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ouverture originelle

Ce n'est pas la première fois qu'on essaie d'amener la poésie ou l'art sur le terrain de la science par des voies plus ou moins détournées. L'entreprise a toujours échoué et échouera encore, parce que la poésie et l'art vivent en pleine intuition, par et pour l'intuition et leur moyen d'action est l'imagination. La science, en échange, repose directement sur l'expérience et procède par déduction logique. Ces deux expressions de la connaissance ne se confondent qu'à l'origine, lorsque la pensée humaine est encore indifférenciée, de même que toutes les formes supérieures de vie se confondent dans l'oeuf. Depuis lors, la divergence entre poésie et science n'a pas cessé de s'accroître et, si l'intuition reste l'élément fécondant de toute pensée, même scientifique, la science n'a rien ajouté à la poésie et à l'art et ne pouvait rien leur ajouter, l'intuition demeurant le chien d'aveugle de la raison et non l'inverse.


Auteur: Breton André

Info: Almanach surréaliste du demi-siècle

[ tâtonnements ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

occidentaux

J'ai eu l'occasion, plus tard, de vérifier à chaque pas cette impression qui fut dès l'abord très forte et qu'accentuait une confrontation si rare, et ramassée sur ce résumé d'univers, fermé comme un bocal qu'est un navire. J'ai pris six grands bateaux au cours de ma randonnée maritime, trois français, un japonais, un américain, un anglais. Il est aisé, partout, de vérifier l'extrême innocence avec laquelle s'y livrent même les plus secrets d'entre les peuples qui s'y bousculent sans s'y mêler. L'Américain très abordable, cordial, même, mais timide et souvent brusque, justement par timidité. Le Français omniscient, indiscret, bavard, péremptoire, ou, bien plus rarement, bouclé dans la solitude et le silence d'une inaccessible vanité. L'Allemand pesant et pensif, tout gonflé de musique et de rêverie compliquée, éperdu du désir de plaire mais gaffeur, et marchant, pour lui montrer sa gratitude, sur les orteils de qui consent à ne pas lui tourner le dos. L'Irlandais partout le même, pétillant, avec son visage écarlate, ses cheveux rouges, son nez pointu, sa bouche mobile et sarcastique, son petit oeil émerillonné, et qui dit à toutes les dames, après deux minutes de conversation : " Appellez-moi Teddy! Je veux que vous m'appelliez Teddy... " Hélas ! on sème des amis le long du Périple, des amis qu'on ne reverra plus. Jamais plus. Même quand une intimité réelle était née entre eux et vous. En Amérique, au Japon, en Chine, aux Indes, peut-être pensent-ils à vous quelquefois. La plupart du temps, on a oublié leur nom, leur visage. Colliers égrenés au hasard dont le temps écrase les perles.

Auteur: Faure Elie

Info: Reflets dans le sillage, 1938

[ comparés ] [ portraiturés ] [ nationalités ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

conversation de vieux couple

- Je crois que Papi m’appelle. Une seconde, chéri, je reviens.

Dans le corridor, elle leva la tête vers son mari penché sur la rampe de l’escalier, lui demanda avec une douceur mortelle ce qu’il désirait.

- Ecoute, Bicette, ze regrette de déranzer. Ze suis d’accord que tu ne me dises pas le menu pour avoir la surprise ce soir, mais il y a quand même une çose que z’aimerais savor, est-ce qu’il y aura de la soupe pour commencer ?

- Non. On ne sert pas de soupe à un dîner prié. (Elle avait appris cette expression la veille au cours d’un entretien avec Adrien qui l’avait lui-même récemment péchée chez les Kanakis.) Ecoute, j’ai encore des choses importantes à discuter avec Didi et j’ai besoin de calme, à cause de mes terribles fatigues de tête. Tu n’as pas d’autres questions à me poser ?

- Non, merci, répondit tristement M. Deume.

- Alors, monte chez toi et tâche de t’occuper à quelque chose d’utile.

Le petit père gravit lentement l’escalier et s’en fut chercher du réconfort au water-closet du premier étage. Assis sans nul autre but sur le siège molletonné, il plia à petites fronces parallèles une feuille de papier hygiénique, en fit un éventail japonais qu’il agita devant son visage, tout en remâchant son humiliation. Enfin, il haussa les épaules, se leva et sortit en faisant le salut fasciste. 

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur, éditions Gallimard, 1968, pages 166-167

[ infantilisation ] [ mépris ] [ rejeté ] [ laissé pour compte ] [ snobisme ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

alpes

A propos, j’ai oublié de te raconter qu’après notre visite de l’année passée, lorsque nous t’avons quitté, imagine-toi, nous sommes allés dans une montagne nommée Salève, tout près de Genève, une idée de Mangeclous. Huit cents mètres de dimension quant à la hauteur ! Des précipices, mon enfant, et des vaches en liberté ! Avec des cornes d’un mètre, sans exagération ! Et des regards d’une bêtise et d’un manque de sentiment incroyable ! Tous ces Gentils qui paient pour se faire encorner dans des montagnes, pour y mourir de froid et trébucher sur des pierres en grande fatigue, cela passe mon entendement !

