaît incontestablement comme une descendance historique des efforts de la Renaissance pour combiner le lullisme et l’art de la mémoire, efforts dont Giordano Bruno nous a fourni un exemple particulièrement remarquable. Mais les signes ou les caractères signifiants des "characteristica" de Leibniz étaient des symboles mathématiques, et leurs combinaisons logiques devaient engendrer l’invention du calcul infinitésimal.

On rencontre dans les manuscrits non publiés de Leibniz qui se trouvent à Hanovre, des références à l’art de la mémoire ; ils citent en particulier Lambert Schenkel – c’est l’auteur sur la mémoire que cite également Descartes – ainsi qu’un autre traité mnémonique bien connu, le Simonide redivivus d’Adam Bruxius, publié à Leipzig en 1610. […] La Mnémonique, dit Leibniz, fournit le sujet d’une discussion ; la Méthodologie lui donne sa forme, et la Logique est l’application du sujet à la forme. Il définit alors la Mnémonique comme l’union d’une image d’une chose sensible à la chose qu’il faut se rappeler, et il appelle cette image une nota. La nota "sensible" doit avoir un lien avec la chose qu’il faut se rappeler, soit qu’elle lui ressemble, soit qu’elle en diffère, soit qu’elle entretienne avec elle un certain rapport.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 525-526

[ origine ] [ philosophie ] [ objectif ] [ résumé ]

 

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philosophie

Dans une lettre de mars 1619, Descartes adresse à Beeckman une esquisse de sa nouvelle méthode et il lui dit qu’il voudrait "donner au public, non pas un Ars brevis comme Lulle, mais une science toute nouvelle, qui permette de résoudre en général toutes les questions qu’on peut se proposer en n’importe quel genre de quantité, continue ou discontinue, chacune suivant sa nature." [Œuvres, éd. Adam et Tannery, X, p. 156-157] Le terme opérant est, bien sûr, celui de "quantité" ; il marque le changement capital qui intervient par rapport à l’utilisation qualitative et symbolique du nombre. On découvrait enfin la méthode mathématique ; mais, pour comprendre l’atmosphère dans laquelle cette découverte eut lieu, il faut connaître un peu l’intérêt fébrile que l’on manifestait à l’égard des arts de la mémoire, des arts combinatoires, des arts cabalistiques, que la Renaissance léguait au XVIIe siècle. La marée occultiste se retirait et, dans une atmosphère transformée, la recherche se tourne vers la méthode rationnelle.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, page 520

[ rupture épistémologique ] [ règne de la quantité ] [ origines ] [ influence ]

 
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lullisme

On a aussi élaboré et pratiqué une méthode qui n’est pas une méthode légitime, mais une méthode d’imposture ; elle consiste à communiquer la connaissance d’une manière telle que l’on puisse rapidement arriver à faire étalage de culture tout en en étant dépourvu. Telle fut l’œuvre de Raymundus Lullus [Raymond Lulle] quand il fabriqua l’art qui porte son nom.

Auteur: Bacon Francis

Info: Advancement of learning, II, XVII, 14

[ critique ] [ vacherie ]

 

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philosophie

Francis Bacon possédait une connaissance très complète de l’art de la mémoire et lui-même le pratiquait. […] L’importance que Bacon attachait à l’art de la mémoire est bien montrée par le fait que l’art occupe une place éminente dans l’Advancement of Learning où il constitue un des arts et sciences qu’il faut réformer, à la fois dans leurs méthodes et dans leur objet. Bacon estime que l’on pourrait améliorer l’art de la mémoire existant et que l’on devrait s’en servir à des fins utiles, et non pas pour une vaine parade. […]

Bacon partageait entièrement l’ancien point de vue, selon lequel l’image efficace s’imprime mieux dans la mémoire, et le point de vue thomiste selon lequel on se rappelle mieux les choses intellectuelles au moyen de choses sensibles. […]

Bacon acceptait donc grosso modo et il pratiquait l’art normal de la mémoire, celui qui utilise les lieux et les images. On ne voit pas clairement comment il proposait de l’améliorer. Mais, parmi les nouveaux usages auxquels il fallait le destiner, on trouve la mémorisation de différents sujets dans un certain ordre, de façon à les tenir présents à l’esprit en vue d’une recherche éventuelle. Cela pouvait aider l’enquête scientifique car, en dégageant des détails hors de la masse indistincte de l’histoire naturelle, le jugement pouvait être amené plus facilement à s’exercer sur eux. L’art de la mémoire est ici utilisé pour mener les recherches de la science naturelle, et ses principes d’ordre et de disposition sont transformés en une sorte de classification.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 513 à 515

[ rupture épistémologique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

synchronisation zen

( Photo de mère : Un sourire qui sait tout )

Un automatisme conscient, c’est ainsi que Sri Aurobindo définissait la vie supramentale. Au lieu de l’automatisme inconscient de l’animal et de l’atome, c’est le même automatisme, dans la pleine lumière.

