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durabilité

Il a survécu à cinq extinctions massives, voici l’animal qui vit depuis le plus longtemps sur Terre

Les dinosaures se sont éteints il y a 66 millions d’années. Cependant, d’autres espèces antérieures ont survécu et sont toujours présentes aujourd’hui. Mais laquelle est la plus ancienne ? C’est la question pas si bête du podcast quotidien de l’édition du soir.

S’il reste difficile de dater avec précision le commencement, les plus anciennes traces de vie sur Terre remontent à 3,8 milliards d’années. Ce sont des restes fossilisés que les scientifiques ont retrouvés dans des sédiments. À cette époque très lointaine, les seules espèces présentes sont aquatiques. Et ce sera comme ça pendant plus de 3 milliards d’années.

Le Museum d’histoire naturelle, à Paris, nous apprend que la vie sur les continents n’est apparue qu’il y a environ 500 millions d’années, sous forme de mousses et de lichens. Mais quel animal, encore présent aujourd’hui, sillonne la planète depuis le plus longtemps 

Limules et cœlacanthes

Ici encore, difficile d’être complètement affirmatif. On ne peut se fier qu’aux fossiles qui ont été retrouvés. Le plus ancien connu à ce jour est celui d’une limule, un arthropode marin en forme de fer à cheval. Ce cousin du crabe était déjà là il y a 445 millions d’années. Il a survécu à cinq extinctions massives. Toujours dans l’eau, on sait également que les cœlacanthes, qui vivent dans les grandes profondeurs, existaient déjà il y a 400 millions d’années. Mais il faut préciser que ces animaux n’ont cessé d’évoluer et que ceux d’aujourd’hui ne sont pas exactement identiques à ceux d’il y a plusieurs centaines de millions d’années.

Bien avant les dinosaures

Sur terre, on peut citer le cafard, qui a été beaucoup plus gros qu’il ne l’est aujourd’hui. En 2001, le fossile d’un spécimen de 9 centimètres, datant d’il y a 300 millions d’années, a été retrouvé aux États-Unis. Éléphants, manchots et primates ne sont apparus que bien plus tard, il y a 60 millions d’années environ. Quant aux dinosaures, ils ont vécu pendant une période comprise entre -240 millions et -66 millions d’années. Les hominidés, eux, ne foulent la planète que depuis 2,8 millions d’années.



 

Auteur: Internet

Info: https://www.ouest-france.fr/, 7 janvier 2025

[ pérennité adaptative ] [ évolution ] [ stabilité ] [ longévité ]

 

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faussaires

Quand les chercheurs trichent : l’exemple des " phrases torturées "

Trouver le terme de " conscience contrefaite " pour parler d’intelligence artificielle dans une publication scientifique semble absurde. Pourtant, c’est le principe des " phrases torturées " : remplacer un mot par un synonyme pour copier un article sans se faire démasquer par un logiciel anti-plagiat. Que nous dit cette fraude du fonctionnement du monde de la recherche ?

La barrière hémato-encéphalique est une barrière physiologique qui protège le cerveau de beaucoup de vertébrés, dont l’homme. C’est une sorte de filtre qui permet au cerveau d’être nourri en nutriments sans être intoxiqué. En anglais, elle est généralement nommée la Blood-Brain Barrier (la barrière sang-cerveau), facilement acronymisé en " BBB ". Quelle surprise, donc, de lire dans des publications scientifiques des expressions déviantes telles que blood mind boundary (limite sang-esprit), blood-cerebrum hindrance (l’entrave sang-encephale) ou encore blood-brain obstruction (l’obstruction sang-cerveau). Vous pouvez vous-mêmes trouver deux de ces expressions dans cet article publié par le Journal of Environmental Chemical Engineering.

(Photo ; Exemple de phrases torturées issu d’un article de review du Journal of Environmental Chemical Engineering.)