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur, éditions Gallimard, 1968, page 152

[ chrétiens-par-juifs ] [ description ] [ incompréhension ] [ préalpe ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

bureaucrates

Dans la salle des pas perdus, les ministres et les diplomates circulaient, gravement discutant, l’œil compétent, convaincus de l’importance de leurs fugaces affaires de fourmilières tôt disparues, convaincus aussi de leur propre importance, avec profondeur échangeant d’inutiles vues, comiquement solennels et imposants, suivis de leurs hémorroïdes, soudain souriants et aimables. Gracieusetés commandées par des rapports de force, sourires postiches, cordialités et plus cruels aux commissures, ambitions enrobées de noblesse, calculs et manœuvres, flatteries et méfiances, complicités et trames de ces agonisants de demain.

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur, éditions Gallimard, 1968, page 134

[ autosatisfaction ] [ vanité ] [ brasseurs de vent ] [ imbus ] [ société des nations ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

menstrues

— J'ai mal à la tête, il faut que je rentre, dit-elle en se levant.

— Mais oui, bien sûr, je te ramène en vitesse.

— Non, j'ai besoin de rester seule. Je vais être peu bien.

Il n'insista pas. Il savait qu'il fallait être prudent lorsqu'elle prononçait la phrase redoutable, mensuel signal de danger, présage de susceptibilités, d'humeurs, et de pleurs à tout propos. Elle n'était pas à prendre avec des pincettes, surtout le jour d'avant. Se tenir coi, dire amen à tout, se faire bien voir.

— D'accord, chérie, dit-il, prévenant et discret comme nous tous en pareille occasion, et comme nous tous, mes frères, soumis devant l'arrivée imminente du mystérieux dragon de féminité.

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur, éditions Gallimard, 1968, page 122

[ femme-par-homme ] [ peur ] [ précautions ] [ soumis ] [ règles ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

fonctionnaires

Sacerdotal, Saulnier s’inclina avec une infinie compréhension, s’assit et s’épongea car il était fatigué. Il passa ensuite son peigne de poche sur ses cheveux en brosse, penché sur une feuille destinée à en accueillir les pellicules. Lorsque celles-ci furent en nombre suffisant, il s’en réjouit et souffla dessus. Ensuite, pris d’une folâtre envie de travailler, il introduisit un crayon dans une Brunswick grand modèle qu’Octave se mit en devoir de faire tourner. Le chef arrêtait de temps à autre son serf et vérifiait la pointe du crayon. Enfin, la trouvant à son goût, il leva la main gauche, articula un "stop" napoléonien et posa le crayon sur la table.

- Trois cent cinquante, annonça-t-il, car il tenait compte du nombre de crayons qu’il avait taillés depuis son entrée au Secrétariat général de la Société des Nations.

Auteur: Cohen Albert

Info: Belle du Seigneur, éditions Gallimard, 1968, page 115

[ occupations ] [ passe-temps ] [ moquerie ] [ désœuvrement ] [ inoccupés ] [ bureaucrate ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

carotte et bâton

Il est tout à fait compréhensible que les peuples primitifs, bien plus exposés aux forces dévastatrices de la nature que nous ne le sommes aujourd'hui, aient personnifié ces forces en les exprimant par la peur et le tremblement. Mais de nos jours, alors que nous comprenons tant de processus naturels, de telles solutions nous sont superflues. Je ne vois absolument pas en quoi le postulat d'un Dieu tout-puissant nous serait utile. Ce que je constate, c'est que cette hypothèse conduit à des questions stériles, comme celle de savoir pourquoi Dieu permet tant de misère et d'injustice, l'exploitation des pauvres par les riches et toutes les autres horreurs qu'il aurait pu empêcher. Si la religion est encore enseignée, ce n'est en aucun cas parce que ses idées nous convainquent encore, mais simplement parce que certains d'entre nous veulent maintenir les classes populaires dans le silence. Un peuple calme est bien plus facile à gouverner qu'un peuple bruyant et insatisfait. Il est aussi bien plus facile à exploiter. La religion est une sorte d'opium qui permet à une nation de se bercer d'illusions et d'oublier ainsi les injustices perpétrées contre son peuple. D'où l'étroite alliance entre ces deux grandes forces politiques, l'État et le peuple. L’Église et l’Église ont besoin de l’illusion qu’un Dieu bienveillant récompense – au ciel sinon sur terre – tous ceux qui ne se sont pas insurgés contre l’injustice, qui ont accompli leur devoir en silence et sans se plaindre. C’est précisément pourquoi l’affirmation sincère que Dieu n’est qu’un produit de l’imagination humaine est considérée comme le pire des péchés mortels. 






Auteur: Dirac Paul Adrien-Maurice

Info: Lors de la 5e conférence internationale Solvay (oct 192), cité dans Physics, Beyond: Encounters and Conversations (1971) de Werner Heisenberg, pp. 85-86 - Commentaires qui ont suscité la célèbre remarque faite plus tard dans la journée par Wolfgang Pauli : - Eh bien, notre ami Dirac a lui aussi une religion, et son principe directeur est : " Dieu n’existe pas et Dirac est son prophète. "

[ monothéisme ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

paléobiologie sensorielle

La tomographie magnétique vectorielle révèle que les magnétofossiles possèdaient une structure magnétique interne unique en forme de vortex.

