La notion de nature, telle que la science l'élabore, est si imprégnée de calculs et de constructions arbitraires qu'elle en devient une hallucination intellectuelle, un monde de signes rationnels à peu près contingents, ne captant plus la réalité dans sa globalité.
À mon sens, la connaissance jaillit d'un fond hallucinatoire primordial : l'hypothèse scientifique y étant une figuration autiste et libre, opposée aux complexes artificiels de la logique installée ; elle précède et féconde la rationalité, qui n'en est que le produit dérivé, masquant le chaos originel des images primitives.
L'art, en restaurateur de cette brèche, délivre l'esprit de ces signes oppressants, révélant les forces et formes hallucinatoires comme essence vitale de la pensée.
Cette rupture dans l'ordre des processus mécaniques évoque les phénomènes psi : ainsi qu'un rêve prémonitoire perce l'espace-temps causal, l'hallucination ouvre à des figurations libres, a-causales, où l'imaginaire n'est point illusion mais hyper-réalité panpsychique, reliant signes et matière en un rhizome non-local, mycélien. La science, loin de se résigner au rationalisme clos, doit embrasser ses propres hallucinations pour appréhender le réel direct, épistémologie ouverte au vital et à l'inouï.