La raison suspectée est simple : tout comme les écoliers qui tentent de tricher en rendant leurs devoirs, certains scientifiques essaient d’augmenter le nombre de leurs publications en soumettant des articles dont des portions ont été directement copiées d’autres articles. Ces manuscrits ne peuvent cependant pas être soumis tels quels : les éditeurs scientifiques se sont armés de systèmes anti-plagiat qui analysent les documents qui leur sont soumis. Pour éviter que les paragraphes copiés ne soient immédiatement détectés par ces systèmes, les auteurs utilisent des algorithmes qui changent le texte copié en piochant des synonymes dans un thésaurus. C’est comme cela que la " barrière " hémato-encéphalique devient une " entrave " dans le texte. Malheureusement pour eux, ces programmes peuvent déraper et aller parfois jusqu’à remplacer des expressions bien établies dans le jargon scientifique.

Les chercheurs Cyril Labbé et Guillaume Cabanac ont étudié ce phénomène en profondeur. Ils proposent de nommer les résultats de ces substitutions des " tortured phrases ", des " phrases torturées ". Parmi leurs exemples célèbres, on compte par exemple " counterfeit consciousness " (conscience contrefaite) pour " artificial intelligence " (intelligence artificielle) ou encore " bosom peril " (péril poitrinaire) pour " breast cancer " (cancer du sein).

Pour systématiser la détection des phrases torturées, ainsi que d’autres signes de mauvaise qualité d’une publication, Guillaume Cabanac a construit une plate-forme, le Problematique Paper Screener. Cette base de données alimentée par des volontaires qui font remonter leurs découvertes au fil de leurs lectures compte aujourd’hui plus de 6 000 expressions reconnues comme phrases torturées. Sur plus de 17 000 articles qui ont été détectés comme étant probablement porteurs de phrases torturées, moins de 3 000 ont été rétractés. Ces chiffres sont relativement modestes, quand on sait que plusieurs millions d’articles scientifiques sont publiés chaque année. Mais cela pourrait n’être que la partie émergée de l’iceberg. Si le biomédical et l’informatique forment le gros des articles visés, on trouve certains articles qui sont en périphérie des sciences sociales.

Un jargon scientifique anglophone à double tranchant

La stratégie de substitution qui aboutit aux phrases torturées a aujourd’hui largement touché sa limite. Il est devenu beaucoup plus facile de générer des paragraphes en demandant à un " grand modèle de langage ", tel ChatGPT, de paraphraser un article existant. Pour autant, on continue toujours de découvrir de nouvelles phrases torturées, notamment par la déformation de concepts ou d’objets bien établis dans la littérature. Finalement, c’est par la casse du jargon que l’on détecte les problèmes.

Ce jargon scientifique a toujours été un outil à double tranchant. D’un côté, l’usage de noms précis, bien que parfois abscons, pour qualifier des objets ou des concepts remplit un rôle épistémologique essentiel. En utilisant un lexique spécialisé, on s’affranchit de la nécessité de redéfinir à chaque fois les axiomes sur lesquels se base la recherche qui est présentée. Il participe au " travail de démarcation " en donnant au texte un registre discursif " scientifique ", qui passe souvent par le déploiement d’une technicité du texte au service d’un objectif de description ou d’interprétation du réel. De l’autre, le jargon peut devenir tellement opaque que le lecteur profane peut ne pas se rendre compte à sa lecture qu’elle est parsemée d’expressions qui n’ont aucun sens pour personne, y compris pour les spécialistes de la discipline.

Cette opacité se conjugue aux enjeux de l’appropriation et de l’usage de l’anglais " scientifique " par différentes communautés. Beaucoup des chercheurs qui publient en anglais ont une autre langue maternelle, et peuvent parfois chercher à traduire de façon plus ou moins littérale des tournures et des idiomes de leur propre langue d’origine. D’autres ont pu apprendre une langue anglaise très située, qui a normalisé des usages qui peuvent paraître inintelligibles à des anglophones d’autres origines.

Une question morale insoluble

Que faire lorsque ces situations sont découvertes ? Qui faut-il vouer au Gémonies ? C’est une situation difficile pour tous les acteurs en présence. En pratique, le comité éditorial de la revue scientifique est souverain : c’est lui qui décide quels articles sont publiés dans ses pages, et ce qui doit advenir du passif dont il hérite. Mais il est aussi généralement " coupable " d’avoir laissé son produit être corrompu. Comment se prétendre être le garant de l’intégrité des connaissances scientifiques si on échoue dans son rôle premier de filtrer les propositions d’articles dont les contenus sont fantaisistes dès la première lecture ?