Les  magnétofossiles géants ont  initialement  été découverts dans des sédiments marins du Paléocène–Éocène,  correspondant à l'épisode de déclenchement global* il y a environ 56 millions d'années.

L'étude publiée dans nature porte sur ces particules de magnétite (un oxyde de fer magnétique) de forme particulière et de taille exceptionnelle (plusieurs micromètres), découvertes dans des sédiments marins de cette époque. Ces particules ne sont pas d’origine géologique, mais très probablement biogéniques, c’est-à-dire produites par des organismes vivants, probablement des eucaryotes (comme des protozoaires ou de petits animaux).

Les chercheurs ont utilisé des techniques avancées d’imagerie 3D (tomographie vectorielle magnétique) pour reconstruire la structure magnétique interne d’un de ces fossiles, en forme de lance. Ils ont découvert que sa structure magnétique est extrêmement sophistiquée, avec un état de vortex unique, très stable, et optimisée pour détecter de faibles variations du champ magnétique terrestre.

Implication majeure : une capacité de magnétoréception chez les eucaryotes il y a 56 millions d’années

Cette découverte bouleverse notre compréhension de l’évolution des sens chez les animaux :

- Elle confirme ou suggère très fortement que certains eucaryotes primitifs (peut-être des vers, des protozoaires ou d’autres organismes marins) possédaient déjà un sens magnétique il y a au moins 56 millions d’années.

- Ce sens leur permettait non seulement de sentir la direction du champ magnétique terrestre, mais aussi d’en mesurer l’intensité — une capacité essentielle pour naviguer avec précision, même sur de petites distances.

Implication évolutive : une convergence remarquable

- Ce sens n’était pas limité aux bactéries magnétotactiques (qui produisent des nanoparticules magnétiques pour s’orienter), mais était aussi présent chez des eucaryotes, ce qui élargit considérablement la portée évolutive du magnétisme biologique.

- Cela renforce l’hypothèse que la magnétoréception est un trait évolutif ancien, convergent, et potentiellement très répandu dans certains groupes d’organismes marins.

Implication fonctionnelle : un organe sensoriel miniature

- La structure magnétique de ces fossiles est si optimisée qu’elle dépasse en performance certains récepteurs magnétiques connus chez les animaux actuels (comme certains poissons ou oiseaux).

- Cela suggère que l’évolution a exploré des solutions très sophistiquées pour miniaturiser des organes sensoriels capables de détecter des champs magnétiques extrêmement faibles.

 Implication écologique et géologique

- Ces fossiles sont les traces indirectes d’un comportement biologique complexe (la navigation ou l’orientation magnétique), ce qui ouvre une nouvelle voie pour retracer l’évolution des comportements à partir du registre fossile.

- Ils pourraient aussi servir de biosignature dans la recherche de vie ancienne sur Mars ou ailleurs, car leur forme, structure cristalline et magnétisme sont difficiles à produire sans vie.

En résumé cet article confirme pour la première fois que des eucaryotes anciens possédaient un sens magnétique avancé, optimisé par l’évolution, il y a au moins 56 millions d’années. Cela repousse l’horizon temporel de l’apparition de la magnétoréception chez les animaux, et élargit notre compréhension de la complexité sensorielle évolutive.




 

Auteur: Internet

Info: *épisode survenu il y a environ 56 millions d'années ( Maximum Thermique du Paléocène-Éocène - PETM ), qui fut une période d'environ 15000 ans de réchauffement climatique exceptionnellement rapide et intense où les températures mondiales ont augmenté de 5 à 8 degrés celsius entraînant des bouleversements majeurs de la vie sur Terre, y compris des extinctions massives

[ boussole primitive ] [ nanostructure tourbillonnaire ] [ biominéralisation ] [ convergence adaptative ] [ biosignature ] [ détection géomagnétique ] [ exobiologie ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

anthropologie rituelle

Si l’on considère la possession d’une façon dégagée de tout critère émique*, et dans sa seule fonction sociale, alors on peut s’étonner de l’extraordinaire souplesse que représente une société qui contient, sous une forme institutionnalisée, dramatique et ludique, la négation même de sa structure profane – c’est-à-dire des rôles sociaux, des contraintes sociopolitiques, des relations interpersonnelles formalisées et de sa hiérarchisation - au profit de la liberté personnelle de s’imaginer autre et de dépasser les conventions établies.






Auteur: Hardy Christine

Info: La connaissance de l'invisible. *se réfère à une perspective interne, basée sur la logique et le système de pensée des personnes étudiées, qui se distingue de la perspective " étique " (externe). Cette approche cherche à comprendre les comportements, croyances et concepts du point de vue des acteurs eux-mêmes, plutôt qu'en les appliquant à un cadre extérieur.

[ transe ] [ catharsis collective ] [   inversion normative ] [ soupape institutionelle ] [ licence sacrée ] [   transgression codifiée ] [ exutoire ]

 

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Ajouté à la BD par miguel