Et c’est le grand rythme universel, dans le moindre détail. À chaque seconde, le grand rythme, pour tout. Il n’y avait plus que ça… quelque chose… comment dire? C’est le mot anglais " smooth " qui donne le plus l’impression: doux, régulier. Tout se fait " smoothly ", tout, tout, sans exception: la toilette, se nettoyer les dents, se nettoyer la figure, tout… Il n’y a pas de " grand " et de " petit ", d’" important" et de " pas important ". Et c’est quelque chose de si… uniforme dans sa multiplicité – plus de heurts ni de grincements ni de difficultés ni… quelque chose qui avance-avance, dans un mouvement si doux, sans résistances. Je ne sais pas. Et ce n’est pas une intensité de félicité, ce n’est pas cela: ça aussi, c’est si égal, si régulier – et pas uniforme: c’est innombrable. Mais c’est TOUT comme cela, dans un même…? rythme (le mot rythme est violent). Et ce n’est pas une uniformité, mais c’est quelque chose qui est si égal et qui donne l’impression d’être si doux, n’est-ce pas, et avec une puissance formidable, dans la moindre chose… Plus de souvenirs, plus d’habitudes: les choses ne se font plus parce qu’on a appris à les faire; spontanément c’est fait par la Conscience. Ce n’est pas: "  Ah! il faut aller là-bas ", non – à chaque minute on est où on doit être, et puis quand on arrive à l’endroit où l’on doit aller: ah! c’est là.

À chaque seconde c’est là.

À chaque seconde on est.

Ou on naît, peut-être.

C’est le monde " sans suite ", sans avant, sans après, sans conséquences fatales – rien n’est fatal! C’est notre tête qui est fatale et qui prolonge dans l’avenir ses sombres petites cogitations morbides, perpétue la maladie, perpétue la mort, perpétue tout. C’est la Conscience qui travaille constamment, et non pas comme une suite de ce qui était avant, mais comme un effet de ce qu’elle perçoit À CHAQUE INSTANT. C’est la Conscience qui voit CONSTAMMENT ce qui est à faire. C’est la Conscience qui, à chaque seconde, suit… elle suit son propre mouvement! Et cela permet tout! C’est justement cela qui permet les miracles, les renversements – ça permet tout. C’est juste à l’opposé des créations.


Auteur: Satprem Bernard Enginger

Info: Mère ou la Mutation de la Mort III ( vivre c'est naître - ajout de Mg )

[ douceur ] [ enfance adulte ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

hyper sexualisation

Les Européens nourrissent la lamentable illusion de guérir leur névroses sexuelles en exposant leur viande au regard de tous.

Auteur: Hoeg Peter

Info: Smilla et l'Amour de la neige

[ pornographie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

acquisition du langage

Selon trois points de vue ou angles d'attaque

A) Complexité conceptuelle :  fait référence aux difficultés liées à la représentation et à la compréhension des concepts abstraits dans une langue. Par exemple :

(XX) - La représentation du temps : Comment une langue exprime-t-elle les différentes nuances temporelles (passé, présent, futur, mais aussi les aspects comme le perfectif ou l'imperfectif) ? 

L'aspect perfectif présente une action ou un état comme un tout complet, avec un début et une fin clairement définis. Il met l'accent sur le résultat ou l'achèvement de l'action. Exemples en français :

1 "J'ai mangé une pomme." (L'action est vue comme terminée)

2 "Il a couru un marathon." (L'action est présentée comme accomplie) En anglais :

1 "I read the book." (J'ai lu le livre - action terminée)

2 "She wrote a letter." (Elle a écrit une lettre - action achevée)

L'aspect imperfectif présente une action ou un état comme étant en cours, sans mettre l'accent sur son début ou sa fin. Il peut exprimer une action habituelle, répétitive ou continue. Exemples en français :

1 "Je mangeais une pomme quand le téléphone a sonné." (Action en cours)

2 "Il courait tous les matins." (Action habituelle)

En anglais :

1 "I was reading the book when she arrived." (J'étais en train de lire le livre quand elle est arrivée)

2 "She used to write letters every week." (Elle écrivait des lettres chaque semaine - habitude passée)

Comparaison dans d'autres langue

A    En russe, la distinction perfectif/imperfectif est marquée par des paires de verbes :

1  "читать" (chitat' - lire, imperfectif) vs "прочитать" (prochitat' - lire, perfectif)