Face à ce conflit d’intérêts, on pourrait être tenté de se muer en Javert de la recherche et de devenir un archange féroce sanctionnant la trahison d’une vérité vraie. Pour se permettre ce type de jugement très tranché, il faudrait en savoir plus sur ce qui motive les auteurs à soumettre ce type de manuscrits. On imagine bien qu’ils ne s’attendent pas à recevoir un prix Nobel pour des articles dont des paragraphes entiers n’ont pas de sens. Plusieurs hypothèses s’offrent à nous : peut-être leur niveau d’anglais est insuffisant pour rédiger la partie de l’article qui leur a été dévolue ? Peut-être le paragraphe en question est-il tellement " standard " dans leur littérature, par exemple la description d’un protocole de manipulation, qu’ils ont trop rapidement cru pouvoir passer un paragraphe à la moulinette du thésaurus pour pouvoir passer à autre chose ? Peut-être sont-ils de jeunes chercheurs de pays instables, et l’obtention rapide de publications scientifiques, même fragiles, serait un moyen pour eux d’obtenir un visa vers un pays qui leur permettrait de poursuivre leurs recherches ? Il faudrait étudier cette population plus en profondeur et reconstruire le paysage des attentes qui ont pu motiver ces choix.

Une fuite en avant qui doit réinterroger sur le statut de l’attribution et du plagiat

Ces techniques de substitution sont manifestement destinées à éviter les logiciels anti-plagiat. Cela devrait nous interroger sur le statut du plagiat dans le monde scientifique, et plus largement dans la société. Le professeur de droit américain Bryan Frye défend une position originale qui mérite d’être prise au sérieux. Selon lui, les scientifiques et les artistes n’ont pas à occuper une position de propriétaire ou de rentier de concepts. En publiant en masse brevets et articles, ils organisent le versement futur de royalties, de façon pécuniaire avec des redevances ou de façon symbolique avec des citations. Le reste du monde devrait " payer " à chaque fois qu’on utilise une de " leurs " idées.

Pour autant, il n’est pas si évident que lesdites idées ou concepts doivent être ainsi protégés. Faut-il continuer à transposer aux discours scientifiques un cadre légal et symbolique inspiré de logiques industrielles, c’est-à-dire de processus produisant des résultats tangibles sortis du laboratoire et entrés dans le monde social ? Doit-on systématiquement rendre hommage à la première personne à avoir l’opportunité de publier dans telle ou telle publication la formulation d’une idée ? Faut-il se résoudre à ne voir dans le chercheur qu’un être vaniteux, avide d’une reconnaissance qui passera par la citation présente et future de ses travaux ? En un sens, on pourrait interpréter l’existence des phrases torturées comme le résultat final et absurde d’un dévoiement d’une recherche scientifique qui, par ses règles et ses modes d’organisation, conduit à privilégier la gloire plutôt que le savoir.

Reconstruire les sciences qui partagent des récits plutôt que des produits

La faillite principale dont les phrases torturées sont le symptôme est peut-être celle de la relecture par les pairs, un système qui juge de la plausibilité des récits qui sont proposés aux revues scientifiques plutôt que de la validité des résultats. Il faut rappeler ici que cette relecture est effectuée à titre gratuit par les chercheurs sur des articles qu’ils n’ont pas écrits et dont les auteurs ont été rendus anonymes. Lorsque la maison d’édition d’une revue scientifique facture un article, il garde l’argent pour lui : ni les auteurs ni les relecteurs ne touchent de revenu.

Les chercheurs ont de moins en moins le temps de relire leurs pairs, et n’ont certainement pas les ressources pour reproduire les expériences qui leur sont présentées. Les données issues des résultats expérimentaux par les auteurs originaux ne sont généralement pas non plus mises à leur disposition. La relecture par les pairs est donc le jugement de la plausibilité ou de la crédibilité d’un récit proposé dans un manuscrit plutôt que de la validité d’une découverte.

Cette problématique soulève des enjeux majeurs de reconstruction par le haut et par le bas de la façon dont les sciences sont aujourd’hui organisées. La reconstruction " par le haut " passe par des initiatives, déjà engagées, qui visent à donner moins de poids aux métriques quantitatives de nombre d’articles publiés ou de citations engrangées. La reconstruction " par le bas " devra passer par un changement de comportement des scientifiques eux-mêmes, c’est-à-dire leur façon de calibrer le partage de ce qu’ils considèrent être leur contribution épistémologique.

Certaines disciplines sont paradoxalement à la fois les plus coupables et les mieux armées. Les phrases torturées sont très présentes en informatique. Pour autant, le partage du produit des recherches par le biais de la publication de code en open-source permet généralement de tester le produit obtenu. In fine, c’est ce produit et sa réutilisation plus que le nombre de citations qui deviennent le véritable étalon de l’importance de la découverte. Cette dynamique est aussi en jeu dans le monde biomédical. Plus que l’histoire racontée dans l’article ou dans le brevet, c’est la capacité à organiser un essai clinique dont les résultats sont convaincants qui marque le réel succès. Il y a cependant un gouffre entre ces deux étapes : passer de l’article à l’industrie peut demander des millions de dollars et parfois plusieurs dizaines d’années.

Certaines initiatives ont été créées pour combler ce vide. C’est le cas de la société AddGene, qui joue le rôle de banque de plasmides, ces morceaux d’ADN circulaires qui permettent aux chercheurs de faire acquérir des traits à des bactéries. Les laboratoires de recherche peuvent accompagner leurs publications d’un envoi à cette banque, laquelle mettra à disposition de tous les autres laboratoires du monde le matériel génétique procédant de leurs résultats.

In fine, chaque communauté de recherche devra trouver la capacité d’initiative leur permettant de sortir de l’ornière. Cela ne signifie pas qu’il faille sonner le glas de l’article comme mode d’échange d’idées entre chercheurs, ou de la revue comme lieu de formalisation de ces échanges. Mais peut-être faut-il réfléchir à leur donner une place moins centrale, et à redéployer la façon dont ils partagent le processus, le produit, et le récit de leurs recherches. 



 

Auteur: Internet

Info: https://theconversation.com/, Guillaume Levrier Chercheur associé, Sciences Po, 5 janvier 2025

[ mots spécialisés ] [ transpositions masques ] [ dissimulation ] [ sémantique conservée ]

 

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prière

J'ai dit quelque chose mais si bas qu'elle ne pouvait pas l'entendre, j'ai dit s'il te plait ne me quitte plus parce que quand tu n'es pas là il me manque un morceau de moi-même et je n'ai nulle part où aller où je ne sois pas en morceaux. Je l'ai serrée contre moi. Je l'ai tenue, serrée comme ça. J'ai dit une prière à Dieu auquel je ne crois même pas pour qu'il fasse qu'elle ne me quitte plus jamais, pour qu'il fasse arriver quelque chose, là, tout de suite, qui la ferait rester pour toujours.

Auteur: Buten Howard

Info: Le coeur sous le rouleau compresseur

[ attachement ] [ dépendance ] [ supplication ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

source protéique

Le biochimiste David Goodsell décrit le problème en ces termes : " Le processus moléculaire clé qui rend la vie moderne possible est la synthèse des protéines, puisque les protéines sont utilisées dans presque tous les aspects de la vie. La synthèse des protéines nécessite une séquence étroitement intégrée de réactions, dont la plupart sont elles-mêmes exécutées par des protéines ".  Ou, comme l'a noté Jacques Monod en 1971 : " Le code n'a de sens que s'il est traduit : La machinerie de traduction de la cellule moderne est constituée d'au moins cinquante composants macromoléculaires qui sont eux-mêmes codés dans l'ADN : le code ne peut être traduit autrement que par des produits de l'ADN. "

Auteur: Meyer Stephen Charles

Info: Signature in the Cell: DNA and the Evidence for Intelligent Design

[ paradoxe ] [ tétravalence ] [ septénaire ]

 

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primates

Les aspirants à la position la plus haute dans un groupe de chimpanzés passent beaucoup de temps à embrasser, taper sur le dos et bisouiller les bébés. Le mâle alpha conquiert habituellement sa position non pas par une force physique supérieure, mais parce qu'il dirige une coalition grande et stable.