B. En espagnol on utilise différents temps :  

"Leía un libro" (Je lisais un livre - imperfectif) vs "Leí un libro" (J'ai lu un livre - perfectif) 

C. En chinois mandarin, des particules comme  "了" (le) peuvent indiquer l'aspect perfectif :

"我看书"    (Wǒ kàn shū - Je lis un livre, imperfectif)

"我看了书" (Wǒ kàn le shū - J'ai lu un livre, perfectif)

La distinction entre perfectif et imperfectif est cruciale dans de nombreuses langues, car elle permet de nuancer la façon dont on perçoit et décrit les actions et les états. Cette distinction peut être une source de complexité pour les apprenants d'une langue seconde, surtout si leur langue maternelle ne fait pas cette différence de manière explicite.

( YY  ) - La référence : Comment une langue permet-elle de désigner des objets, des personnes ou des idées de manière précise ou ambiguë ?Cette complexité est souvent liée à la façon dont une culture perçoit et catégorise le monde à travers sa langue.

B) Complexité formelle : concerne la structure et les règles de la langue elle-même. Elle peut se manifester à plusieurs niveaux :

- Phonologique : La structure des sons dans une langue (par exemple, les langues tonales comme le chinois).

- Graphique : Les systèmes d'écriture et leur complexité (pensez à la différence entre l'alphabet latin et les caractères chinois).

- Morphologique : La formation des mots et leurs variations (comme la conjugaison des verbes en français).

- Syntaxique : La structure des phrases et l'ordre des mots.Une langue peut être complexe dans certains aspects et plus simple dans d'autres.

C) Complexité physiologique : liée aux aspects physiques de la production et de la perception du langage :

- Production : Certains sons ou combinaisons de sons peuvent être difficiles à articuler pour des locuteurs non natifs (comme le "r" roulé en espagnol pour les francophones).

- Perception : Certains sons peuvent être difficiles à distinguer pour des oreilles non entraînées (comme la différence entre "l" et "r" pour certains locuteurs asiatiques apprenant l'anglais).

- Contraintes matérielles : Par exemple, les défis spécifiques rencontrés par les personnes sourdes dans l'apprentissage de l'écriture d'une langue vocale.

Ces trois types de complexité sont souvent interconnectés et peuvent s'influencer mutuellement. Par exemple, une complexité conceptuelle (comme une conception élaborée du temps) peut se traduire par une complexité formelle (un système verbal complexe).Comprendre ces différents types de complexité est crucial pour les linguistes, les enseignants de langues, et les chercheurs en sciences cognitives, car cela permet de mieux appréhender les défis de l'apprentissage et de l'utilisation des langues.

Auteur: perplexity.ai

Info: 10 juillet 2024

[ triade ] [ représentation abstraite ] [ concepts temporels ] [ graphèmes ] [ perception auditive ] [ restitution phonatoire ] [ translangues ]

 

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typologies syntaxiques

Ordres principaux

a)  SVO (Sujet-Verbe-Objet) : 42% des langues

Exemples : français, anglais, chinois mandarin

Caractéristiques : L'acteur est en premier, suivi de l'action, puis du récepteur de l'action

b)  SOV (Sujet-Objet-Verbe) : 45% des langues

Exemples : japonais, turc, latin classique

Caractéristiques : L'objet précède le verbe, ce qui peut favoriser la localité de l'information

Ces deux ordres représentent ensemble environ 87% des langues naturelles.

Autres ordres triadiques

c)  VSO (Verbe-Sujet-Objet) : 9% des langues

Exemples : irlandais, arabe classique

Caractéristiques : Le verbe est en position initiale

d)  VOS (Verbe-Objet-Sujet) : 3% des langues

Exemples : malgache, baure

Caractéristiques : Le verbe est en position initiale, l'objet précède le sujet

e)  OVS (Objet-Verbe-Sujet) : 1% des langues

Exemples : apalai, hixkaryana

Caractéristiques : L'objet est en position initiale

f)  OSV (Objet-Sujet-Verbe) : 1% des langues

Exemples : warao

Caractéristiques : L'objet est en position initiale, suivi du sujet

Caractéristiques et tendances

-  Les langues SOV ont tendance à utiliser des postpositions, à placer les verbes auxiliaires après le verbe principal, et à mettre le possesseur avant le possédé.

-  Les langues SVO sont souvent associées à l'utilisation de prépositions et à placer les adjectifs démonstratifs avant les noms.

Certaines langues, comme le hongrois, peuvent être difficiles à classer, car elles présentent des caractéristiques de plusieurs ordres.

-  L'ordre des mots peut varier au sein d'une même langue selon le contexte, le style, ou pour mettre l'accent sur certains éléments de la phrase.