Les coalitions jouent un rôle central non seulement au cours des luttes ouvertes pour la position alpha, mais dans presque toutes les activités au jour le jour. Les membres d'une coalition passent plus de temps ensemble, partagent la nourriture et s'entraident.

Il existe des limites claires à la taille des groupes qui peuvent se former et se maintenir ainsi. Pour que ça marche, tous les membres du groupe doivent se connaître intimement. Deux chimpanzés qui ne se sont jamais rencontrés ne sauront pas s'ils peuvent se fier l'un à l'autre, si cela vaut la peine de s'entraider, et lequel est le plus haut placé.

Dans les conditions naturelles, une troupe typique de chimpanzés compte entre 20 et 50 individus. Si le nombre de chimpanzés d'une troupe augmente, l'ordre social se déstabilise au point de déboucher finalement sur une rupture et sur la formation par certains éléments d'une nouvelles troupe.

Auteur: Yuval Noah Harari

Info: Sapiens, tome 1 : La naissance de l'humanité

[ politiques ] [ singes ] [ éthologie ] [ communautaire ]

 

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auto-analyse

Voilà pourquoi l'histoire de Marcelle Pichon m'était restée en mémoire. Pourquoi ce fait divers avait "cogné à ma vitre", et pas un autre. D'autant qu'il m'était parvenu par la mirifique voie des ondes, comme une voix de plus dans mon crâne, un ordre m'étant intérieurement intimé et me soufflant directement dans l'étrier de l'oreille, par conduction osseuse, une voix d'Irène Oumélianko, si proche de celle de F*.

Ce fait divers, il était aussi le mien. La disparition de cette femme,  je l'éprouvais à l'époque dans ma chair. Sa solitude au milieu de la foule, je la vivais moi-même au quotidien. Sa mort par inanition, elle me parlait de mes propres privations. Son escargot dégorgeant, il dégorgeait dans ma bouche. Son journal d'agonie. J'avais le même

Le souvenir de cette émission de radio. Il était un souvenir écran.

Voilà.

Il était un souvenir que je m'étais fabriqué pour dissimuler un autre. Parce que, confrontée à un événement traumatique, il arrive que la mémoire transfère la charge émotionnelle sur la scène à la fois éloignée et anodine, quoique liée de façon indicible. On se souvient alors de ce qu'on a pas vécu et on s'en souvient très bien. Dans ce genre de situation, c'est le seul moyen de garder en mémoire ce qui a été refoulé, sans avoir à s'y confronter.

La caractéristique des souvenirs écrans, c'est leur "netteté", paraît-il. On se rappelle avec une extrême précision en détail en particulier car il est comme la clé qui code le chiffre de la mémoire. Un simple mot peut suffire. Un mot comme le mot escargot.

Auteur: Bouillier Grégoire

Info: Le coeur ne cède pas. pp 1264 - 1265. Livre de poche *Personne avec qui il avait rompu, trauma arrivé peu avant d'apprendre ce fait divers.

[ mémoire sélective ] [ mot-clé ] [ saillance ] [ focalisation mnésique ] [ autofiction ]

 

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interrogation

D'ailleurs, j'avais longtemps répugné à mettre des tiers dans la confidence. De Marcelle, Je ne parlais jamais à personne, sauf un Penny mais Penny était Penny ! Sauf nécessité (pour solliciter l'aide d'un spécialiste de la mode ou de la morphopsychologie, par exemple), il n'était pas question d'éventer mon secret, preuve que je n'avais pas la conscience si tranquille, que je ne me savais obscurémment coupable de quelque chose, même si je refusais de me l'avouer. Officiellement, je faisais des recherches sur une ancienne mannequin de Jacques Fath qui, à l'âge de 63 ans et 7 mois, il y avait 37 ans, s'était laissée mourir de faim en tenant le journal de son agonie. Et moi  je voulais retrouver ce journal, je rêvais de le lire et de le porter à la connaissance du public parce que j'y voyais le témoignage bouleversant d'une femme qui avait maudit le monde avant de le quitter, parce qu'il était l'ultime combat de la vie face à la mort, parce que je lui supposé une valeur littéraire à nul autre comparable, parce que quoi - au juste ? Quoi derrière mes alibis ? Quelles anguilles grouillant sous la roche ? Quel  inconscient ?  Avais-je seulement le droit de troubler le repos d'une morte qui, vu sa volonté de disparaître sans dire au revoir à personne n'en demandait sans doute pas tant.

Auteur: Bouillier Grégoire

Info: Le coeur ne cède pas, pp 1112-1113, Livre de poche

[ introspection ] [ motivation ] [ fait divers déclic ]

 

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rapports humains

Quand j'étais enfant, j'aimais bien imposer aux gens l'épreuve du silence qui consiste à croiser les bras sans rien dire en attendant que les autres comprennent ce qu'ils ont bien pu faire de mal. Ce qui m'a permis d'apprendre que si la parole ne vaut pas grand-chose, les mimiques sont tout aussi mal comprises des masses, et m'a donc apporté surtout l'isolement et la solitude – que je recherchais d'ailleurs, étant dès cette époque en porte à faux avec la plupart des gens et cherchant sans succès un autre moi-même pour devenir copain avec lui.

Ce n'est que beaucoup plus tard que j'ai appris que la communication n'a rien à voir avec les mots et se produit seulement quand deux personnes, équipées par hasard d'un émetteur et d'un récepteur de la même marque – des trucs que ne révèle aucune radiographie, aucun électro-encéphalo –, parviennent on ne sait comment à se rencontrer dans ce pauvre monde où tout un chacun se trimbale seulement avec du matériel bricolé sur mesure, ou les grandes marques, incompatibles avec la mienne et où la parole n'est vraiment qu'un des accessoires les moins importants.

Auteur: Buten Howard

Info: Monsieur Butterfly, Seuil, 1987 : pp. 25-26

[ affinités ] [ gêne ]

 

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portrait

Howard Buten, le clown Buffo, est mort

Le comédien, également psychologue spécialiste de l’autisme et écrivain, est décédé le vendredi 3 janvier 2025 à l’âge de 74 ans. Retour sur un parcours hors norme.

(Photo . Howard Buten, dans le costume de Buffo, en 2008, lors de l'une de ses dernières apparitions publiques.)

Les clowns meurent aussi ! Buffo, personnage burlesque créé par Howard Buten, est décédé, avec son auteur, le 3 janvier 2025. Résumer en quelques lignes la vie de ce comédien, par ailleurs romancier et psychologue clinicien spécialiste de l'autisme, n'est pas chose aisée, car le personnage aimait s'entourer de mystère. Né le 28 juillet 1950 à Detroit aux États-Unis, son parcours reste plein de zones d'ombre...

Fils aîné d'un avocat, Ben Butensky (qui avait raccourci son nom par souci de simplicité, mais aussi pour se distinguer de son frère, membre d'un gang de malfaiteurs), élevé par une danseuse de claquettes, Dorothy Fleisher, il disait avoir très tôt voulu travailler dans un cirque. Mais pas forcément comme clown… " J'ai toujours détesté les  Augustes ", expliquait-il. La faute probablement à Ricky, un tramp clown (un clown clochard) vu à la télévision pendant son enfance. " Ce vagabond aux lèvres blanches, au visage fardé et aux vêtements de guenille me faisait plus peur que rire ", confiait Howard Buten.

Inspiration

Doué pour le chant et doté d'un petit talent de ventriloque, le jeune Howard s'inscrit, en 1968, à l'université du Michigan, aux cours de chinois avec le projet de sillonner l'Asie. Pour voyager, il ne voit alors que deux moyens de transport possibles. Soit le cargo, soit le cirque. À vingt ans, au terme de deux années d'études poussives du mandarin, il tente de s'engager dans la marine marchande. En vain.