-  Les langues à cas grammaticaux (comme le latin ou le russe) ont souvent un ordre des mots plus flexible, car les relations grammaticales sont marquées par les cas plutôt que par la position dans la phrase.

Il est important de noter que ces classifications sont des tendances générales et que de nombreuses langues présentent une flexibilité dans l'ordre des mots selon le contexte ou pour des raisons pragmatiques.

Auteur: perplexity.ai

Info: 10 juillet 2024

[ linguistique ] [ translangues ] [ ordre des mots ] [ structures phrasales ]

 

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philosophie antique

Le sens de la métaphysique du sexe reçoit ici [chez Diotime dans le Banquet de Platon], d’un côté, une confirmation : aspiration à la possession éternelle du bien, l’amour est aussi aspiration à l’immortalité ; mais, d’un autre côté, on passe avec la doctrine de Diotime à une physique du sexe qui annonce curieusement les thèses de Schopenhauer et des darwiniens. Tourmentée et dominée par l’élan de l’amour, la naturelle mortelle cherche à atteindre l’immortalité sous la forme de la continuation de l’espèce, en engendrant. […] Et Diotime parle vraiment comme un disciple de Darwin en expliquant ainsi le sens le plus profond, non seulement de la pulsion sexuelle visant à éviter l’extinction de la lignée, mais de la pulsion qui, sans être dictée par aucun raisonnement, pousse les animaux à s’accoupler, ainsi qu’à toutes sortes de sacrifices pour nourrir, protéger et défendre leur progéniture.

Ce n’est pas un hasard si cette théorie est mise dans la bouche d’une femme, en premier lieu et, en second lieu, d’une femme comme Diotime de Mantinée, initiée à des Mystères qu’on peut légitimement appeler "Mystères de la Mère", et qui renvoient au substrat pré-hellénique, pré-indo-européen d’une culture d’inspiration tellurique et gynécrocratique. […] dans l’optique d’une telle culture, qui plaça le mystère maternel de la génération physique au sommet de sa conception religieuse, l’individu n’a pas d’existence propre ; il est transitoire et éphémère, seule étant éternelle la matrice cosmique maternelle, où il ira se dissoudre mais d’où, éternellement, il renaîtra : tout comme un arbre dont les feuilles mortes sont remplacées par d’autres feuilles. On est ici à l’opposé de la conception de l’immortalité véritable, olympienne, qui implique au contraire la rupture du lien naturaliste et tellurico-maternel, la sortie du cercle pérenne de la génération, l’ascension vers la région de l’immutabilité et de l’être pur.

Auteur: Evola Julius

Info: Métaphysique du sexe, traduit de l’italien par Philippe Baillet, éditions L'âge d'homme, Lausanne, 2005, page 71

[ contextualisation ] [ influence ] [ ésotérisme ]

 

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philosophes hermétistes

Dans une de ses attaques contre Fludd, Mersenne déclara que les deux mondes de Fludd reposaient sur une doctrine "égyptienne" douteuse – c’est-à-dire la doctrine des Hermetica – selon laquelle l’homme contient le monde, et sur l’affirmation de "Mercurius" - dans l’Asclepius – selon laquelle l’homme est un grand miracle, semblable à Dieu. […]

Cependant, bien que Fludd et Bruno fassent, tous deux, fonctionner leurs systèmes occultes de mémoire en s’inspirant de philosophies hermétiques, ces philosophies ne sont pas identiques. Le point de vue de Fludd est celui d’une Renaissance antérieure, d’une Renaissance où les "trois mondes", les trois étapes de la création tout entière – le monde élémentaire, le monde céleste et le monde supracéleste – sont christianisés, par suite de l’identification entre le monde supracéleste et les hiérarchies angéliques christianisées du Pseudo-Denys. Cela permet, pour ainsi dire, de couronner le système d’un sommet christianisé, angélique et trinitaire. Camillo partage ce point de vue. […]

Bruno rejetait l’interprétation chrétienne des Hermetica ; il voulait revenir à une religion purement "égyptienne" : par là même, il abandonnait ce qu’il appelait le sommet "métaphysique" du système. Pour lui, au-delà du monde céleste, il y a un Un supracéleste, un Soleil intellectuel : c’est l’objet qu’il cherche à atteindre à traverses ses manifestations dans la nature, ou à travers les traces qu’il y a laissées, en les groupant ou en les unifiant dans la mémoire grâce à leurs images.

Auteur: Yates Frances Amelia

Info: L'art de la mémoire, de l’anglais par Daniel Arasse, éditions Gallimard, 2022, pages 470-471

[ différences ] [ comparés ]

 

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