Faute de devenir marin, il sera donc circassien. Il s'inscrit au début des années 70 en Floride dans la prestigieuse école du cirque Barnum & Bailey. Une institution prestigieuse fondée par les Ringling Brothers et qui a inspiré à Cecil B. De Mille son long-métrage Sous le plus grand chapiteau du monde (The Greatest Show on Earth) en 1952, avec Charlton Heston et James Stewart. 

Howard s'y forme à la pantomime et à la jonglerie auprès de Lou Jacobs (1903-1992). C'est cet artiste qui lui fait prendre conscience de la richesse de l'art clownesque. " Lou m'a tout appris : l'histoire de ce genre qui naît en Italie au XVIIIe siècle avec le comique italo-britannique Joey Grimaldi. Mais aussi le rôle fondamental car thérapeutique du rire ", évoquait Howard Buten.

Premiers pas

Par la magie du masque grotesque du pitre, ses grimaces et ses chutes, le jeune homme réalise qu'il lui est possible de raconter des histoires susceptibles de toucher un public international, sans pour autant avoir à apprendre une langue étrangère. Doté d'une grande faculté d'improvisation et d'un certain don pour la musique (il joue du violon), le jeune apprenti clown ne tarde pas à se faire recruter par le Clyde Beatty Cole Brothers Circus et à partir en tournée.

Son premier sketch est cependant un cuisant échec. " Le clown que j'incarnais (et qui n'avait pas encore de nom) entrait en piste muni d'un panier contenant trois œufs surdimensionnés. J'entreprenais de jongler avec. En vain, évidemment. Je finissais mon tour en faisant jaillir de mon baluchon un poulet que je jetais en l'air. Mais personne ne riait ", se rappelait-il, avec cet air affligé inimitable.

Modèle

Le même numéro lui avait valu d'être recalé à l'examen de sortie de l'école, alors dirigée par Irving Feld. Cet échec provoquera chez lui son premier épisode dépressif. Il y en aura beaucoup d'autres. Une rencontre va néanmoins le sortir de l'ornière. En 1970, il fait la connaissance, en Californie, du clown Otto Griebling. C'est lui qui l'aidera à trouver son style. Rendu muet par un cancer du larynx, Otto a en effet développé des numéros sans paroles et sans artifices dont le comique réside dans l'extraordinaire économie de moyens qu'il met en œuvre face à un public par ailleurs médusé par les tours de force des acrobates, contorsionnistes et autres dompteurs du reste de la troupe.

" Le truc d'Otto était de rester immobile de longues minutes au bord des gradins, de chercher des yeux un spectateur, de le fixer longuement jusqu'à ce qu'un malaise s'installe puis de sembler chercher son nom dans une liste et de le cocher ; avant de passer au suivant ", disait Howard Buten. C'est sur son modèle qu'il crée le personnage de Rumples (un mot que l'on pourrait traduire par " chiffonné "). Et c'est avec ce clown qu'il intègre, en 1972, le cirque Bartok, où il partage la roulotte d'un ancien champion olympique de gymnastique polonais devenu alcoolique.

Révélation

Howard Buten va passer deux saisons au sein de ce cirque. Il y effectue, chaque soir, un périlleux numéro avec un dresseur d'ours puis développe une série de sketchs en groupe. Les clowns américains intervenant en bande là où les Européens sont plutôt adeptes de duos, généralement composés d'un Auguste et d'un Pierrot – un pitre et un clown triste. Mais les explosions de pétard, les tartes à la crème et autres plats de spaghettis qu'ils s'envoient au visage finissent par le lasser.

En 1973, il découvre le personnage de Grock, inventé par le Suisse Adrien Wettach : un personnage comique qui ne donne pas la réplique à un clown blanc, mais à un musicien. C'est une révélation. Quelques mois plus tard, Buffo naît. Le nom, pioché dans le dictionnaire italien, renvoie au " bouffon " médiéval, mais aussi à l'opéra-bouffe…

Naissance de Buffo

Buffo ? C'est un gringalet, incapable de prononcer autre chose qu'un long " hein ? " traînant (ce qui lui donne l'air d'un abruti) ; un homme-enfant incapable d'exprimer ses sentiments (ce qui le rend irascible) ; un individu perpétuellement éberlué par ce qu'il voit du monde (et dont l'apparente inadaptation à son environnement crée, en définitive, une inépuisable poésie). La seule manière de communiquer de Buffo est, de fait, le recours à la musique.

Avec ce personnage, Howard Buten peut enfin exprimer ce qui lui tient à cœur : raconter, de manière cryptée, l'histoire de son grand-père paternel, Joseph Butensky, né vers 1880 dans un shtetl de Lituanie et débarqué à Ellis Island sans parler un mot d'anglais, à la veille de la Première Guerre mondiale. Cet aïeul, devenu chiffonnier, occupe une place centrale dans la vie et l'imaginaire de Howard, qui quitte la troupe du Super Circus Bartok pour intégrer celle d'un music-hall de Mount Clemens, dans la banlieue de Detroit, avec ce personnage de Buffo.

La voix de la musique

Howard Buten se produira d'abord avec la chanteuse Milly Whiteside, puis avec un pianiste, avant de continuer l'aventure en solo, recourant désormais tantôt à une trompette, tantôt à un violon (en réalité, plusieurs, de tailles différentes). " J'envisageais le personnage comme une sorte de Simplet, le nain de Blanche-Neige, fasciné par ce qu'il voyait dans la salle. Un truc que j'avais emprunté à Liza Minelli qui, lorsqu'elle chantait, se mettait à fixer un point au loin, par-delà le public. Si vous apparaissez sur scène et que vous semblez cloué sur place par une apparition lointaine, le public vous prête tout à coup une attention soutenue ", résumait-il.

Après avoir transporté son personnage des comedy clubs de Californie à ceux de New York et effectué plusieurs tours du monde (Buffo est très populaire au Japon), Howard Buten retournera sur les bancs de l'université pour suivre un cursus de psychologie. " C'est ma rencontre avec un enfant autiste, Adam Shelton, qui m'a poussé à le faire, en m'incitant à chercher les moyens de comprendre les esprits humains qui ne fonctionnent pas comme les autres ", explique alors le clown, qui créera, en 1996, un centre d'accueil pour enfants frappés par ce syndrome.

Vies parallèles

Devenu psychologue clinicien, Howard Buten se tourne, dans le même temps, vers l'écriture. En 1981, il publie Quand j'avais 5 ans je m'ai tué. L'ouvrage, passé inaperçu aux États-Unis, est traduit en français par Jean-Pierre Carasso. C'est un succès tel que le comédien s'installe à Paris. Suivront quatre autres livres, dont Le Cœur sous un rouleau compresseurMonsieur Butterfly et Quand est-ce qu'on arrive ? Des récits où le rire côtoie l'effroi. Comme dans Histoire de Rofo le clown : une histoire où un pitre de cirque tue son meilleur ami avant de sombrer dans une profonde dépression.

Malgré ces succès éditoriaux, Howard Buten ne tournera pourtant jamais le dos au personnage de Buffo, dont il endossera régulièrement le costume. Notamment dans un spectacle avec la violoncelliste et musicothérapeute Claire Oppert, qui tournera plusieurs années et sera récompensé en 1998 par un Molière au titre du meilleur one man show. Au début des années 2000, le " saltimbanque " – comme il aimait à se définir – s'était progressivement retiré de la scène. Vivant loin de Paris, dans une maison isolée en Bretagne, en compagnie de la veuve de Jean-Pierre Carasso, Howard Buten avait fini par ressembler au clown Buffo : mutique, contemplant le monde d'un air effaré depuis son fauteuil, comme coupé du monde…



 

Auteur: Eschapasse Baudouin

Info: https://www.lepoint.fr/, 4 janvier 2025

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virtualisation

L’information contenue dans une phrase anglaise ou dans un logiciel informatique ne provient pas de la chimie de l’encre ou de la physique du magnétisme, mais d’une source extrinsèque à la physique et à la chimie. En effet, dans les deux cas, le message transcende les propriétés du support. L’information contenue dans l’ADN transcende également les propriétés de son support matériel. 


Auteur: Meyer ​​​​​​​Stephen Charles

Info: Darwinism, Design and Public Education

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